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Analyses Saison 2021-2022

Qu’apportent réellement Achraf Hakimi et Nuno Mendes par rapport à Florenzi et Bakker ?

Arrivés au PSG tous les deux au mercato estival, Achraf Hakimi et Nuno Mendes étaient très attendus compte tenu des difficultés parisiennes sur les postes de latéraux depuis plusieurs saisons. Cette trêve internationale est l’occasion de faire un point sur leurs performances. En synthèse : peuvent mieux faire.

DomainesQuel latéral apporte le plus ?
AttaqueAchraf Hakimi
Participation au jeuNuno Mendes
Progression du ballonAchraf Hakimi
DéfenseNuno Mendes

Pour évaluer l’apport d’Hakimi et Mendes, nous avons comparé leurs stats après 13 journées de Ligue 1 (12 matches disputés par le Marocain et 7 par le Portugais) avec celles des titulaires de la saison passée, à savoir Florenzi (18 titularisations) et Dagba (15) à droite, Bakker (18 titularisations) et Kurzawa (15) à gauche.

Nous avons classé les stats en quatre catégories : efficacité offensive, participation au jeu, capacité à faire progresser le ballon et interventions défensives.

Les stats ont été ramenées à une moyenne sur 90 minutes pour faciliter les comparaisons et apparaissent dans les tableaux ci-dessous avec un dégradé de couleurs qui permet de hiérarchiser les six joueurs analysés.

On commence par la production offensive, avec un gros avantage pour Hakimi :

L’ancien joueur de l’Inter, auteur de 3 buts en Ligue 1 (à Troyes en ouverture puis un doublé à Metz), devance nettement la concurrence. Il faut dire qu’à lui seul en 12 matches, il a presque fait aussi bien que les quatre titulaires de la saison passée (4 buts pour Florenzi, Dagba, Kurzawa et Bakker en cumulé).

En outre, le Marocain ajoute à cela 2 passes décisives (à Brest et Reims), un total seulement atteint par Bakker en 2020-2021. Il est donc le 3ème joueur le plus impliqué dans les buts parisiens cette saison en championnat :

Il est aussi le latéral qui délivre le plus de passes clés (1.2/90 minutes). S’il n’a pas réussi la performance de Florenzi la saison passée (5 face à Marseille pour son 1er match), il en a réussi 3 fois deux fois consécutivement (à Brest et Reims) ; une marque jamais atteinte par Dagba et Kurzawa la saison passée. Hakimi reste néanmoins sur 5 matches consécutifs (Champions League comprise) sans passe clé.

Son apport offensif transparaît également dans son nombre de ballons joués dans les 18 mètres adverses : avec 3.6 par 90 minutes, il devance nettement les 5 autres joueurs de notre analyse qui plafonnent à 2.1 de moyenne. Dans ce domaine, les rivaux d’Hakimi ne sont pas les latéraux actuels ou passés mais les attaquants de l’équipe puisqu’il n’y a que Mbappé (116) et Neymar (44) qui font mieux que lui (35) en touches cumulées dans la surface depuis le début de saison :

Il n’y a qu’en matière de centres qu’Hakimi déçoit pour le moment. Il tourne à 0.6 réussis par 90 minutes, une moyenne inférieure à celle de Florenzi (1.3) et Nuno Mendes (0.9). Encore plus embêtant : il reste sur 12 matches consécutifs sans centre réussi (0/10) et n’a donc plus trouvé un partenaire sur un centre depuis le match à Reims fin août comptant pour la 4ème journée de Ligue 1 :

Ce n’est qu’une demi-surprise puisqu’à l’occasion de l’étude de son profil on avait déjà mis en évidence qu’il n’avait pas des stats extraordinaires en matière de centres.

La grosse déception de ces stats offensives provient pour le moment de Nuno Mendes. L’un des grands espoirs mondiaux au poste de latéral gauche n’a quasiment rien montré de positif dans le dernier tiers du terrain.

Il n’a non seulement ni marqué ni donné de passe décisive, mais il n’a en outre tiré qu’une seule fois (contre Lyon), n’a donné que 2 passes clés (à Rennes et Marseille) et n’a réussi que 4 centres (dont 3 à Rennes) en 7 matches de Ligue 1.

Et ce n’est guère mieux en Champions League : 1 centre, 3 passes clés mais aucun tir en 4 matches. On sent que le potentiel est là, mais le Portugais est pour l’instant loin de ses stats de Liga Nos (0.7 tir, 1.5 centre et 1.2 passes clés par 90 minutes).

Le plus fou est qu’il produit surtout moins de choses que les latéraux parisiens de la saison passée qui n’étaient pas vraiment des Cafu en puissance. Les quatre latéraux de 2020-2021 faisaient en effet mieux que lui en termes de passes clés et touches dans la surface. Sans même parler de buts et passes décisives pour lesquels il est pour le moment vierge de toute production.

On poursuit notre analyse comparative des latéraux avec les stats relatives à la participation au jeu de l’équipe :

Ce n’est cette fois pas Hakimi qui domine ce domaine statistique mais l’autre néo-parisien à savoir Nuno Mendes.

Pour évaluer la contribution à l’élaboration du jeu de l’équipe, nous avons sélectionné six indicateurs et le Portugais domine l’ensemble de notre panel sur quatre d’entre eux.

Il est tout d’abord celui qui élimine le plus facilement ses adversaires directs. Le site spécialisé Whoscored le crédite de 1.1 dribble réussi par 90 minutes. Il faut dire qu’il est aussi celui qui tente le plus de dribbles (2.7). Son taux de succès dans ses initiatives n’est pour le moment pas très bon (42 %) et en-deçà de sa moyenne de la saison précédente (54%), mais il a le mérite d’être dans la provocation, ce que ne faisaient pas Kurzawa (1.5) et Bakker (1.6).

Logiquement, Mendes est donc aussi celui qui provoque le plus de fautes (1.3/90 minutes). Il en a provoqué 6 en 7 matches de Ligue 1 : c’est plus qu’Hakimi en 12 rencontres et déjà presque autant que Kurzawa sur toute la saison dernière (7).

Dans tout l’effectif parisien, Mendes est même un de ceux qui provoquent le plus de fautes :

On a pu constater que l’ancien du Sporting n’a pas peur d’aller au duel : avec 12.4 duels/90 minutes, il est le 3ème parisien dans cette catégorie. Il en gagne la majorité (6.4) et domine assez nettement dans ce domaine l’ensemble des latéraux étudiés ici.

Mais cette activité se fait bel et bien au bénéfice du collectif puisque qu’avec 0.7 xG Chain, il est le latéral qui contribue le plus aux offensives parisiennes se terminant par un tir.

Les ballons perdus constituent néanmoins le péché mignon du numéro 25 parisien. Il en perd en moyenne 13 par 90 minutes, ce qui représente 17 % des ballons joués. Le ratio n’est vraiment pas bon et au-dessus des latéraux de notre panel. Cette faiblesse dans son jeu avait été identifiée avant son arrivée puisqu’on avait mis en évidence qu’il égarait 26 % des ballons qu’il jouait avec le Sporting.

La technique du joueur n’est pas en cause. Il s’agit plutôt d’un problème de concentration et d’évaluation des risques pris. D’ailleurs avec 86 % de passes réussis, Mendes fait partie des mauvais élèves de la classe PSG :

Et certes Bakker et Dagba ne perdaient que 13 % des ballons joués, mais la prise d’initiatives était alors minime. Mendes est un tout autre joueur, plus attiré par la prise de risques.

Hakimi, au profil similaire, présente néanmoins des stats moins fortes : il dribble moins que son homologue, dispute moins de duels et subit moins de fautes. C’est d’ailleurs à se demander si le Marocain n’est pas un peu bridé par le système à 4 arrières et les consignes de Pochettino.

Il présente en tous les cas des stats assez nettement en retrait par rapport à l’Inter (en noir) et Dortmund (en jaune) :

Son taux de dribbles réussies (36 %) est nettement moins bon que les saisons précédentes. Son nombre de dribbles réussis est par conséquent nettement en diminution. Il a la même moyenne de dribbles réussis que Bakker la saison dernière !

Il n’a en outre jamais si peu provoqué de fautes (4 fois moins qu’en Bundesliga !) et son apport aux offensives parisiennes est moyen et même inférieur à celui de Bakker…

Il est en revanche beaucoup plus à son aise en Champions League où il dribble plus (1.8 réussis contre 0.8 en Ligue 1) et provoque plus de fautes (1.3 contre 0.5).

On poursuit notre analyse comparative des latéraux actuels et passés du PSG avec des stats relatives à la progression du ballon :

Dans ce secteur, l’apport des recrues de l’été est clair et net : en termes de passes vers l’avant et de mètres gagnés, ils dominent quasi systématiquement leurs homologues de la saison passée.

Hakimi a effectué au moins une passe progressive lors de chaque match disputé et en a notamment réussi 8 face à Montpellier.

Leur volonté commune de jouer vers l’avant se voit aussi dans la proportion des mètres parcourus par leurs passes en direction du but adverse. Leur taux est au moins égal à 30 % alors qu’il n’est que de 26 % par exemple pour Dagba, grand adepte de la passe en retrait.

Mendes se signale aussi souvent par ses passes claquées vers l’avant, y compris dans le cœur du jeu. Il est néanmoins nettement en retrait par rapport à Hakimi concernant les mètres gagnés :

On voit sur le nuage de points ci-dessus qu’il a des stats de progression du ballon plus proches de celles de Bakker et Florenzi que d’Hakimi qui se démarque significativement. L’ancien de l’Inter a déjà réussi 3 matches de Ligue 1 à plus de 500 mètres gagnés en tout.

En matière de jeu long, nos deux nouveaux latéraux restent très timides, surtout comparativement à leurs moyennes de la saison dernière : 1.4 contre 1.9 tentées pour Hakimi et surtout 1.8 contre 4.6 au Portugal pour Mendes. C’est un peu comme si, en arrivant au PSG, des joueurs à l’aise pour balancer des transversales n’osaient plus allonger. Curieux…

Pour terminer cette étude comparative des performances des latéraux de la saison en cours avec ceux de la saison passée, nous avons regardé les stats à caractère défensif :

De manière un peu surprenante, c’est Nuno Mendes qui affiche les stats défensives les plus importantes. On sait que les stats sans ballon sont celles qui sont les plus complexes à analyser, donc il faut manier prudence ces résultats.

Néanmoins, indiscutablement, le Portugais est le latéral qui, sur les deux saisons analysées, presse le plus ses adversaires. Ce pressing lui permet d’ailleurs de récupérer un nombre important de ballons (5.3 contre 3.7 pour Hakimi).

Son pressing et sa volonté d’aller haut pour harceler ses adversaires lui permettent aussi d’afficher un volume important d’interceptions (1.6 contre 1 pour Hakimi). Il présente ici un point commun avec Kurzawa : sa défense peut être considérée comme à risque puisqu’il se jette beaucoup pour tenter d’intercepter le ballon. Cela se voit dans les stats avec ce total d’interceptions. Ce qui se voit moins en revanche ce sont les boulevards que cela peut provoquer dans son dos quand l’interception est ratée.

D’ailleurs, il commet plus d’une faute toutes les 90 minutes, ce qui est assez élevé.

En revanche, il tacle beaucoup (4.4/90 minutes) mais avec succès (3.3). Au global, il est le latéral qui produit le plus de stats défensives :

On convient que l’on est sur une évaluation quantitative et non qualitative de la prestation des latéraux. C’est un peu la limite des stats défensives.

Car il faut reconnaître que Mendes n’a pas été exempt de tout reproche défensivement parlant, que ce soit dans ses erreurs de placement ou des marquages aléatoires.

Ces remarques valent aussi pour Hakimi qui, contrairement, à Mendes, a du mal à réaliser des interventions qui viendraient en quelque sorte compenser les erreurs évoquées ci-dessus. Le Marocain presse moins, récupère moins, tacle moins que son compère Portugais.

Compte tenu des critiques récurrentes sur les latéraux de la saison passée (et de celles d’avant), du pedigree d’Hakimi et de la réputation de Mendes, on s’attendait à un écart colossal de performances et donc de stats entre les latéraux 2021-2022 et leurs prédécesseurs. Or, s’il y a bien un écart dans la plupart des domaines analysés, il n’est pas énorme : Mendes a pour le moment du mal à peser offensivement et Hakimi n’est pas très à l’aise défensivement.

Quelles explications peut-on trouver ?

  • Le système de jeu du PSG ne les met pas en valeur. Latéraux à profil offensif, ils seraient plus à l’aise en tant que véritables pistons avec trois centraux pour les couvrir, comme ils l’ont connu par le passé à l’Inter et au Sporting. Ils semblent pour le moment un peu bridés.
  • L’entente avec les attaquants n’est pas optimale : par leur positionnement très excentré le plus souvent (Messi à droite, Neymar à gauche), les offensifs parisiens bloquent en quelque sorte les montées des latéraux. En outre, il nous a semblé à plusieurs reprises que les attaquants, Di Maria en particulier, avaient oublié Hakimi sur certaines montées pour privilégier une option axiale avec Messi en particulier. Les associations restent à créer.
  • Il est trop tôt pour juger : à eux deux Hakimi et Mendes n’ont même pas 20 matches de Ligue 1 à leur actif. Les deux joueurs doivent s’adapter à un nouveau staff, des nouveaux coéquipiers, un nouveau championnat. On refera donc le bilan dans quelques mois.

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