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Analyses Saison 2020-2021

Marco Verratti, l’intermittent du (grand) spectacle

C’est avec le récent vainqueur de l’Euro, Marco Verratti, que nous ouvrons, pour les milieux de terrain, notre série d’articles en forme de bilan individuel réalisé avec l’aide des statistiques. C’est encore une saison bien frustrante pour l’Italien (28 ans) qui n’aura disputé que 21 matches de Ligue 1 et 7 de Champions League. Que de regrets de ne pas avoir pu compter sur lui dans le sprint final de la course au titre en championnat tant ses stats sont hors normes.

On a aiméOn a moins aimé
Un joueur de classe mondiale pour conduire le jeuQu’il poursuive sa longue série de matches sans marquer
Son goût pour le duelL’intermittence du spectacle
Ses matches en numéro 10

On a aimé

Un joueur de classe mondiale pour conduire le jeu

Verratti est le joueur d’Europe qui touche le plus souvent le ballon parmi la totalité des acteurs des cinq principaux championnats européens.

Il devance deux de ses coéquipiers (Paredes et Gueye) mais aussi des références mondiales à leur poste comme Busquets ou Kroos.

Cette saison, il a dépassé les 100 ballons touchés à 13 reprises, dont deux fois en Champions League (face à Basaksehir et à City). Son maximum en Ligue 1 est le tout premier match de la saison : 168 ballons à Bollaert contre Lens.

En nombre de ballons joués, il est l’auteur de 6 des 8 plus hautes performances sur un match parmi les joueurs du PSG, dont les deux rencontres contre Angers.

Alors même que son positionnement en numéro 10 a eu tendance à faire un peu baisser sa moyenne, il affiche cette saison son plus haut niveau de ballons joués (128/90 minutes, source différente de celle de la comparaison européenne vue plus haut, ce qui explique le petit écart).

Bon d’accord, diront les sceptiques, mais il fait quoi avec tous ces ballons touchés ? Et bien, il le fait avancer !

Par la conduite, en Ligue 1, il est le meilleur milieu de terrain en mètres gagnés par 90 minutes. Il est simplement devancé par deux défenseurs (Saliba et Todibo) et un attaquant (Neymar).

Son record en Ligue 1 cette saison ? 463 mètres contre Montpellier. Aucun Parisien n’a fait mieux sur un match.

On le retrouve aussi dans le Top 10 de Ligue 1 en matière de mètres gagnés par la passe :

Il est 7ème de l’ensemble de la Ligue 1, et le seul milieu de terrain qui le devance est son coéquipier Paredes. Il est là aussi l’auteur de la meilleure performance d’un Parisien en Ligue 1 avec 839 mètres gagnés à Lens.

En cumulé, les mètres gagnés par les passes et la conduite, sa moyenne de la saison est de 696.

En fait, il faut aller s’intéresser au gratin européen pour trouver des joueurs dans les mêmes eaux que lui en terme de progression du ballon. Le graphique ci-dessous positionne les milieux de terrain des cinq principaux championnats européens (avec au moins 1000 minutes).

Il est tout en haut à droite du graphe, signifiant qu’il fait à la fois avancer, et pas qu’un peu, le ballon par la passe et la conduite. Ils sont six avec des stats proches : Verratti, Henderson (Liverpool), Kimmich (Bayern), Kroos (Real), Paredes (PSG) et Partey (Arsenal). Que du beau monde en somme…

En mètres cumulés, passes et conduite, il n’y a que Paredes qui fait mieux que lui. Toni Kroos complète le podium. Il y a trois Parisiens dans les dix premiers.

Son goût pour le duel

Que ce soit offensivement ou défensivement, Verratti aime aller au contact. Le contraire d’un joueur qui fuirait l’adversaire. Quand il a le ballon, son obsession est de le faire avancer par la passe (cf. ci-dessus) ou le dribble (on y reviendra). Quand il ne l’a pas, il cherche par tous les moyens à le récupérer. Bref, il se passe toujours quelque chose avec Marco Verratti.

Ses stats de duels en sont la preuve.

Même si Rafinha, voire Gueye, ne sont pas si loin, l’Italien présente des stats de duels pour le moins impressionnantes : 9.9 duels gagnés sur 17.4 par 90 minutes. Au sein de l’effectif parisien, il n’y a que l’extra-terrestre Neymar qui en dispute plus que lui.

Dans toute la Ligue 1, seuls le Brésilien et Mounié (Brest), grâce aux duels aériens, le devancent :

Au PSG, il détient le record de la saison de duels gagnés sur un match avec 21 (sur 26 !) à Metz en fin de saison. Il en a remporté au moins dix à huit reprises en championnat. Il n’en a disputé moins de dix que six fois, dont quatre où il n’avait pas commencé la partie.

La différence de style entre les milieux de terrain est flagrante avec cette donnée du nombre de matches avec au moins dix duels disputés : Verratti, Rafinha et Gueye aiment aller au contact, défensif ou offensif selon leur profil ; Herrera, Paredes et Danilo sont quant à eux beaucoup moins enclins à jouer des duels.

Pour en revenir à Verratti, la saison qui vient de s’écouler est celle où il a disputé et gagné le plus de duels en Ligue 1 :

Deux explications à cette stat de duels très élevée : il n’a jamais autant dribblé et il s’est beaucoup démené défensivement parlant.

Commençons par les dribbles : ses presque 3 dribbles réussis (/90 minutes) constituent sa plus forte moyenne de sa carrière.

Il n’avait jamais dépassé les 2.5 jusque-là (en 2016-2017) et sa moyenne au PSG jusque-là n’était « que » de 1.8. La différence par rapport aux deux saisons précédentes est particulièrement importante (1.6 et 1.5).

Comment expliquer cette inflation des dribbles ? Le positionnement souvent plus haut sur le terrain n’est pas vraiment responsable puisque sa moyenne en numéro 10 est légèrement plus faible que celle où il évolue en double pivot.

On constate néanmoins bien une augmentation des dribbles à partir de janvier 2021 et du changement de coach : 4.1 avec Pochettino contre 3 avec Tuchel, soit une hausse de 36 % !

Sont-ce les consignes du coach argentin ? Ou les difficultés collectives du PSG en seconde partie de saison ? Ou simplement le profil des équipes rencontrées ? Difficile à dire. On verra sur le début d’exercice 2021-2022 si la tendance se confirme. En tous les cas, trois des quatre matches de Ligue 1 où il a tenté le plus de dribbles l’ont été pendant l’ère Pochettino (8 à Angers, 6 contre Brest et Nantes). Et son taux de réussite est meilleur en 2021 (81 %) qu’en 2020 (78 %).

De l’autre côté du terrain, le petit Italien s’est aussi beaucoup démené. Ses 6.1 tacles tentés par 90 minutes sont logiquement et largement la plus haute moyenne de l’effectif parisien.

Dans toute la Ligue 1, parmi les joueurs à plus de 1 000 minutes, il n’y a que Abergel (Lorient, 7.7), Caqueret (Lyon, 7.3) et Rongier (Marseille, 6.4) qui effectuent plus de tacles que lui.

Sa moyenne en carrière en Ligue 1 avant cette saison était de 5.6. Il n’y a qu’une seule saison avec une moyenne plus forte que celle de la saison écoulée.

Bref, non content de provoquer ses adversaires balle au pied, Marco s’est aussi évertué à la prendre dans les pieds des autres. Avec néanmoins plus ou moins de succès puisque son taux de réussite (53 %) est, à une exception près, le plus bas de sa carrière.

Outre ses dribbles et ses tacles, un autre indicateur contribue à expliquer les stats de duels de l’Italien : les luttes aériennes ! C’est aussi surprenant qu’anecdotique (quoi que…) mais cette saison le petit Marco (1.65 m) a battu son record de duels aériens remportés avec 0.7/90 minutes. Il en a gagné 12  en tout en Ligue 1, son plus haut total en carrière. Dont un mémorable au stade vélodrome contre Rongier au départ d’une action qui verra Mbappé ouvrir le score. Il sait décidemment tout faire…

Ses matches en numéro 10

Il faut bien l’avouer, on était assez dubitatifs quand les infos parvenues des premiers entraînements de Pochettino au centre Oredoo annonçaient un positionnement en numéro 10 de Marco Verratti. Les quelques précédents n’avaient pas laissé un souvenir impérissable.  Et surtout, les questions que l’on se posait étaient les suivantes :

  1. Pourquoi se priver de la capacité hors-normes de Verratti à la relance pour se sortir des pressings adverses ?
  2. Allait-il enfin gonfler ses stats de tirs, buts et même passes décisives en étant positionné plus haut sur le terrain ?
  3. N’est-il pas dommage de se priver de son abattage défensif en le positionnant aussi près des attaquants ?
  4. Positionné au cœur du jeu, là où la densité d’adversaires est plus grande, allait-il quand même pouvoir faire briller sa maestria technique ? 

Nous allons essayer de répondre à ces quatre questions à l’aide des statistiques, en utilisant tous les matches où il a joué au moins 30 minutes : 6 en tant que numéro 10, 8 en double-pivot et 9 comme milieu gauche d’un milieu à trois éléments (quatre uniquement face à City).

A la première question sur les risques de se priver de Verratti en tant que premier relanceur, il y a deux réponses : tout d’abord parce que Paredes a cette capacité, au moins en Ligue 1, d’effectuer très efficacement ce travail de premier relanceur et de rampe de lancement basse sur le terrain. Néanmoins, sur les six matches où Verratti a été positionné en numéro 10, Paredes a été titularisé seulement trois fois. Cela veut dire que ça ne gêne pas plus que ça Pochettino de ne pas avoir un « regista » hyper technique puisqu’en l’absence de l’Argentin, les double pivot alignés (Danilo-Gueye ou Gueye-Herrera) n’avaient pas la qualité de relance de Paredes ou de Verratti.

Et on touche alors du doigt la seconde réponse à la première question : non, ce n’est pas gênant en terme de relance de positionner Verratti en 10, car l’Italien, dès que nécessaire, va venir plus bas chercher les ballons si ceux-ci ne viennent pas naturellement lui.

Les 110 ballons joués en moyenne en numéro 10 traduisent bien l’incroyable volume de jeu de l’Italien, capable à la fois de décrocher pour organiser le jeu de l’arrière mais aussi de se démarquer et d’être trouvé au cœur même de la défense adverse.

En numéro 10, il touche certes moins le ballon que dans une position plus reculée en double pivot, mais davantage qu’en tant que milieu relayeur gauche d’un milieu à trois. Ce n’est pas donc pas pénalisant en matière de volume de jeu pour sa formation de le positionner plus haut.

Mais est-ce bénéfique offensivement parlant ? Quelles sont les stats offensives du petit Italien dans cette position (notre 2ème question supra) ?

Si ses stats de buts sont restées les mêmes, c’est-à dire nulles, quelle que soit sa position, on relève de vraies différences pour les tirs et les passes décisives.

Son nombre de tirs (5 en 6 matches) en tant que numéro 10 est le même qu’en tant qu’élément d’un double pivot (5 en 8 matches) en y ayant disputé moins de minutes (523 contre 607).

Mais ce sont surtout ses stats de passes clés et de passes décisives qui sont intéressantes à regarder. Ramenées à 90 minutes, ses stats de passes clés sont les plus hautes dans cette position de numéro 10.

Ses « datas » de passes décisives et d’expected assists interpellent encore plus : trois des quatre passes décisives qu’il a délivrées cette saison l’ont été dans cette position qui, on le rappelle, est celle où il a passé le moins de temps.

Pour mémoire, ses quatre assists de la saison sont les suivantes :

  • Sa première, la plus généreuse, en tant que milieu gauche, face à Basaksehir où il trouve Neymar dos au but avant que celui-ci n’efface d’un petit pont son adversaire et enroule une merveille de frappe en lucarne opposée
  • La seconde, pour le premier match de Pochettino, à St Etienne, où, lui-même en bonne position dans la surface, il décale pourtant habilement Kean qui trompe Moulin d’un tir en pivot
  • La troisième, à Barcelone, ressemble dans l’esprit à la précédente puisque là encore il est trouvé dans la surface adverse et dévie subtilement en une touche pour Mbappé qui conclut du gauche
  • Sur la quatrième, à Lyon, il envoie de son propre camp, du pied gauche, Mbappé aller défier Lopes en un contre un. Il est d’ailleurs aussi impliqué sur le premier but puisque sa frappe est repoussée par le gardien lyonnais vers Mbappé qui marque

Bien sûr, avec quatre passes décisives, il n’y a pas vraiment de quoi pavoiser. Il est même légèrement en-dessous de sa moyenne annuelle (5 jusque-là). Mais trois de ces quatre passes décisives ont été réalisées dans cette position de numéro 10.

On a également vu dans un graphique précédent que sa moyenne d’expected assist était bien meilleure dans cette position. Donc il est tout à fait logique qu’il ait pu réussir ses passes décisives en tant que numéro 10.

D’ailleurs, il y a une autre stat avancée intéressante : celle concernant les passes générant des tirs de ses coéquipiers. Les 7 passes clés délivrées en tant que numéro 10 ont provoqué 1.5 expected assist : cela signifie qu’en moyenne, ses passes clés ont débouché sur des tirs qui avaient 22 % de chances de se transformer en but. Sur les autres postes, il a donné 13 passes clés qui n’ont généré que 0.48 assist, soit une probabilité de but de 4 %. L’écart est énorme. Et même si le volume de passes clés est réduit, cela signifie que les passes clés délivrées en tant que numéro 10 ont été de bien meilleure qualité (entendre : ont mis le tireur dans une bien meilleure position) que sur les autres postes où il a évolué.

La troisième question que l’on se posait portait sur une éventuelle baisse de son abattage défensif en étant situé plus haut sur le terrain. Là encore, les chiffres sont limpides :

Non seulement, son investissement défensif ne se dément pas en jouant en tant que numéro 10, mais il aurait même tendance à être plus efficace ! Il récupère presque autant de ballons, effectue plus d’interventions défensives (4 tacles et 1.5 interceptions notamment) et presse encore davantage. Positionné plus haut sur le terrain, il peut encore plus se livrer et harceler ses adversaires car il sait qu’il y a deux milieux derrière lui.

Ses taux de réussite dans ses tentatives de tacles (64 %) et de pressings (37 %) sont même les meilleurs dans cette position. Il a notamment réussi 14 tacles sur 16 tentés à Metz, record de la saison, et de très loin, pour un Parisien. Le second plus haut total de tacles réussis sur un match est de 7 !

Enfin, on était en droit de s’interroger sur un éventuel déchet technique plus important en étant positionné au milieu de davantage de défenseurs adverses. Une fois encore, les stats mettent en évidence la faculté d’adaptation et la maîtrise technique de Verratti, pas le moins du monde dérangé de se trouver entouré de plus d’adversaires.

Son nombre et son taux de ballons perdus ne sont par exemple pas plus élevés dans cette position de numéro 10. Autre illustration : il réussit même plus de dribbles, et avec un taux de succès très élevé, en ayant un rôle plus avancé sur le terrain.

Plutôt convaincant, non ? C’est comme si l’Italien, qui présente déjà habituellement des stats de tout premier plan, avait encore monté son niveau d’un cran puisque la zone de jeu exigeait qu’il le fasse.

Bien sûr, on a conscience que ces stats ne sont pas aussi précises qu’on le voudrait sur la position exacte où il se trouvait au moment de réaliser les différentes actions évoquées et que son positionnement théorique au coup d’envoi peut beaucoup varier en cours de partie. En outre, ce ne sont « que » des chiffres. Il est vrai que, au cours de la saison, nous n’avions pas le souvenir d’un tel impact de Verratti en tant que numéro 10.

Alors pour se faire une autre idée des prestations d’Il Gufetto, on est allé jeter un œil aux évaluations de ses performances individuelles par Culture PSG pour les matches joués en tant que numéro 10. En voici un petit florilège :

  • A St Etienne : « Positionné haut, il va tenter de faire parler sa technique dans les petits espaces pour faire briller les autres mais ne parvient pas tellement à se retourner vers le but. Dans des zones qu’il connaît mieux lorsqu’il décroche, il organise alors le jeu avec brio et sa première période va être un tiraillement permanent entre l’envie d’organiser un cran plus bas et le besoin d’être haut sur le terrain pour apporter sa qualité de passe. Il se montre d’ailleurs excellent pour servir Kean de près et égaliser. (…). Du bon et du moins bon au final, un test plus concluant que les dernières tentatives un cran plus haut mais pas non plus l’idée ni la prestation de l’année. »
  • Contre Brest : « De nouveau aligné un cran plus haut que d’habitude, il va régulièrement être trouvé dos au but et il fait parler sa conservation de balle et sa technique dans des zones compliquées, parvenant à quelques miracles balle au pied. »
  • A Marseille : « De retour dans une position avancée, il va passer la première partie du match à s’époumoner au pressing et, même s’il est à la base du premier but d’un duel aérien gagné au courage et qu’il a récupéré pas mal de ballons en taclant, voir le génial Italien courir dans le vide tel un Matuidi avait quelque chose de terriblement frustrant. Son sentiment a peut-être été le même puisqu’il s’est mis peu à peu à descendre et à participer de plus en plus au jeu, devenant une situation permanente pour ses partenaires qui ne se sont pas privés de le chercher. Verratti s’est alors inventé sa propre position, à la fois partout pour ses partenaires et nulle part pour ses adversaires, et il a donc fait ce qu’il sait faire de mieux : tenir le ballon, le distribuer, aider les autres et ne jamais faire d’erreurs techniques. Malgré une position qui ne semble pas du tout taillée pour ses qualités, l’Italien aura réussi à briller, c’est dire son immense talent. »
  • A Barcelone : Entre meneur de jeu et milieu relayeur gauche, l’Italien aura redéfini un poste et exprimé tout ce qu’il est : un joueur de ballon aussi merveilleux qu’il est un bon coéquipier. Car l’Italien a beaucoup couru, harcelant la première ligne adverse comme se retrouvant jusque devant sa surface pour défendre d’un tacle parfait devant Griezmann. Et à cette intensité défensive jamais démentie, il va associer une partition encore incroyable avec le ballon. Imperméable à la pression puisqu’il va briser toutes les tentatives de pressing adverse, éclairant le jeu comme personne, il va être plus que précieux par sa qualité à faire vivre et à bonifier tous les ballons qui lui passaient par les pieds. Terriblement précieux pour ses partenaires par sa capacité à toujours trouver une solution, il va en plus être décisif d’une subtile déviation pour Mbappé sur l’égalisation. Une performance majuscule, sans le moindre carton, face à un adversaire qui a dû se rappeler pourquoi il a tant voulu l’avoir sous ses couleurs. »
  • A Lyon : « L’Italien se fait peu à peu à sa nouvelle position et cela s’est encore vu de façon simple : moins de ballons touchés mais encore impliqué dans plusieurs buts de façon directe. S’il n’est pas loin d’ouvrir le score avec sa reprise repoussée par Lopes, c’est bien lui qui donne le quatrième but à Mbappé d’une ouverture parfaite. Concernant le reste du match, il a encore été un peu partout : tantôt il décroche et organise le jeu, tantôt il reste haut et permet de jouer en transition par sa technique. C’est pratiquement toujours juste et bien fait, selon ce que le jeu réclame, et Verratti ne s’arrête pas de presser et de défendre pour autant. Un régal pour un collectif. »
  • Contre Metz : « Positionné entre l’axe et le côté gauche au départ, il a finalement été un peu partout comme il sait si bien le faire et aura aidé tout le monde, comme toujours. Présent pour défendre à la place de Neymar comme pour combiner avec le Brésilien quand il fallait attaquer, disponible pour relancer comme pour servir d’appui à ses milieux, sa capacité à conserver et à faire vivre le ballon dans toutes les zones du terrain a été précieuse. »

Difficile de faire mieux, non ? Avec une mention spéciale pour la formule parfaite trouvée par Philippe Goguet de Culture PSG à l’occasion de son match à Marseille : « Verratti s’est alors inventé sa propre position, à la fois partout pour ses partenaires et nulle part pour ses adversaires ».

On a moins aimé

Qu’il poursuive sa longue série de matches sans but marqué

Le graphique ci-dessous est un peu vide ? Forcément, il décrit les buts inscrits par Marco Verratti depuis son arrivée au PSG, que ce soit en Ligue 1 ou en Champions League.

En 287 matches (Ligue 1 et Champions League), il n’a donc marqué que 8 buts. Soit un but tous les 36 matches en moyenne.

En Ligue 1, il est sur une série de 92 matches et 6 838 minutes sans avoir connu les joies du buteur puisque son dernier but (litigieux qui plus est puisque le gardien bastiais Leca s’était à moitié arrêté de jouer) date du 6 mai 2017…

A-t-il eu des opportunités de marquer cette saison ? Forcément puisqu’il n’éprouve aucune difficulté à combiner dans les petits périmètres et à servir précisément ses coéquipiers même avec peu de temps de réflexion. Il est d’ailleurs, et de loin, le milieu de terrain qui touche le plus le ballon dans la surface adverse.

On ne peut qu’être déçu de l’écart entre les ballons touchés dans la zone de vérité et ses stats de buts, voire de passes décisives (seulement 2 en Ligue 1). Contre Brest, Nantes et Lens il a atteint son maximum de ballons joués dans la surface avec 6 pour chacun mais un total de trois tirs cumulés seulement lors de ces trois rencontres. Il n’y a qu’un seul match cette saison (avec au moins 45 minutes jouées) où il n’a pas touché un ballon dans les 16 mètres adverses (face à Montpellier).

En 21 matches de Ligue 1 disputés, il n’a tenté que 10 tirs. Et 3 en 7 matches de Champions League. Il a, et de loin, la plus faible moyenne de tirs des milieux du PSG :

C’est la mise en relation des deux derniers graphiques qui rend encore plus choquant le faible nombre de tentatives de l’Italien. Capable d’être autant présent dans la surface adverse et en profiter aussi si peu pour essayer de marquer soi-même est un énorme gâchis. Identifié depuis des années, mais sur lequel on ne constate guère d’améliorations.

Pour être honnête, ce n’est pas tout à fait exact : compte tenu de son temps de jeu, son nombre de tirs est en hausse cette saison :

Avec 0.6 tirs par 90 minutes, il affiche même le meilleur ratio depuis son arrivée en 2013. Il n’a en revanche pas battu son record du nombre de tirs sur une saison qui est de 12 puisqu’il s’est arrêté à 10.

Qu’est-ce qui explique ce faible nombre de tirs ? Bien sûr, la première raison qui vient à l’esprit est l’altruisme du joueur. Joueur d’équipe par excellence, Verratti pense collectif plutôt qu’individuel et donc passe plutôt que tir.

Mais, il est également permis de s’interroger sur les capacités de tir de l’Italien. Son manque de puissance dans les tirs est indéniable et en outre, il ne semble pas très à l’aise pour effectuer ce geste. En effet, cette saison, malgré de bonnes positions de frappes, il n’a pas marqué. Après Neymar et Icardi, il est le Parisien qui présente le plus mauvais différentiel entre les buts inscrits (en l’occurrence 0) et les expected goals (1.6 sur la saison).

Cela signifie qu’il a eu des occasions mais qu’il n’a pas su les concrétiser. Ce fut notamment le cas dès le début de saison face à Marseille où il a une énorme opportunité, peu après le coup d’envoi, que Mandanda repousse miraculeusement. Face à Strasbourg aussi, fin décembre, il a bien cru avoir marqué puisque son petit piqué avait trompé le gardien adverse mais un défenseur est parvenu à dégager le ballon sur sa ligne.

Bref, tout ça pour dire qu’il n’y a pas de fatalité puisqu’il a des occasions. Il faut juste qu’il franchisse un double cap : psychologique pour tenter davantage sa chance et peut-être technique pour être plus adroit dans la finition.

L’intermittence du spectacle

On adore Marco Verratti. Tout être humain aimant le football adore Marco Verratti, mais… Il y a un mais : le « petit hibou » ne met son talent à disposition du public que par intermittence. C’est un peu comme si Vivaldi avait arrêté ses concertos après 2 ou 3 saisons, ou si Eiffel avait stoppé la construction de la Tour après deux étages uniquement. Il y a comme un goût d’inachevé d’une œuvre somptueuse.

C’est un peu l’amertume que l’on a dans la bouche après une saison de Marco Verratti. Particulièrement celle-ci où il a à la fois brillé par sa classe folle mais aussi très (trop) souvent connu l’infirmerie. Et ce n’est pas comme si on ne le savait pas : cela fait maintenant neuf saisons qu’il « nous fait le coup ». Déjà la saison dernière, son absence pour le Final 8 (au cours duquel, revenant juste de blessure, il ne put disputer que 32 minutes en trois matches), avait laissé beaucoup de regrets aux supporters parisiens, tant il a la capacité de changer le cours de match par sa simple présence.

Rebelote cette saison, où ses absences en Ligue 1 ont fini par coûter cher. Dans le sprint final pour le titre de champion, il n’a disputé que 448 des 1530 dernières minutes de la saison (même pas 30 %). En matches, cela donne 7 présences sur les 17 ultimes journées de la saison. Et pas de n’importe quelle saison : un exercice où le titre de champion de France échappe au PSG pour un malheureux petit point.

Au total, en 2020-2021, il n’aura disputé que 21 matches et seulement 44 % des minutes possibles en Ligue 1. 

Bien sûr, il n’est pas le seul à avoir été touché par le coronavirus ou blessé dans cette saison si particulière. Mais lui a semble-t-il contracté deux fois le covid-19, et est systématiquement blessé tous les ans.

Au total, sur ses neuf saisons de Ligue 1, il a disputé 223 matches et en a donc manqué 108 (soit 12 par saison en moyenne). En termes de minutes, il a été présent 54 % des minutes totales disponibles. Il n’a pas une saison à son actif à plus de 72 % des minutes possibles jouées.

Sa liste de blessures est bien sûr longue comme le bras. Rien que sur les deux derniers exercices, le site transfertmarkt.com en comptabilise 15 (dont 3 fois le coronavirus !) engendrant 177 jours d’indisponibilité.

Le pire c’est que Paris est bien meilleur avec lui sur le terrain, mais a aussi appris à jouer sans lui. La montée en puissance de Paredes cette saison a permis de palier en partie les absences de l’Italien. Au moins par la capacité de l’Argentin à résister à la pression et à organiser le jeu de l’arrière.

Résultat : le PSG cette saison a une meilleure moyenne de points sans Verratti (2.35) qu’avec (2). Et en neuf saisons de l’ancien de Pescara dans la capitale française, ce n’est que la 2ème fois que cela arrive :

Et encore, le seul précédent remonte à la saison 2014-2015 où Verratti n’avait manqué que six matches, tous remportés malgré son absence.

Est-ce à dire que le PSG fut meilleur cette saison sans lui ? Evidemment non. Il n’y a que se remémorer ses entrées en cours de match face à Leipzig ou Monaco pour constater qu’il y a encore un PSG avec Verratti et un autre sans lui. Mais, compte tenu de ses absences, le PSG a appris à jouer sans lui.

Bilan : 7.5/10

Si ses blessures, elles, n’étonnent plus personne, le génial Italien a quand même encore réussi à nous surprendre par son rôle sur le terrain. Régulièrement aligné en tant que numéro 10 derrière un attaquant, il a littéralement inventé une nouvelle position : capable de venir organiser le jeu de l’arrière, d’exceller dans les petits espaces quand il est plus proche des buts adverses, et de défendre pour deux en pressant dans l’axe et en bloquant le couloir gauche.

Avec l’arrivée de Wijnaldum, on est impatients de voir comment Pochettino va les associer au milieu tant les deux joueurs présentent des aptitudes proches (même si Verratti est plus dribbleur). Enfin à condition que l’Italien reste en bonne santé…

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