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Lyon-PSG (2-4) : La première pierre du pressing façon Pochettino ?

A l’aller, le pressing lyonnais, notamment des attaquants, avait annihilé les sorties de balle parisiennes et largement contribué à la victoire des Gones au Parc. Au retour dimanche, les Parisiens ont rendu la monnaie de leur pièce à leurs adversaires avec un pressing d’un niveau inédit cette saison. Le signe que Pochettino met sa patte sur l’équipe ?

Résumer cette double confrontation en Ligue 1 cette saison entre le PSG et Lyon à une bataille de pressing serait évidemment réducteur. Bien d’autres aspects, techniques, tactiques, psychologiques, entrent en ligne de compte au moment de décider du score d’une rencontre. Pourtant, force est de constater que le pressing lyonnais fut déterminant à l’aller (mi-décembre 2020) tant il avait gêné la défense à trois du PSG et avait directement provoqué l’erreur de Kimpembe sur l’unique but du match (Kadewere, 35ème minute). Rebelote au retour ce dimanche, mais cette fois c’est le pressing parisien qui a contrecarré les plans lyonnais. Les joueurs de Garcia étant, pour leur part, curieusement très attentistes dans leurs velléités de presser les Parisiens.

Record d’actions de pressing sur un match pour le PSG cette saison

Les chiffres du pressing parisien sont éloquents : alors qu’ils n’avaient réalisé que 138 actions de pressing (source : fbref.com) à l’aller, et qu’ils en réalisaient en moyenne 122 par match jusque-là, les hommes de Pochettino ont battu leur record de la saison avec 210 pressings dimanche soir.

Le moins que l’on puisse dire c’est que l’OL a semblé surpris par cette agressivité parisienne retrouvée. La composition d’équipe, avec l’étonnant double pivot Gueye-Danilo aligné, aurait pu mettre la puce à l’oreille du staff lyonnais. Pourtant, les Gones n’ont jamais trouvé les solutions à ce harcèlement sans relâche des joueurs de la capitale. A leur décharge, ceux-ci ne sont pas vraiment coutumiers du fait.

Comme le montre le graphique ci-dessus, la pression mise par les coéquipiers de Verratti dans l’affiche du dimanche soir détonne très nettement par rapport à leurs standards habituels. Que ce soit sous Tuchel (126 actions de pressing en moyenne, en bleu) ou depuis l’arrivée de Pochettino (120, en rouge), réputé lui aussi très exigeant sur cet aspect du jeu, notamment auprès des joueurs offensifs, le pressing parisien n’avait jamais atteint des sommets (hormis un curieux pic à 204 face à Nice).

Garcia ne s’attendait donc pas à voir les milieux, et encore moins les attaquants parisiens, se transformer en véritables chiens de garde, prêts à mordre les chevilles de chaque porteur du ballon. Et pourtant, au moins pendant une heure, les Parisiens ont mis une pression incessante sur les milieux et défenseurs lyonnais.

Le graphique ci-dessous détaille les actions de pressing par joueur du PSG :

Certes, le taux de succès dans ces tentatives est modeste (25 %), mais les enseignements sont ailleurs : voir trois joueurs dépasser les 30 actions de pressing réalisés, dont un des trois offensifs (Di Maria, 39) en dit beaucoup sur la volonté du staff parisien d’empêcher les Lyonnais d’imposer leur jeu. Alors que ceux-ci avaient dicté leur loi et fait tourner en bourrique le milieu Paredes-Verratti-Di Maria à l’aller, ils ont été mis sous l’éteignoir dimanche soir. 

Gueye en chef de meute, Di Maria plus accrocheur que jamais

La faute à une pression de tous les instants de Gueye notamment qui avec 45 pressings tentés réalise la plus haute performance d’un Parisien cette saison. Record personnel de la saison pour Verratti avec 33 (il est déjà monté jusqu’à 53 face à Marseille en 2018-2019), et record depuis qu’il porte le maillot rouge et bleu pour Di Maria avec 39. L’Argentin semblait particulièrement motivé et en jambes puisqu’il tourne en moyenne habituellement à 14 actions de pressing toutes les 90 minutes, soit près de trois fois moins que sa performance du soir ! Il en a donc réussi autant dimanche soir (14, record du match) qu’il en tente d’habitude.

C’est d’ailleurs un pressing d’El Fideo qui est à l’origine du quatrième et dernier but du PSG puisque c’est son duel physique sur Paqueta qui permet à Verratti de récupérer le ballon et de lancer Mbappé vers Lopes. On signalera au passage que Di Maria avec 6 tacles réussis sur 8 est le Parisien le plus efficace dans ce domaine et qu’il signe ainsi ses meilleures performances depuis son arrivée dans la capitale.

Les milieux lyonnais perdus

Même avec un Danilo moins actif dans le pressing (mais très utile dans son rôle de digue devant la défense), c’est au milieu que les Parisiens ont étouffé les Lyonnais. Alors qu’à l’aller les trois milieux parisiens n’avaient réalisé que 51 actions de pressing, ils en totalisent 92 au retour (+ 80 % !). Les milieux Lyonnais, pas embêtés avec le ballon d’ordinaire, ont perdu la bagatelle de 37 ballons (soit un tiers des pertes de balle de l’OL), dont 29 pour le duo Paqueta-Caqueret.

Au-delà des milieux de terrain, on voit grâce au graphique ci-dessus que dans toutes les lignes les pertes de balle se sont accumulées côté lyonnais. C’est particulièrement flagrant pour Cornet, sous l’effet des pressions de Di Maria notamment, mais aussi des défenseurs (14 pour le duo d’arrière droit De Sciglio-Dubois).

Lyon subit d’habitude 147 actions de pressing et n’a pas su gérer la hausse du niveau d’intensité. Ne pas joueur de coupe d’Europe (comme l’équipe d’Aulas cette saison) a du bon en terme de temps de préparation, mais il n’y a rien de tel qu’un match de Champions League pour se préparer à ce type de bataille.     

La patte Pochettino ?

Bon, OK, le PSG a su élever son niveau de jeu pour cette « demi-finale » du championnat de France. Mais est-ce que cela veut dire que Pochettino a pris les commandes de l’équipe et parvient à imposer son style de jeu où l’on sait que le pressing a justement une part prépondérante. Si l’on s’en tient à ce match, on peut effectivement voir la marque du coach argentin dans l’identité de l’équipe. Le choix fort de « bencher » Paredes (moins actif que Gueye au pressing, et moins efficace que Danilo pour protéger sa défense), pourtant un de ses cadres depuis son arrivée, a porté ses fruits. Il a en quelque sorte gagné la bataille tactique que Tuchel avait perdu à l’aller, et le pressing en est quelque part le symbole.

Pourtant, difficile de dire que depuis son arrivée l’ancien coach des Spurs avait révolutionné le jeu du PSG, y compris sur cet aspect du jeu. On l’a dit plus haut, sa moyenne d’actions de pressing est même inférieure à celle de Tuchel sur la saison 2020-2021 en Ligue 1.

Il faut dire que le contexte n’est guère propice à la mise en pratique de ses préceptes de jeu : arrivé en cours de route d’une saison sans vraie préparation physique, on ne peut pas vraiment faire pire pour appliquer des nouvelles consignes basées sur des courses à haute intensité répétées qui demandent en outre de la coordination. Qui plus est à un groupe pas très enclin aux efforts défensifs a priori. D’ailleurs, la comparaison des stats de pressing depuis la saison 2017-2018 (la 1ère à laquelle elles sont disponibles) montre bien qu’on est dans une saison basse en matière d’efforts de pressing.

Petite consolation : le taux de réussite de ces actions de pressing (32.3 % sous Pochettino) est le plus haut de ces quatre dernières saisons.

Prochaine étape : faire défendre tous les attaquants

Pour conclure, on n’a pas pu s’empêcher d’aller regarder les stats de pressing des joueurs de Tottenham époque Pochettino (156 actions de pressing par match en 2018-2019). Pour les raisons évoquées précédemment, la comparaison avec les stats des joueurs parisiens cette saison est à prendre avec prudence. Mais cela permet d’apprécier la marge de progression, pour la saison prochaine éventuellement, notamment au niveau des attaquants.

Sans rentrer dans le jeu de la comparaison poste par poste, ce qui frappe à l’analyse des deux graphiques ci-dessus est justement l’écart concernant les postes les plus actifs en matière de pressing : ce sont des joueurs offensifs à Tottenham puisque le trio de tête est composé de Alli, Eriksen et Lamela, alors que ce sont des milieux au PSG (Gueye, Rafinha, Herrera).

Le premier offensif titulaire côté Paris, Di Maria, culmine à 14 pressings par match, un total tout proche du plus bas niveau des joueurs offensifs de Tottenham lors de la saison 2018-2019 (Kane avec 13). On pointe là une problématique connue côté parisien : les faibles efforts des attaquants et de Mbappé en particulier (7 pressings à Lyon). Le contraste avec la performance hors-norme de Di Maria sur l’autre aile au Groupama Stadium n’en devient que plus saisissant.

La question est donc de savoir dans quelle mesure le nouveau staff sera en mesure de faire participer tout le monde à cette philosophie car sinon, les plus actifs risquent peut-être de se lasser. A cet égard, le comportement de Neymar (dont la saison la plus haute en terme de pressing avec le PSG est 2018-2019 avec 13 /match) sera intéressant à analyser et probablement source d’inspiration pour son copain Mbappé.

Article paru sur Culture PSG en mars 2021

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