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Analyses Saison 2020-2021

Alessandro Florenzi, la déception

Après Bakker, Dagba et Kurzawa, Alessandro Florenzi est le dernier latéral à passer au révélateur des statistiques de sa saison 2020-2021. Pas de surprise à l’analyse des chiffres : la copie offensive est correcte mais les limites techniques et physiques sont criantes. L’une des plus grosses déceptions individuelles de la saison.   

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La présence offensive

A lui seul, en Ligue 1, Florenzi a pris plus de tirs que les trois autres latéraux (Dagba, Bakker, Kurzawa) réunis : 21 contre 20.

Même ramené à 90 minutes, sa moyenne de tirs reste largement supérieure à celle des autres habitués du poste. On relèvera que le changement de coach a néanmoins fait chuter sa moyenne de tirs qui est passée de 1.7 à 0.6.

Comparativement aux latéraux de l’histoire récente du PSG, ses 21 frappes le positionnent au même niveau que Thomas Meunier qui avait également tiré 21 fois au but lors de sa première saison au PSG (2016-2017). Sous QSI, le recordman de tirs sur une saison d’un latéral parisien reste Dani Alves (27 en 2017-2018).

Ses 21 tirs ont provoqué 2 buts, ce qui, sur les années récentes, reste une prouesse pour un latéral parisien. Le recordman de buts sur une saison de Ligue 1 depuis l’arrivée des Qataris est là aussi Meunier avec 4 réalisations en 2017-2018.

Puisque des buts de latéraux, cela reste une exception au PSG, attardons-nous sur les deux inscrits par l’Italien :

Il a ouvert le score face à Angers (6ème journée) sur un superbe enchaînement où, à l’angle de la surface côté droit, il contrôle un ballon mal dégagé avant d’envoyer une merveille de balle lobée dans la lucarne opposée. Le second, lors de la journée suivante à Nîmes, est plus un but de renard des surfaces puisqu’il prolonge de la tête dans le but vide une première tête de Sarabia suite à un centre de Dagba. D’ailleurs, lors de la dernière demi-heure de ce match, il a évolué un cran plus haut sur le terrain suite à l’entrée de Dagba justement.

Les deux buts ont donc été inscrits en début de saison (en octobre), laissant présager de bonnes choses (qui malheureusement n’arriveront pas). Aux Costières, en plus de son but, il avait montré de très bonnes choses offensivement et avait d’ailleurs terminé la rencontre avec 5 tirs (son record cette saison sur un match), dont une magnifique volée sur le montant de Reynet. En Ligue 1 au PSG cette saison, il n’y a que quatre joueurs qui ont dépassé ce total de 5 tirs sur un match : Mbappé 7 fois, Neymar 4 fois, Di Maria et Sarabia 1 fois.

A son crédit également, ses tentatives de loin : 8 de ses 21 frappes en Ligue 1 ont été prises d’en-dehors de la surface. Dans une équipe qui tente si peu sa chance de loin, il a essayé d’apporter son savoir-faire.

Les ballons joués dans la surface adverse constituent une autre stat témoignant de sa participation offensive.

Sa moyenne de 3.1 le place non seulement bien au-dessus des autres latéraux, mais aussi de tous les milieux de terrain. Face à Bordeaux et Lorient, il est même monté jusqu’à 6 au cours d’un match. On notera que sa moyenne a décru suite au changement de coach (de 3.6 à 2.6).

Sa présence dans la surface lui a permis d’être l’auteur de passes amenant un tir d’un coéquipier (souvent via un centre, cf. infra). En Ligue 1, cela s’est produit à 18 reprises. Il s’agit du meilleur total pour un latéral du PSG cette saison.

Deux données intéressantes sur la répartition de ses passes clés : tout d’abord, 5 furent réalisées à l’occasion de son premier match face à Marseille. Par ailleurs, 13 sur les 18 datent de la période où Tuchel était le coach. Sa moyenne de passes clés ramenée à 90 minutes a drastiquement chuté entre 2020 et 2021 en passant de 1.4 à 0.6.

Paradoxalement, sa seule passe décisive est intervenue pendant la période Pochettino puisqu’elle date du match retour face à Marseille en février (victoire 2-0). Elle vient une nouvelle fois d’un centre mais est un peu heureuse puisque la reprise de la tête d’Icardi, dans un angle improbable, vient lober Mandanda.

Si cette assist pour Icardi est un peu chanceuse, au global sur la saison, le modèle des expected goals indique au contraire qu’il aurait pu être crédité d’au moins deux passes décisives. Il termine en effet la saison avec 2.4 expected assists (soit le 9ème total de l’effectif). Ce sont notamment les loupés des attaquants sur ses centres face à Marseille qui sont responsables de ce différentiel puisque le modèle lui accorde 1.2 expected assist sur ce match.

Au final, que ce soit en valeurs brutes (2.5 xG et 2.4 xA) ou ramenées à 90 minutes (0.15 et 0.14), il est, et assez significativement, le latéral à la présence offensive la plus importante.

A titre de comparaison, c’est mieux que Meunier la saison passée (0.03 xG et 0.2 xA) mais moins bien que la meilleure saison du Belge à Paris (0.17 xG et 0.17 xA en 2018-2019).

Qu’il nous fasse croire l’espace d’un match que Paris disposait d’un latéral sachant centrer

On y a cru. Ça avait commencé par un feu d’artifice : 5 centres réussis par un latéral du PSG dans un match de Ligue 1. Waouh ! Et pour son premier match sous les couleurs Rouge et Bleu qui plus est. Face à l’ennemi marseillais. De mémoire de supporter parisien, on n’avait pas souvenir d’une telle orgie. Le record de centres réussis sur un match de Meunier ? 3. Kurzawa ? 4. Dagba ? 2. Bernat peut-être ? Et non, 4 également.

Bref, avec ses cinq centres réussis (sur neuf) pour son premier match (certes perdu), Florenzi nous avait mis l’eau à la bouche. La douche n’en fut que plus froide. La suite ne fut en effet pas du même tonneau. En fait, en un match, il aura au final réussi près d’un quart de l’ensemble des centres de sa saison en championnat (22).

Il y eut bien d’autres fulgurances comme les 4 réussites face à Lyon, ou un joli 3 sur 4 encore face à l’OM. Mais c’est tout. Il aura donc réussi plus d’un tiers des centres de sa saison face à Marseille (8/22 en deux matches) ! Ni lui ni personne au PSG ne fera mieux sur un match que ces 5 réussites initiales.

Quel bilan tirer ? Si l’on voit le verre à moitié vide, on mettra en avant le fait qu’il n’a réussi aucun centre dans près d’un match sur deux disputé en Ligue 1 (10/21). Et ce alors même que le plan de jeu classique du PSG « construction et percussion côté gauche avec Verratti-Neymar-Mbappé pour trouver un joueur démarqué à droite capable de centrer ou tirer » avait tout pour lui permettre de se gaver.

Si l’on penche pour le verre à moitié plein, on notera qu’il est néanmoins le Parisien qui a réussi le plus de centres cette saison en Ligue 1 (22), et avec un taux de réussite convenable (29 %).

Un retour sur les meilleures performances en termes de centres des latéraux ces dernières saisons nous fait également prendre conscience que les 22 centres réussis constituent une prouesse, du moins à l’échelle du PSG. Il faut absolument être brésilien pour faire mieux (ou aussi bien) sur une saison : Alves en 2017-2018 (31 centres réussis), Maxwell en 2012-2013 (27) et… Ceara en 2009-2010 (22) ! Parmi les quinze latéraux qui ont officié au PSG sous QSI, ils ne sont donc que trois à avoir fait au moins aussi bien que les 22 centres de Florenzi cette saison.

Le récap ci-dessous du plus grand nombre de centres sur une saison des différents latéraux du PSG de ces dernières saisons montre que réussir 22 centres sur une saison au PSG n’est pas si simple :

Kurzawa n’a jamais fait mieux que 14 centres réussis sur une saison, Dagba 7. Meunier s’était quant à lui arrêté à 18.

Pour info, Hakimi, dans une autre configuration d’équipe certes, en a réussi 28 en Série A cette saison…

On a moins aimé

Qu’il ne s’impose pas comme le titulaire indiscutable du poste de latéral droit

Arrivé auréolé d’une belle réputation (international italien, gros contre-attaquant), et auteur d’un très bon premier match contre Marseille, l’ancien Romain aura au final déçu et ne devrait pas être conservé dans l’effectif la saison prochaine.

Pourtant, au poste d’arrière droit, il avait un boulevard devant lui puisque Dagba avait montré ses limites, que Kehrer n’était plus que l’ombre de l’international allemand qu’il avait été et que le jeune Pembélé était encore un peu tendre. Malgré tout cela, Florenzi aura réussi à se faire prendre sa place de titulaire pour une fin de saison en Ligue 1 où le titre était encore jouable.

Bien sûr, avant cela, il avait enchaîné les titularisations (10/12 en Champions League et 18 fois en Ligue 1) mais sans jamais totalement convaincre. Les supporters parisiens, qui ont souvent raillé sa condition physique qui semble précaire, ont notamment en travers de la gorge son placement douteux et coûteux sur les deux buts encaissés à City lors de la demi-finale retour. On avait d’ailleurs déjà eu un aperçu de ses limites tactiques précédemment à Lyon où il ne s’aligne pas comme il faut sur le but de Cornet.

Certes, entre fin février et mi-avril, une blessure aux adducteurs puis le covid, l’ont écarté du groupe. Mais de là à se faire prendre sa place de titulaire en fin de saison par Dagba…

Le manque de volume de jeu

Sur les 28 matches qu’il a disputés (Ligue 1 et Champions League), il a toujours été titulaire d’entrée, mais il n’en a terminé que 12. Il a donc été remplacé 16 fois sur 28 : 8 fois sur 18 en Ligue 1, et surtout 8 fois en 10 matches de Ligue des Champions. C’est dire si les staffs techniques avaient bien quelques craintes sur sa capacité physique à tenir 90 minutes.

Outre son nombre de remplacements en cours de partie et son visage fatigué passée la 60ème minute, un autre indicateur trahit ses difficultés à jouer des matches entiers : son total de ballons joués. Avec 67 ballons par tranche de 90 minutes, il est le latéral parisien qui a le moins touché le ballon.

Compte tenu de la faible concurrence, on aurait au contraire pu s’attendre à ce que l’Italien tire ses collègues vers le haut. Mais ses limites physiques ne lui ont pas permis d’en faire plus.

La stat du nombre de passes réalisées (49/90 minutes contre 58 en moyenne pour les trois autres latéraux) va dans le même sens. Il est d’ailleurs dans ses standards de nombre de passes puisque sa moyenne en carrière, toutes compétitions confondues, est seulement de 46.

Les limites techniques

Limité physiquement, on était en droit de penser que l’ancien Romain allait compenser par une habileté technique qui lui permettrait de faire la différence au moins en Ligue 1. Même pas.

Pourtant, l’Italien arrivait dans la capitale après avoir joué dans deux clubs de bon standing (Rome et Valence). Mais malheureusement, à Paris ses limites techniques sont apparues au grand jour.

Plusieurs datas attestent de ses lacunes. A commencer par son taux de passes réussies : ses 83.7 % n’ont rien de honteux. Pourtant cela fait de lui le latéral avec le plus de passes ratées.

Le plus fou, c’est que jamais en carrière en championnat il n’avait atteint un taux aussi élevé. C’est dire peut-être l’erreur de casting pour un club où le niveau technique exigé est très élevé et où toute défaillance dans ce domaine est rédhibitoire.

Son taux de passes longues a été important cette saison avec le PSG (8.4 %, un des plus hauts de l’effectif), donc on peut presque passer l’éponge sur ce taux de passes réussies mitigé.

Néanmoins, d’autres indicateurs viennent corroborer les difficultés techniques de l’Italien. En premier lieu, son taux de ballons perdus : il a rendu à l’adversaire, en Ligue 1, 12.4 ballons toutes les 90 minutes, soit 18.4 % des ballons qu’il a joués. C’est beaucoup ? Oui, c’est plus que tous les autres latéraux parisiens et même que certains milieux qui évoluent pourtant dans des zones où l’air se fait encore plus rare.

S’il fallait un autre indice sur le fait que Florenzi n’a pas toutes les aptitudes pour jouer avec Paris, ce serait ses difficultés dès que l’adversité augmente. C’est particulièrement flagrant avec ses ballons perdus : ses trois plus mauvais matches en championnat dans ce domaine ont eu lieu face aux trois meilleures équipes de Ligue 1 (20 à Lille, 19 face à Monaco et 18 face à Lyon).

On rajoutera une dernière couche sur les limites techniques de Florenzi en constatant que de tous les latéraux, il est celui qui réussit le moins de dribbles :

L’élimination de son adversaire direct ne fait clairement pas partie du bagage de l’ancien Romain : en 18 matches de Ligue 1, il n’a réussi au moins un dribble qu’à trois reprises (2 face à St Etienne et Angers et 1 à Nice). Il est donc non seulement le latéral parisien qui a réussi le moins de dribbles en Ligue 1 (5 en tout) mais aussi celui qui a le moins taux de réussite en la matière (45.5 %). Ceci expliquant peut-être cela.

Bilan : 5/10

Comment juger au final la saison de l’Italien ? Deux sentiments se percutent : celui qui vient en premier c’est forcément la déception. Compte tenu de son statut d’international italien (plus de 40 sélections) et de son expérience, on attendait beaucoup de choses de lui. Sûrement trop.

Mais le bilan général n’est pas si mauvais, notamment offensivement. Il a marqué deux buts et donné une passe décisive, ce qui en fait le latéral le plus efficace en attaque. Ses stats de tirs et de centres sont également largement supérieures à celles des autres latéraux.  

Les dirigeants parisiens ont pour leur part assez logiquement considéré que ce n’était pas assez. Il n’a tout simplement pas l’envergure pour être le titulaire du poste dans une équipe qui vise la victoire en Champions League.   

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