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Analyses Saison 2020-2021

Mitchel Bakker, l’invité (bonne) surprise

Nous poursuivons avec les latéraux les bilans individuels des joueurs parisiens lors de la saison 2020-2021. Compte tenu du temps de jeu des uns et des autres, ils seront quatre à faire l’objet d’une étude détaillée, à l’aide des statistiques disponibles : Colin Dagba et Alessandro Florenzi à droite, Mitchel Bakker et Layvin Kurzawa à gauche. Pembélé n’a pas assez de minutes pour être réellement évalué, Diallo et Kehrer ont quant à eux joué plus dans l’axe et ont été étudiés avec les défenseurs centraux. Comme pour les centraux, l’analyse se fera systématiquement en deux temps : les points positifs de leur saison, puis les aspects négatifs, et sera principalement centrée sur les données de Ligue 1. Premier latéral passé à la moulinette : Mitchel Bakker, l’invité surprise de la rotation parisienne.

On a aimé 

Les résultats de l’équipe en sa présence

Compte tenu de l’hécatombe à son poste d’arrière gauche (Bernat out après seulement deux parties, Kurzawa absent un tiers du temps pour blessures ou suspensions), heureusement que ce brave Mitchel Bakker a répondu présent. Il fait même figure d’exception dans l’effectif parisien puisque c’est le seul joueur qui n’a pas été indisponible au moins un match. Il n’a évidemment pas disputé toutes les rencontres mais a toujours figuré dans le groupe. Un véritable homme de fer ce Bakker !

Mais, Bakker n’a pas fait seulement acte de présence. Il a globalement fait le job. En tous cas bien mieux que ce qu’on avait pu voir de lui ne le laissait présager.

Une donnée confirme à merveille qu’il n’a pas été le poids ou le handicap que certains craignaient : en sa présence sur le terrain, l’équipe s’est plutôt bien comportée. Loin de nous l’idée de dire qu’il a eu un rôle important dans les victoires de l’équipe, mais il n’a pas coûté de points.

En Ligue 1, avec Bakker sur le pré, l’équipe a gagné en moyenne 2.31 points par match. C’est mieux que la moyenne de l’équipe sur la saison (2.16). Il a même la quatrième moyenne de tous les joueurs de l’effectif ! Les autres latéraux sont bien loin derrière.

Il n’a participé qu’à quatre des huit défaites de la saison parisienne en Ligue 1 (Lens, Monaco, Lyon, Lille). Et encore, sur trois d’entre elles, il est seulement rentré en cours de matches (54 minutes en cumulé) et ne peut donc pas vraiment être incriminé.

On peut même aller plus loin grâce à une stat fournie par le site fbref.com : ce dernier met en effet en relation les buts marqués et encaissés par équipe (ici le PSG) selon la présence de chaque joueur sur le terrain. Par exemple, avec Navas dans les buts, le PSG a marqué 64 buts et en a encaissé 18 donc Navas affiche un différentiel positif de + 46. Il n’y a que Mbappé qui fait mieux cette saison au PSG (et en Ligue 1).

Mais le plus intéressant pour notre article, c’est que ce brave Mitch est 3ème de tout l’effectif parisien !

Il faut comprendre la stat comme ceci : avec Bakker sur la pelouse, le PSG a marqué 39 buts de plus qu’il n’en a encaissé. Dagba est à 29, Florenzi à 21 et Kurzawa est en queue de peloton avec 17 (à égalité avec Neymar…).

Encore plus fou : si l’on ramène cette stat au temps joué, c’est-à-dire le + 39 de Bakker vu ci-dessus rapporté aux 1691 minutes disputées, on obtient un ratio de 2.1 par 90 minutes qui en fait purement et simplement le joueur le plus « efficient » de tout l’effectif ! On a retiré de l’étude les joueurs ayant disputé moins de 400 minutes.

Cette moyenne de 2.07 buts par 90 minutes fait même tout simplement de Bakker le joueur avec le meilleur ratio de toute la Ligue 1, et le 4ème des cinq principaux championnats européens derrière trois joueurs du Bayern ! Bakker, joueur fétiche, porte-bonheur du PSG, qui l’eut cru ? 

Son envie de bien faire

Assez solide physiquement pour ne rater aucun match, Bakker a pu également montrer durant les matches qu’il avait « la caisse ». Si on peut lui reprocher un niveau technique insuffisant pour la très haute compétition, il n’a jamais été pris en défaut sur l’envie, la répétition des efforts et la volonté de bien faire.

Quels indicateurs peuvent traduire cela en chiffres ? Les passes et le nombre de ballons joués tout d’abord : il ne s’est en effet jamais caché et est le latéral avec le plus de passes tentées.

Avec 82 ballons joués/90 minutes, il est au coude à coude avec Kurzawa pour la première place parmi les latéraux. Il a même dépassé les 100 ballons joués au cours d’un match : 114 contre Strasbourg en décembre. Il sait donc se rendre disponible et n’a pas peur d’être trouvé par ses partenaires.

Les duels remportés sont aussi le reflet de sa hargne mais aussi de ses aptitudes physiques, voire techniques.

Avec 57 % de duels remportés, il est, et de loin, le latéral avec le taux de succès le plus élevé. Dans l’histoire récente du PSG, il n’y a que Berchiche (saison 2017-2018) qui gagnait une proportion plus importante de duels que lui (67%) parmi les latéraux du PSG. Par deux fois en Ligue 1, il a même remporté l’intégralité des duels disputés : 9/9 contre Dijon (record pour un Parisien cette saison) et 5/5 contre Nîmes.

Ce fut bien sûr plus compliqué en Champions League (12/28, soit 40 %) et on a même l’impression qu’il fut ciblé par Guardiola lors de la demi-finale aller face à Manchester City : 1 duel remporté sur 8 ce soir-là face à Mahrez qui s’est régalé (10 duels gagnés sur 13).

Dans le jeu aérien également, il a fait étalage de ses qualités athlétiques : il a remporté 64 % des duels aériens qu’il a disputés, soit le 3ème meilleur ratio de tout l’effectif parisien, derrière Kurzawa et Danilo.

Parmi les duels remportés figurent aussi les dribbles réussis. Il est d’ailleurs le latéral parisien qui a tenté et réussi le plus de dribbles en Ligue 1 :

Il est certain que le taux de réussite n’est pas optimal (50 %) mais on ne peut pas lui enlever son envie de bien faire.

Il y a aussi des signes qui ne trompent pas sur l’état d’esprit d’un joueur, même si cela ne se voit pas forcément dans les stats (en tous les cas pas celles à notre disposition) : malgré le peu de considération dont il a semblé jouir dans l’équipe, il ne s’est pas découragé et a continué d’arpenter son couloir. Même si les ballons n’arrivaient que rarement, il a continué à se rendre disponible, au bénéfice de l’équipe.

Une action caractérise bien ce dévouement au collectif : à Manchester United en décembre, dans ce match « à la vie à la mort » pour la suite de la qualification, il donnera raison à Tuchel qui l’a fait entrer à l’heure de jeu à la stupeur générale à la place de Kean. La folle course de 50 mètres côté gauche à pleine vitesse en toute fin de match a en effet monopolisé l’attention de Lindelof, permettant ainsi au trio Mbappé-Rafinha-Neymar de se jouer assez facilement du reste de la défense mancunienne et d’inscrire le 3ème but parisien.

L’investissement défensif

On ne savait pas trop à quoi s’attendre avec le Néerlandais mais, statistiquement du moins, le niveau défensif est tout à fait correct.

Dans deux catégories statistiques, il est même le meilleur latéral de la saison : les tacles réussis et les ballons récupérés.

Concernant les tacles, il en a réussi en moyenne 2 par 90 minutes. Il a même à son actif deux matches à 4 tacles réussis sur 4 : face à Angers et Dijon. Ces 81 % de réussite dans cet exercice le placent sur le podium de l’escouade parisienne (3ème).

Pour les ballons récupérés, c’est surtout sous Tuchel qu’il avait fait ses stats (7 toutes les 90 minutes contre 5.9 avec Pochettino).

Au final, il devance assez nettement les trois autres latéraux de notre étude et il a même la 7ème moyenne de tout l’effectif parisien. Il a atteint ou dépassé les 10 ballons récupérés 4 fois, avec un pic à 11 à Nantes fin octobre (record du match pour lui au passage).

Rien d’extraordinaire mais pas ou peu d’erreurs au final, et c’est déjà pas si mal pour ce jeune (20 ans) joueur qui découvre le haut niveau et qui s’est retrouvé souvent esseulé pour défendre sur ce côté gauche.

On a moins aimé :

Qu’il soit le latéral le plus utilisé de la saison

Profitant des blessures de Bernat, Kurzawa, voire Diallo, Mitchel Bakker a donc été le latéral le plus utilisé cette saison par le PSG en Ligue 1, en nombre de matches joués.  

Le Néerlandais, qui n’avait disputé qu’un seul match de Ligue 1 avec le PSG la saison précédente (plus 3 matches de Coupe de France et 1 de Coupe de la Ligue), a disputé cette saison 40 matches (26 de Ligue 1, 10 de Champions League et 4 de Coupe de France) dont 25 titularisations. En Ligue 1, il a le 8ème temps de jeu de tout l’effectif parisien. Une énorme incongruité compte tenu de son niveau de base et de la qualité du « roster » parisien.

Pour donner une idée du turnover sur ce poste d’arrière gauche, ils ont été cinq joueurs à se répartir les 50 titularisations (Ligue 1 et Champions League) :

Avec 17 titularisations, Bakker est l’arrière gauche le plus souvent aligné dans le onze de départ. En revanche, il ne compte que trois titularisations en Champions League (contre Leipzig, Basaksehir et City). Dans les matches qui comptent, si Diallo ou Kurzawa étaient disponibles, ils lui étaient souvent préférés.

Qu’il soit à ce point boycotté par ses coéquipiers

Le PSG est l’équipe, après Reims, dont le jeu a le plus penché à gauche (42 % des attaques). En outre, le PSG est aussi l’équipe avec le taux de possession le plus important (60.1 %) de Ligue 1. Bakker est quant à lui l’arrière gauche le plus souvent aligné dans cette même équipe. Dans une configuration normale, ce latéral gauche aurait donc dû se goinfrer de ballons, de centres et de tirs.

Les stats indiquent tout l’inverse : offensivement, sa contribution a vraiment été minimaliste.

Les deux indicateurs retenus ci-dessus témoignent de son faible poids offensif puisqu’il est le latéral avec le moins de ballons touchés dans la surface adverse (1.6, ramenés à 90 minutes) et celui qui, après Dagba, a tenté le moins de centres (2.7). Se dire qu’il n’a même pas 3 centres par match à son actif dans une telle équipe, c’est assez révélateur, de son manque d’initiative certes, mais aussi du peu de considération dont il a bénéficié. Parfois même idéalement placé pour centrer, il y renonçait faute de solutions dans la surface, ou pire, la passe pour qu’il puisse centrer n’est tout bêtement jamais arrivée.

Une autre stat rend encore mieux compte du boycott que l’ancien de l’Ajax a parfois subi : en 26 matches et 1691 minutes, il n’a tiré que deux fois au but. Soit, un tir toutes les 846 minutes (ou tous les 10 matches ou presque). Dans le graphique ci-dessous on a ramené les tirs des Parisiens à une moyenne sur 90 minutes. Bakker a donc un taux de 0.1 tir/90 minutes, le plus bas ratio de tout l’effectif.

Il faut remonter à la saison 2012-2013 pour trouver un ratio encore plus faible dans l’effectif parisien. Il s’agit évidemment de Marco Verratti qui cette saison-là, en 1780 minutes, n’avait frappé qu’une fois au but (soit un ratio de 0.05 par 90 minutes) !

En Ligue 1 cette saison, ils ne sont que cinq à avoir un moins bon ratio de tir à la minute que lui. Il a bien sur sa responsabilité dans ce manque de tirs tentés, mais on a bien senti à plusieurs reprises qu’il se freinait de peur de la réaction de ses coéquipiers, ou qu’il n’était tout simplement pas servi malgré son démarquage.

Bilan : 5/10

Au final, un bilan étonnamment positif, du moins par rapport aux attentes que l’on pouvait avoir, qui pourrait en faire le meilleur latéral de la saison parisienne. C’est dire le champ de ruines que constitue ce poste au PSG.

Il a en tous les cas pu bénéficier d’une importante visibilité, qui lui a d’ailleurs assuré une place dans sa sélection nationale Espoirs, mais qui a aussi et surtout contribué à favoriser sa vente puisque le joueur est annoncé aujourd’hui même au Bayer Leverkusen.

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