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Analyses Saison 2022-2023

Défense centrale : quel bilan pour l’association Marquinhos-Ramos-Danilo ?

C’est un des choix tactiques forts de Galtier au PSG : une défense à trois centraux. Cette orientation, annoncée curieusement en conférence de presse dès la présaison, constitue une première dans l’histoire du club sous QSI. En effet, depuis 2011, la défense à 4 avait toujours été la norme quel que soit le coach aux manettes, malgré quelques tentatives de changement, jamais durables. Quel bilan peut-on faire de cette défense à trois axiaux et notamment du trio le plus souvent associé Marquinhos-Ramos-Danilo ? Analyse.

Choisie au départ des matches à 26 reprises en Ligue 1 (sur 38 matches) et 5 fois en Ligue des Champions (sur 8 possibles), la défense centrale à trois éléments a eu cette saison les faveurs de Galtier et de son staff :

Il y eut néanmoins quelques changements de système tout au long de la saison, que l’on peut résumer ainsi (pour la Ligue 1) :

  • Défense centrale à trois lors des 10 premières journées
  • Préférence pour une défense centrale à 2 de la 11ème journée (contre Marseille), à la 25ème (contre Lille) mais entrecoupée de quelques retours à trois (4 des 14 matches de la période)
  • Retour à la défense à 3 lors des 14 derniers matches de la saison, avec deux exceptions (contre Brest et Lorient)

C’est la première fois sous QSI que le PSG dispute la majorité de ses matches avec une défense à trois centraux. Jusque-là, ce système avait été très peu choisi par les différents coaches parisiens au départ des matches :

Depuis 2011, en Ligue 1, le PSG a commencé 88 % de ses matches avec une défense à quatre (le ratio est le même en Champions League : 89 %).

Il n’y a en fait réellement qu’en 2018-2019 avec Tuchel que l’on avait eu une alternance entre les deux systèmes défensifs.

C’est donc une petite révolution que Galtier a menée cette saison au PSG. Pour quels résultats ?

On a vu dans un article précédent sur le bilan défensif de la saison que le PSG a connu une des ses pires saisons défensivement parlant : plus d’un but encaissé par match, ce n’était plus arrivé depuis 2011-2012 :

Dans quelle mesure les performances des défenseurs centraux, en premier lieu Ramos, Marquinhos et Danilo, auteurs de 33 matches chacun, sont responsables de cette moyenne de buts encaissés quasi inédite ? C’est ce que nous allons essayer de voir.

Commençons par revenir sur les différentes associations défensives retenues par Galtier.

Avec un premier constat : au gré des blessures et des changements tactiques, il y eut beaucoup de turnover en défense centrale. On recense pas moins de 14 associations différentes ! Ce n’est pas un record mais il n’y a qu’en 2018-2019 que le PSG a fait pire (avec 18 compositions de départ différentes en défense centrale) :

On relèvera au passage qu’en 2016-2017, Emery n’a utilisé que 3 charnières défensives différentes (avec 3 joueurs : Marquinhos, Thiago Silva et Kimpembe)

On a recensé ci-dessous les 14 défenses centrales différentes alignées au coup d’envoi des matches du PSG en Ligue 1 cette saison :

Le trio Marquinhos-Ramos-Danilo, pas toujours dans cet ordre puisque sur la première partie de saison Ramos jouait à droite et Marquinhos dans l’axe, est l’association qui compte le plus de capes : 13 matches disputés.
On trouve ensuite deux associations à 5 « starts » : Ramos-Marquinhos-Kimpembe, et Ramos-Marquinhos.

S’en suivent 11 compositions de départ avec pour chacun un maximum de 2 titularisations. 7 associations n’ont joué qu’un match.

Intéressons-nous aux performances globales de ce trio Marquinhos-Ramos-Danilo qui, avec ses 13 matches, a fait son apparition dans le Top 10 des défenses centrales les plus utilisées par le PSG en Ligue 1 sous QSI :

Le record de matches des paires Marquinhos-Kimpembe (64) et Thiago Silva-Marquinhos (63) est loin mais notre trio est désormais la 7ème association la plus utilisée en Ligue 1 sous QSI.

Comment situer ce trio dans la hiérarchie des défenses centrales ?

Si l’on s’en tient aux résultats, bruts, il est presque tout en haut. En effet, le trio Marquinhos-Ramos-Danilo a connu 11 fois la victoire, pour un nul (à Reims) et une défaite (à Rennes) en 13 matches de Ligue 1. Cette moyenne de 2.6 points par match classe cette défense au 2ème rang des compositions avec au moins 10 matches de championnat, derrière les imbattables Thiago Silva-Kimpembe (33 victoires et 2 nuls en 35 matches) :

Bon d’accord, la moyenne de points est élevée mais elle ne dit rien de l’adversité et de l’impact de la défense centrale sur le résultat du match.

La moyenne de buts encaissés va nous en dire plus sur la solidité défensive de cette « charnière ».

Avec seulement 0.5 but encaissé par match, le trio Marquinhos-Ramos-Danilo est sur le podium des défenses centrales les plus hermétiques :

Avec un volume de matches bien plus conséquent, la paire Thiago Silva-Kimpembe est juste derrière eux avec 0.6 but encaissé par match.

Plutôt solide cette défense, non ?

Pas tant que ça en fait lorsque l’on regarde les tirs adverses (les expected goals n’étant disponibles que depuis 2014-2015 ils n’ont pas été pris en compte ici).

Avec 12.3 tirs subis par match, l’association principale de 2022-2023 fait partie des défenses centrales qui a laissé le plus de possibilités de frappes aux attaquants adverses. Il n’y a que 2 charnières qui font moins bien :

Bien sûr, la défense centrale n’est pas le seul responsable du nombre de tirs adverses et, le moins que l’on puisse dire, c’est que les défenseurs (et les milieux) n’ont guère été protégés par les attaquants la saison dernière au PSG.

Mais ce nombre de tirs subis par le PSG reste très élevé (la moyenne du PSG sous QSI est de 10.7 par match) et vient contrebalancer des premiers indicateurs positifs.

Alors qu’en conclure sur l’efficacité de notre trio ? Pour y voir plus clair nous nous sommes penchés sur les stats individuelles des trois concernés (Ramos, Marquinhos et Danilo) en les comparant à la moyenne des défenseurs centraux du PSG sous QSI.

Offensivement tout d’abord, en termes de buts marqués, chacun de nos trois protagonistes a marqué 2 buts en Ligue 1. Ce total de 6 buts inscrits par les défenseurs centraux fait plutôt bonne figure par rapport aux années QSI où la moyenne est de 5 :

Le record date de la saison précédente avec 10 buts (dont 5 de Marquinhos).

Les 6 buts ont tous été inscrits de la tête.

Mention spéciale à Sergio Ramos qui, d’une part, est le seul des trois à avoir un différentiel buts/expected goals favorable, et, d’autre part, ajoute une passe décisive (pour Messi contre Troyes) à ses deux buts.

Ce nombre de buts légèrement supérieur à la moyenne est le reflet d’une présence offensive assez soutenue de la part de notre trio. Que ce soit en nombre de tirs, ou de ballons touchés dans la surface, ils affichent tous les trois des stats légèrement supérieures à la moyenne des centraux sous QSI.

Petit bémol néanmoins : le faible nombre de tirs cadrés. 5 sur 22 pour Danilo (23 %), 4 sur 18 pour Marquinhos (22 %) et 7 sur 19 pour Ramos (37 %), encore une fois le plus efficace.

L’Espagnol se distingue aussi par sa capacité à faire progresser le ballon. Alors que ses coéquipiers sont inférieurs (Marquinhos) ou égaux (Danilo) à la moyenne des défenseurs centraux du PSG sous QSI, Ramos fait nettement mieux :

C’est notamment par la passe (502 mètres gagnés par match) que Ramos « gagne des mètres ».

D’ailleurs, dans tout l’effectif parisien, il n’y a que Verratti qui fait plus progresser le ballon que lui :

Si les stats de Danilo, notamment par la conduite de balle, sont plutôt bonnes, celles de Marquinhos en revanche sont nettement en retrait. Que ce soit par rapport à ses coéquipiers ou par rapport à ses précédentes saisons :

Il faut remonter à la saison 2017-2018 pour trouver trace d’une saison avec si peu de jeu vers l’avant de la part du capitaine parisien.

C’est évidemment par le jeu long que les défenseurs gagnent des mètres. Et à ce jeu-là c’est logiquement Ramos qui se distingue. Il est non seulement celui qui tente le plus de transversales (6.7 contre 3 pour Marquinhos) mais également celui qui affiche le taux de réussite le plus élevé (79 %).

Avec ses 158 passes longues réussies en Ligue 1 cette saison, Ramos intègre même le podium des meilleures performances dans le domaine parmi les défenseurs centraux du PSG sur un exercice de Ligue 1 :

Ramos est le seul Parisien à avoir réussi au moins 10 passes longues lors d’un match de Ligue 1 cette saison (15 contre Ajaccio, 11 à Angers). Contre les Corses, il a même égalé le record, pour un défenseur central du PSG sous QSI, du nombre de passes longues réussies sur un match (à égalité avec Sakho en octobre 2012).

A l’inverse, Marquinhos a semblé en panne de confiance dans cet exercice du jeu long. Au lieu de s’inspirer de la réussite de Ramos, il a retenu son pied toute la saison et ses stats de passes longues tentées sont en chute libre :

A 3 reprises cette saison (matches commencés comme titulaire), le Brésilien n’a pas tenté la moindre passe longue du match. Cela ne lui était pas arrivé une seule fois lors de ses 9 saisons précédentes dans la capitale.

Quelles conclusions tirer de cette comparaison des stats des défenseurs centraux balle au pied ?

Globalement, les 3 acteurs de 2022-2023 ne souffrent pas de la comparaison avec leurs prédécesseurs. Ramos va même jusqu’à faire nettement mieux, notamment dans sa capacité à faire avancer le ballon.

Et, au niveau défensif, ça se passe comment ?

C’est nettement moins glorieux et donc assez problématique puisque la première tâche des défenseurs centraux est évidemment de défendre.

Commençons par les duels. En moyenne sous QSI, un défenseur central du PSG gagne 60 % de ses duels. Cette saison en Ligue 1, il n’y a que Danilo qui a atteint ce taux. Marquinhos (58 %) et surtout Ramos (54 %) sont en-dessous :

Résultat : aucun des centraux de cette saison n’a gagné plus de 4 duels par match en moyenne alors que la « norme » parmi les défenseurs du PSG est de 4.3.

C’est notamment en raison de défaillances dans le domaine aérien que les stats de duels de notre trio sont si basses. Marquinhos ne gagne que 56 % de ses joutes dans les airs. Danilo et Ramos font légèrement mieux (61 % et 62 %) mais cela reste insuffisant par rapport à ce que l’on attend d’un central du PSG (66 %) :

Intéressons nous maintenant aux interventions purement défensives.

Avec un PSG plus en difficulté que jamais face aux offensives adverses (près de 12 tirs subis par match, record de médiocrité des 10 dernières saisons), et une défense très peu protégée par le milieu et l’attaque, les stats individuelles d’actes défensifs devraient être à leur maximum. Mais non. Même pas. C’est plutôt l’inverse.

Alors qu’un défenseur central du PSG effectue en moyenne environ 8 interventions défensives par match en Ligue 1 sous QSI, aucun joueur du trio Danilo-Marquinhos-Ramos n’atteint les 6 :

Cela signifie peu de tacles réussis, un faible nombre de dégagements et très peu d’interceptions. Il n’y a qu’en termes de tirs contrés que Marquinhos et Danilo sont productifs.

Avec seulement 62 % de tacles réussis (contre plus de 80 % pour Marqui et Danilo), Ramos a clairement affiché ses limites dans le un contre un. On a d’ailleurs vu précédemment que c’est lui qui a le taux de duels gagnés le plus bas (54 %).

Les lacunes défensives de l’ancien Madrilène sont aussi visibles avec son nombre de fautes :

On peut certes parfois reprocher aux défenseurs parisiens de manquer de vice mais, dans le cas de Ramos, ses fautes fréquentes ont aussi été le révélateur de ses difficultés à contenir ses adversaires.

Alors, que conclure de tout ça ?

En apparence, le trio Marquinhos-Ramos-Danilo a fait preuve de solidité : cette moyenne de 0.5 but encaissé par match est extrêmement basse, surtout qu’elle contraste avec une saison où le PSG a encaissé énormément de buts (1.1 en moyenne).

Pourtant, à y regarder de plus près, notre trio de choc ne semble pas y être pour grand chose. Leurs performances défensives individuelles sont inférieures à la moyenne des centraux du PSG sous QSI. La production offensive est plus qu’intéressante, notamment chez Ramos, mais elle ne suffit pas à compenser les manques du jeu sans ballon.

D’ailleurs, cette faible moyenne de buts encaissés doit en fait beaucoup à la maladresse des attaquants adverses et aux prouesses de Donnarumma puisque les expected goals des adverses sont nettement supérieurs (0.9/match)

Reverra-t-on une défense à trois centraux la saison prochaine ? Peut-être, même si la préférence de Luis Enrique va plutôt vers un système en 4-3-3. En tous les cas, il devra faire sans son compatriote Ramos, dont le contrat n’a pas été renouvelé.

Quoi qu’il en soit, espérons surtout que lenouveau coach puisse enfin retrouver un peu de stabilité et entamer un travail dans la durée pour un secteur (la défense), et une association (la charnière centrale), qui a besoin à la fois de complémentarité et de complicité.

Liens vers les autres articles bilan de la saison 2022-2023 :

Bilans collectifs :

Bilans individuels :

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