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Analyses Saison 2020-2021

Les progrès offensifs d’Idrissa Gueye

Après Marco Verratti et Leandro Paredes, Idrissa Gueye est le troisième milieu de terrain étudié dans le cadre de nos bilans individuels. Toujours aussi actif défensivement, le Sénégalais de 31 ans a montré des progrès dans l’utilisation du ballon. Sa saison reste néanmoins entachée de deux expulsions en Champions League, dont une en demi-finale face à Manchester City. Retour en chiffres et en graphiques sur l’exercice 2020-2021 du numéro 27 parisien.   

On a aiméOn a moins aimé
Ses prises de risques balle au piedDes expulsions et une erreur coûteuses
Son abattage défensifLe plafond de verre de la Champions League

On a aimé

Ses prises de risques balle au pied

S’est-il fait violence ou a-t-il pris conscience de ses qualités ? En tous les cas, le Gana version 2020-2021 a montré beaucoup plus de choses balle au pied que son prédécesseur. Pour le plus grand bonheur de son équipe.

Par quoi commencer ? Les tirs, par exemple. Le Sénégalais a frappé 19 fois au but en Ligue 1, soit 1.1 tir par 90 minutes. Il s’agit de sa meilleure moyenne depuis son départ de Lille en 2015.

Si sa moyenne de tirs ne dépareille pas avec les autres milieux du PSG (leur moyenne générale est de 1.2), la distance des frappes, elle, en fait un élément à part : excepté Paredes, aucun joueur parisien n’a une proportion de tirs de loin aussi forte. 14 de ses 19 tirs ont en effet été déclenchés d’en-dehors de la surface, soit 74 %.

Il est même allé jusqu’à tirer trois fois de loin au cours d’un même match (face à Lorient). Seul Neymar a fait plus cette saison en Ligue 1 (4).

S’il n’a pas marqué face aux Merlus malgré ses trois tentatives, ses frappes de loin contre Angers (6ème journée) et Strasbourg (17ème) ont quant à elles fait mouche. Le point commun de ces deux buts ? Il les a inscrits quelques minutes après avoir fait son entrée en jeu : 8 minutes exactement contre l’équipe de Moulin, sur une frappe légèrement déviée ; et 10 minutes après avoir fait son apparition contre les Alsaciens d’un splendide tir tendu d’encore plus loin que face au SCO.

On ne sait pas si Pochettino avait regardé les matches de la première partie de saison du PSG, mais en tous les cas, il a dû espérer que Gueye réédite cet exploit de marquer peu après son entrée sur le terrain puisqu’il l’a fait entrer cinq fois en jeu en 2021. Sans succès malheureusement.

En regardant ses stats en carrière, on se rend compte que c’est la saison 2019-2020 qui fait figure d’exception. C’est en effet la seule saison où il avait pris moins de tirs de loin que de l’intérieur de la surface.

Retour à la normale donc cette saison, avec exactement les mêmes stats que lors de sa dernière saison en Premier League (14 tirs de loin et 5 de l’intérieur de la surface). Sauf qu’il n’avait pas marqué avec Everton en 2018-2019 alors qu’il a marqué deux fois avec Paris cette saison.

Avec deux buts inscrits, il est même le meilleur buteur parmi les milieux de terrain parisiens cette saison (à égalité avec Danilo). Et en ce qui concerne les buts de loin, seul Mbappé a fait mieux que lui. 

Outre ses buts et ses tirs de loin, Gueye se signale dans les stats de la saison par sa capacité à faire progresser le ballon. Des prises d’initiatives bienvenues dans une équipe qui a parfois tendance à laisser tout le monopole de la créativité à Neymar ou Verratti.

Ce qui marque à la lecture de ses stats, c’est non seulement son classement parmi les tout meilleurs parisiens pour faire avancer le ballon, mais aussi sa progression par rapport à la saison dernière.

En cumulé, conduite plus passes, il est le cinquième parisien qui fait le plus progresser le jeu du PSG en Ligue 1. Avec 215 mètres, c’est plus particulièrement par la conduite qu’il se distingue puisqu’il est sur le podium parisien de la saison !

Seuls Neymar et Verratti font, en moyenne, plus avancer le ballon en le portant que Gueye. Les 409 mètres qu’il a gagnés de cette manière à Bordeaux (28ème journée) constituent même la deuxième performance de la saison d’un Parisien (derrière les 463 de Verratti face à Montpellier).

Comme évoqué précédemment, l’évolution des mètres gagnés par Gueye entre sa première et sa deuxième saison est assez nette, notamment par la conduite de balle (+ 24 %).

Le « volontarisme » balle au pied de Gueye se voit aussi dans ses stats de dribbles : avec plus de deux dribbles par match, il est dans la moyenne haute des milieux parisiens.

Pourtant peu réputé pour ses qualités techniques, le Sénégalais n’a pas hésité à percuter balle au pied, y compris en éliminant son adversaire direct. Parmi les milieux, il n’y a que Verratti et Rafinha qui dribblent plus souvent que lui.

Ses 1.4 dribbles réussis par 90 minutes le positionnent au 7ème rang de tout l’effectif. Et il n’a pas à rougir de son taux de réussite puisque ses 67 % le situent, là aussi, au 7ème rang d’un groupe qui compte pourtant de sacrés artistes.

Le numéro 27 qu’il porte dans le dos a fini par faire effet… Comme Pastore, les gros matches ont tendance à l’inspirer. C’est en effet face à Lille et Monaco qu’il a tenté le plus de dribbles. Et si l’on sort de la Ligue 1 pour se pencher sur ses stats en Champions League, il faut relever son sans faute dans ce domaine lors de la double confrontation face au Bayern avec 4 dribbles réussis sur 4.

Bref, que ce soit par ses tirs, ses conduites de balle ou même ses dribbles, Gueye a montré qu’il était capable d’initiatives très intéressantes et qu’il pouvait être autre chose qu’un milieu uniquement récupérateur.

Son abattage défensif

Cela ne surprendra personne mais les stats confirment qu’Idrissa Gueye est un monstre défensif. Avec 3.6 tacles réussis par 90 minutes, il est le meilleur Parisien dans ce secteur en Ligue 1.

En ne retenant que les joueurs à plus de 1000 minutes jouées, il figure même dans le Top 10 de toute la Ligue 1, alors même que le PSG n’est pas une équipe où l’on tacle souvent puisque le ballon est le plus souvent en leur possession.

Il a à son actif huit matches à 100 % de tacles réussis dont un magnifique 6/6 face au Bayern ou encore un 7/7 face à Marseille.

Plus globalement, sa double confrontation face au Bayern a tout de la Masterclass : il n’a pas raté un tacle (9/9 en tout). A cela il ajoute 13 ballons récupérés et 67 actions de pressing réalisées (plus hauts totaux du quart de finale).

D’ailleurs ses stats de pressing sont tout aussi impressionnantes que celles des tacles. Avec 7.3 pressings réussis il est là aussi le meilleur Parisien en Ligue 1 (encore devant Rafinha) :

Il est en outre l’auteur de quatre des six plus gros matches en termes de pressings tentés. Il est monté jusqu’à 45 à Lyon, plus haut total pour un Parisien sur un match cette saison. Son taux de réussite global sur la saison est en outre plutôt bon (33 %).

On peut égrainer les indicateurs défensifs à l’envie, il y a toujours Gueye et les autres. Par exemple, avec 8.2 ballons récupérés, il devance encore tous ses coéquipiers.

Les six milieux de terrain étudiés dans cette série d’articles sont d’ailleurs aux six premières places de tout l’effectif du PSG. Et là aussi, avec 14 ballons gagnés face à Nice en février, il est l’auteur de la meilleure performance sur un match d’un joueur de la capitale cette saison (et même de 4 des 8 plus hauts totaux sur une rencontre).

On a moins aimé

Des expulsions et une erreur coûteuses

Et si ? Et si Gueye ne s’était pas fait expulser à la 77ème minute de la demi-finale aller de Champions League face à City ? On ne va pas réécrire l’histoire car, sur l’ensemble des deux matches, les troupes de Guardiola méritent leur qualification. Pourtant, on ne peut s’empêcher de penser que ce carton rouge aurait pu être évité et que la tournure des événements aurait pu s’avérer différente.

Dans ce match face à Manchester City, il est d’ailleurs celui par lequel tous les malheurs sont arrivés puisqu’il est aussi l’auteur de la faute qui amène le coup-franc assassin de Mahrez pour le 2-1. Fatigué à force de courir partout, il aura perdu sa lucidité avec cette faute bête et cette expulsion six minutes plus tard, ruinant tous les espoirs Parisiens de come-back. Ses deux seules fautes commises du match auront donc été fatales au PSG.

Ce n’était en outre pas une première cette saison puisqu’il avait déjà été expulsé à Leipzig pour le compte de la 3ème journée de la compétition. Trois fautes commises lors de cette rencontre pour deux cartons jaunes et une expulsion. Et s’il avait été plutôt bon avant son carton rouge face à City, sa performance en Allemagne fut beaucoup plus mitigée. Il a notamment beaucoup souffert face à Haidara et a d’ailleurs commis ses deux fautes synonymes de cartons jaunes contre le Malien. Là aussi, le score était déjà défavorable à son équipe, mais son expulsion enterrait presque tout espoir de retour.

Alors que l’on avait vanté la saison dernière son habileté avec le corps arbitral en étant très rarement sanctionné de cartons jaunes pour les nombreuses fautes qu’il commettait, il a subi un violent retour de bâton cette saison avec ses deux expulsions en Champions League (pour cinq fautes commises lors de ces rencontres) ou encore ses deux jaunes face au Barça pour quatre fautes commises en tout.

En Ligue 1, les trois matches où il a commis le plus de fautes (5 à Montpellier et St Etienne, 4 face à Nîmes), il n’a en revanche pas été sanctionné d’un avertissement.

Il est le milieu parisien qui commet le plus de fautes en Ligue 1 (2/90 min). Il n’y a même que deux joueurs dans tout l’effectif parisien qui en font plus que lui (Kurzawa et Neymar).

Difficile au final de lui en vouloir tant ses fautes sont souvent la résultante d’une énorme débauche d’énergie pour défendre à la place de certains.

On n’en dira pas forcément autant de son erreur à Geoffroy-Guichard lors du tout premier match coaché par Pochettino. Si on veut là aussi réécrire l’histoire, ce match nul à St Etienne (1-1) et les deux points perdus coûtent au final très cher. Et impossible donc de ne pas regretter son erreur de la 19ème minute quand, servi dos au but à l’entrée de sa propre surface par Kehrer, il va laisser échapper le ballon dont profiteront les Stéphanois pour marquer par l’intermédiaire de Hamouma.

Le plafond de verre de la Champions League

Non, nous n’oublions pas l’énorme performance de Gana face au champion d’Europe en titre, le Bayern Munich, en quart de finale de Champions League. Mais, oui, ses stats sur la scène continentale sont bien plus basses que lors des joutes nationales. Comme la plupart de ses coéquipiers, certes, mais dans une plus grande ampleur le concernant.

En terme de volume de jeu tout d’abord, c’est le jour et la nuit :

En Ligue 1, il est le deuxième joueur de tout l’effectif au nombre de ballons touchés (112, à égalité avec Paredes). Mais en Champions League, il chute à la onzième place (juste au-dessus de Danilo) avec seulement 64 ballons joués. Une baisse de 75 % entre les deux compétitions !

C’est la même tendance, en pire, pour le nombre de passes réussies qui sont plus de deux fois moins nombreuses en Champions League. Pour ces deux stats, c’est lui qui présente les plus gros écarts de tout l’effectif entre les deux compétitions.

Outre la baisse de son taux de passes réussies (92.6 % d’un côté, 86.4 % de l’autre), ses limites techniques apparaissent au grand jour avec d’autres indicateurs. Son taux de ballons perdus passe de 10 % à 14%.

C’est surtout dans son incapacité à faire progresser le ballon, secteur où il excelle en Ligue 1, que l’on voit ses lacunes au plus haut niveau.

Alors qu’il est dans le Top 5 de l’effectif en Ligue 1 pour faire avancer le ballon, il est 18ème (sur 22) en Champions League !

Il passe en effet de 598 à 236 mètres gagnés toutes les 90 minutes. Une baisse de 153 % entre les deux compétitions qui est là aussi la plus forte enregistrée parmi l’ensemble des joueurs du PSG.

Ses passes réussies vers le dernier tiers et ses passes progressives baissent elles aussi drastiquement.

Son rôle est certes différent et on lui demande certainement moins de prendre des responsabilités balle au pied en coupe d’Europe. Néanmoins, même dans le domaine défensif, ses stats sont en recul : il passe par exemple de 8.2 à 6.6 ballons récupérés en passant de la Ligue 1 à la Champions League. Ses tacles réussis sont également en diminution (de 3.6 à 3.3).

Bilan : 6.5/10

Décomplexé, il a plus osé. Timide avec le ballon pour sa première saison dans la capitale, il a davantage pris ses responsabilités en 2020-2021. Ultra actif défensivement, il a su se rendre indispensable en délivrant des prestations de très haut niveau dans des matches couperet (face au Bayern notamment). Le seul bémol, qui n’est pas mineur, c’est qu’il a aussi montré certaines limites, notamment techniques, quand l’intensité adverse s’est faite plus forte. Le bilan reste néanmoins largement positif.   

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