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Analyses Saison 2020-2021

Le PSG, fournisseur de talents pour la France et l’étranger

Cela commence à devenir une habitude. Après avoir été crucifié par Coman, formé au club, en finale de Ligue des Champions la saison passée, le PSG a perdu samedi le choc dans la course pour le titre de champion de France face à des Lillois qui comptaient dans leurs rangs pas moins de quatre joueurs formés dans la capitale. L’occasion de réaliser un tour d’horizon de tous ces jeunes qui n’ont pas su trouver leur place au PSG mais qui brillent ailleurs.

Tout d’abord un constat : le PSG n’est pas cette saison le club de Ligue 1 qui fait le plus jouer les joueurs formés dans la capitale. Ce n’est pas grave me direz-vous, il faut bien que les jeunes promesses franciliennes volent de leurs propres ailes dans des clubs moins côtés puisqu’elles n’ont pas le niveau pour le PSG. Vous n’y êtes pas du tout : le club qui fait le plus confiance aux « Titis » n’est autre que le leader de Ligue 1 à quelques journées de la fin du championnat, à savoir Lille.

Plus de temps de jeu pour les « Titis » à Lille qu’à Paris

Toute l’ironie de la défaite parisienne de samedi face au LOSC dans le choc de la 31ème journée réside dans le fait qu’à l’heure où le PSG alignait, au coup d’envoi, le seul Kimpembe comme enfant du club, ils étaient trois dans le camp d’en face : Maignan (25 ans), Soumaré (22 ans) et Ikoné (22 ans), trois internationaux tricolores (A ou espoirs). Trois joueurs que le PSG n’a pas pu ou voulu garder dans une époque où le jeune « made in PSG » a la côte sur le marché des transferts.

Avec l’entrée de Weah (21 ans), ils ont même été quatre joueurs formés au PSG une bonne partie de la rencontre. A eux quatre, ils représentent cette saison 22 % du temps de jeu total lillois en Ligue 1. Un pourcentage que le PSG lui-même n’a atteint qu’à deux reprises ces quinze dernières années. Cette saison, les joueurs formés au club ne représentent que 11 % du temps de jeu au PSG. Et encore, en intégrant Colin Dagba qui est un peu une pièce rapportée (arrivé à 18 ans).

Il y a même un autre club, en l’occurrence Bordeaux, chez qui le temps de jeu des joueurs formés au PSG est plus important qu’au PSG.

Les quatre Lillois totalisent 6749 minutes en championnat : Maignan a disputé l’intégralité des 31 matches, Ikoné en a joué 30 (dont 23 comme titulaire), Soumaré (14 titularisations, 11 entrées en cours de match) se dispute la place au milieu aux côtés d’André, et Weah fait figure de joker offensif puisqu’il n’a débuté que 6 matches mais est entré 19 fois après avoir été initialement remplaçant.

A Bordeaux, Sabaly (28 ans) et Adli (20 ans) représentent 13 % des minutes possibles. Le Sénégalais a même le deuxième temps de jeu total de toute l’équipe girondine derrière Costil. Derrière les 11 % du PSG, on trouve Angers avec 7 % grâce à Doumbia (24 ans) et Kanga (23 ans), puis Dijon avec Ebimbé (20 ans) et Zagre (19 ans).

Ils sont au total 20 à jouer (ou avoir joué cette saison) en Ligue 1 ailleurs qu’au PSG. Une majorité d’équipes du championnat a au moins un « Titi » dans son effectif puisqu’on comptabilise douze équipes avec au moins un ancien locataire du centre de formation de la capitale. Il y en avait même un à Lyon en début de saison (Moussa Dembélé) mais, rassurez-vous, aucun du côté de la Canebière…

Des « Titis » aussi présents dans les plus grands clubs européens

Si l’on élargit l’étude aux cinq grands championnats européens, il faut en rajouter onze. Signe de la qualité de la formation parisienne, la plupart sont dans des grands clubs : Rabiot à la Juventus, Coman et Kouassi au Bayern, Diaby à Leverkusen, Nkunku à Leipzig, Dembélé à l’Atletico, Zagadou à Dortmund, Areola et Kebano à Fulham, Coulibaly à Stuttgart, Sakho à Crystal Palace.

Ci-dessous, le récapitulatif des minutes jouées en championnat par chacun des 35 joueurs formés au PSG évoluant (ou ayant évolué) cette saison dans un des cinq principaux championnats européens. Ceux qui jouent au PSG sont en bleu, ailleurs en Ligue 1 en rouge, dans un championnat étranger en blanc :

On retrouve deux gardiens aux deux premières places. On ne saura jamais si Maignan se serait imposé au PSG si on lui avait donné sa chance. Il a quitté le PSG en 2015. A l’époque les gardiens s’appelaient Sirigu et Trapp. Il est trois ans plus jeune qu’Areola (28 ans) dont l’expérience parisienne est plus que mitigée mais qui réalise une saison pleine avec Fulham.

On constate aussi que la Bundesliga a la côte : les Titis qui s’y sont essayés ces dernières années ne le regrettent pas (Nkunku, Diaby), le dernier exemple en date étant le jeune Tanguy Coulibaly (20 ans) qui a disputé 26 des 27 matches de championnat avec Stuttgart (dont 13 titularisations) et qui a marqué deux buts. Seul Kouassi semble faire exception.

En tous les cas, que ce soit qualitativement ou quantitativement, la formation du PSG fait des merveilles. Selon une étude du Centre International d’Etudes du Sport, paru en novembre 2020, le PSG était même le 4ème club européen qui comptait le plus de joueurs dans les clubs des cinq grands championnats européens, derrière le Real Madrid, Barcelone et Lyon.

Moins de temps de jeu pour les joueurs issus du club depuis deux ans au PSG

Et le PSG dans tout ça ? Profite-t-il lui aussi des fruits de sa formation ? Pour la seconde saison consécutive, les minutes sont accordées assez chichement aux jeunes du club. Ils sont certes sept à avoir foulé au moins une minute la pelouse en Ligue 1, mais seuls Kimpembe et Dagba ont un vrai rôle.

Compte tenu des déboires sur les postes de latéraux, on aurait pu imaginer que Timothée Pembélé ait plus sa chance (18 ans). Mais depuis l’arrivée de Pochettino, il n’a disputé que 27 minutes en Ligue 1 (à St Etienne) et 45 en coupe de France (à Brest) qui n’ont pas dû convaincre le nouveau staff.

C’est encore pire pour Kays Ruiz (18 ans) qui n’a pas joué une seule minute pour Pochettino et n’a même figuré qu’à une seule reprise dans le groupe (à St Etienne). Arnaud Kalimuendo (19 ans) et Bandiougou Fadiga (20 ans) ayant été prêtés, les espoirs de minutes chez les jeunes reposent sur Edouard Michut (18 ans) qui a simplement eu droit à une entrée dans les arrêts de jeu à Dijon alors que le score était de 4-0. C’est maigre.

Le bilan est donc assez mitigé avec 11.5 % du temps de jeu attribué aux joueurs du club en Ligue 1. C’est dans la lignée de la saison passée (10.3 %) mais très loin des deux saisons précédentes. Il faut dire qu’en 2017-18 et 2018-2019, le PSG caracolait en tête de la Ligue 1 et avait en outre besoin d’exposer ses jeunes prodiges pour les vendre et équilibrer les comptes.

Cette saison, avec un championnat très serré et un effectif pléthorique, le PSG a moins l’occasion de mettre ses jeunes sur le terrain. Surtout que ceux qui auraient pu avoir du temps de jeu cette saison, comme Kouassi ou Aouchiche, ont préféré quitter le club.

Doit-on se réjouir de former autant de bons joueurs ou s’inquiéter de les voir partir ?

Ce sont des problèmes de riches serait-on tenté de se dire : le PSG forme bien et voit donc ses « produits » susciter les convoitises des « rapaces » européens (allemands en particulier). Il a les moyens de doubler tous les postes avec des joueurs confirmés, souvent internationaux, et donc moins de possibilités pour laisser les jeunes talents s’exprimer.    

Comment faire pour concilier ces objectifs sportifs (être champion de France, voir plus si affinités), financiers (trouver des actifs à vendre sur le marché des transferts), et d’image (éviter de se faire ridiculiser par des adversaires comptant dans leurs rangs des joueurs que l’on a soi-même formés) ? Les départs de Kouassi et Aouchiche ont fait du mal mais pourtant le PSG avait fait ce qu’il fallait en terme de temps de jeu proposé. Le mal semble plus profond. Une des solutions ne pourrait-elle pas être de multiplier les prêts comme ce fut le cas par le passé avec Rabiot ou cette saison avec Kalimuendo notamment ? Cela permet au joueur de s’aguerrir et au club de mieux juger de la valeur réelle de celui-ci. L’objectif étant de s’assurer qu’un futur crack ne devienne pas international sous les couleurs d’un autre club. C’est rageant…

En attendant, il n’y a plus qu’à espérer que Coman ne nous fasse pas trop souffrir mercredi. Ou pire, Kouassi !

Cet article est paru sur Culture PSG en avril 2021

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