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Analyses Saison 2020-2021

Leandro Paredes, le meilleur milieu de la saison ?

L’Argentin Leandro Paredes (27 ans) est le deuxième milieu de terrain analysé dans le cadre de notre revue d’effectifs relative à la saison 2020-2021. Et il y a beaucoup à dire sur les performances de l’ancien de Boca Juniors. Très majoritairement en bien, notamment en possession du ballon, mais aussi en moins bien, surtout quand il s’agit de défendre. Analyse en chiffres et en graphiques de la brillante saison du numéro 8 du PSG.

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Qu’il débloque enfin son compteur buts

Enfin ! Après 51 tentatives infructueuses en Ligue 1 (et 5 en Champions League), Leandro Paredes a enfin inscrit un but sous les couleurs parisiennes. Il avait certes déjà marqué avec Paris, en coupe de France à Pau la saison précédente, mais il s’agit là de son premier but en Ligue 1. Et quel but ! Profitant des absences conjuguées de Neymar et Di Maria, il s’est chargé d’un coup-franc à 25 mètres, plein axe des buts de Sels, le gardien de Strasbourg. Direction la lucarne. Un bijou.

Avant de signer au PSG, il avait marqué au moins un but par saison dans chacun de ses précédents clubs. Il avait même marqué cinq fois avec le Zenith en 2017-2018.

Ses efforts ont donc enfin été récompensés. Le fait qu’il n’ait pas marqué jusque-là avec Paris s’explique notamment par le fait qu’il tente quasiment exclusivement sa chance de loin.

Lors de ses deux premières saisons dans la capitale, il n’avait même jamais tiré de l’intérieur de la surface de réparation. Une rareté au PSG : depuis son arrivée au PSG en février 2018, le PSG a tiré 409 fois de loin en Ligue 1. A lui seul, l‘Argentin représente 13 % de ces frappes lointaines.

Comme la saison passée, il est, avec 20 tentatives, le 3ème joueur de tout l’effectif derrière Neymar et Di Maria en nombre de tirs de loin :

Si l’on met de côté les joueurs avec un nombre de tirs très bas (Ruiz, Fadiga et Simons), il est le joueur dont la proportion de tirs de loin est la plus importante (83 %).

Logiquement, en frappant de loin, ses chances de marquer sont plus faibles. L’indicateur des expected goals/tir nous aide à apprécier le pourcentage de chances de marquer par tir tenté. Cette saison en Ligue 1, ses 24 tirs (dont 20 de loin) ont généré 0.7 expected goals en tout ! Cela signifie que chacune de ses frappes avait seulement 3 % de provoquer un but.

Il n’y a que Kimpembe qui a des positions de tirs encore moins bonnes que Paredes. La moyenne du PSG en Ligue 1 cette saison était de 15 %. Les taux étaient identiques lors de ses deux précédentes saisons dans la capitale (2.7 % en 2019-2020, 2.9 % en 2018-2019).

Par exemple, son coup-franc victorieux à la Meinau est évalué par le site understat.com à 0.04 xG : cela signifie qu’en moyenne un tel coup-franc ne provoque un but que dans 4 % des cas. Lors de ce match à Strasbourg, en deux tirs, il n’a d’ailleurs cumulé que 0.06 expected goals. Son autre tir de loin pris en fin de match n’avait lui que 2 % de chances d’aller au fond des filets.

Le numéro 1 en Europe pour faire avancer le ballon

Dis comme ça, ça peut laisser un peu perplexe. Mais les stats de mètres gagnés par la passe et la conduite sont formelles : parmi les milieux de terrain des cinq plus grands championnats européens, Leandro Paredes est le joueur qui fait le plus progresser le ballon.

Il est numéro 2 à la passe (522 mètres) derrière Kroos (524) et dans le Top 10 pour les conduites de balle (201 mètres). Donc, en cumulé, il est bien le milieu qui gagne le plus de mètres en Europe. Une sacrée performance !

Il domine la Ligue 1, tous postes confondus cette fois, avec ses 522 mètres gagnés grâce à ses passes :

Et il est aussi dans le Top 10 de Ligue 1, tous postes confondus, pour les mètres gagnés en portant la balle :

C’est principalement par la passe qu’il fait progresser le ballon. Quatre des dix meilleures performances individuelles du PSG cette saison sont l’œuvre de Paredes, avec en point d’orgue les 782 mètres gagnés contre Nice.

Lors de cette rencontre, il a réussi 6 des 7 passes longues tentées. Il a cependant fait mieux cette saison avec 11 transversales réussies sur 14 à Strasbourg en avril. Personne au PSG ne le bat cette saison sur un match. Il faut dire que cette arme est très peu utilisée par les Parisiens.

Il est d’ailleurs, sur l’ensemble de la saison, le Parisien qui tente (8.1/90 min) et réussit (5.4) le plus de passes longues en championnat :

L’écart avec les autres milieux de terrain est impressionnant. La moyenne des milieux hors Paredes est de 2.3 passes longues réussies contre 5.4 pour le numéro 8 parisien !

Il est aussi le joueur de Ligue 1 qui réussit le plus de passes progressives (9/90 minutes), devant Neymar et Verratti.

A l’échelle des cinq principaux championnats européens, il est cinquième d’un classement dominé par Luis Alberto (Lazio, 10/90 min).

Une dernière stat pour la route ? Il est aussi le joueur de Ligue 1 qui réussit le plus de passes entrant dans le dernier tiers du terrain avec 11.2/90 minutes, devant Verratti et Gueye. Mais c’est davantage au niveau européen qu’il faut le comparer pour lui trouver des concurrents :

Parmi les joueurs des cinq principaux championnats, il n’est donc devancé que par Kroos en ce qui concerne les passes réussies vers le dernier tiers du terrain. Il y a deux autres Parisiens (Verratti et Gueye) dans ce top 10.

Le plus fou, c’est qu’il avait fait encore mieux la saison précédente en termes de mètres gagnés :

On a moins aimé

Les limites défensives

OK, c’est entendu, Paredes n’aura jamais les stats défensives et l’activité d’un Gueye pour garder un exemple d’un joueur du même club. Mais quand même. Les prestations défensives de l’Argentin constituent une limite certaine à un poste comme le sien.

Des six milieux de terrain du club, il est celui qui affiche les stats défensives, en volume d’interventions notamment, les plus basses :

Il réalise en effet 4.4 actions défensives toutes les 90 minutes contre 5.6 pour Danilo notamment. La moyenne des milieux est de 5.1.

Si ses stats d’interceptions, de dégagements, voire même de tirs contrés sont assez correctes, c’est en matière de tacles que l’Argentin se fait distancer.

Comme on le voit sur le graphique ci-dessous, Paredes cumule faible volume de tacles (3.4) et % de réussite insuffisant (60 %) :

Les pourcentages de réussite de Verratti et Herrera sont certes moins bons que le sien mais avec beaucoup plus de tacles. Danilo, lui, en tente encore moins, mais avec un taux de succès plus important que l’Argentin.

Cette limite dans les tacles se retrouve dans ses stats de duels : avec 51 % de duels gagnés, il présente, après Herrera, le taux le plus bas des milieux parisiens. En outre, alors qu’il n’est pas le dernier à venir se frotter aux adversaires dès qu’une échauffourée se produit, on ne retrouve pas ce goût pour la bagarre dans les données de duels. Il ne dispute en effet que 8.4 duels par 90 minutes, le niveau le plus bas après Danilo. La moyenne des milieux est de 12, Verratti est à 17.

Le graphique ci-dessus, où les milieux sont en vert, met bien en évidence le particularisme de Paredes : nombre de duels disputés et taux de réussites aussi faibles l’un que l’autre (comparativement aux autres milieux).

Autre indicateur stigmatisant les limites défensives de Paredes : le pressing

Avec moins de 12 actions de pressing toutes les 90 minutes, il est très loin des meilleurs milieux parisiens dans ce domaine. Son taux de réussite est très bon (34 %, le meilleur des milieux) mais son volume de courses pour gêner la possession adverse est vraiment minime.

Ce qui est également à noter, c’est que non seulement l’Argentin ne réalise que le strict minimum défensivement, mais qu’en outre, il ne progresse pas dans ce secteur du jeu. Ses stats de duels, de pressing ou de tacles réussis sont même les plus basses depuis son arrivée en Ligue 1.

L’écart de performance entre la Ligue 1 et la Champions League

Compte tenu de l’écart de niveau des adversaires rencontrés, la plupart des joueurs parisiens ont des stats bien différentes entre la Ligue 1 et la Champions League. Tout simplement parce que si Paris a une énorme possession en championnat (61.1 %) il n’en est pas de même en coupe d’Europe (49.5 %). Les conséquences sur les stats sont évidemment importantes. Et il faut l’avoir à l’esprit au moment de faire des comparaisons.

Chez Paredes, l’écart, sur ce qui fait habituellement sa force, à savoir sa capacité à faire progresser le cuir, est néanmoins tellement haut qu’il paraît nécessaire de se pencher dessus. D’ailleurs, est-ce que c’est parce que son équipe a eu moins le ballon, que Paredes n’a pu reproduire en Champions League ses perfs de Ligue 1 ? Ou est-ce le contraire, un Paredes moins à son aise dans la cour des grands qui ne parvient pas vraiment à faire avancer ou même garder le ballon et pénalise ainsi d’une certaine manière son équipe ?

Sûrement un peu des deux. En tous les cas, le différentiel de ballons joués, passes et mètres gagnés est extrêmement fort.

Alors qu’il tourne à 112 ballons joués par 90 minutes en Ligue 1, sa moyenne chute à 75 en Champions League. Une baisse de 50 % alors que la moyenne de l’équipe n’a baissé « que » de 20 % entre les deux compétitions. Avec un seul match à plus de 100 ballons joués (Basaksehir) contre sept en Ligue 1.

Mais c’est surtout sa capacité à faire progresser le ballon qui a disparu en Champions League. Toutes les stats de ce domaine en témoignent :

Les écarts entre les deux compétitions, qui existent certes pour la majorité des Parisiens, sont extrêmement conséquents pour Paredes. Alors qu’il domine largement l’ensemble de ses coéquipiers dans ces catégories statistiques en Ligue 1, il est distancé en Champions League.

Par exemple, pour les mètres gagnés, par la passe ou la conduite, il est nettement leader de l’effectif parisien en Ligue 1, mais seulement cinquième en Champions League. Donc, la baisse de ses chiffres n’est pas uniquement due à la moindre production collective. L’Argentin, lui-même, contribue à cette diminution en étant moins efficace dans la reine des compétitions.

On voit l’écart dans le graphique ci-dessous entre les datas en Ligue 1 en bleu, et celles en Champions League en rouge :

D’autres stats confirment cette chute de performance quand l’adversité s’élève. Sa contribution offensive a tendance à se réduire également :

Ses moyennes de tirs et de passes clés sont significativement plus faibles en Champions League qu’en Ligue 1.

Si l’on regarde un peu plus dans le détail ses performances en Ligue des Champions, on peut bien évidemment trouver de bonnes prestations. Ce fut notamment le cas à Barcelone où il a rayonné et est impliqué dans deux buts. Son match retour face au Bayern est également à ranger dans la catégorie des grosses performances.

Mais, à l’inverse, dès les poules, il avait nettement baissé de pied déjà face à Leipzig, puis une nouvelle fois à Old Trafford. Le pire sera atteint lors du 1/8ème retour face à son compatriote Messi. Le compte-rendu de Culture PSG de son match face au Barça est catégorique : « Dans un match où le PSG a été mis sous pression, il n’a jamais su faire parler ses qualités ni cacher ses défauts, soit tout le contraire de l’aller. »

C’est en fait le match face à Manchester City qui met le mieux en évidence ce joueur aux deux visages. Là aussi, le compte-rendu de Culture PSG est clair : « Après son traditionnel round d’observation, l’Argentin s’est mis en route et a livré un premier acte de belle tenue. Non seulement, il a assuré un bon équilibre à l’ensemble avec une bonne présence défensive dans toutes les phases de jeu, s’offrant même un sauvetage spectaculaire, mais il a aussi apporté son art de la passe pour construire. Il est même proche de marquer sur corner d’une tête décroisée. L’histoire a été bien différente en seconde période et il a coulé sous la pression de City. Incapable de mettre efficacement le pied sur le ballon ni d’organiser la relance, il n’a pas réussi non plus à peser défensivement, s’écartant par exemple comme Kimpembe sur la frappe victorieuse de Mahrez. En un match, Paredes a montré ses deux visages : le joueur indispensable de PSG/Bayern et le milieu dépassé de PSG/Barça ».

Bilan : 7/10

Quelle saison de l’Argentin ! Balle au pied, il a montré toute l’étendue de sa panoplie : résistance à la pression pour relancer, jeu long pour casser les blocs, passes entre les lignes pour amener le danger dans les 30 mètres adverses, chevauchées vers l’avant pour dérouter l’adversaire.

Il a en outre enfin gonflé ses stats de buts (1) et de passes décisives (2). Rien d’extraordinaire mais c’est déjà mieux que par le passé.

Sa limite est connue. Elle concerne son manque de mobilité pour presser et des interventions défensives trop aléatoires. Il a aussi révélé des difficultés quand le niveau de l’adversité s’élevait trop, en étant notamment moins disponible pour ses coéquipiers. Mais le bilan reste excellent et en fait peut-être le meilleur milieu parisien de la saison.

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