Catégories
Humeur

Faut-il virer Pochettino ?

Notre analyse du jeu parisien cette saison nous a conduits à conclure que le PSG de Pochettino est le moins bon de l’ère QSI. Alors même qu’il dispose d’un effectif jamais vu. Dès lors, la question se pose naturellement : Pochettino est-il l’homme de situation ? La question est simple mais la réponse est complexe. On a d’ailleurs autant d’arguments en faveur de son maintien que de son renvoi. On vous détaille tout ceci dans ce billet d’humeur.

Oui, il faut virer PochettinoNon, ce n’est pas l’entraîneur le problème
L’équipe joue malParis a produit des purges avec tous les entraîneurs
Il a le meilleur effectif de l’histoire du clubL’effectif est plus déséquilibré que jamais
L’équipe n’a pas d’identitéLes joueurs sont toujours les rois
Il n’intègre pas les jeunesCe ne serait pas mieux avec Zidane

Pourquoi il faut changer de coach

L’équipe joue mal

Les stats sont limpides : le PSG version 2021-2022 est le moins bon depuis que les Qataris ont pris le club en main.

Pochettino avait dit qu’il voulait gagner avec style, mais aussi qu’il fallait du temps pour que son équipe donne sa pleine mesure collectivement parlant. Après près de 50 matches à la tête du PSG, on ne voit toujours pas quelle identité de jeu il veut imprimer. Pire, les joueurs semblent parfois perdus sur le terrain et ce sont encore et toujours les qualités individuelles et les exploits qui vont avec qui sortent régulièrement le PSG du pétrin. 

La défense parisienne est extrêmement sollicitée. Mais si au moins c’était la conséquence d’une orgie offensive et d’un parti-pris tactique, pourquoi pas. Tout le monde (joueurs, spectateurs, suiveurs) serait content. Mais là, non seulement, le rendement offensif est plus faible que jamais mais en plus la défense est sans arrêt sur la brèche. Et tout ça avec le meilleur effectif de l’histoire du club…

Pochettino dispose pourtant du meilleur effectif de l’histoire du club

C’est surtout l’écart entre le potentiel de cette équipe et son rendement réel qui interpelle. Comment produire aussi peu sur le terrain avec un effectif de cette qualité ?

Malgré la perte du titre de champion de France, on pouvait être indulgent en fin de saison dernière avec le coach argentin. Mais un mercato 5 étoiles est passé par là et le jeu produit ne s’améliore pas.

Toutes les faiblesses du roster ont été compensées, ou presque. A commencer par les postes de latéraux, point faible depuis plusieurs années, avec les arrivées d’un des meilleurs adroits du monde (Hakimi) et l’une des plus belles promesses du poste à gauche (Nuno Mendes).

Au milieu, l’absence récurrente de projection depuis le départ de Matuidi est palliée par l’arrivée du référencé Wijnaldum. Enfin en attaque, le PSG a non seulement gardé le prodige Mbappé mais a vu arriver le meilleur joueur de l’histoire (Messi), certes en fin de parcours.

Bref, un effectif surdimensionné pour la Ligue 1 mais qui est censé permettre au club de monter enfin sur le toit de l’Europe. D’ailleurs, dans une interview au journal L’Equipe Pochettino le reconnaît lui même « un effectif comme ça, ça n’a jamais existé dans l’histoire ».

L’équipe n’a pas d’identité

Bien malin est celui capable de définir le style de jeu de Pochettino au PSG. A son arrivée, on vantait le pressing de ses précédentes équipes et sa flexibilité. Pour le pressing, on repassera. Pour la flexibilité, on en voit surtout les mauvais côtés : le onze de départ change tout le temps.

La stat est assez hallucinante mais révélatrice des difficultés à avoir des automatismes :

Pochettino a donc aligné 52 compositions différentes en 52 matches officiels avec le PSG. Si l’on ne conserve que les matches de Ligue 1 et Champions League, on recense 4 schémas différents depuis son arrivée :

  • 23 onze de départ en 4-2-3-1 avec 6 joueurs différents en position de numéro 10 : 8 fois Neymar, 6 fois Verratti, 5 fois Rafinha, 2 fois Messi, 2 fois Wijnaldum et 1 fois Draxler
  • 14 compositions en 4-3-3, dont 6 fois en Champions League
  • 5 fois le 4-4-2 à plat, mais à une seule reprise cette saison (à Troyes)
  • 2 fois le 4-4-2 losange cette saison avec Wijnaldum et Neymar en numéro 10

Le cas Verratti illustre bien les errements tactiques de Pochettino : il a d’abord été positionné très haut, en numéro 10, aux débuts du coach argentin. Au retour de Neymar notamment, il l’a fait reculer, mais en l’excentrant de manière curieuse sur le côté gauche comme à City. Enfin, cette saison, il a découvert quelle merveilleuse sentinelle il pouvait être et cela a en particulier permis d’étouffer le pressing de City au Parc des Princes récemment.

Sa gestion des gardiens de but, même si pour le moment tout se passe miraculeusement bien, pose aussi question. Pourquoi ne pas avoir attribué une compétition à chacun pour éviter les incertitudes pour les joueurs et les questions répétées des journalistes et sûrement des intéressés eux-mêmes ?

En défense centrale, à l’inverse, il ne jure que par la stabilité de sa charnière Marquinhos-Kimpembe (alignée 11 fois en 17 matches cette saison, et 16 fois sur 27 matches en 2020-2021). Alors que les rares tentatives en cours de match de passer ) trois centraux avaient été très prometteuses.

Enfin, les associations en double pivot surprennent également puisqu’on a pu passer d’une paire ultra-technique Paredes-Verratti au plus physique Danilo-Gueye. Au total, ce sont pas moins de 10 formules différentes qui ont été testées par Pochettino depuis son arrivée :

  • Paredes-Gueye : 7 fois
  • Danilo-Herrera : 5 fois
  • Danilo-Gueye : 4 fois
  • Gueye-Herrera : 3 fois
  • Paredes-Verratti : 2 fois
  • Paredes-Herrera : 2 fois
  • Danilo-Verratti : 2 fois
  • Danilo-Paredes : 1 fois
  • Verratti-Gueye : 1 fois
  • Herrera-Dina Ebimbé : 1 fois

Mais au-delà des changements de joueurs et de schémas, on peine à trouver un fil conducteur dans le jeu parisien. Est-ce une équipe de possession ? De transition ? Un peu des deux. L’équipe s’adapte à l’adversaire et au score. Est-ce dramatique ? Non, mais on a plus l’impression que l’équipe et le staff subissent les événements plus qu’ils ne les provoquent.

Le jeu collectif, en tous les cas, semble bien pauvre et c’est encore et toujours individuellement que les différences sont faites. Avec une petite préférence pour le money time et les victoires arrachées au bout du suspens…

Les jeunes du club sont oubliés

Pour nous faire mentir, Pochettino a aligné Eric-Junior Dina-Ebimbé lors du dernier match de championnat à Bordeaux. Ainsi, en l’absence de Kimpembe, il y a bien eu un joueur formé au club sur le terrain lors de chaque rencontre disputée cette saison en Ligue 1.

Mais Kimpembe est un peu l’arbre qui cache la forêt tant les autres jeunes du centre de formation sont mis de côté.

Le temps des jeu des Titis est même à son plus bas niveau sur les 6 dernières saisons. Ils n’ont en effet disputé que 1276 minutes, dont 995 par Kimpembe :

Pochettino a expliqué que la densité de joueurs dans l’effectif, notamment au milieu, lui ôtait la possibilité d’intégrer Simons ou Michut à l’entraînement. Drôle d’excuse quand on voit les performances ou le manque d’utilisation de certains milieux de terrain.

Les jeunes comme Simons, au gros potentiel, entré dans les arrêts de jeu une fois la saison dernière, n’ont aucune raison de vouloir s’inscrire dans la durée avec ce club si le coach ne les intègre même pas au groupe :

Le PSG a l’un des meilleurs centres de formation du monde et n’en profite du coup absolument pas. Par conséquent, il est fort probable que les promesses comme Simons ou Michut suivront les traces de Coman ou Diaby et iront s’éclater ailleurs.

On recense d’ailleurs pas moins de 33 joueurs formés au PSG dans les 5 grands championnats européens (hors joueurs évoluant au PSG).

A la lecture de ce qui précède, la réponse à la question « Faut-il virer Pochettino » est assez évidente : c’est oui. Pourtant, nous allons voir ci-dessous que ce n’est pas si simple que ça, et on ne parle pas là des indemnités qu’il faudrait lui verser ou du déficit d’image que ce nouveau changement entraînerait.

Ce n’est pas l’entraîneur le problème

On entend effectivement cette phrase régulièrement : « au PSG, le problème ce n’est pas l’entraîneur », ou sa variante : « le PSG n’est pas coachable ». Qu’entend-on par là ? Nous allons essayer d’y répondre.

Paris a produit des purges avec tous ses entraîneurs

Une fois les entraineurs partis, les supporters ont souvent cette fâcheuse tendance à enjoliver le passé. A réécrire l’histoire.

Mais la réalité est que si les Qataris se sont séparés de Blanc, Emery puis Tuchel, c’est que le jeu ne répondait plus pleinement aux attentes des dirigeants du club.

L’expérience avec Tuchel est d’ailleurs assez parlante : maintenant qu’il a re(montré) à tout le monde qu’il était un grand coach en gagnant brillamment la Champions League avec Chelsea seulement quelques mois après son arrivée, une partie des fans parisiens regrette qu’il ait été viré.

C’est oublier un peu vite les nombreuses purges que le PSG nous a offerts sous son mandat. Avec le coach allemand, comme avec Pochettino aujourd’hui, le PSG n’avait pas un jeu parfaitement huilé et faisait aussi beaucoup appel au talent individuel de ses attaquants pour faire la différence.

Par exemple, les confrontations avec Leipzig, où le PSG de Pochettino n’a guère été brillant, n’avaient pas particulièrement montré un PSG à son avantage du temps de Tuchel.

Le PSG de Blanc et d’Emery, s’ils ont aussi eu de belles périodes, ont aussi été à certains moments synonymes d’ennui et de jeu stéréotypé.

L’effectif est plus déséquilibré que jamais

Et si le recrutement de Messi n’était en fait qu’un cadeau empoisonné ? Quelque chose que l’on ne peut évidemment pas refuser mais qui vous pose plus de problèmes qu’il n’apporte de solution. Un caillou dans la chaussure du coach parisien.

On s’explique : avec Mbappé et à un degré moindre Neymar, le staff parisien devait déjà faire le deuil d’un pressing à outrance et d’un bloc défensif ultra compact qui étaient un peu la marque de fabrique de Pochettino à Tottenham. Alors, imaginez si on vous ajoute un joueur qui marche 90 % du temps sur le terrain et qui a laissé loin derrière lui ses habitudes de contre-pressing à la sauce Guardiola. En l’occurrence Messi.

Certes, le génial argentin va apporter beaucoup offensivement. Mais à quel prix ? L’équipe parisienne était déjà déséquilibrée avant l’arrivée de l’ancien Barcelonais. Elle l’est encore plus aujourd’hui. A une époque où le foot se joue à haute intensité et où le pressing, en particulier des attaquants, est la pierre angulaire de tous les succès (cf. le Liverpool de Klopp ou le Bayern), le PSG est à contre courant avec ses attaquants qui ne défendent pas et ses lignes distendues.

Pochettino semble assumer ce choix du déséquilibre puisqu’il n’hésite pas à aligner dès qu’il peut ses 4 attaquants. Il va donc falloir assumer jusqu’au bout et marquer beaucoup, quitte à ce que la défense souffre énormément.

En tous les cas, Pochettino a bien conscience d’être pieds et poings liés avec cet effectif. Il l’a reconnu lui-même : « On est là pour développer les idées du PSG, pas pour développer nos idées définies ».

Les joueurs restent les rois

Les principaux joueurs restent et le constat reste le même : le PSG peine à développer un jeu fluide, cohérent collectivement et continue de se reposer sur les exploits individuels de ses stars. Dès lors, la conclusion devrait être évidente : le problème ne vient pas des coaches mais des joueurs eux-mêmes.

Mbappé, Neymar, Verratti ou même Icardi ont un incroyable talent, c’est indéniable. Mais l’impression qui prédomine, de l’extérieur, c’est qu’ils font un peu la pluie et le beau temps au club. Tout doit être mis en oeuvre pour ne pas les contrarier. Surtout en période de négociation de contrat…

Résultat des courses : sur le terrain, comme en-dehors, la discipline collective fait défaut. On entend par là, sur le terrain, des efforts défensifs très limités de la part des attaquants. Et en-dehors du pré, une hygiène de vie qui semble laisser à désirer.

Les exemples hors terrain ne manquent pas : les congés accordés (Ibiza…), le surpoids des uns et des autres, la gestion des problèmes personnels d’Icardi…

Tuchel l’a dit après-coup : au PSG, le coach doit gérer beaucoup de dossiers extra sportifs. Ce n’est évidemment pas logique et tient selon nous à deux choses : le PSG est un club jeune qui doit encore faire ses preuves et ne peut pas se permettre d’être trop strict avec ses joueurs stars sous peine de les faire partir ; le Qatar est au PSG pour des question d’image et ne veut par conséquent surtout pas entrer en conflit avec ses vedettes.

Compte tenu de ces contraintes, Nasser est le président idéal, mais ce n’est sûrement pas lui qui ira à l’encontre des joueurs. Ce n’est pas son mandat.

Et Marquinhos, gendre idéal, gentil, intelligent, est son relais parfait sur le terrain. Ce n’est malheureusement pas de lui que viendront les gueulantes, pourtant nécessaires, pour faire défendre un peu plus les attaquants et se comporter en véritable équipe.

Le coach est par conséquent pris au piège : il a le meilleur effectif possible sur le marché, mais n’est pas en capacité de les faire jouer comme il voudrait. C’est flagrant avec Pochettino, réputé pour son pressing étouffant à Tottenham, et qui doit ranger ses idées tactiques pour ne pas froisser Mbappé et compagnie. Ça sent l’erreur de casting à plein nez.

L’attaquant français l’avoue lui-même : il pourrait en faire plus sur le terrain. A l’occasion de sa sortie médiatique récente, il a confirmé qu’il ne faisait les efforts défensifs que quand Messi était sur le terrain parce qu’il accepte de se mettre au service du meilleur joueur du monde. Mais sinon, c’est aux autre de courir pour lui.

Drôle de mentalité qu’on ne peut cependant pas entièrement lui reprocher puisque tout est fait au club pour mettre les joueurs, notamment les plus gros salaires, au-dessus de tout et même parfois des besoins tactiques de l’équipe…

Bref, tout ça pour dire, que le PSG pourra avoir les meilleurs joueurs et le meilleur tacticien du monde, si le club ne grandit pas, l’équipe ne jouera pas forcément mieux sur la durée. Il pourra avoir des résultats, et même gagner pourquoi pas la coupe aux grandes oreilles tant les joueurs sont forts individuellement, mais l’identité collective de l’équipe peinera toujours à éclore.

Zidane ferait-il mieux ?

Dès lors, quel coach faut-il au PSG ? On a vu avec Tuchel que même un coach hyper pointu tactiquement n’arrivait à donner une véritable identité collective à son équipe.

Ne faudrait-il pas, par conséquent, prendre le parti-pris inverse et recruter un coach peut-être moins réputé tactiquement mais qui aurait l’aura nécessaire pour faire tirer tout le monde dans le même sens ?

La venue de Zidane, régulièrement évoquée, entrerait dans ce schéma là : de par sa relation avec Mbappé et son glorieux passé de joueur, il serait peut-être écouté et légitime pour recadrer les joueurs qui s’écarteraient du cadre. Avec Sergio Ramos en relais sur le terrain pour rappeler aux récalcitrants la discipline collective. Et le soutien des Qataris puisque c’est Zidane quand même…

Sur le papier, ça se tient. A voir si c’est réellement applicable au quotidien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Top Stats 2022-2023

Articles les plus lus

Top Stats 2021-2022

Top Stats 2020-2021

Calendrier

avril 2024
L M M J V S D
1234567
891011121314
15161718192021
22232425262728
2930  

Archives