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Analyses Saison 2020-2021

Layvin Kurzawa, la fin des illusions

Nous poursuivons l’analyse des latéraux du PSG en 2020-2021 à partir des stats avec Layvin Kurzawa. Nanti d’un nouveau contrat longue durée, débarrassé de la concurrence de Bernat gravement blessé dès le début de saison, l’ancien Monégasque avait un boulevard devant lui pour enfin réaliser une saison pleine sous les couleurs parisiennes. Mais à l’heure du bilan, le compte n’y est pas. Vraiment pas. 

On a aimé

La confiance en partie retrouvée

Kurzawa l’a lui-même avoué : à deux reprises cette saison, il ne s’est tout simplement pas senti apte à jouer. Le coup de la panne. Panne de confiance après des erreurs qui ont coûté des points et des buts. Pourtant, a contrario, à d’autres moments de la saison, on l’a senti libéré, presque insouciant.

Cela se ressent, Layvin Kurzawa est un joueur sensible qui a besoin de se sentir aimé. Et important. La blessure de Bernat l’a propulsé, au moins un temps, option numéro un comme latéral gauche et l’ancien Monégasque a essayé de rendre la pareille.

Semble-t-il décomplexé, débarrassé du poids de la présence de l’Espagnol, Kurzawa s’est remis, par séquences, à oser, à entreprendre des choses. Cela se voit notamment dans son jeu vers l’avant : avec 32 % de ses passes jouées vers l’avant, il se démarque assez nettement des autres latéraux de l’effectif.

Signe de la confiance en partie retrouvée, il est également le latéral qui a réussi le plus de passes dites progressives (source www.fbref.com) avec 3.8 toutes les 90 minutes. Il est logiquement aussi celui qui a fait le plus avancer le ballon par la passe.

Sa volonté d’aller de l’avant transparaît même dans ses mouvements défensifs. Avec près de 37 % de pressings gagnants, il est non seulement le latéral le plus efficace, mais tout simplement l’un des meilleurs de tout l’effectif parisien (2ème derrière Kehrer).

Volontaire, désireux de bien faire, il a su se mettre au service du collectif, quitte à évoluer à des postes inhabituels pour lui : on l’a ainsi vu débuter la saison comme arrière droit à Lens, et il a même joué en défense centrale à trois reprises (Nantes, Montpellier et Lorient) dans la défense à trois de Tuchel.

A ce poste-là, il a su faire étalage de certaines qualités, et en particulier de son jeu de tête : avec 67 % de duels aériens remportés, il est tout simplement le plus fiable de tout l’effectif parisien.

Contre Montpellier et Lorient justement, il a en tout gagné 10 des 12 duels aériens qu’il a eus à disputer.

Autre signe qu’il s’est globalement senti plus à l’aise, il a réussi près des deux tiers des dribbles tentés, ce qui ne lui était plus arrivé depuis la saison 2016-2017.

La remarque vaut également pour les centres : certes, la précision n’est toujours pas vraiment au rendez-vous mais il s’est de nouveau permis de tenter un peu plus souvent sa chance.

Globalement, ses stats de centres restent faibles (cf. infra) mais on a senti du mieux lors de certaines rencontres : 4/4 à Lille fin décembre notamment.

Enfin, le magnifique retourné acrobatique quasi-parfait réalisé contre Montpellier fin janvier est bien le signe d’un joueur en confiance. Dos au but, à l’entrée de la surface de réparation, il s’était parfaitement levé le ballon d’une aile de pigeon pour réaliser ce geste fou qui a malheureusement échoué sur la barre de Bertaud.        

Alors, en dépit des crises de confiance qui ont parfois été carrément exprimées par son coach (Tuchel en conférence de presse), sa saison n’est pas celle du repli sur soi. Ses erreurs l’ont peut-être tétanisé un moment mais une fois revenu sur le pré, on a senti un joueur qui n’avait pas spécialement peur. Pour le meilleur et pour le pire…

Capable du meilleur comme du pire défensivement parlant

D’abord, les stats : elles lui sont très favorables et montrent tout ce dont Kurzawa est capable de ce côté du terrain. En premier lieu, une grosse capacité pour anticiper les passes adverses et ainsi multiplier les interceptions. Ramenées à 90 minutes, il affiche carrément la meilleure moyenne d’interceptions du PSG en Ligue 1 la saison écoulée.

A deux reprises cette saison, il a réussi 5 interceptions au cours d’une rencontre (face à Rennes et à Marseille). Seul Danilo contre Reims en toute fin de saison fera mieux (8).

Avec ces 2 interceptions, il est d’ailleurs dans sa moyenne en carrière, faisant de lui un spécialiste de cet acte défensif.

Mais outre les interceptions, il a su aussi intervenir avec à propos dans sa surface et, avec 1.5 dégagements par 90 minutes, il présente le meilleur ratio des quatre latéraux analysés ici.

Comme il n’est pas en reste en termes de tirs contrés (0.4) et de tacles réussis (1.8), Kurzawa (en jaune dans le radar ci-dessous) a le plus haut niveau d’interventions défensives parmi les latéraux parisiens. Et ça, ce n’était pas vraiment attendu.

Il paraît cependant légitime de nuancer ce tableau un peu trop idyllique. Pour deux raisons, la première c’est qu’il réussit certes beaucoup d’interceptions, mais à quel prix ? Son mode d’intervention défensive, tout en anticipation, est à double tranchant. Combien de fois l’a-t-on vu se jeter pour intercepter une passe pour finalement se trouver le bec dans l’eau avec un ailier parti dans son dos ? Ou, autre scénario maintes fois répété : il se jette pour tenter l’interception, se rate mais ne rate pas le joueur et commet une faute. D’ailleurs il est le joueur de l’effectif commettant le plus de fautes (2.3 par 90 minutes). L’écart avec les autres latéraux parisiens est très important.

L’autre limite concerne les erreurs grossières qu’il commet parfois. On évoquera plus bas ses erreurs face à Monaco. On peut évidemment citer aussi sa double « performance » face à Barcelone en 1/8èmes de finale de Champions League : à l’aller au Camp Nou, il provoque le pénalty transformé par Messi et est réellement martyrisé par Dembélé une bonne partie du match. Au retour, il offre encore un pénalty aux Blaugranas et il s’est fait balader par Dest pendant 45 minutes. Pochettino a dû mettre fin à son calvaire en le sortant à la mi-temps au profit de Diallo.  

On a moins aimé

Ses absences pour blessures et suspensions

Trois blessures et une suspension. Ce n’est pas le titre d’un film mais le récapitulatif des absences de Kurzawa cette saison. Trois blessures donc : l’aine fin 2020, le mollet en avril et la cheville pour terminer la saison fin mai. Elles lui feront rater sept matches de Ligue 1 et deux de Champions League (face au Bayern). La suspension : 6 matches pour avoir participé à l’échauffourée de fin de match contre Marseille en début de saison, alors qu’il venait tout juste de rentrer sur le terrain.

Les 13 matches manqués en Ligue 1 le hissent même dans le Top 5 des joueurs les plus absents de la saison.

Est-ce que cela explique qu’il n’ait que 20 titularisations à son actif (Ligue 1 + Champions League) ? Pas complètement. En Champions League, Diallo lui fut souvent préféré dans les gros matches. En Ligue 1, ses erreurs à répétition ont conduit les coaches à mettre parfois le pourtant limité Bakker à sa place.

Le manque de confiance du staff a peut-être atteint son paroxysme lors du match retour face à Barcelone : après l’humiliation subie face à Dest, et sa sortie à la mi-temps, il ne remettra plus les pieds sur le terrain en Champions League. Il ne connaîtra alors plus que deux titularisations (pour 119 minutes de jeu) en Ligue 1 lors des dix derniers matches. 

Il termine par ailleurs la saison avec 4 cartons jaunes et 1 rouge, alors qu’il n’avait jusque-là été expulsé en Ligue 1 qu’une seule fois dans sa carrière (avec Monaco, lors de sa première saison). Ses 4 avertissements constituent désormais sa norme depuis trois exercices.

Ses difficultés balle au pied

Il y a quelques saisons, les errements défensifs de Kurzawa étaient compensés par sa capacité à être décisif offensivement. Ce n’est malheureusement plus le cas, comme en attestent ses stats de buts et passes décisives par saison :

Un seul petit but à son actif, certes très important puisqu’il a permis de repartir du stade Raymond Kopa d’Angers avec les trois points, c’est peu pour un joueur capable d’inscrire 5 buts avec Monaco alors qu’il n’avait que 21 ans, ou même un triplé en Champions League (face à Anderlecht à l’automne 2017). Surtout que le total est le même pour les passes décisives (une seule pour Mbappé à Montpellier).

Ces stats ne sont malheureusement que le reflet de ses difficultés balle au pied. A l’heure d’illustrer le propos, il n’y a que l’embarras du choix parmi les indicateurs traduisant son déchet technique : les ballons perdus ? Avec 13.6 par 90 minutes, il est le latéral qui en égare le plus. Les tirs cadrés ? 18 % de ses tentatives seulement, plus bas ratio de l’équipe juste après Dagba. Les passes clés ? Avec 0.7 par 90 minutes, il est le latéral qui a le moins mis en position de tir un coéquipier. Le jeu long ? Il présente le plus faible taux de réussite (et de loin) de tout l’effectif avec 29 %…

Sur l’ensemble de la saison de Ligue 1, il n’a réussi que 7 passes longues (sur 24), dont trois au cours d’une seule et même rencontre (face à Rennes en novembre). Son faible taux de réussite cette année est d’ailleurs assez incompréhensible puisqu’il tournait à 50 % en Ligue 1 avec le PSG jusque-là.

On remarquera au passage que les quatre latéraux font partie des cinq joueurs les moins adroits pour exécuter des transversales.

Enfin, comment ne pas évoquer les difficultés balle au pied de l’ancien Monégasque sans parler de ses « performances » en matière de centres ?

Si le rouge est ultradominant dans le graphique ci-dessus c’est que Layvin a beaucoup plus raté sa cible que trouvé un partenaire au cours de ses 6 saisons avec le PSG : 45 centres réussis pour 174 manqués. Il n’a réussi que 8 centres la saison écoulée, c’est certes le double des deux précédents exercices mais c’est très maigre. A titre de comparaison, le Lyonnais Dubois en a réussi 62 et le lensois Clauss 47… Soit plus en une saison que Kurzawa depuis qu’il joue au PSG !

Les points qu’il a coûtés

Le raccourci est un peu simpliste, admettons-le. Mais les images de sa double prestation défensive face à Monaco sont quand même très éloquentes et coûtent cher à l’heure du bilan. A l’aller à Louis II, alors que l’équipe mène 2-0, il contribue fortement à remettre les joueurs de la Principauté dans le match en oubliant deux fois un adversaire dans son dos pour deux buts concédés. Diallo, parachèvera le chef d’œuvre de « air defense » en provoquant le pénalty du 3-2.

Lors du match retour face au même adversaire, il est de nouveau coupable de placements défensifs très approximatifs à l’origine des deux buts des hommes de Kovacs (surtout le premier de Diop).

Ce ne sont certes qu’un ou deux exemples. Mais qui font évidemment très mal comptablement puisque cet adversaire direct pour le titre a empoché 6 points contre Paris.

Et si l’on s’en tient basiquement aux points, la moyenne de points glanés par le PSG avec Kurzawa présent sur le terrain est assez faible (2/match).

Il présente la plus faible moyenne de points des latéraux et une des plus basses de tout l’effectif. Il a en effet connu cinq fois la défaite en Ligue 1 sur les 19 matches qu’il a disputés.

Bilan : 3/10

Beaucoup de suiveurs du PSG avaient affiché leur scepticisme lorsque Kurzawa avait été reconduit à la surprise générale l’été dernier, pour quatre saisons, avec hausse de salaire à la clé. Et ils avaient forcément raison. Malgré un contexte idéal pour lui (sécurité contractuelle, longue indisponibilité de son concurrent direct au poste d’arrière gauche, concurrence restante faible), l’ancien Monégasque de 28 ans a encore livré une saison proche du néant. Pour lui comme pour le club, un départ semble être la meilleure solution. Mais vu le niveau affiché, les offres ne risquent pas d’être nombreuses.   

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