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Analyses Saison 2020-2021

Mbappé, ses 100 buts passés au crible

Avec son doublé au Groupama Stadium dimanche dernier, Kylian Mbappé (22 ans) a donc atteint la barre symbolique des 100 inscrits en Ligue 1. L’occasion rêvée de passer au crible les buts du prodige français : quelle efficacité devant le but, contre quels adversaires, quels passeurs… ? Analyse 100 % Mbappé.

100 buts marqués contre 87 « attendus »

Mbappé est un homme de records, ça ne fait aucun doute. Mais est-il capable de faire mieux que ce que prévoit le modèle statistique des « expected goals » ? La réponse est évidemment oui. Compte tenu des tirs qu’il a pris, le modèle considère qu’il aurait « dû » inscrire 87 buts (source : understat.com). Il en donc mis treize de plus qu’attendu.

L’analyse saison par saison nous enseigne qu’il a battu le modèle tous les ans sauf lors de sa première saison au PSG (13 buts inscrits contre 14.3 attendus). La position d’ailier droit dans laquelle Unai Emery le faisait jouer n’a pas dû l’aider en terme d’efficacité devant le but…

Toutes les autres saisons, il a « surperformé » en inscrivant systématiquement plus de buts que ce que les expected goals prévoient. C’est notamment lors de sa première vraie saison en Ligue 1 (2016-2017) que son réalisme offensif s’est fait ressentir avec 6.7 buts de plus qu’attendu. Cette saison encore, il déjoue les probabilités avec, à ce jour, 2.7 de plus que ce que le modèle attend.

Lors de ses saisons parisiennes, on recense néanmoins presque autant de matches (47) où il a moins marqué qu’attendu que le contraire (49).

Le match où il a le plus déjoué le modèle, dans un sens favorable, est d’ailleurs le dernier en date puisqu’il s’agit de la victoire du PSG à Lyon où malgré seulement 0.59 xG, il a inscrit 2 buts (soit un différentiel de 1.41). Lyon est un adversaire qui lui réussit bien puisqu’on se souvient forcément de son quadruplé d’octobre 2018 avec 2.86 xG (soit un écart de 1.14).

A l’inverse, à Monaco en 2017-2018, il avait beaucoup gâché (aucun but malgré 1.46 xG). Cette saison, c’est lors de la rencontre à Angers qu’il a connu le plus de déchet devant le but adverse (0 but avec 0.96 xG).

Mais au global, sur l’ensemble de ses matches en Ligue 1 avec le PSG, c’est face à Marseille qui est le plus en réussite puisqu’il surperforme de 2.9 buts (6 buts inscrits pour 3.1 xG). Si c’est face à Dijon qu’il a mis le plus de buts en Ligue 1 avec Paris (11), c’est le fruit d’excellentes situations puisqu’il cumule 9.4 xG en 8 matches face aux Bourguignons.

A l’inverse, la réussite le fuit particulièrement face à Nice (2 buts malgré 3.8 xG en 6 matches) ou encore Nantes (3 buts et 4.2 xG) comme on l’a encore vu récemment.

Combien de tirs pour marquer 100 buts ?

Il ne lui a fallu que 425 tirs pour marquer ses 100 buts en Ligue 1, soit une moyenne d’un but tous les 4.25 tirs.

Hormis lors de sa folle saison sur le Rocher (un but tous les 3.5 tirs), c’est cette saison qu’il est le plus productif avec un but tous les 3.75 tirs.

Depuis son arrivée au PSG, on recense pas moins de huit matches où il a marqué sur chacune de ses tentatives dont les deux matches contre Dijon cette saison où il marqué à chaque fois deux buts en tirant à deux reprises !

On peut faire un parallèle entre ce ratio des buts rapportés aux tirs et celui des expected goals par tir. Plus ce dernier est élevé, c’est-à-dire plus les positions de tir sont bonnes, moins il lui faut en théorie de tirs pour marquer. C’est assez intuitif. Il n’y a encore que lors de son éclosion en 2016-2017 qu’il a su marquer beaucoup en peu de frappes malgré des situations de tirs guère favorables (0.16 xG/tir).

En moyenne, dans sa carrière en Ligue 1, son ratio d’expected goal par tir est de 0.2. Cela signifie que chacune de ses frappes a 20 % de chances de générer un but. C’est colossal. A titre de comparaison, Cristiano Ronaldo est à 0.15 et Lionel Messi à 0.16 (sur la période 2014-2021).

Si son taux d’xG/tir est si élevé, c’est qu’il prend la majorité de ses tirs de l’intérieur de la surface.

Le graphique ci-dessus nous montre que 366 de ses 425 tirs ont été pris dans les 18 mètres (soit 86 %). Le poids de ses buts de l’extérieur de la surface est donc logiquement très faible : seulement 5 %. Il n’a en effet inscrit que 5 buts de loin. Si les supporters des Bleus ont forcément en tête sa frappe en finale de coupe du Monde, les fans parisiens doivent se gratter un peu plus la tête pour se remémorer les buts de loin de Mbappé. Il en a pourtant marqué deux cette saison : face à Nîmes au Parc des Princes d’un superbe ballon enroulé au-dessus de Reynet ; et tout récemment à Lyon pour le 4ème but en contre.

La cartographie de ses buts ci-dessous met bien en évidence la forte concentration près du but et face au but. On retrouve les cinq petits points à l’extérieur de la surface, dont trois dans l’arc de cercle à la sortie de celle-ci.

Si les buts du pied droit constituent la majorité de ses buts (75 %), il a montré encore récemment qu’il n’était pas maladroit avec le gauche (n’est-ce par Ter Stegen ?). D’ailleurs, que ce soit du droit ou du gauche, son nombre de buts est supérieur à ses expected goals.

Ce n’est pas vraiment le cas de ses tentatives de la tête : seulement 3 buts inscrits en Ligue 1 de cette manière en un peu moins de six saisons, c’est très peu. C’est moins que les xG (4.5) générés par les 28 tirs de la tête pris en 142 matches. Sur la même période, Cristiano Ronaldo a inscrit 28 buts de la tête en 24.8 xG (et Messi 3 comme Mbappé). Il y a là clairement un axe de progression pour le Français.

Près d’un quart de ses buts sont inscrits en contre-attaque

Conséquence du point précédent, il marque peu sur coup de pied arrêté (seulement 3 buts, hors pénaltys). En revanche, il se distingue dans une autre manière de scorer : les contre-attaque. 23 de ses 100 buts sont en effet issues d’attaques rapides selon la classification du site whoscored.com. A titre de comparaison, sur la même période (2015-2021), Cristiano a marqué 9 buts de cette manière et Messi 10.

Cette saison, personne dans les cinq principaux championnats européens ne fait mieux que ses 5 buts inscrits en contre (Cordoba, Toko Ekambi et Gnabry sont derrière avec 3). Et par conséquent personne ne fait mieux que le PSG en Europe avec les 7 buts inscrits de cette manière en championnat (les 2 autres étant l’œuvre de Kean).

L’autre point marquant de la répartition des situations amenant le Bondynois d’origine à marquer est le nombre de pénaltys inscrit cette saison. Il en est à 5 et semble maîtriser désormais parfaitement ce geste. En Ligue 1 cette saison, seuls Depay et Ben Yedder (7 chacun) en ont marqué plus que lui. Toutes compétitions confondues avec le PSG, il en a réussi neuf sur onze. Ses deux échecs datent du printemps 2019 (en Coupe de France face à Nantes et en Ligue 1 contre Marseille) mais furent sans conséquence sur le résultat.

La majorité de ses buts en tant qu’avant-centre

On s’est également intéressés au poste occupé par Mbappé lors des rencontres où il a inscrit ses fameux 100 buts en Ligue 1. On avait déjà eu l’occasion, après la victoire face à Montpellier où il avait brillé dans une attaque à deux têtes, de montrer que ses statistiques sont meilleures quand il joue avant-centre mais qu’il est accompagné d’un autre joueur à la pointe de l’attaque.

Le graphique ci-dessus confirme qu’il marque majoritairement ses buts dans cette configuration (55). Si l’on ajoute les 10 buts inscrits en tant que seul avant-centre, cela porte à 65 % son ratio de buts inscrit en tant que numéro 9. Un peu plus d’un tiers de ses buts le sont donc en partant d’une position d’ailier.

L’analyse de ses buts par poste occupé par saison est aussi intéressante :

Si lors de la saison de l’éclosion à Monaco, il évoluait à deux devant avec Falcao, il sera surtout cantonné sur le côté (droit le plus souvent) lors de ses débuts au PSG. Changement de décor avec l’arrivée de Tuchel en 2018 pour lequel il marque beaucoup quel que soit sa position. Ces deux dernières saisons ont quant à elles vu la confirmation de ses difficultés à marquer en étant aligné seul en pointe (1 seul but sur les 38).

Di Maria, passeur attitré

Enfin, pour terminer, on s’est penchés sur les passeurs de ces 100 buts du prodige français. 80 des 100 buts (94 si on enlève les pénaltys) sont d’ailleurs issus d’une passe décisive (source : whoscored.com). Pas mal pour un tout droit qui la jouerait solo…

Di Maria est le coéquipier qui lui a offert le plus d’offrandes en Ligue 1 avec 15 passes décisives, concentrées sur les trois dernières saisons (aucune en 2017-2018). Cela signifie que près de la moitié des passes décisives de l’Argentin en Ligue 1 depuis 2017 ont eu pour destinataire Mbappé puisqu’il en a délivré 33 sur cette période. Une vraie complicité, aussi vue en Ligue des Champions, existe entre les deux joueurs.

Celle-ci est souvent occultée par la relation « Neymar-Mbappé » régulièrement mise en avant et que les deux compères cherchent assez systématiquement. Pourtant le Brésilien, n’a offert que 12 passes décisives à Mbappé en quatre saisons communes en Ligue 1 (plus 4 en Champions League). Une moyenne de 3 par saison qui n’a rien d’exceptionnel (avec certes un nombre de matches joués pas vraiment optimal)

Derrière les deux meneurs de jeu, on trouve Draxler et Cavani avec 5 assists, puis Kurzawa et Bernardo Silva avec 4. Le Portugais en une seule saison avait noué une vraie relation technique avec Mbappé. Ils sont en tout 29 joueurs à avoir donné au moins une passe décisive au buteur français. Parmi eux, 9 défenseurs dont Kurzawa avec 4, et treize sud-américains qui totalisent 49 des 80 passes décisives. 

Article paru sur Culture PSG en mars 2021

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