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Analyses Saison 2021-2022

Les stats peu flatteuses de Georginio Wijnaldum

L’arrivée de Georginio Wijnaldum au mercato a été bien accueillie par les supporters parisiens. Il faut dire que le Hollandais a un sacré pedigree et que son recrutement a été annoncé au début d’un Euro où il a été excellent (3 buts). Pourtant, l’analyse de ses stats, comparées notamment à celles des milieux parisiens, pose plus de questions qu’elle n’amène de réponses. Passage en revue de ces chiffres pas aussi hauts qu’attendus.

Marque-t-il tant de buts que ça ?

L’un des arguments majeurs en faveur du recrutement de Wijnaldum est sa capacité à marquer des buts. Il est vrai qu’il n’aura guère de difficulté en théorie à faire mieux que les milieux de terrain du PSG dont c’est le gros point faible : 6 buts seulement au total la saison dernière pour les 6 milieux parisiens (Danilo et Gueye deux, Herrera et Paredes un, Rafinha et Verratti aucun) et 7.4 en moyenne par saison depuis l’arrivée de QSI :

C’est Blaise Matuidi qui a le record en tant que milieu de terrain buteur sur une saison avec 5 buts en Ligue 1 (2012-2013 et 2013-2014).

Qu’en est-il des stats de Wijnaldum ?

En incluant les rencontres amicales avec sa sélection et les coupes nationales, il a inscrit 139 buts dans sa carrière. C’est quasiment autant que tous les autres milieux du PSG (149 à eux 6) !

La répartition des buts de Wijnaldum en club est la suivante : 25 avec Feyenoord (de 17 à 21 ans), 56 avec le PSV Eindhoven (de 22 à 25 ans), 11 avec Newcastle et 22 avec Liverpool.

C’est en fait avec les Oranjes qu’il a été le plus efficace : 25 buts en 79 matches (soit un but tous les 3 matches). D’ailleurs 7 de ses 10 buts de la saison passée (et 14 des 23 des deux dernières saisons) l’ont été avec les Pays Bas.

En coupe d’Europe, il a marqué 1 but tous les 5 matches (16 en 80 matches), et un but tous les 5 matches de championnat (90 en 437 parties)

Avec Liverpool en Premier League, son ratio est plus modeste : 1 but tous les 11 matches.

Parmi ses principaux faits d’armes, comment ne pas citer son incroyable doublé en trois minutes contre Barcelone en ½ finale de Champions League (7 mai 2019) pour la victoire renversante 4-0 à Anfield. Il a également marqué trois buts à l’Euro cet été. Il avait aussi scoré contre la France lors de la victoire des Pays Bas en Ligue des Nations en novembre 2018.

Dernier point remarquable concernant ses buts : 28 de ses 114 buts en club ont été marqués de la tête ! Il vient là aussi palier un point faible du jeu du PSG.

–> Oui, il marque beaucoup de buts mais rapporté à son nombre de matches, il n’est pas sur des ratios extraordinaires ces dernières saisons. 84 de ses 139 buts en carrière datent d’ailleurs de ses années en Eredivisie. En revanche, il marque des buts importants, et est plus efficace en sélection et en coupe d’Europe qu’en championnat.

Un joueur sur le déclin ?

Notre seconde interrogation porte sur son âge et sa condition physique. Il a 30 ans (31 le 11/11) et a déjà disputé près de 650 matches, dont 217 de Premier League. Il reste en effet sur six saisons de Premier League à 36 matches de moyenne (sans compter la Champions League). De quoi en sortir forcément un peu usé physiquement.

Quid de son niveau de performance ces dernières saisons ? Nous nous sommes basés sur les « ratings » du site whoscored calculés à partir d’un algorithme fondé sur les stats du joueur. Il ne faut pas prendre au pied de la lettre ce type d’évaluation de joueurs uniquement basées sur les statistiques, mais elles ont le mérite d’exister et de reposer sur des méthodes constantes dans le temps.

Concernant Wijnaldum, elles disent deux choses : la première c’est que depuis son arrivée en Premier League, il n’a jamais affolé les compteurs ni produit des stats réellement impressionnantes. Il n’a par exemple jamais atteint l’évaluation annuelle de 7/10. A titre de comparaison, Marco Verratti a un rating moyen en Ligue 1 depuis son arrivée au PSG de 7.25 et n’est descendu qu’une seule saison sous la barre des 7 (6.98 en 2012-2013). Ils étaient cinq au-dessus de 7 à Liverpool la saison passée (Mané, Thiago Alcantara, Firmino, Salah et Alexander-Arnold) donc ce n’est pas forcément lié au style de jeu et aux stats produites par le club.

Le second constat est que sa dernière saison est la moins bonne, et assez nettement. Son évaluation annuelle Whoscored était toujours comprise entre 6.79 et 6.95 (donc un joueur très régulier à un bon niveau) depuis son arrivée en Premier League en 2015, puis elle a chuté à 6.62 la saison écoulée.

–> Difficile d’anticiper les choses concernant son état de fraîcheur physique et mental, mais les données à notre disposition indiquent que c’est un joueur qui a été très sollicité ces dernières années et qu’il sort de sa plus mauvaise saison en carrière.

Est-il impliqué dans beaucoup d’occasions de buts ?

Ses stats d’expected goals (xG) et d’expected assists (xA) confirment la première partie de la théorie ci-dessus sur son impact offensif assez moyen : ses niveaux d’xG et d’xA, ramenés à 90 minutes, n’ont rien d’exceptionnel.

Seules ses deux premières saison en Premier League sont de très haut niveau (0.22 xG + 0.11 xA, puis 0.17+0.16). Ses quatre dernières saisons aux Reds sont elles très moyennes. Pour illustrer le propos, on notera qu’en 2020-2021, il a les mêmes stats que Danilo Pereira en Ligue 1 avec Paris.

En revanche, on ne constate pas de réelle baisse entre la dernière saison et les précédentes. Et, on serait tenté de dire « encore heureux » puisqu’aucune d’entre elles n’est réellement enthousiasmante. On le voit sur le graphique ci-dessous où depuis 2017, il tourne en moyenne à 0.1 xG/90 et 0.05 xA/90, soient des stats relativement basiques à l’échelle des milieux du PSG.

Pour positiver un peu, on mettra quand même en évidence que ses stats d’xG sont quand même au-dessus de la moyenne des milieux parisiens. Ce sont surtout ses xA qui sont faibles.

En cohérence avec ce qui précède, ses stats de tirs ne sont pas extrêmement flatteuses :

Le seul milieu du PSG qui tirait moins que lui la saison dernière est… Marco Verratti ! Ses 31 tirs le positionnent pourtant au-dessus de tous les milieux parisiens (Paredes et Rafinha sont les plus gros frappeurs avec 24), mais rapportés à son nombre de minutes, il n’a pas une si grosse activité offensive que ça.

Et là aussi, sa dernière saison est la moins bonne :

Très porté sur l’attaque avec le PSV en début de carrière (2.6 tirs/90 min), il a oscillé entre 1 et 1.8 en Premier League ensuite, hormis la saison écoulée où il est passé sous la barre des 1 tir par 90 minutes.

On mettra à son crédit son aptitude à se créer des positions de tirs de qualité : son ratio d’expected goal par tir, qui mesure la probabilité d’un tir de devenir un but, est bon : sur ses six saisons de Premier League, il est à 10 % en moyenne, là où les milieux parisiens sont à moins de 7 %.

–> Rapporté à son temps de jeu, ses stats offensives ne sont en fait pas exceptionnelles, particulièrement ces dernières saisons.

Quel est son volume et son style de jeu ?

Les données du Hollandais sont meilleures pour les dribbles, sans être pour autant enthousiasmantes :

Alors que les stats de dribbles des milieux parisiens la saison dernière en Ligue 1 étaient extrêmement disparates (un grand écart entre les presque 3 dribbles réussis par Verratti à 80 % et les 0.6 d’Herrera à 52 %), les six années de Wijnaldum en Premier League sont elles assez homogènes (regroupées au centre du nuage de points ci-dessus). Il n’a jamais réussi moins de 0.9 dribble par 90 minutes mais jamais dépassé les 1.6.

Sa moyenne en Premier League (1.2 dribble réussi avec 65 % de réussite) le situe dans la moyenne des milieux parisiens en 2020-2021 (1.3 à 71 %). C’est Gueye qui a des stats qui se rapprochent le plus des siennes. Ce n’est pas vraiment ce qui était attendu. Sans espérer voir des stats à la Verratti, on imaginait un joueur plus dribbleur.

On ne s’attardera pas sur ses stats de duels qui le positionnent au niveau de Paredes (qui est le milieu parisien qui gagne le moins de duels) et qui confirment que sa dernière campagne est sa plus mauvaise (3.7 duels gagnés contre 4.2 en carrière).

Ses stats de ballons joués et de passes méritent, elles, qu’on s’y penche. Mise à part sa saison à Newcastle, il tourne entre 48 et 58 passes par 90 minutes, de manière très stable. On est donc très loin des niveaux parisiens alors que le volume de passes global des deux équipes (le PSG et Liverpool) est similaire.

Son nombre de passes est 40 % plus bas que la moyenne des milieux parisiens. C’est énorme. Cela le positionne entre Bakker et Kurzawa dans l’effectif parisien.

Son taux de réussite est lui très bon, notamment la saison écoulée (92.7 %). Sa moyenne en six saisons de Premier League est de 89.7 % de passes réussies.

Ce n’est a priori pas le style de jeu de Klopp qui explique cet écart puisque le taux de possession est identique entre le PSG et Liverpool et que plusieurs milieux de terrain des Reds ont des volumes de passes largement supérieur : Henderson est à 96, Thiago à 83, Fabinho et Jones à 74.

Il y a donc bien un particularisme propre au Néerlandais qui le distingue des autres milieux de Liverpool et qui lui fait toucher moins de ballons. On pourrait ainsi penser qu’à l’opposé des joueurs de conservation ou de gestion du tempo comme Thiago Alcantara ou Verratti, il est plus à-même d’amener de la percussion et du jeu vers l’avant, mais ses stats ne vont pas non plus dans ce sens :

Le graphique ci-dessus est assez terrible pour le capitaine des Pays Bas : que ce soit pour les passes réussies vers le dernier tiers ou les passes progressives, il est très loin de tous les milieux du PSG, y compris Danilo. Sa moyenne de passes progressives sur sa période anglaise est de 3.2, un niveau dépassé par tous les milieux du PSG dont la moyenne est du double de celle de Wijnaldum (6.6) !

Bien sûr, ces données sont à mettre en relation avec son faible nombre de ballons touchés. Mais en cherchant une explication à son faible volume de jeu, on n’a trouvé qu’une confirmation de son moindre jeu vers l’avant.

A Liverpool la saison dernière, deux milieux de terrain, Henderson et Thiago Alcantara avaient eux des stats proches de Verratti et Paredes qui sont des références mondiales en la matière (environ 11 passes réussies vers le derniers tiers et 8 passes progressives).

Logiquement, ses indicateurs de distance gagnée par la passe sont également très faibles : sa moyenne anglaise est de 161 mètres gagnés par 90 minutes alors que les milieux du PSG en 2020-2021 sont entre 243 (Rafinha) et 522 (Paredes).

Ce n’est malheureusement pas mieux en terme de progression du ballon par la conduite. On a pourtant en tête de nombreuses actions où Wijnaldum récupère un ballon dans l’entrejeu et part aussitôt à grandes enjambées balle au pied pour gagner des mètres et faire avancer le jeu. Cela ne se traduit pas en chiffres puisqu’avec 112 mètres gagnés par la conduite en moyenne, il se situe au niveau de Kehrer au PSG… Pas vraiment une référence en terme de progression du ballon.

Le graphique ci-dessus est là encore assez cruel pour le numéro 18 du PSG, tant l’écart qui le sépare des milieux parisiens est colossal. A Liverpool, c’est Henderson qui a les stats de mètres gagnés les plus proches des milieux parisiens (236 mètres par la conduite, comme Verratti).

–> Le volume de passes de Bakker, les stats de dribbles de Gueye, le niveau de duels de Paredes, les mètres gagnés de Kehrer… l’impact sur le jeu de Wijnaldum est assez faible.

Compense-t-il par une grosse activité défensive ?

Les constats sont malheureusement les mêmes en matière de stats défensives.

Si l’on commence par les tacles, le graphique ci-dessous nous indique que sa dernière saison chez les Reds est sa moins bonne en Premier League (moins d’un tacle sur deux réussis).

Et, surtout, il a des stats de tacles très nettement inférieures à celles des milieux parisiens. Et même de tous les milieux parisiens ! Son volume de tacles tentés est non seulement très faible (1.4 contre 4.4 en moyenne au PSG), mais son taux de réussite est également extrêmement préoccupant comparativement aux milieux parisiens (49 % contre 62 %).

On voit d’ailleurs, en mettant en parallèle les deux graphiques, que même dans ses « meilleures années » en matière de tacles (2.3 en 2016-2017), il est très loin des niveaux des milieux parisiens (moyenne à 4.4).

Au PSG, celui dont le taux de tacles réussis se rapproche de celui du Néerlandais est Verratti mais avec un nombre de tacles tentés quatre fois supérieur ; et celui dont le nombre de tacles tentés est proche des 1.4 de Wijnaldum est Danilo mais il a un taux de réussite sans commune mesure (72 % contre 49 %) !

Pour en « rajouter une couche », on indiquera que dans tout l’effectif parisien, il n’y a que Mbappé (0.7), Kean (0.8) et Draxler (1.3) qui tentent moins de tacles que Wijnaldum ! Evidemment, ce type de comparaison est faussée par les contextes différents mais c’est pour donner une idée des volumes que cela représente.

Alors, certes Liverpool ne tentait la saison dernière en Premier League que 22.3 tacles par match, contre 26.7 pour le PSG en Ligue 1. Les deux équipes ont globalement le même taux de possession du ballon (59 % pour les Reds, 60 % pour Paris), mais ont donc des méthodes de défense différentes ou subissent des attaques différentes de la part de leurs adversaires.

Mais, au sein même de l’effectif des Reds, le Hollandais est un de ceux qui a réussi la saison dernière le moins de tacles :

Dans l’ensemble de l’effectif des joueurs de Klopp, il n’y a que Salah qui réussissait moins de tacles que Wijnaldum la saison dernière ! Sadio Mané, avec 3 matches de moins disputés, en a réussi plus de deux fois plus que lui (48 à 23) !

Les conclusions sont globalement les mêmes pour les interceptions et les tirs contrés : les stats de Wijnaldum sont bien plus faibles que celles des milieux parisiens : 0.8 dégagement par 90 minutes la saison écoulée contre 1.3 pour Verratti & Co, et 0.1 tir contré versus 0.3.

Une partie de l’explication provient des volumes défensifs supérieurs au PSG (cf. tableau ci-dessous). Mais, au sein même de l’effectif de Liverpool, Wijnaldum affiche des stats en retrait par rapport à ses coéquipiers (par exemple : 0.8 interception contre 1.8 à Henderson, 1.65 à Fabinho ou Thiago).

Intéressons-nous maintenant aux indicateurs défensifs où Liverpool présente des niveaux supérieurs au PSG : les dégagements et le pressing. Le prétexte du contexte collectif ne pourra plus être mis en avant si Wijnaldum a des stats inférieures aux milieux parisiens.

C’est néanmoins encore, et de manière surprenante, en partie le cas. Pour ces deux datas, le Hollandais a une nouvelle fois des stats inférieures à la moyenne de ses nouveaux coéquipiers. Néanmoins, il ne se situe plus en queue de classement comme pour les tacles, les interceptions et les tirs contrés où ses moyennes 2020-2021 étaient plus basses que tous les milieux du PSG.

Pour les dégagements, il est au même niveau que Gueye, mais supérieur à Verratti et Rafinha.

Sa saison 2020-2021 est en outre l’une de ses plus basses en carrière concernant les dégagements.

Pour les actions de pressing aussi il a une production inférieure à la moyenne des milieux parisiens (13 contre 18) mais deux joueurs font moins bien que lui (Paredes et Danilo). Plus inquiétant, ses 13 pressions le situent au niveau de Neymar et d’Icardi…

C’est sûrement la stat la plus étonnante (et décevante) de l’analyse comparative. Comment Wijnaldum, réputé pour ses courses et son activité au sein d’une formation qui réalise elle-même 10 % de pressings de plus qu’un PSG peu connu pour son ardeur au pressing, peut-il avoir des stats de pressing à ce point inférieures aux milieux parisiens ?

La baisse de production dans le temps du capitaine hollandais apporte une petite explication. La saison 2020-2021 est en effet l’année où il a réalisé le moins de pressings :

Néanmoins, même sa moyenne en carrière à Liverpool (ou simplement sa meilleure saison à 15.3) le positionne nettement en retrait par rapport aux quatre milieux du PSG qui pressent le plus (Rafinha, Gueye, Herrera et Verratti, situés entre 19 et 24 pressions par 90 minutes la saison dernière). 

En outre, parmi l’ensemble des Reds de la saison dernière, il présente des stats inférieures à d’autres milieux comme Thiago Alcantara, Curtis Jones ou James Milner.

Pour enfoncer le clou, on terminera cette partie consacrée au secteur défensif, par l’évolution sur les six dernières saisons de ses interventions défensives :

On constate que pour chacun des indicateurs (tacles réussis, dégagements, interceptions, tirs contrés), ses données 2020-2021 sont quasi systématiquement les moins bonnes des six saisons étudiées.

On essaiera de se rassurer en constatant que son taux de réussite dans ses pressings est excellent (personne ne fait aussi bien que ce soit à Liverpool ou parmi les milieux du PSG), mais l’ensemble des stats défensives restent décevantes pour le nouveau numéro 18 du PSG.

–> Que ce soit en comparant ses stats à caractère défensif aux milieux de Liverpool ou à ceux du PSG, Wijnaldum est systématiquement en retrait. En outre, ses productions de la saison écoulée sont ses moins bonnes en carrière.

Le bilan global est donc assez négatif. Là où on s’attendait à voir un joueur ultra polyvalent, hyper actif et très efficace, on fait le constat d’un joueur aux stats banales, du moins à l’échelle du PSG et de Liverpool.

Comment expliquer ces écarts entre l’image perçue du joueur et la réalité de ses stats ?

Certainement au même titre que vous à la lecture de ces données, nous nous sommes beaucoup interrogés sur la faiblesse des stats de Wijnaldum, comparativement aux milieux du PSG.

Nous avons donc émis et discuté un certain nombre d’hypothèses (7 en tout) pour essayer d’expliquer ce phénomène :

1. Wijnaldum n’est pas un aussi bon joueur que ce que l’on croit généralement

La froide réalité statistique nous fait dire que le joueur n’est qu’un joueur moyen. Est-ce crédible ? Forcément en partie puisque les chiffres sont là. Mais Klopp n’aurait pas fait de ce joueur le pilier de son milieu de terrain, auteur de grosses saisons de Premier League, si c’était un joueur lambda. Les chiffres ne mentent pas mais la confiance accordée par l’un des maîtres tacticiens de notre époque non plus. Et, sous Klopp, il a joué 81 % des minutes possibles en Premier League avec Liverpool.

Degré de fiabilité de cette hypothèse : 5/10

2. Les milieux de terrain du PSG sont meilleurs que ce que l’on croit

La comparaison des stats des milieux parisiens avec celles de Georginio Wijnaldum est très nettement favorable aux premiers nommés. Mais n’est-ce tout simplement pas parce que Verratti & Co sont des joueurs de classe mondiale ?

Ce constat est vrai pour Verratti et à un degré moindre Paredes, voire Gueye. Mais, dans la plupart des stats analysées, le Hollandais était battu par Danilo ou Herrera. Ces derniers sont des bons joueurs mais pas des cracks mondiaux comme est parfois présenté Wijnaldum. Or, en recrutant un milieu parisien qui n’apporterait pas vraiment de valeur ajoutée par rapport à l’effectif en place, on en serait réduit à entasser des joueurs corrects au milieu mais on ne ferait pas progresser l’équipe. 

Degré de fiabilité de cette hypothèse : 5/10

3. La comparaison entre la Ligue 1 et la Premier League n’est pas pertinente

C’est un réflexe assez logique de considérer que comparer des stats d’un championnat moyen, où le PSG a tendance à se promener, au meilleur championnat du monde où l’adversité est féroce chaque week-end, manque de pertinence.

Si l’on suit ce raisonnement, il serait plus aisé de « faire des stats » en Ligue 1 car le championnat est moins relevé et ainsi les joueurs parisiens peuvent afficher des niveaux de performance supérieurs à leur niveau réel. Il faudrait donc affecter un coefficient correctif pour rehausser les stats des joueurs de Premier League pour les comparer de manière adéquate avec celles de la Ligue 1. Pourquoi pas.

Pourtant, plusieurs indices nous font dire que la comparaison « sans filtre » garde du sens. Tout d’abord, on a vu qu’un certain nombre de milieux de Liverpool parvenaient, à la différence de Wijnaldum, à produire des stats au niveau des milieux parisiens (Henderson et Thiago Alcantara notamment). Donc, c’est possible.

Ensuite, Gueye et Herrera, deux joueurs du PSG arrivés d’outre-Manche, n’ont pas connu une hausse spectaculaire de leurs stats à leur arrivée en Ligue 1. Seul leur volume de passes a beaucoup augmenté en lien avec les caractéristiques de leurs formations initiales (Everton et Manchester United) qui conservaient moins le ballon. Le taux de possession du Liverpool de Klopp est toujours compris entre 58 % et 60 %, soit des taux proches du PSG (60 % la saison écoulée). Par conséquent, le volume de ballons joués est assez similaire et le total d’interventions défensives également.

Enfin, il n’y a pas de grosse différence entre les stats de Wijnaldum en Premier League et celles de Champions League. Ce qui laisse à penser que son style de jeu est bien reflété par les stats, quelle que soit la compétition.

Degré de fiabilité de cette hypothèse : 5/10

4. Les moyennes écrasent les données et faussent la réalité

Le décalage est tel entre l’impression laissée sur le terrain par Wijnaldum et ses données statistiques que l’on peut être amené à s’interroger sur la fiabilité de la data et faire confiance plutôt à son œil.

Les stats ne sont évidemment pas fausses mais l’utilisation systématique de la moyenne (nécessaire pour faire des comparaisons) écraserait la réalité des actions de Xijnaldum sur la totalité d’une rencontre. Le fait qu’il joue autant de matches et de minutes brouille l’analyse.

Les deux regards sont pertinents : les stats reflètent bien l’image de sa production moyenne, mais l’œil, qui a retenu quelques actions d’éclat en partie noyées dans une multitude d’actions anodines, a bien analysé les apports du joueur. Ce dernier est tellement sollicité qu’il n’est pas en mesure de jouer 90 minutes à fond. En revanche, par séquences, il est ultra présent, voire décisif pour son équipe.

Degré de fiabilité de cette hypothèse : 6/10

5. Wijnaldum a un positionnement atypique sur le terrain

On a assez peu abordé dans cet article la question de son positionnement sur le terrain en partant du principe qu’il était un milieu ultra polyvalent, capable aussi bien de jouer dans des positions avancées que reculées.

Pourtant, son attirance pour le but et le fait qu’il joue parfois derrière les attaquants, fausse quelque peu la comparaison avec les milieux parisiens qui, à quelques exceptions près, ont joué en double pivot la saison écoulée.

Les différentes « heatmaps » permettent de prendre conscience de ces positionnements légèrement différents. Ci-dessous sa zone d’intervention en Premier League la saison dernière :

On relève quelques différences avec celles de Paredes, Verratti, Gueye et Danilo ci-dessous.

La zone de jeu de Wijnaldum paraît encore plus disparate que celles des Parisiens. Et sa présence dans le dernier tiers et dans la surface adverse en particulier est plus marquée (c’est confirmé par ses stats de touches dans la surface).

Ce positionnement plus varié et plus offensif sur le terrain a forcément une influence sur ses stats et la comparaison avec les milieux n’est pas totalement juste.

Degré de fiabilité de cette hypothèse : 6/10

6. La comparaison avec les milieux du PSG ne lui rend pas justice

Une autre utilisation des moyennes pose souci dans notre analyse : en comparant Wijnaldum à la moyenne des milieux du PSG, on compare un joueur unique avec six autres qui ont chacun des points forts et des points faibles.

Compte tenu du profil souvent assez unidimensionnel des milieux de la capitale (sauf Verratti bien sûr), il n’est pas complètement illogique que l’ancien Red ait des stats inférieures à la moyenne des milieux du PSG. En effet, chaque milieu du PSG ou presque a un gros point fort (la progression du ballon pour Paredes, les interventions défensives pour Gueye, le jeu aérien de Danilo), qui tire vers le haut la moyenne des indicateurs utilisés.

Par conséquent, Wijnaldum, avec son profil différent de milieu polyvalent, sans gros point fort ni gros point faible, souffre systématiquement de la comparaison face à des joueurs plus unidimensionnels.

Degré de fiabilité de cette hypothèse : 7/10

7. Ce que fait Wijnaldum ne se voit pas dans les stats

On peut être un excellent joueur de foot et ne pas affoler les stats. Et vice versa. On peut être indispensable à une équipe pour gagner des titres sans être le roi du petit pont, du tacle glissé ou de la passe claquée. En basket, on dirait qu’il y a des choses « qui ne se voient pas dans les stats » et qui font gagner des matches, et des titres.

Tout porte à croire que Wijnaldum est ce type de joueur. Un « glue guy ». Celui qui met du liant entre les individualités permettant au collectif de briller. Un leader par son engagement et son esprit de winner. Un joueur bon avec et sans ballon qui ne pense qu’au collectif. Et pas à ses stats. Un vari capitaine en quelque sorte (ce qu’il était souvent avec Klopp et avec les Pays bas à l’Euro).

Ce seraient quoi en foot ces actions qui ne se voient pas dans les stats (en tous les cas pas celles à notre disposition) ? Un appel à vide pour un partenaire, un replacement défensif à haute intensité pour gêner une contre-attaque, une faute intelligente pour casser le rythme, un mot doux à l’arbitre pour l’amadouer… Il y a 1 000 autres choses à faire sur un terrain de foot que des dribbles et des frappes de 30 mètres pour gagner un match. Demandez à Thiago Motta.

D’ailleurs, les stats avancées, logiquement, commencent à essayer de mesurer ce type d’apport. Un indicateur, venu également du basket, mesure l’impact d’un joueur par le calcul du différentiel entre les buts marqués et encaissés par son équipe tant qu’il est sur le terrain. Une manière de rendre justice à ces joueurs de l’ombre, indispensables à l’équilibre, mais dont l’activité ne se reflète pas (encore) dans des chiffres. Et, devinez quoi ? Ces datas sont très favorables à notre homme :

En moyenne sur ces cinq saisons à Liverpool, en sa présence sur le terrain, son équipe a marqué 183 buts de plus qu’elle n’en a encaissées. Soit 37 de moyenne par saison. C’est colossal. Cela tient bien sûr à son temps de jeu à rallonge mais aussi à l’influence qu’il a sur sa formation. Il est d’ailleurs assez régulièrement dans les trois premiers de son équipe pour ce ratio. On comprend un peu mieux pourquoi Klopp ne pouvait pas se passer de lui…

Degré de fiabilité de cette hypothèse : 7/10

Alors, au final, bonne recrue ou pas ce Wijnaldum ?

Notre étude a donc mis en évidence que Wijnaldum présentait, particulièrement la saison dernière, des stats très inférieures à celles des milieux parisiens. Néanmoins, nous avons mis en avant plusieurs explications, plus ou moins convaincantes, permettant de prendre avec recul les stats présentées.

Que faut-il retenir au final ? Seule la vérité du terrain des prochaines semaines permettra de le confirmer mais on peut d’ores-et-déjà dire que le PSG a recruté un joueur au profil différent. Même si les stats à notre disposition ne le montrent pas totalement, nul ne peut nier que Wijnaldum est un joueur hyper actif sur un terrain, avec une volonté d’aller de l’avant et de mettre de l’intensité.

C’est un joueur de transition, de rupture, qui accélère le rythme par son pressing ou ses percées. Le dernier Euro a particulièrement mis en avant ses qualités de contre-attaquant. C’est un vrai box-to-box, ce qu’aucun des milieux de terrain parisiens n’est réellement.

Le PSG ne dispose pas de ce profil de relayeur. La question qui pourrait se poser est celle de l’intégration d’un tel joueur dans l’équilibre collectif. Aujourd’hui, ce type de percussions ou de déséquilibres sont l’apanage de deux ou trois joueurs, plus parfois Verratti. L’addition au milieu de terrain d’un joueur aussi intense et porté sur le déséquilibre va certes permettre de réveiller un peu une organisation qui a tendance à ronronner un peu au milieu de terrain. Mais au prix de plus de ballons perdus. L’organisation à la perte va être cruciale. Toutes proportions gardées, c’est le même dilemme qu’avec l’arrivée d’Hakimi : une arme et un poids offensif nouveaux mais une équipe peut-être plus exposée défensivement.

On peut néanmoins compter sur son expérience et sa science du jeu pour apporter ce dont l’équipe aura besoin. Est-ce que cela se verra dans les stats ? Comptez sur nous pour étudeier ça de près dans les semaines à venir !

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