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PSG-Lille (2-1) : Un changement tactique salvateur

Mal embarqué face aux Lillois, le PSG a trouvé son salut grâce à une dernière demi-heure de feu marquée par un changement d’organisation. En effet, à la 65ème minute, Pochettino a sorti ses deux latéraux (Dagba et Mendes pour Kehrer et Bernat) et fait reculer Danilo en défense centrale pour passer en 3-4-3. Un changement qui a produit des effets considérables sur le jeu parisien, aussi bien avec que sans le ballon. Analyse.

Revenons tout d’abord sur les différentes organisations du PSG face à Lille :

Ce qui va nous intéresser dans cet article c’est l’analyse comparée des stats entre le 4-3-3 des 65 premières minutes et le 3-4-3 des 25 suivantes.

La comparaison des stats, offensives et défensives, du PSG avant et après le changement de système de la 65ème minute est éloquente :

En terme offensif tout d’abord : les Parisiens ont plus tiré lors des 25 dernières minutes qu’au cours des 65 premières (9 à 8). Ces 9 tirs ont généré 1.3 expected goals (source : understat.com) et ont surtout abouti aux deux buts salvateurs (Marquinhos 74ème, Di Maria 88ème).

Outre les deux buts, les occasions furent en effet nombreuses : on pense notamment aux têtes de Danilo (66ème) et de Marquinhos (69ème) sur corners et, surtout, aux deux énormes opportunités d’Icardi : de la tête à la 73ème sur un magnifique centre de Di Maria et la frappe croisée déviée in extremis par Grbic à la 85ème sur un amour d’extérieur du pied de Neymar.

Toutes ces occasions et ces buts sont donc concentrés entre la 66ème et la 89ème minute. 20 grosses minutes où le PSG a enchainé les mouvements offensifs et mis une grosse pression sur la défense lilloise pour un total de 9 tirs et 2 buts !

En terme d’expected goals, la courbe du PSG (en bleu) prend un sacré coup de boost après l’heure de jeu !

Au total, Paris a tiré 13 fois en 2ème mi-temps, ce qui constitue son record sur 45 minutes cette saison :

Les 13 tirs du second acte ont donc succédé aux 4 du premier qui constituent à l’inverse un record de médiocrité cette saison.

Il est sûrement un peu simpliste de rendre uniquement responsable le changement tactique de la 65ème minute mais la correspondance d’un passage à trois centraux (qui avait déjà fait ses preuves face à Leipzig) et d’un jeu collectif plus huilé est assez troublante.

La stat des dribbles vient confirmer cela : alors que les Parisiens avaient usé et abusé du dribble pendant une heure, le plus souvent faute de solution collective, ils n’ont quasiment plus utilisé cette arme individuelle passée l’heure de jeu.

Le site Whoscored.com comptabilise en effet 19 dribbles tentés avant le remaniement tactique contre seulement 5 après !

Le changement d’organisation et de style se voit aussi dans les stats de centres. Les données ci-dessous illustrent le fait que les PSG a très peu centré lors du premier acte (2 centres), et beaucoup plus après la pause (11 centres).

Le nouveau système avec deux vrais pistons, associé au fait d’être mené et d’avoir besoin de mettre plus rapidement le ballon dans la boite, a permis au PSG d’être plus efficace sur les côtés et de plus centrer.

Et même si ce ne sont pas spécialement les pistons qui ont centré (2 pour Mendes quand même), le fait d’avoir des latéraux plus hauts leur a permis de mieux combiner avec les offensifs et donc d’offrir des positions de centres à Di Maria notamment (9 centres).

On a la confirmation d’un positionnement des latéraux plus hauts suite au changement de joueurs avec la stat des ballons joués dans le camp adverse : Dagba a joué 64 % de ses ballons dans la partie de terrain lilloise et Mendes 82 % ! Ce n’était pas le cas avec les titulaires du poste du soir puisque Kehrer a plus souvent joué dans son camp (48 %) et Bernat a fait à peine mieux (56%)

Ci-dessous, la localisation des ballons touchés par Mendes avec 18 de ses 22 ballons dans le camp adverse :

En résumé, le passage à trois centraux a permis de moins dribbler, plus centrer, plus tirer au but et au final de marquer à deux reprises.

OK, mais tout ça ne s’est-il pas fait au détriment de la solidité défensive ? Non, c’est même l’inverse. Le PSG qui se faisait régulièrement ouvrir en première mi-temps a resserré les boulons en deuxième. Le changement tactique de l’heure de jeu n’est pas le seul responsable mais la dernière demi-heure correspond à une période où les Dogues sont inoffensifs.

Alors qu’ils avaient frappé 9 fois eu but avant le passage à trois centraux, ils n’ont plus tiré qu’à deux reprises ensuite. En terme d’expected goals , c’est encore plus flagrant : 1.7 xG pour les Lillois lors des 65 premières minutes (et 1 but) contre seulement 0.1 après !

Mieux organisés sur le terrain avec notamment 4 joueurs au milieu (les deux pistons et les deux milieux) pour contrecarrer le 4-4-2 lillois, les Parisiens se sont mis à gagner les duels et récupérer le ballon plus vite et plus haut.

On le voit avec les graphes ci-dessous :

Les courbes ci-dessus montrent la montée en puissance des Parisiens dans les duels et surtout que la bascule à l’heure de jeu correspond au moment où ils ont enfin remporté la majorité des duels.

Les deux graphes ci-dessous témoignent eux du positionnement plus haut sur le terrain du PSG en deuxième mi-temps, et surtout de la meilleure efficacité du pressing :

L’indicateur retenu ici pour mesurer le pressing est le PPDA (soit le nombre de passes permises à l’adversaire avant une intervention). Il était de 20 en première mi-temps et il est passé à 6 en deuxième. Le pic est de 3.3 après la 76ème minute. Preuve que les Parisiens en avaient sous le pied…

D’ailleurs, pour la première fois de la saison, les Parisiens ont des stats de pressing plus importante (en volume tenté) que leur adversaire du soir (140 à 121).

Le passage à trois centraux permet notamment à Marquinhos d’être plus libre dans ses initiatives et de venir notamment presser au milieu de terrain où il excelle.

On en a eu la démonstration sur le premier but face à Lille. Au début de l’action, Marquinhos est déjà positionné haut sur le terrain. Rassuré par le passage à trois centraux, il va faire une course vers l’avant pour gêner le porteur lillois (Sanches) :

Les Lillois ont donc reculé et quand il voit Neymar prersser Ceylik près du poteau de corner, il accompagne le mouvement :

La touche ayant été gagné, il se retrouve étonnamment positionné côté gauche et c’est même lui qui est le destinataire de la remise en jeu effectuée par Neymar (un cas de figure sûrement travaillé à l’entraînement !) :

Ensuite, le capitaine parisien effectue un excellent déplacement dans la surface :

Image

Et il marque le but égalisateur :

Image

Marquinhos aurait-il autant poursuivi son action avec seulement deux centraux ? Là encore, il faut éviter les raccourcis faciles et ne voir cette amélioration du pressing que par le prisme du changement de système mais il semble bien y avoir plusieurs effets favorables. A vérifier sur la durée.

En conclusion, Paris a mieux attaqué après le changement tactique et a moins concédé d’occasions. Le renversement du score n’est donc pas le fruit du hasard mais est venu récompenser les progrès parisiens dans le jeu par rapport à une première heure assez catastrophique.

La question est maintenant de savoir si Pochettino fait la même analyse et s’il reconduira un système qui semble plus efficace ou s’il préfère le garder pour les situations désespérées.

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