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Analyses Saison 2021-2022

Les forces et faiblesses d’Achraf Hakimi

Comme après chaque saison sans titre de champion de France, les responsables qataris du PSG ont sorti le carnet de chèques pour renforcer significativement l’équipe parisienne. Le poste de latéral droit est en perpétuelle friche depuis plusieurs saisons ? Aux grands maux les grands remèdes, QSI se paye pour 60 M€ le meilleur latéral sur le marché, Achraf Hakimi, en provenance de l’Inter. Pour en savoir plus sur ses forces et faiblesses, nous nous sommes plongés dans ses stats de ses trois dernières saisons et nous les avons comparées à celles des latéraux du PSG de la saison passée. Attention ça pique !

Les forcesLes faiblesses
Un gros volume de jeuPas un centreur si fiable que ça
Un accélérateur de particulesDes lacunes défensives
Une présence offensive impressionnanteUn jeu à haut risque
Une efficacité offensive maximale

Avant de rentrer dans le détail des statistiques avancées d’Achraf Hakimi, rappelons en préambule qu’il s’agit certes d’un jeune joueur (22 ans) mais avec une certaine expérience en Champions League. Il a en effet 20 matches à son actif : 5 avec l’Inter la saison écoulée (1 passe décisive), 13 avec Dortmund en deux saisons (4 buts inscrits et 3 passes décisives) et 2 avec le Real de Zidane en 2017-2018 alors qu’il avait 20 ans à peine.

Il complète donc la longue liste des joueurs parisiens déjà vainqueurs de la Champions League (avec Navas, Di Maria, Wijnaldum, Neymar, Rafinha et Ramos) !

Les stats nous ont permis de mettre en évidence les forces et faiblesses éventuelles du natif de Madrid. Commençons par les forces :

Un gros volume de jeu

Achraf Hakimi, parmi ses nombreuses qualités, a un gros moteur. Comprenez par-là que la répétition des efforts, y compris à haute intensité, ne lui fait pas peur. Le contraire d’un Florenzi à qui il succède côté droit au PSG en quelque sorte.

Ses stats de ballons joués et de passes effectuées en sont la preuve. Même si à première vue, ses 66 ballons joués (/90 minutes) et 41 passes de la saison dernière à l’Inter paraissent un peu faibles (la moyenne des latéraux du PSG était supérieure), il faut prendre en considération le fait que l’Inter n’avait le ballon que 52 % du temps (contre 60 % pour le PSG).

C’est donc plutôt avec ses données des deux saisons précédentes à Dortmund que la comparaison prend du sens. En effet, l’équipe de Lucien Favre avait en Bundesliga un taux de possession compris entre 57 % et 59 %, plus proche des standards parisiens. Et, dans ce contexte-là, les 69 passes effectuées par match et, surtout, les près de 100 ballons joués, sont pour le moins impressionnants, même quand on a l’habitude des matches du PSG.

Sa centaine de ballons joués avec Dortmund le positionnerait au 4ème rang au PSG entre Herrera et Gueye, et au-dessus de Neymar !

Pour 2019-2020, le site fbref.com recense 13 matches de Bundesliga où il a touché au moins 100 ballons ! C’est arrivé seulement deux fois aux quatre latéraux parisiens la saison dernière (une fois Kurzawa, une fois Bakker). 

On remarque quand même au passage qu’avec l’Inter, qui effectuait 527 passes par match contre 646 pour le PSG la saison dernière, sa moyenne était beaucoup plus basse. Néanmoins, ramené sur le volume de passes traditionnel du PSG, les 66 ballons d’Hakimi avec l’Inter en valent environ 74.

Cela confirme deux choses : d’une part, dans le 3-5-2 très automatisé de l’Inter, le latéral Marocain était plutôt cherché en bout de chaîne ; d’autre part, il faut toujours remettre les stats dans leur contexte afin de les interpréter correctement.

Ses stats allemandes, avec un style de jeu prôné par Favre assez proche de celui du PSG (au moins en Ligue 1), viennent en l’occurrence confirmer l’impression visuelle d’un joueur avec un gros volume de jeu.

Sa grosse VMA, associée à sa pointe de finesse, lui permet aussi d’harceler ses adversaires. Ses stats de pressing, notamment avec l’Inter sont bien supérieures à celles des latéraux du PSG en 2020-2021.

En toute logique, il faut aussi pondérer ces données-là puisque l’Inter de Conte avait moins la balle, et donc plus d’occasions de presser, que le PSG. Mais même corrigées, ses stats de pressing restent bien supérieures à Florenzi et consorts.

Sa heatmap avec l’Inter témoigne de son incroyable activité, y compris dans la surface adverse (on y reviendra) :

Sur celle de sa première saison à Dortmund ci-dessous, on trouve le même phénomène, avec en outre la confirmation qu’il peut aussi jouer à gauche :

La multiplication des efforts ne lui fait visiblement pas peur et on devrait le voir multiplier les appels et les allers-retours dans son couloir droit sur les pelouses de Ligue 1. 

Un accélérateur de particules

Et s’il arpente autant le couloir, ce n’est pas pour y compter les brins d’herbe ou saluer les spectateurs en tribune latérale. Une fois servi, Hakimi a une utilisation active du ballon. Le contraire d’un joueur neutre, comme peuvent souvent l’être les latéraux parisiens qui, le ballon à peine contrôlé, se hâtent de le remettre en retrait.

Sa capacité à utiliser ses deux pieds et sa vitesse de course exceptionnelle sont deux atouts majeurs pour éliminer et faire progresser le jeu.

Ses qualités de percussion se voient notamment dans ses stats de dribbles.

La comparaison avec les latéraux du PSG est sans équivoque : que ce soit avec l’Inter (2 fois plus de dribbles) ou Dortmund (entre 3 et 4 fois), le Marocain utilise beaucoup plus l’arme de l’élimination balle au pied que ce qu’a connu le PSG cette saison.

Dans l’histoire récente du PSG, c’est Bernat qui s’est le plus essayé aux dribbles (2.6/90 minutes en 2019-2020) en tant que latéral. Pour le plaisir, on est remonté jusqu’en 2009 pour voir les stats de dribbles des latéraux droits du PSG depuis cette époque :

Ce sont Serge Aurier et Daniel Alves qui ont la meilleure moyenne (1.8/90 minutes) lors de leur passage au PSG. L’Ivoirien partage avec le Belge Thomas Meunier la meilleure moyenne sur une saison : 2.1, en 2016-2017 pour Meunier, en 2014-2015 pour Aurier. Aucun des latéraux droits récents n’approche le nombre de dribbles d’Hakimi.

On voit que le passage de Florenzi (0.6 dribble/90 minutes) à Hakimi, qui a une moyenne en carrière de 3.1, risque de faire un peu mal aux yeux dans le couloir droit.

Son record sur un match de championnat est de 13 (contre Leipzig en décembre 2019, 7 réussis, source : fbref.com). Son taux de réussite en Bundesliga était meilleur qu’en Série A. D’ailleurs, lors de sa deuxième saison en Allemagne, il est tout simplement le 4ème joueur avec le plus de dribbles réussis dans toute le championnat allemand :

Du fait de ses dribbles, il a des stats de duels plus importantes que les latéraux du PSG, mais aussi plus de fautes subies :

Même si sa moyenne de fautes subies baisse à l’Inter (1.2 contre 1.7 et 1.9 à Dortmund), elle reste nettement supérieure à celles des latéraux actuels du PSG (0.5 de moyenne la saison dernière). Pour donner un ordre d’idée, sa moyenne allemande le situerait dans le Top 5 du PSG de la saison passée (derrière Rafinha mais devant Mbappé).

En s’appuyant notamment sur sa rapidité, il a donc cette capacité à faire avancer le ballon par le dribble, mais il ne faut pas le réduire à cela. Les stats nous indiquent qu’il semble disposer en effet de toute la palette du « meneur reculé » qui sait faire progresser le ballon de différentes manières.

  • Il sait jouer long : en Allemagne, il réussissait en moyenne 2.2 passes longues par 90 minutes. Rien d’extraordinaire mais c’est toujours mieux que la moyenne des latéraux parisiens de la saison passée (0.9) et, surtout son taux de réussite est bien meilleur que celui de Dagba et compagnie : au moins 50 % de réussite lors de ses trois dernières saisons contre 38 % pour les latéraux parisiens version 2020-2021.
  • Il sait faire progresser le ballon : que ce soit par la passe ou la conduite, il affichait en Bundesliga des stats de mètres gagnés de très haut niveau :

Pour les raisons déjà évoquées (moins de ballons à jouer et style de jeu moins axé sur la possession), ses stats italiennes sont assez standards. En revanche, en Allemagne, il était l’un des joueurs qui faisait le plus progresser le ballon de tout le championnat. Par la conduite, sur l’ensemble de la saison 2019-2020, il n’y a qu’Alaba (Bayern) et Upamecano (Leipzig) qui ont gagné plus de mètres que lui.

Cette saison-là, il a quatre matches à son actif avec plus de 300 mètres gagnés par la conduite de balle à lui seul. Aucun latéral du PSG n’a atteint cette marque au cours des deux dernières saisons.

  • Des passes qui font mal : joueur d’impact, Hakimi cherche l’efficacité dans ce qu’il entreprend. On le voit avec ses stats de passes vers la surface : il en a réalisé 50 l’an passé en Série A (2ème de l’Inter derrière Barella) et tournait à 1.7/90 minutes, alors que le meilleur latéral parisien en a réalisé 24 et que la moyenne des latéraux était de 1.2.  

Outre les passes vers la surface, les passes progressives mesurent cette capacité du Marocain à faire mal par la passe :

Si ses stats italiennes sont déjà fort correctes, on voit que c’est en 2019-2020 avec Dortmund qu’il a atteint des sommets dans ce type de passes (6.5/90 minutes). Les 196 qu’il a réalisées cette saison-là le positionnent dans le Top 5 de toute la Bundesliga (le 1er est Kimmich avec 249, Hakimi est le premier non-joueur du Bayern de ce classement).

Dans l’équipe de Fabre, il en a même effectué 18 au cours d’un match. Un niveau dépassé seulement une fois par un Parisien la saison dernière (Herrera, 19 contre St Etienne). 

Bref, que ce soit par la passe, la conduite de balle ou le dribble, il a tout l’arsenal de l’accélérateur de particules prêt à allumer des incendies à partir de son couloir.

Une présence offensive impressionnante

Mais l’ancien Intériste ne se contente pas d’amener le ballon dans les zones dangereuses. Il est lui-même très présent offensivement, malgré son poste initial d’arrière droit. Il ne se contente pas d’allumer la mèche, il participe activement au feu d’artifice !

Avec l’Inter, il touchait en moyenne 4.6 ballons dans la surface par 90 minutes la saison dernière en série A. C’est plus que Di Maria avec le PSG en Ligue 1 ! Au total sur sa saison, cela représentait 137 ballons, soit le 21ème total de toute la série A. Aucun défenseur ne fait évidemment mieux et le second, Robin Gosens (Atalanta) est à 116.

La comparaison avec les latéraux du PSG est nettement favorable au néo-parisien, surtout sur la base de sa saison 2020-2021.

Florenzi, le meilleur latéral parisien la saison dernière, jouait 3.1 ballons dans la surface.

La donnée des actions amenant à un tir va confirmer cet écart de poids offensif entre Hakimi et les latéraux parisiens : en 90 minutes, Hakimi est à l’origine de 2.5 tirs (par des passes, des dribbles, des fautes provoquées…) alors qu’aucun latéral ne dépassait 1.8 la saison écoulée au PSG.

Mais le joueur formé au Real Madrid ne se contente pas de servir ses coéquipiers, il bosse aussi pour lui-même : il est l’auteur de 39 frappes au but la saison dernière en championnat. C’est presque autant à lui seul que les quatre latéraux du PSG (41 pour Florenzi-Kurzawa-Dagba-Bakker).

En moyenne sur 90 minutes, cela donne 1.3 tir pour Hakimi contre 0.6 pour les latéraux parisiens.

Il frappe donc au but deux fois plus souvent que les latéraux du PSG.

Et même s’il tire de loin (un tiers de ses tirs la saison dernière), il cadre plus que ses homologues parisiens :

Lors des trois dernières saisons, il a cadré 41 des 97 tirs pris, soit 42 %. La moyenne des latéraux parisiens était de 22 % la saison écoulée (9/41).

Plus de passes amenant à un tir et plus de tirs : logiquement, Hakimi a des données d’expected assists (xA) et d’expected goals (xG) sans commune mesure avec ce que connaît le PSG jusqu’à aujourd’hui.

La saison écoulée, dans une équipe qui produisait 2.1 xG par match, il était lui-même impliqué dans 0.39 (0.22 xA et 0.17 xG).

Ses 6.4 expected assists sur la saison le positionnent au 2ème rang du club champion d’Italie (derrière les 8.4 de Lukaku). Il est par ailleurs 4ème de l’Inter en terme d’expected goals (5.1 xG).

Ses 0.39 xA+xG par 90 minutes sont à mettre au regard de la meilleure performance pour un défenseur parisien la saison passée, à savoir Kurzawa avec 0.21.

Une efficacité offensive maximale

Bon d’accord, c’est bien beau la théorie, mais en buts et passes décisives « sonnants et trébuchants », cela donne quoi ?

Et bien, c’est encore mieux que le modèle. Non seulement Hakimi est décisif offensivement mais il l’est encore plus que ce que prévoit le modèle des expected goals.

Tout est résumé dans le graphique ci-dessous :

Hakimi a inscrit 16 buts en championnat en quatre saisons (auxquels il faut rajouter 4 buts en Champions League en 2019-2020) là où le modèle statistique en prévoyait 12.3.

Pour poursuivre la métaphore sur le feu d’artifice, Hakimi est un peu le « bouquet final » à lui seul et certainement pas « un pétard mouillé » !

Mais ses débordements lui permettent aussi d’être l’homme de la dernière passe comme le prouvent ses incroyables stats de passes décisives :

Lors des trois dernières saisons, il est donc l’auteur de 26 passes décisives. C’est exactement le même nombre que Neymar, pour donner un ordre d’idées…

Gros volume de jeu, super contre-attaquant, efficace devant le but adverse, Achraf Hakimi n’est pas loin du portrait-robot du parfait latéral moderne. Mais, bien sûr, il a des lacunes, comme tout le monde.

Via les stats, on en a repéré de trois types. La plus surprenante concerne son niveau technique. On ne va pas aller jusqu’à dire qu’Hakimi n’est pas un joueur technique mais les stats témoignent d’une marge de progression possible dans ce domaine, en particulier concernant les centres.

Pas un centreur si fiable que ça

La principale (mauvaise) surprise vient de son taux de réussite dans les centres. Jamais dans sa carrière il n’a réussi au moins un centre par 90 minutes.

Sa plus haute moyenne date de la saison dernière avec 0.9. Côté parisien, Florenzi faisait mieux avec 1.3. Certes, les comparaisons entre les deux joueurs sont faussées par les contextes différents, mais, compte tenu de sa réputation et du nombre de situations qu’il se crée, on aurait pu s’attendre à davantage de centres réussis.

Même avec Dortmund, où son équipe était majoritairement en possession du ballon, les actions se concluaient rarement par un centre d’Hakimi puisque ses stats y sont très basses, et même plus faibles que la moyenne des latéraux parisiens en 2020-2021.

Le style de jeu du Borussia n’est pas la seule explication de ces faibles niveaux de centres réussis. Le joueur lui-même ne présente pas des taux de réussite très satisfaisants dans cet exercice. Ses 24 % de réussite avec l’Inter sont corrects, mais pas exceptionnels (Florenzi était à 29 % au PSG). Et ses taux en Bundesliga (20 % et 17 %) sont carrément inférieurs à la moyenne des latéraux parisiens, ce qui n’est pas vraiment flatteur.

Un peu surpris par cette donnée, on a cherché à savoir comment se positionnait Hakimi par rapport aux « meilleurs » latéraux des championnats européens. On a constitué un panel comparatif complètement subjectif composé de 15 joueurs : Cancelo (City), Cuadrado (Juventus), Trippier (Atletico), Guerreiro (Dortmund), Gosens (Atalanta), James (Chelsea), Semedo (Wolverhampton), Alexander-Arnold (Liverpool), Di Lorenzo (Naples), Wan-Bissaka (MU), Digne (Everton), Hernandez (Milan), Robertson (Liverpool), Pavard (Bayern) et Centonze (Metz).

La moyenne de cet échantillon, en championnat, en 2020-2021, est de 1 centre réussi avec 23 % de succès. Le Hakimi de l’Inter est extrêmement proche de cette moyenne (0.9 à 24 %). En revanche, ses stats allemandes sont nettement moins bonnes.

On a ensuite positionné les 15 latéraux concernés (en blanc) ainsi que les quatre parisiens de 2020-2021 (en jaune) plus les trois saisons d’Hakimi (en rouge) dans le graphique ci-dessous :

On constate qu’il y a beaucoup d’écart, que ce soit en % de réussite ou en volume de centres, entre les joueurs. Florenzi est finalement dans le haut du panier avec ses 28 % de réussite. On a en outre la confirmation visuelle que si la dernière saison d’Hakimi est tout à fait correcte, ses deux exercices précédents le situent clairement en queue de peloton.

On sera donc très attentifs à cette stat en Ligue 1, d’autant plus que le PSG ne centre habituellement pas beaucoup et qu’à part Icardi, il n’y a pas vraiment de récepteurs de centres fiables au PSG.

Des lacunes défensives

Ses manques éventuels au niveau défensif sont souvent exprimés quand il s’agit de décrire le profil d’Achraf Hakimi. A tel point que certains préconisent déjà le passage à une défense à cinq permettant de laisser le talent offensif du Marocain s’exprimer en assurant une couverture dans son dos.

On a donc cherché à vérifier par les stats ces hypothèses. Et elles semblent avérées.

En volume d’interventions défensives, il présente des stats inférieures à tous les latéraux du PSG la saison dernière. C’est d’autant plus surprenant que, compte tenu des taux de possession respectifs du PSG (60 %) et de l’Inter (52 %), l’arrière-garde parisienne est censée être moins sollicitée. En outre, les latéraux parisiens ne sont pas nécessairement des foudres de guerre défensivement parlant.

Si l’on additionne ses tacles, dégagements, interceptions et tirs contrés, il plafonne à 3.8 gestes défensifs par 90 minutes, là où la moyenne des latéraux parisiens était de 5.1 la saison écoulée.

Il n’y a évidemment pas de conclusion définitive à en tirer et on jugera sur pièce mais force est de constater qu’il ne brillait pas par son volume d’interventions défensives en Italie.

Paradoxalement, dans une équipe avec plus de possession, il était plus souvent amené à intervenir à Dortmund. Sa moyenne sur les deux saisons au Borussia est de 5.7 gestes défensifs par 90 minutes.

Si les supporters parisiens ont probablement oublié que l’ancien Madrilène avait disputé un match amical face au PSG avec le Real à l’été 2016, ils ont en revanche parfaitement en mémoire sa passivité sur le corner de Di Maria où Neymar lui passe tranquillement devant pour glisser sa tête victorieuse en 1/8èmes de finale retour de Champions League en mars 2020.  C’est lui le numéro 5 dans les images ci-dessous.

Cette action, même si elle date de mars 2020 et qu’il a forcément progressé depuis, témoigne d’un manque de concentration ou de discipline défensive.

Au-delà du volume d’interventions, très fortement dépendant de l’organisation défensive de l’équipe, c’est le taux de réussite dans ses actes défensifs qu’il faudra surveiller. En effet, son taux de succès dans les tacles notamment interpelle un peu puisque sur les trois saisons écoulées, il affiche un % inférieur à la moyenne des latéraux parisiens.

Sa meilleure saison en la matière est la dernière en date mais son taux (68 %) reste moins bon que celui de Dagba et Bakker (tout en étant supérieur à celui de Florenzi et Kurzawa).

Les stats à caractère défensif ne sont donc pas en sa faveur. Pourtant, il apparaît clairement qu’il a fait des progrès dans ce secteur à l’Inter sous la houlette d’Antonio Conte. Son équipe a d’ailleurs fini meilleure défense de Série A (35 buts encaissés). Et même si les placements ne sont pas toujours rigoureux, il peut aussi compter sur son incroyable vitesse de course pour rattraper certains coups.

Jeu à haut risque

Hormis les deux limites évoquées précédemment (centreur assez moyen et faible impact défensif), le principal écueil qui guette Hakimi et le PSG est le « choc des cultures ». En effet, Paris est habitué depuis de nombreuses saisons à avoir des défenseurs et certains milieux très « conservateurs », qui prennent peu de risques balle au pied. On le voit dans le faible niveau de passes longues ou dans l’ultra sécurité des passes des latéraux qui privilégient neuf soit sur dix la passe la plus proche.

Le nouveau numéro 2 du PSG est à l’opposé de ces schémas. C’est un joueur qui va de l’avant, qui ose des passes compliquées ou des chevauchées balle au pied. L’apport offensif est indéniable, on l’a vu, mais il va aussi falloir penser « équilibre » et « organisation à la perte ». Car les pertes de balle vont être bien plus nombreuses côté droit qu’elles ne l’étaient jusqu’à présent. C’est le revers logique de la médaille.

Le natif de Madrid dribble beaucoup et bien mais il a forcément du déchet. Sur sa saison milanaise (la moins prolifique en termes de dribbles), il réussit 1.1 dribble sur 2.2 en moyenne. Cela signifie qu’il perd la balle environ une fois par match en dribblant. Cela ne paraît pas forcément énorme mais c’est le double des niveaux de la saison passée au PSG. Il va donc falloir s’organiser en conséquence si l’on ne veut pas voir les contre-attaques fusées dans son dos.

Au global, sa moyenne de ballons perdus sur les trois dernières saisons est de 16.2. Il est même monté jusqu’à 18.6 en 2019-2020. C’est plus que Mbappé la saison dernière (17.9). Or, si le PSG a l’habitude et est organisé pour pallier les pertes de balle de ses attaquants, les dommages et les mécanismes de compensation ne sont pas les mêmes quand il s’agit d’un défenseur, surtout dans une défense à quatre éléments.

Il perdait la saison passée 20 % des ballons joués, là où les latéraux parisiens en égaraient en moyenne 15%.

Alors, au final, à quel point faut-il se réjouir de l’arrivée d’Hakimi au PSG ?

Le sentiment qui l’emporte, et assez largement, est qu’il est la dernière (ou l’avant-dernière) pièce du puzzle pour faire du PSG une véritable machine de guerre. Ses qualités de contre-attaquant correspondent en effet parfaitement aux besoins du PSG.

Ces dernières années, l’équipe de la capitale a pris l’habitude de construire ses attaques sur le côté gauche, avec généralement Verratti, Neymar et Mbappé. La concentration de ses talents hors normes d’un côté oblige les défenses à densifier leur présence à cet endroit, quitte à négliger le côté opposé. Ces derniers temps, c’était un calcul gagnant puisque d’une part Paris renversait trop lentement le jeu, et surtout, d’autre part, les contre-attaquants côté droit n’étaient pas spécialement fiables dans le dernier tiers du terrain (Meunier par le passé, Florenzi en 2020-2021).

Les attaques parisiennes risquent d’être beaucoup plus compliquées à contenir si c’est Hakimi qui se trouve à la réception des passes de Neymar qui aura fixé la moitié de la défense adverse à gauche ou dans l’axe. On a d’ailleurs hâte de voir à l’œuvre ce schéma de passes, entraperçu face à Séville avec Draxler dans le rôle du passeur. Si le Marocain a été assez maladroit dans le dernier geste face aux Andalous, il y a néanmoins fort à parier qu’il sera passeur et/ou buteur assez rapidement en Ligue 1.

Et les défenses adverses devront par conséquent réajuster leur organisation et certainement anticiper davantage ces renversements vers Hakimi, quitte à laisser plus de liberté dans l’axe ou à gauche. Neymar en salive déjà. Di Maria (positionné dans le demi-espace pour laisser le champ libre au Marocain) aussi probablement puisqu’il aura enfin un joueur avec qui réellement combiner dans le couloir. Avec Paris, plus que jamais, cela risque d’être un peu « choisis ton poison » suite à l’arrivée d’Hakimi.

Néanmoins, on l’a évoqué précédemment, ces nouveaux déséquilibres provoqués dans la défense adverse auront pour contrepartie de découvrir partiellement la défense parisienne. Il faudra nécessairement pratiquer des ajustements. Le système de l’arrière gauche très défensif mis en place un temps en 2019-2020 par Tuchel trouverait une parfaite raison d’être en fixant un arrière supplémentaire sur la largeur et permettant au central droit d’aller couvrir les montées d’Hakimi.

Autre ajustement possible, le retour d’une défense à cinq, là aussi essayée par Tuchel avant de se faire débarquer fin 2020. Ce système, jamais remis au goût du jour par Pochettino, aurait en outre le mérite de ne laisser aucun des trois centraux (Kimpembe-Marquinhos-Ramos) sur le carreau et de faciliter les couvertures du Marocain.

Il y a évidemment d’autres évolutions possibles avec par exemple le positionnement de Gueye côté droit du double pivot cher à Pochettino pour avoir quelqu’un de très mobile sur ce côté. Le staff technique aura forcément des solutions pour équilibrer l’équipe à la perte.

En tous les cas, l’optimisme règne largement. Surtout que l’on a pu constater que c’est surtout lors de ses saisons avec Dortmund, au style de jeu plus proche de celui du PSG que l’Inter, qu’Hakimi avait des statistiques les plus impressionnantes. Y a plus qu’à…

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