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Analyses Saison 2020-2021

Danilo Pereira, la tour de contrôle

Nous poursuivons notre tour d’horizon des milieux parisiens de la saison écoulée avec un Danilo Pereira (29 ans) aux caractéristiques en complet décalage par rapport à ses coéquipiers. Analyse en deux temps de sa saison, avec tout d’abord ses bons côtés puis ses difficultés. 

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La présence sur coups de pied arrêtésUne participation famélique au jeu collectif
Ses performances en tant que défenseur centralQu’il ne soit pas mis dans les meilleures conditions

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La présence sur coups de pied arrêtés

14 de ses 17 tirs en Ligue 1 l’ont été sur phase arrêtée. C’est le plus gros total parmi les milieux de terrain parisiens, et le 3ème de tout l’effectif derrière les 21 de Neymar (via des coups-francs directs pour le Brésilien) et les 15 de Marquinhos.

Avec ses 17 tirs en tout, il est parvenu à inscrire 2 buts : de la tête sur un corner frappé par Draxler à Dijon, et du pied droit sur un joli tir en pivot suite à une remise de la tête de Marquinhos sur un corner à Lyon.

Ses deux buts, inscrits donc tous les deux sur phase arrêtée, en font le co-meilleur buteur des milieux de terrain parisiens cette saison en Ligue 1.

Il n’y a que Marquinhos (3 buts en Ligue 1) qui fait mieux que lui en matière de buts sur phase arrêtée.

Avec ces deux buts inscrits, le Portugais est dans sa moyenne de ses dernières saisons avec Porto.

A noter qu’il n’avait plus marqué autrement que de la tête depuis la saison 2016-2017.

Le jeu aérien est vraiment, comme attendu, une de ses forces : que ce soit face aux buts adverses puisque 10 de ses 17 tirs sont des têtes, ou dans les luttes aériennes où qu’elles se situent sur le terrain (64.4 % de duels gagnés) :

Ses 64.4 % le positionnent au 2ème rang de l’effectif du PSG derrière Kurzawa. C’est à Brest, pour la dernière journée de Ligue 1, qu’il a disputé (9) et remporté (4) le plus de duels aériens. Mis à part ce match-là et un autre face à St Etienne, il a toujours remporté au moins la moitié de ses duels aériens. Le surnom trouvé par Kimpembe, « La Montagne », lui va donc à ravir.

Ses performances en tant que défenseur central

Que n’avait-on pas entendu sur le positionnement de Danilo, lui le milieu de terrain de formation, en défense centrale en début de saison ? Certains en faisaient une victime collatérale de la « guéguerre » interne entre Leonardo et Tuchel.

Au final, le défenseur central de fortune aura rendu de très précieux services avec, en point d’orgue, le quart de finale de Champions League face au tenant du titre, le Bayern Munich. Car si l’idée originelle est bien de Tuchel, Pochettino l’a reprise à son compte, certes un peu contraint et forcé par la blessure de Marquinhos. Et il n’a pas eu à s’en plaindre, bien au contraire, comme Tuchel avant lui.

Attardons-nous quelques instants sur les stats de Danilo lors de l’épique quart de finale face au Bayern. Compte tenu de la blessure de Marquinhos, il est passé en défense centrale aux côtés de Kimpembe à la demi-heure de jeu. Il a donc disputé 150 minutes dans cette position puisque l’expérience s’étant révélée concluante à Munich, Pochettino l’a reconduite au retour au Parc des Princes.

Et que ce soit à l’aller ou au retour, il a rendu une très belle copie.

Au-delà de sa domination dans les airs, c’est l’ensemble de sa performance défensive qu’il faut saluer. Défensivement impeccable, il a coupé un nombre incalculable de trajectoires. Ses stats de dégagements sont notamment incroyables. D’ailleurs ses 13 du match aller constituent le record pour un Parisien cette saison. Il a même à son actif les deux plus hauts totaux de dégagements de la saison sur un match avec les 10 à Istanbul.

Aidé par les 54 centres dans le jeu des Bavarois, Danilo a passé son temps à repousser les tentatives de Coman, Sané et compagnie. Pour 21 dégagements en cumulé lors de ce quart de finale. Sur l’ensemble de la campagne européenne, il en a réalisé 44, soit le 3ème total de la compétition, derrière les 49 de Mbemba (Porto) et les 46 d’Hummels (Dortmund).

Très fort dans les duels, notamment aériens, il a complètement dégouté les attaquants du Bayern. A ses 21 dégagements, il faut en effet ajouter 3 interceptions et 2 tirs contrés. Et le tout en ne commettant qu’une seule faute sur l’ensemble des 180 minutes. Si vous y ajoutez un peu de jeu long (6/13), et vous avez une double prestation plus que convaincante face à l’une des meilleures équipes d’Europe.

Mais il n’y a pas qu’en Ligue des Champions que Danilo a livré d’excellentes parties en tant que défenseur central. Les six matches disputés à ce poste en Ligue 1 (contre Dijon, Nantes, Montpellier, Lyon, Lorient et Strasbourg) ont également été de très bonne facture. Il ne souffre pas du tout de la comparaison lorsque l’on met en parallèle ses stats en tant que défenseur avec celles des centraux de métier.

En nombre d’interventions défensives réussies ramenées à 90 minutes, il devance même largement ses coéquipiers. On remarque au passage que s’il tacle beaucoup moins que les autres, il est en revanche très présent pour dégager les ballons, notamment via son jeu de tête. Le style n’est pas toujours orthodoxe, mais le principal est là : le danger est écarté.

Sa moyenne d’interceptions est également particulièrement élevée : 2.4, soit le double de la moyenne des quatre défenseurs centraux parisiens. Il en a notamment réussi 4 à Strasbourg, égalant à cette occasion le record sur un match détenu par Kimpembe.

Si le nombre de dégagements pourrait laisser penser que le Portugais ne se soucie guère de conserver la possession du ballon, les stats de ballons récupérés viennent tordre le cou à cette hypothèse et mettent en avant sa faculté à réellement déposséder l’adversaire du cuir.

Avec 6.8 ballons volés à l’adversaire en tant que défenseur, il domine les quatre centraux de formation.

En remportant 65 % de ses duels, il fait également mieux que ses quatre coéquipiers.

On notera également qu’il a réussi à être performant défensivement sans commettre de fautes. Sa moyenne générale sur la saison, tous postes confondues, est déjà très basse pour un joueur défensif (0.9/90 min). Et elle est même encore plus faible en tant que défenseur (0.2/90 min alors que la moyenne des centraux de l’équipe est de 1.1). Il n’a d’ailleurs pas commis de faute dans 22 des 35 matches qu’il a disputés (Ligue 1 et Champions League).

Il n’y a pas que défensivement qu’il a démontré son savoir-faire en défense. Balle au pied, avec plus de temps qu’au milieu, il a également montré certaines facultés. C’est la stat des mètres gagnés, notamment par la conduite, qui impressionne le plus :

Il a gagné en moyenne 216 mètres par la conduite. Aucun central ne fait mieux et leur moyenne est seulement de 157. Les 319 mètres gagnés en portant le ballon face à Lyon pour le compte de la 14ème journée constituent la seconde meilleure performance d’un défenseur Parisien cette saison.

Certes, l’échantillon de matches disputés (6 en Ligue 1, 5 en Champions League) est relativement réduit, et il ne faut pas mettre de côté les difficultés qu’il a parfois rencontrées, notamment à Leipzig où son mauvais alignement coûte le pénalty, mais le bilan de l’expérience Danilo en défenseur central est tout à fait concluant.

On a moins aimé

Une participation famélique au jeu collectif

Chacun son job. C’est ce que doit se dire Danilo quand il entre sur un terrain de foot. En tous les cas, c’est ce que ses stats semblent indiquer. Il veut bien s’occuper du sale boulot, assurer défensivement, se servir de son corps comme d’un rempart, mais la créativité et la fantaisie, il laisse ça aux autres. Le calcul n’est pas idiot, compte tenu de ses qualités et de celles de la majorité de ses coéquipiers. Néanmoins, difficile pour une équipe comme le PSG, surtout en Ligue 1, d’avoir un joueur aussi unidimensionnel, ou en tous les cas, à la participation au jeu collectif aussi réduite.

Même si les quelques matches joués en défense (6 sur 23 en Ligue 1), peuvent impacter ses stats, le fait que tous les indicateurs disponibles aillent dans le même sens, semble parlant. En premier lieu, le nombre de ballons joués illustre parfaitement bien ce différentiel de participation à l’élaboration des attaques entre le Portugais et les autres milieux :

Sa moyenne de 86 ballons joués par 90 minutes n’a évidemment rien d’infâmant. C’est même très probablement le plus haut niveau de sa carrière. Mais pour un joueur du PSG, en particulier au milieu de terrain, c’est insuffisant. C’est en tous les cas bien moins que ce que réalisent les autres milieux parisiens (la moyenne est à 110 cette saison).

Il a néanmoins atteint une fois les 100 ballons touchés, face à St Etienne fin avril. Cette barre des 100 ballons n’est certes pas une fin en soi mais met bien en évidence l’écart de participation :

Là où un Verratti atteint ou franchit ce seuil plus d’un match sur deux en Ligue 1 (11/21), c’est exceptionnel pour Danilo. Et c’est la norme pour la majorité des milieux de terrain utilisés. Or, sauf exceptions, il leur est demandé globalement la même chose puisque, notamment sous Pochettino, si la composition du double-pivot changeait régulièrement, le schéma tactique lui variait peu.  

Cette faible contribution à la préparation des actions parisiennes est visible à travers un autre indicateur. Ce que l’on appelle les Expected Goals Chain, c’est-à-dire la contribution de chaque joueur ayant été un maillon de la chaîne de passes aboutissant à un tir. Cela a vocation à mieux mettre en valeur les milieux ou les défenseurs qui peuvent se trouver au départ des offensives mais plus rarement à la conclusion où l’on voit plutôt les attaquants.

Pour ce xG Chain, ramené au temps de jeu, Danilo est le joueur du milieu de terrain qui contribue le moins aux actions parisiennes se terminant par un tir.

S’il n’est pas à la base des attaques parisiennes, il n’est pas non plus, sauf coups de pied arrêtés, à la conclusion. Il n’a été l’auteur, sur toute la saison de Ligue 1, que de 5 passes amenant un tir d’un coéquipier.

Une de ces cinq passes a néanmoins été une passe décisive : à Strasbourg, alors qu’il évolue en défense, il progresse balle au pied et sert Sarabia à l’entrée des 18 mètres. En poursuivant son action, il a d’ailleurs attiré une partie de la défense et permis à l’Espagnol d’être plus à l’aise pour tromper le gardien alsacien.

On n’a malheureusement que trop peu eu l’occasion de voir ce type d’initiatives de la part de l’ancien joueur de Porto. Le plus souvent, c’est sécurité maximale et passe facile au joueur le plus proche de lui. D’ailleurs son nombre de passes longues est là encore le plus bas parmi les milieux du PSG.

Son taux de réussite très douteux dans cet exercice ne l’a probablement guère incité à en tenter davantage. C’est dommage parce que son jeu long avait été efficace avec Porto et qu’il aurait pu, en continuant sur ses stats portugaises, contribuer à combler une faiblesse récurrente du jeu parisien.

Lors de ses quatre dernières saisons à Porto, il en réussissait en moyenne 3.5, avec un taux de réussite bien meilleur qu’en Ligue 1 (67 %).

Il a notamment connu un jour sans face à Lyon, avec 5 échecs sur 8, qui ne lui pas a peut-être pas donné confiance pour la suite. C’est au global une grosse déception quant à son apport au jeu.

Ce manque d’initiatives se voit également dans ses stats de passes vers l’avant. On en a retenu deux dans le graphique ci-dessous, les passes réussies vers le dernier tiers et les passes progressives. Dans les deux cas, il est le joueur du milieu le moins efficace dans ce jeu vers l’avant, et d’assez loin. Et ce ne sont pas vraiment les quelques matches joués en défense qui le pénalisent puisque sa moyenne est quasiment identique quel que soit le poste.

Enfin, pour conclure, on n’a pas pu s’empêcher, pour stigmatiser une dernière fois l’écart de style entre Danilo et les autres milieux, de comparer leur efficacité dans l’élimination d’un adversaire direct.

Ses 0.4 dribbles réussis par 90 minutes, sont certes supérieurs aux stats de Paredes mais restent très éloignées des autres milieux, Verratti en tête évidemment.

Sur la totalité de la saison de Ligue 1, il a réussi 7 dribbles (sur 8). Le taux de réussite est évidemment excellent mais trop peu représentatif. Il n’a jamais réussi plus d’un dribble au cours d’un match et on compte donc plus de matches sans le moindre dribble (16) qu’avec (7).

Qu’il ne soit pas mis dans les meilleures conditions.

Sur le papier, à son arrivée, on en salivait d’avance. Le PSG avait enfin mis la main sur son « numéro 6 » capable de protéger la défense et d’imposer son gabarit (1.88m). Le duo au milieu de terrain qu’il devait former avec Verratti s’annonçait très prometteur : au viril Portugais les duels et le sale boulot, au génial Italien la créativité et le déséquilibre.

Au final, on n’aura vu qu’une seule fois au coup d’envoi ce binôme Danilo-Verratti et ce ne fut en outre guère probant (défaite face à Nantes). Les associations avec Paredes, dont le profil ultra technique pourrait bien compléter le sien, ont été également très rares (2 matches) et pas concluantes non plus (défaite à Lorient).

Contre toute attente, les partenaires privilégiés de Danilo dans le double pivot régulièrement mis en place par Pochettino notamment, furent Herrera (5 fois) et Gueye (4 fois). A première vue, cela ne semble pas vraiment complémentaire. Limité techniquement au plus haut niveau, le Portugais a besoin d’un joueur fin à ses côtés pour faciliter les sorties de balle. Son profil très défensif nécessite d’avoir un binôme plus porté sur l’offensive. Or, ni Herrera, ni encore moins Gueye, n’ont ces caractéristiques.  

On aurait pourtant aimé voir plus d’une fois son association avec Verratti. Ce ne fut pas possible avec Pochettino qui préférait positionner l’Italien plus haut. Et ce ne fut pas le cas non plus en début de saison puisque Tuchel avait choisi aligner le Portugais en défense.

Dans les matches dont il a joué au moins 30 minutes, il fut aligné 15 fois au milieu et 9 fois en défense. Bref, entre des associations très tournantes et assez contre-intuitives au milieu et un repositionnement sur un poste où il n’avait quasiment jamais joué, on ne peut pas dire que Danilo fut mis dans les meilleures conditions pour sa première saison à l’étranger. 

Bilan : 6/10

On en attendait beaucoup. Il faut dire qu’il arrivait avec certaines références : vainqueur de l’Euro 2016, plus de 50 capes internationales, capitaine du FC Porto. Et qu’il était censé devenir ce fameux numéro 6, capable à la fois de protéger sa défense, d’être une rampe de lancement de l’arrière et de marquer des buts de la tête.

Le contrat n’est que partiellement rempli. Il a en fait souvent joué en défense, n’a pas montré l’aisance technique nécessaire pour être un premier relanceur efficace et n’a marqué qu’un but de la tête.

Néanmoins, le bilan reste bon et il constitue un véritable atout dans ce PSG. En particulier parce qu’il a un profil inédit et des caractéristiques physiques rares dans l’effectif parisien. Et comme il a en outre montré qu’il avait un super état d’esprit et qu’il pouvait dépanner efficacement en défense, il pourrait bien encore rendre de précieux services la saison prochaine.

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