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Analyses Saison 2017-2018

Où se situe Edinson Cavani dans la hiérarchie des avants-centres ? Tentative de réponse par les stats

Que vaut réellement Edinson Cavani ? Alors qu’il enfile les buts comme Neymar les dribbles, et ce depuis plusieurs saisons, il reste le joueur de l’effectif parisien qui suscite le plus de débats parmi les supporters de la capitale. Chaque période de disette en termes de buts ramène son cortège d’anti-Cavani sur les réseaux sociaux et dans la presse pour mettre en avant ses limites, réelles, et réclamer un avant-centre soi-disant plus à même de faire remporter la Champions League au PSG. Sur les réseaux sociaux justement, ses détracteurs ne jurent que par des joueurs comme Lewandowski ou Aguero supposés plus fins techniquement et donc plus Neymar-Mbappé compatibles.

Nous avons donc voulu essayer de situer Cavani dans la hiérarchie des avants-centres mondiaux en analysant les stats de la saison passée. Pour cela, nous avons constitué un panel de dix attaquants axiaux, en plus de l’Uruguayen, et nous avons décortiqué et comparé tous les aspects de leur jeu par l’intermédiaire des stats disponibles sur le site Whoscored (en championnat national pour chacun, saison 2017-2018). Le choix de ces attaquants est purement subjectif mais nous semble réellement constituer le gratin des avant-centres évoluant en Europe (Diego Costa est absent de cette liste en raison de sa saison 2017-2018 tronquée : seulement 15 matches de championnat) : Gonzalo Higuain, Sergio Aguero, Luis Suarez, Harry Kane, Roberto Firmino, Robert Lewandowski, Mauro Icardi, Romelu Lukaku, Edin Dzeko et Ciro Immobile. Nous avons choisi d’exclure des cadors comme Messi, Ronaldo ou même Griezmann qui nous semblent avoir des positionnements et des profils trop différents et avec lesquels les comparaisons auraient donc eu moins de sens.

Le but de cet article est donc de comparer les stats de Cavani à celles des meilleurs attaquants axiaux évoluant en Europe. On en profitera pour analyser les performances et les différences de « style de jeu » entre ces onze joueurs.

Cavani a le meilleur ratio de buts par match (hors pénalty) de notre panel

L’analyse du nombre de buts inscrits constitue logiquement le premier « juge de paix » (certains diront même le seul et unique) pour apprécier la valeur d’un avant-centre. Et si, en première lecture, Cavani se situe juste dans la moyenne de notre panel d’attaquants, à y regarder de plus près, c’est bien tout en haut de la hiérarchie qu’il se situe.

En effet, son nombre de buts marqués l’an passé (28) le situe dans la moyenne des attaquants de classe mondiale retenus pour notre étude. En revanche, en retirant les pénaltys d’une part (Immobile en a par exemple inscrit 7, Icardi et Lewandowski 6), et en ramenant ce nombre de buts hors pénalty à la moyenne par match, Cavani a purement et simplement le meilleur ratio de notre panel d’attaquants. Il s’agit de la courbe orange du graphique ci-dessus et avec 0.78 but hors pénalty par match, l’Uruguayen du PSG possède la meilleure moyenne de notre échantillon d’attaquant.

Ce graphique met également en évidence une différence assez forte dans notre groupe d’attaquants avec d’un côté les très grands buteurs (entre 0.68 et 0.78 but par match hors pénalty pour Kane, Immobile, Icardi, Lewandowski, Cavani, Suarez et Aguero) et d’un autre côté des attaquants moins buteurs qui, on le verra, se distinguent en revanche dans d’autres aspects du jeu (Dzeko, Lukaku, Higuain, Firmino).

Cavani marque plus de loin que la moyenne des buteurs

Il nous a paru ensuite intéressant de se pencher sur la manière dont ces 11 top players inscrivaient leurs buts afin d’identifier d’éventuelles différences entre eux (et notamment entre Cavani et eux).

Le graphique ci-dessus met en évidence une petite singularité d’Edinson Cavani puisque 11 % de ses buts (3 sur 28) sont issues de frappes prises en-dehors de la surface. Il s’agit du 2ème taux le plus important des joueurs de notre étude (derrière Dzeko, 25 %) et du double du taux moyen des attaquants retenus pour cette étude (5.5 %).

Ces grands buteurs sont finalement assez peu en réussite dans cet exercice des frappes lointaines qui ne représentent qu’une part infime de leurs buts (14 sur les 254 au total) alors qu’elles constituent, en moyenne, 22 % de leurs frappes totales. 5 des 11 attaquants n’ont d’ailleurs marqué aucun but de loin l’an passé. Il est vrai que peu d’entre eux sont désignés comme tireurs attitrés des coups-francs de leur formation. La comparaison du nombre de tirs pris en dehors de la surface et du nombre buts inscrits dans cette position fait quand même assez peur pour certains : Higuain et Firmino ont pris en effet l’an passé plus de 30 % de leurs tirs de l’extérieur de la surface sans inscrire le moindre but de cette distance !

Cavani : 21 de ses 28 buts ont été inscrits du pied droit

Si Cavani ne se distingue pas particulièrement des autres buteurs dans la partie du corps mobilisée pour inscrire ses buts (75 % du pied droit et 14 % de la tête), le graphique ci-dessus nous apprend cependant que :

  • Lukaku est le seul gaucher de notre panel et donc logiquement le seul à plus marquer du pied gauche que du droit
  • Higuain et surtout Kane marquent quasiment autant du gauche que du droit (un des 30 buts de l’Anglais Kane est catalogué dans la rubrique « Autre » et n’est donc comptabilisé ni en pied droit, ni gauche ni de la tête)
  • Dzeko est celui qui en proportion marque le plus de la tête (31 % de ses buts)
  • A l’inverse, Suarez est celui qui marque le moins en proportion de la tête (8 %)

Pour compléter ce graphique, il peut également être signalé que trois de ces onze buteurs marquent plus de 20 % de leurs réalisations sur pénalty : Immobile 24 % (7 sur 29), Lewandowski et Icardi 21 % (6/29), tout en en ayant raté un chacun. Cavani en a inscrit 3 (et ratés 2) ; Lukaku (1 tentative) et Dzeko (0 tentative), eux, n’en ont inscrit aucun.

Expected goals : 3.7 buts de plus qu’attendu pour Cavani l’an passé

L’indicateur des expected goals confirme que nous avons affaire à de grands buteurs puisque 9 des 11 joueurs ont inscrit plus de buts qu’attendus (seuls Suarez et Dzeko sous-performent légèrement). C’est Immobile qui surperforme le plus avec un écart important de 7.7 entre les buts réellement inscrits (29) et ceux attendus (21.3). Cavani fait également partie des « bons élèves » avec un écart positif de 3.7 buts, supérieur à la moyenne de notre panel (+2.7 en moyenne entre les buts inscrits et les expected goals).

Cavani, tireur d’élite

Les exceptionnelles statistiques de buteur de Cavani viennent de son incroyable propension à transformer la moindre occasion. Il n’a pas besoin de beaucoup toucher le ballon ou de beaucoup de tirer aux buts pour faire mouche. Son ratio de nombre de tirs par but est en effet de 3.75 (cela veut dire qu’un tir sur 3.75 en moyenne se transforme en but). Quand on sait que la moyenne de notre panel de buteurs est de 5 tirs pour un but, cela situe la performance du Parisien. Seul Icardi fait légèrement mieux (un but tous les 3.5 tirs).

Le graphique ci-dessus, qui regroupe trois indicateurs relatifs aux tirs, décrit en premier lieu cette efficacité dans les tirs (la courbe orange retrace le ratio du nombre tirs rapporté au nombre de buts) : Cavani avec 3.75 tirs est bien second de notre panel et Dzeko avec 9.5 tirs (soit 152 tirs pour 16 buts) est le moins efficace (assez nettement d’ailleurs).

Nous avons associé à ce ratio une autre courbe (en bleu) qui indique le pourcentage de tirs cadrés. On se rend alors compte que l’ancien Napolitain a cadré 53 % de ses tirs, ce qui en fait le joueur le plus précis de notre échantillon de buteurs (la moyenne est à 45 %).

Cette courbe bleue semble en outre suivre le sens complètement inverse de la courbe orange. Cela veut dire que plus les joueurs cadrent leurs tirs plus ils ont de chances de voir leurs tirs se transformer en buts (et vice-versa). L’inverse nous aurait surpris mais on constate néanmoins quelques « anomalies » puisque par exemple Lukaku, malgré un très bon % de tirs cadrés (50 %, soit le 3ème de notre panel) ne voit ses frappes faire mouche que dans un cas sur 5.4, soit un ratio inférieur à la moyenne.

Pour compléter l’étude sur les tirs, nous avons intégré l’indicateur « % de frappes de loin » (histogramme gris du graphique). On peut en effet imaginer que moins un joueur tente sa chance de loin, plus il a de chances de cadrer et donc de marquer. Cette hypothèse est en effet confirmée pour Icardi qui est un des joueurs les plus en réussite avec effectivement le plus bas taux de tirs pris en-dehors de la surface (12 %). C’est également le cas de Cavani qui tente, en proportion, assez peu sa chance de loin (17 %) mais, on l’a vu précédemment, avec une assez grande réussite dans cette exercice (3 buts)

A l’autre bout du graphique, on comprend mieux pourquoi Firmino, Kane et Higuain ont des taux de tirs/but et de % de frappes cadrés si « mauvais » en les mettant en relation avec leur forte propension à tenter leur chance de loin (elles représentent plus de 30 % de leurs frappes pour tous les trois). En revanche, on constatera que Dzeko et Immobile, avec des % de tirs lointains quasi identiques (environ 23 %), ont des réussites complètement différentes : un but tous les 3.8 tirs pour Immobile avec 49 % de frappes cadrées, contre un but tous les 9.5 tirs pour le Bosnien avec 38 % de frappes cadrées.

En conclusion de cette étude à trois indicateurs sur les tirs, on retiendra surtout que Cavani fait véritablement preuve d’une précision exceptionnelle dans ses frappes ce qui fait de lui un des meilleurs finisseurs au monde.

L’égoïsme du buteur, légende ou réalité ?

Remarquable finisseur, El Matador sait également être altruiste quand il le faut. Avec 6 passes décisives l’an passé en championnat, il est dans la moyenne de notre panel d’attaquants. Au jeu des passes décisives, Suarez (12) et Immobile (9) se mettent particulièrement en évidence, Lewandowski (2), Kane (2) et Icardi (1) beaucoup moins. Cependant, avec 0.2 passe décisive en moyenne par match pour l’ensemble de notre échantillon, soit une assist tous les 5 matches, on voit que nos super attaquants sont bien plus attirés par le but que la passe décisive.

En termes de passes clés également, Cavani (1.2) se situe dans la moyenne de notre échantillon d’attaquants. Ce sont Suarez (1.7) et Aguero (1.6) qui font le plus de passes clés/match ; Lewandowski le moins (0.7).

Nous avons vu dans cette première partie que Cavani n’avait non seulement rien à envier aux meilleurs avants-centres du monde mais que sur certains indicateurs statistiques relatifs à la finition il trônait même tout en haut de la hiérarchie. Nous verrons dans une seconde partie que dans les phases de jeu non liées au but en lui-même, il en est tout autrement.

Nous avons vu dans cette la première partie de cet article consacré aux statistiques de Cavani, mises en relation avec celles d’un échantillon de onze avants-centres de classe mondiale, que l’Uruguayen pouvait être considéré comme le ou l’un des meilleurs finisseurs de la planète football. Nous allons maintenant voir dans cette seconde partie que dans les phases de jeu non liées au but en lui-même, il éprouve plus de difficultés.

Participation minimale au jeu collectif

Cavani n’est pas réputé pour sa capacité à créer du jeu ou apporter du liant dans le jeu collectif de sa formation. Les stats relatives à la passe et les comparaisons avec notre échantillon de buteurs confirment cette réputation.

Avec 16 passes en moyenne par match, Cavani se classe 10ème sur 11 de notre panel de buteurs (seul Icardi fait moins bien avec 13). Cela confirme sa faible participation au jeu même en la comparant à des buteurs comme lui. La moyenne de notre échantillon est en effet à 22 passes par match, soit 27 % de plus que Cavani. L’écart avec les attaquants qui participent le plus au jeu comme Suarez ou Firmino est même colossal puisqu’ils exécutent en moyenne 32 passes par rencontre, soit le double de Cavani.

Si l’on rentre dans le détail du type de passes, cette tendance se confirme puisqu’avec 0.6 passe longue par match Cavani en réalise moitié moins que la moyenne de notre panel (1.2). Kane en fait 2.3 par match. Par ailleurs, l’an passé en Ligue 1, Cavani n’a réussi aucun centre (sur 13 tentatives). Il est le seul dans ce cas-là avec Lewandowski (sur 15). On notera cependant que seuls Firmino et Lukaku s’excentrent un peu et réalisent plus d’un centre par rencontre en moyenne.

En revanche, avec plus de 80 % de ses passes réussies, Cavani fait preuve d’une belle maîtrise technique et se classe 3ème de notre groupe de buteurs. Le meilleur dans cet exercice étant Aguero avec 83 %.

Cavani moins dribbleur que la moyenne des buteurs

Autre secteur de jeu où l’attaquant parisien présente des statistiques moins importantes que ses collègues buteurs : le dribble. Cavani est en effet, après Icardi (encore une fois), celui qui en tente et en réussit le moins en moyenne par rencontre : 0.5 dribble réussi et 0.8 tenté alors que la moyenne de notre panel est respectivement à 1.1 et 2.

Pourtant, comme pour la passe, dans ce domaine également il fait plutôt preuve d’une bonne réussite (58 % alors que la moyenne est à 53 %).

On notera que Aguero et Suarez se distinguent nettement avec plus de 3 dribbles tentés par match et que l’attaquant de City, avec 2.2 dribbles réussis en moyenne par match en réussit le double de la moyenne de notre échantillon.

Firmino est celui qui a le meilleur taux de réussite dans cet exercice (67.1 %) où les écarts entre les joueurs sont très importants avec quatre joueurs au-dessus de 60 % (Firmino et Aguero 67 %, Dzeko 65 %, Lukaku 61%) mais aussi deux joueurs en-dessous de 40 % (Lewandowski 30 % et Suarez 38 %). Suarez rate à lui seul plus de dribbles par match (1.9) qu’Icardi et Cavani confondus n’en tentent !

Cavani commet presque autant de fautes qu’il en subit

En corollaire de sa moindre propension à provoquer balle au pied, Cavani est moins victime de fautes que la moyenne de notre échantillon (0.6 contre 0.9). C’est son compatriote Luis Suarez qui en subit le plus (1.5 par match).

C’est le brésilien de Liverpool Roberto Firmino qui en commet en revanche le plus (1.5). Sur le total de sa saison en championnat, cela représente pas moins de 57 fautes commises et tout ceci sans avoir pris le moindre carton jaune !

Ils sont d’ailleurs étrangement trois buteurs à commettre plus de fautes qu’à en subir :  Firmino (57 vs 18 !), Lukaku (31 vs 16) et Dzeko (37 vs 28). Seuls Higuain et Immobile en subissent nettement plus qu’ils n’en commettent, ce qui paraît pourtant assez logique pour des attaquants. On ne sera en revanche pas surpris de noter que c’est le très mordant Suarez qui a pris le plus de cartons jaunes (9).

Cavani pas plus défenseur que la moyenne

Les données statistiques concernant les aspects défensifs, pour lesquels on aurait pu s’attendre à ce que l’attitude très généreuse de l’Uruguayen le distingue des autres buteurs, n’ont pas confirmé la réputation de Cavani. En effet, que ce soit en matière de tacles, de dégagements ou d’interceptions, il se situe dans la moyenne de notre échantillon. C’est le Brésilien Firmino qui sort considérablement du lot dans ces aspects défensifs avec notamment 3.1 tacles tentés par match (avec 115 tacles sur la saison, il a tenté le tiers du total cumulé des tacles des 11 attaquants de notre échantillon !). A l’inverse, Icardi et Lewandowski sont ceux dont l’activité défensive est la moins recensée par les statistiques.

En synthèse, ces statistiques comparatives nous indiquent donc que Cavani est certes un buteur d’exception, mais qu’il apparaît moins performant que d’autres buteurs dans les domaines de la passe et du dribble. Même en le comparant à d’autres grands buteurs, El Matador apparaît bien comme un finisseur hors pair. Cependant ses carences techniques limitent son champ d’action sur le terrain alors que ce n’est pas forcément le cas des autres attaquants.

Au global, ses qualités de buteur primant néanmoins, l’évaluation chiffrée réalisée par le site Whoscored classe Edinson Cavani au 3ème rang de notre panel avec le rating de 7.69, derrière Sergio Aguero (7.81) et Luis Suarez (7.72).

Trois styles d’avants-centres

L’analyse des différentes statistiques réalisée dans cette étude a permis de mettre en évidence des styles différents d’avants-centres. Il y a bien plusieurs façons d’être un avant-centre performant dans les grands championnats européens. Avec le graphique ci-dessous, nous avons tenté de cartographier ces différents styles en classant les onze attaquants de notre étude selon deux critères uniquement : le nombre de buts par match (hors pénalty) et le nombre de passes par match.

Trois grandes catégories peuvent alors être distinguées :

  • Les « buteurs participatifs » : on pourrait dénommer ainsi Suarez, Aguero et Immobile car à leurs indéniables qualités de finisseur (ils sont tous au-dessus de 0.66 but par rencontre, soit en moyenne 2 buts en 3 matches), ils ajoutent une importante participation au collectif (au moins 23 passes par match en moyenne). Avec 0.7 but par match hors pénalty et près de 32 passes en moyenne par rencontre, Luis Suarez est le symbole de ce type d’avant-centre à la fois très fort buteur et acteur majeur de l’élaboration du jeu de l’équipe (avec de nombreuses passes décisives à la clé).
  • Les « buteurs exclusifs » : Lewandowski (à pondérer par le fait qu’il s’agissait de la première saison de Lewandowski sous la barre des 20 passes/match en Bundesliga), Kane, Cavani et Icardi sont les représentants de cette catégorie. Ce sont également des finisseurs d’exception mais leur contribution au jeu collectif de leur formation est réduite à son strict minimum (moins de 20 passes par match et très peu de passes décisives).
  • Les « avants-centres collectifs » : Firmino, Dzeko, Higuain et Lukaku appartiennent à cette dernière catégorie qui emprunte un peu à chacune des deux premières. Ce sont de bons buteurs (mais pas exceptionnels : moins d’un but tous les 2 matches en moyenne) mais surtout, ils constituent un point d’appui au collectif de leur équipe. Leur moyenne de buts est bien moindre que celle des autres mais leur nombre de passes témoigne d’une plus grande participation à l’élaboration des attaques de leur équipe. Firmino, qui en outre apporte un sens du sacrifice important par son activité défensive, constitue l’archétype de cette catégorie.

On vient de le voir, Cavani appartient lui à la catégorie des buteurs exclusifs. Il en est même le parfait symbole. Dans ces conditions, remplacer l’Uruguayen par un autre attaquant, comme cela trotte a priori parfois dans la tête des dirigeants parisiens, constituerait une énorme perte pour l’attaque parisienne en terme de volume de buts. A la question « par qui le remplacer ? » le cas échéant, il ne semble pas y avoir de bonne réponse puisque les joueurs capables de marquer autant que lui semblent ne pas exister. Le remplacer par un joueur au profil similaire serait sans effet sur le jeu collectif. Le remplacer par un joueur d’une autre catégorie représenterait forcément une perte en nombre de buts que l’apport au jeu collectif n’est pas certain de combler. Donc, au final, il semble vain de se demander pourquoi chercher à le remplacer…

En outre, plutôt que de le comparer à Neymar ou Mbappé et ainsi de stigmatiser les écarts de niveau technique, il paraît plus judicieux de le situer par rapport aux autres attaquants de classe mondiale et de considérer qu’il constitue plutôt, par sa faculté à scorer sans cesse et à ne s’intéresser qu’au but, le parfait complément de ses deux compères d’attaque et le joueur idoine pour le PSG actuel.

Des stats différentes en coupe du monde

On terminera cet article avec une note supplémentaire d’optimisme en jetant un œil aux stats de l’ancien Napolitain durant la dernière coupe du monde.

Même s’il ne faut pas tirer trop d’enseignements de quatre matches avec la sélection nationale, il apparaît clairement que durant cette compétition le Cavani de l’Uruguay a eu un jeu différent du Cavani Parisien. Et toutes les lacunes pointées du doigt précédemment dans cet article y sont gommées ou presque. Cela voudrait dire que le potentiel de joueur complet, ou de « buteur participatif » pour reprendre notre typologie précédente, est là et qu’il ne demande qu’à s’exprimer.

Ses stats à la passe, ci-dessus, témoignent en effet d’une plus grande participation au jeu avec sa sélection nationale : 22 passes par match contre 16 avec le PSG l’an passé. Avec 22 passes, Cavani se situerait dans la moyenne de notre panel d’attaquants, et non plus en fin de classement dans cette catégorie statistique. Ce plus gros volume de jeu ne s’accompagne d’ailleurs pas d’un plus grand déchet technique puisqu’il conserve le même pourcentage de réussite dans ses transmissions (un peu plus de 80 %).

Le constat est le même pour les dribbles puisqu’il affiche une moyenne étonnante de 1.8 dribble tentés par match durant la World Cup, contre 0.8 avec Paris la saison passée. Il n’a d’ailleurs raté aucun des 7 dribbles tentés lors de ses quatre rencontres du Mondial.

Alors, qu’est-ce qui explique ces différences de statistiques entre le Cavani du PSG et celui de l’Uruguay ? Les besoins de l’équipe ? Le style de jeu de ses partenaires ? La confiance en soi ? Sûrement un peu de tout ça. Charge à Thomas Tuchel de trouver les mots et les combinaisons tactiques pour permettre à l’Uruguayen de s’affirmer pleinement comme le joueur complet qu’il peut être et de faire taire ses détracteurs. 

Article paru sur Culture PSG en 2 volets en août 2018

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