Le plus mauvais PSG de l’ère QSI (volet 4/4) : Un flagrant manque d’agressivité sans le ballon
Pour terminer notre démonstration faisant du PSG actuel le moins bon de l’ère QSI, nous avons isolé les stats disponibles relatives au jeu sans ballon (pressing, ballons récupérés, tacles…). Et la conclusion est encore une fois sans appel : ce PSG version Pochettino fait preuve d’un gros manque d’investissement à la perte du ballon.
On commence avec un indicateur d’évaluation du pressing, le PPDA qui mesure le nombre de passes que peut réaliser dans son camp l’adversaire avant une intervention parisienne. Avec 9.1 après un tiers des matches disputés, le PSG présente son plus mauvais niveau depuis que la stat est disponible :
Alors qu’il tournait à 7.1 depuis 2014, l’intensité du pressing parisien a sérieusement fléchi en 2021-2022. Lors des 6 matches de Ligue 1 sur 13, dont les 3 derniers, le niveau de PPDA fut même supérieur à 10 (19.4 à Bordeaux).
Ce pressing déficient est confirmé par les stats du site www.fbref.com qui s’intéresse lui aux pressions mises sur le porteur adverse. Les pressings considérés comme réussis sont ceux qui permettent à l’équipe de récupérer la possession dans les cinq secondes suivant la pression.
Si le nombre de pressions réalisées est stable par rapport à la saison dernière, celui des pressings gagnants est lui en baisse. Le taux de succès en matière de pressing est donc en diminution sensible (de 32 % à 28 %).
Les données sont comparables dans le temps car le taux de possession du PSG a peu varié durant les saisons concernées (entre 60 et 62 %).
Le taux de réussite des pressings est l’un des plus bas de Ligue 1, mais cela est aussi dû au fait qu’une partie importante des pressions parisiennes a lieu dans sa propre zone offensive où les taux de réussite sont moindres qu’en défense.
Il faut croire que l’ajout de Messi (1.9 pressing réussi par 90 minutes) à une formation déjà peu encline aux efforts de contre-pressing (2.3 pour Mbappé) n’a pas amélioré les choses…
Outre le pressing, d’autres indicateurs défensifs sont le reflet d’un manque flagrant d’agressivité sans ballon, à commencer par les tacles :
Avec moins de 25 tacles tentés par rencontre, le PSG de Pochettino est sur des bases extrêmement faibles. Sous QSI, il n’y a qu’en 2013-2014 que le PSG a moins taclé. Et même en corrigeant ces données de tacles du taux de possession (qui influe sur le nombre de tacles réalisables), la saison en cours est clairement en-deçà des précédentes.
Anecdote révélatrice : c’est Rafinha, pas réputé pour être un défenseur acharné, qui présente la meilleure moyenne de tacles à la minute de tout l’effectif (7.3 par 90 minutes). Verratti, par exemple, est passé d’une saison à l’autre de 6.1 à 4.8 tacles tentés par 90 minutes.
On continue notre panorama des stats sans ballon qui confirment une à une le manque d’agressivité des Parisiens cette saison : alors qu’ils récupéraient environ 55 ballons par match les deux saisons écoulées, la moyenne est de 45 pour cet exercice.
Les données d’interceptions viennent elles aussi confirmer ce phénomène :
Le PSG égale pour le moment cette saison sa plus mauvaise moyenne d’interceptions par rencontre (8.8, comme en 2017-2018). Sa moyenne sur la période 2011-2021 est de 13.8.
Là aussi, même en corrigeant du taux de possession, la performance de la saison en cours reste la plus mauvaise. Et là encore, c’est Rafinha le Parisien qui se distingue avec 1.6 « steals » par 90 minutes, à égalité avec Nuno Mendes.
Pour en terminer avec le manque d’implication sans ballon des Parisiens version 2021-2022, nous avons regardé les stats de fautes commises. Elles sont certes très dépendantes de l’arbitrage et des adversaires rencontrés, mais vont elles aussi dans le sens d’un déficit d’agressivité :
En effet, c’est la 1ère fois en 11 saisons que le PSG n’atteint pas la barre des 10 fautes commises par rencontre. La moyenne des 10 saisons précédentes est de 12 fautes.
Bernat et Kurzawa qui étaient les plus sanctionnés la saison dernière sont beaucoup moins présents cette saison. Surtout Verratti et Gueye ont baissé leur niveau de fautes et Neymar qui tournait à plus de 2 fautes par 90 minutes en 2020-2021 n’est plus qu’à 0.9.
Bref, tous les indicateurs en terme de jeu sans ballon (pressing, tacles, fautes…) témoignent d’un défaut d’agressivité flagrant et positionnent le plus souvent ce PSG en queue de classement dans l’histoire récente du club.
On en a donc terminé avec l’analyse du jeu du PSG, en Ligue 1, après un tiers de compétition. La comparaison avec les saisons antérieures situe assez clairement, aussi bien pour les aspects avec que sans ballon, le PSG 2021-2022 comme le moins bon depuis que QSI a pris les commandes du club de la capitale.
Le dernier graphique ci-dessous fait bien la synthèse de toutes les datas analysées en mettant en évidence l’écart entre les expected goals du PSG et ceux de ses adversaires :
Depuis deux saisons, mais particulièrement pour l’exercice en cours, on voit que le PSG n’est plus aussi dominateur qu’il le fut par le passé. Il n’y a en effet plus qu’un but d’écart entre les xG et xGA alors que la moyenne entre 2014 et 2020 était de 1.6.
Notre intention, avec cette analyse, n’est pas de critiquer Pochettino et son staff mais simplement d’essayer d’objectiver ce que, à l’oeil nu, la pauvreté des prestations parisiennes nous révélait déjà en partie. Les stats ne sont que le reflet de la réalité du terrain.
Bien sûr, avec un peu de temps, une montée en puissance physique et un effectif de cette qualité, il est tout à fait possible et souhaitable que les choses s’améliorent. Après tout, comptablement, le PSG réussit un début de saison exemplaire : 11 victoires en 13 matches, soit 34 points (contre seulement 27 selon le modèle des expected goals…). On suivra évidemment cela de près sur le site et on refera un bilan à mi-championnat au moment des fêtes de fin d’année.
Liens utiles :
- Le 1er volet de cette analyse du jeu parisien : un réalisme offensif en trompe-l’oeil
- Le 2ème volet de cette analyse du jeu parisien : un jeu collectif insuffisant
- Le 3ème volet : une défense plus sollicitée que jamais