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Analyses Saison 2022-2023

Le jeu du PSG sous Galtier : les individualités de l’attaque au secours d’un collectif défaillant

On a décortiqué toutes les stats avec ballon du PSG 2022-2023 pour essayer de comprendre pourquoi on s’est autant ennuyé la saison dernière en regardant jouer les Champions de France. On en a ressorti quatre faits saillants : l’efficacité devant le but qui est venue compenser le peu d’occasions créées, l’abus de dribbles des attaquants, l’absence de jeu sur les côtés et le manque d’initiatives des milieux et des défenseurs.

Que nous disent les datas de la performance collective du PSG de Christophe Galtier ? Les stats viennent-elles confirmer une impression générale assez désastreuse ?

Pour évaluer tout d’abord la capacité des Parisiens à se créer des occasions, partons des expected goals. C’est l’indicateur le plus robuste pour évaluer la dangerosité d’une attaque.

Il nous apporte une première réponse sur l’attaque parisienne version Galtier : le PSG a créé plus de danger que lors des deux campagnes précédentes.

Ce n’était certes pas difficile compte tenu de la faiblesse du PSG de Pochettino, mais cela mérite d’être signalé.

Galtier fait certes mieux que Pochettino mais cette moyenne de 2.27 xG/match reste légèrement inférieure à la moyenne du PSG (2.32) depuis que la stat est disponible (2014-2015).

Le nombre de tirs vient confirmer ce constat : avec 15 tirs par match, le PSG 2022-2023 est finalement pile dans la moyenne de tirs du PSG sous QSI. Ni mieux ni moins bien. Avec à disposition une attaque Mbappé-Neymar-Messi, on pourra toujours juger que c’est faiblard. Il n’en reste pas moins que c’est par exemple plus que deux des trois saisons avec Blanc à la tête du PSG.

C’est aussi la meilleure moyenne de Ligue 1 mais seulement la 14ème parmi l’ensemble des équipes des cinq principaux championnats européens :

En Europe, le PSG est donc devancé notamment par Brighton ou encore la Fiorentina au nombre de tirs. Le Bayern quant à lui est sur une autre planète avec 3.5 frappes de plus par match que le PSG !

Si la moyenne de tirs est banale, celle des tirs cadrés l’est moins : avec 6.6 tirs cadrés par match le PSG 2022-2023 est sur le podium des années QSI.

C’est évidemment un taux de tirs cadrés supérieur à la moyenne qui explique cet écart : 44 %, c’est le plus haut taux de tirs cadrés du PSG en Ligue 1 sur les sept dernières campagnes.

Parmi les cinq principaux championnats européens, le PSG est même tout simplement l’équipe avec le plus fort taux de tirs cadrés devant Monaco et M’Gladbach !

Comment expliquer ce fort taux de tirs cadrés ? Par de meilleures positions de tirs, plus proches du but ?

Pas vraiment puisqu’avec 32 % de tirs pris d’en-dehors de la surface, le PSG est dans sa moyenne habituelle de tirs de loin.

Le taux d’expected goal par tir est quant à lui de 15.1 % (cela signifie qu’en moyenne, compte tenu des positions de tirs, chaque tir parisien avait cette saison 15 % de chances de générer un but) ce qui est certes plus élevé que lors des deux exercices précédents, mais cela reste dans la moyenne depuis 2014 :

Non, en fait ce fort taux de tirs cadrés vient tout simplement du talent des joueurs. Galtier peut dire merci à Neymar et (surtout) Mbappé, chacun auteur d’un joli 53 % de tirs cadrés cette saison.

D’ailleurs personne en Europe n’a cadré autant de tirs que Mbappé cette saison (79, devant Kane 63 et Haaland 60).

Quand on sait que Mbappé a tenté plus du quart des tirs (26 % exactement) de toute l’équipe, on comprend mieux le classement du PSG pour cet indicateur.

Cela permet au PSG d’être 3ème au classement européen des tirs cadrés par match, toujours derrière l’intouchable Bayern (7.6).

Cela fut néanmoins insuffisant pour battre des records en termes de buts. Le ratio des tirs cadrés par but est malheureusement à son plus haut depuis longtemps :

Ce ratio signifie qu’il fallait en moyenne cette saison 2.8 tirs cadrés pour marquer un but. Le PSG n’a fait moins bien qu’en 2012-2013.

Donc, en résumé :

  • un nombre de tirs assez moyen
  • un taux de tirs cadrés très haut
  • un nombre de tirs cadrés par but très élevé

Conclusion : le PSG a beaucoup cadré mais pas tant marqué que ça (cf. notre article sur les buts du PSG en 2022-2023).

La faute aux gardiens adverses ? Même pas. L’indicateur des Post Shot Expected Goals nous indique que le PSG a inscrit 89 buts et que s’il avait affronté des gardiens lambdas lors de chaque match, il n’en aurait inscrit que 85. Donc les gardiens adverses ont plutôt sous-performé face au PSG.

Assez basiquement, les Parisiens ont certes beaucoup cadré mais sans pour autant mettre le ballon dans des endroits inarrêtables. Parfois, cadrer ne suffit pas…

Que retenir d’autre du jeu avec ballon du PSG version Christophe Galtier ?

Globalement, un PSG qui s’inscrit dans les pas de ses devanciers : fort taux de possession (60.9 %) et prise de risque minimale dans les passes. Plus que jamais, le PSG s’est appuyé sur le talent de ses individualités. On l’a vu précédemment avec les tirs. C’est confirmé par la stat de dribbles.

Jamais sous QSI le PSG n’avait tenté autant de dribbles que cette saison : 25.7 par match en moyenne. C’est 5.5 de plus que la moyenne des saisons 2011 à 2022.

Signe de l’impuissance à faire des différences collectives ou atout assumé compte tenu des qualités des joueurs de l’effectif ? On penche largement pour la 1ère option. D’autant que cette profusion de dribbles ne s’est pas accompagnée d’une réussite folle. Au contraire.

Avec 46 % de dribbles réussis, le PSG affiche l’un de ses plus mauvais taux sous QSI et est en net retrait par rapport aux saisons précédentes (56 %, soit 10 points de mieux en 2021-2022) :

Résultat : le PSG est l’équipe d’Europe qui a raté le plus de dribbles cette saison (13.7 par match) !

Les symboles de cette abondance néfaste de dribbles sont bien sûr Neymar et Mbappé.

Le Brésilien poursuit son inexorable chute, saison après saison, de ses stats de dribbles (bon, d’accord il partait de haut, mais quand même…). Il n’en a réussi que 2.2 en moyenne toutes les 90 minutes, ce qui constitue son point bas en carrière. Et pour la 2ème saison de suite, il est sous la barre des 50 % de réussite, et même assez nettement :

Mbappé, lui, a connu une année sans dans ce secteur. Alors qu’il tournait systématiquement à plus de 50 % de réussite dans ses tentatives de dribbles jusque-là, il a brutalement chuté à 37 % cette saison. Un taux indigne de son talent et sûrement révélateur des difficultés parisiennes à mettre son attaquant star dans les meilleures dispositions.

Et Mbappé, plutôt que de ralentir le rythme, s’est quelque peu entêté et a tenté un nombre de dribbles encore plus important que l’année dernière alors que la réussite le fuyait.

En difficulté pour créer du jeu collectivement, le PSG s’en est donc remis au talent individuel de ses stars. Le PSG de Galtier vivait et mourait avec la réussite de ses stars. Dans un bon jour, cela signifiait beaucoup de réussite offensive et de différences par le dribble. Dans un mauvais, beaucoup de pertes de balle (et donc de possibilités de contre pour l’adversaire) et pas d’autres solutions en attaque.

Ce manque d’idées et de mouvements du jeu parisien se voit notamment dans son utilisation des côtés. Ou de sa non-utilisation devrait-on plutôt dire.

Deux stats ahurissantes viennent illustrer l’entêtement parisien à passer dans l’axe, coûte que coûte :

  • le PSG est l’équipe d’Europe qui a tenté le moins de centres
  • le PSG est l’équipe d’Europe qui a le taux d’attaques par l’axe central du terrain le plus élevé

En chiffres, cela donne 10.6 centres tentés par match par le PSG. A titre de comparaison, Barcelone est à 19.6, Dortmund 19.9, City 19.5, Arsenal 17.7 et le Real 15.1.

Ces 10.6 centres par match constituent un point bas du PSG sous QSI et la moyenne ne cesse de descendre année après année :

Le propos n’est pas de dire que le PSG aurait dû abuser de centres pour Mbappé ou Messi. Mais plutôt de considérer cette stat des centres comme le symptôme d’un jeu collectif défaillant où faute de renversements ou de combinaisons travaillées sur les ailes, le PSG a été incapable de faire des différences sur les côtés.

Le nombre de centres n’est pas la réponse à tous les maux du jeu parisien, mais sa faiblesse est une des illustrations du manque d’imagination d’un jeu inévitablement attiré par l’axe.

Il est en outre quand même paradoxal d’avoir investi autant de moyens financiers sur un des meilleurs latéraux offensifs au monde (Hakimi) et de disposer d’une des plus grandes promesses du football mondial sur le poste de latéral gauche (Mendes) et de ne jamais chercher à se servir de leurs qualités.

Bien sûr ni Mbappé, ni Messi ne sont réputés pour leur jeu de tête. Mais 1. il n’est pas interdit de centrer à ras de terre. 2. les milieux, ou le latéral opposé, peuvent très bien être à la réception des centres.

Au lieu de ça, les latéraux parisiens ont joué avec le frein à main, ont donné le plus souvent le ballon en retrait ou ne voyaient pas grand monde dans la surface susceptible de recevoir leur centre.

Résultat : Hakimi a réussi, en tout et pour tout, 16 centres cette saison en Ligue 1 (soit un centre réussi toutes les 128 minutes)et Mendes 7 (1 centre réussi toutes les 222 minutes) !

A eux 6 (Hakimi, Mendes, Bernat, Mukiele, Pembélé et Zaïre-Emery) les latéraux parisiens ont réussi 29 centres cette saison en Ligue 1…

A titre de comparaison, à lui seul, Trippier (Newcastle) en a réussi 135 et Alexander-Arnold (Liverpool) 79 !

Ce boycott des côtés et cette obsession de l’axe du terrain sont confirmés par la répartition des attaques.

Comme le montre le tableau ci-dessous, le PSG a utilisé l’axe central pour 34 % de ses attaques. C’est beaucoup ? Oui. Aucune équipe de Ligue 1, ni même parmi les 5 principaux championnats européens, n’a un tel taux. L’écart avec les autres clubs est très important.

A titre de comparaison, Manchester City est à 29 %, Naples 26 %, Barcelone 28 %, le Bayern 30 %.

Dans toute son histoire récente, jamais le PSG n’avait à ce point négligé les ailes :

Espérons que la direction sportive pense cette intersaison à recruter des attaquants et des joueurs de plus d’1.70m capables de gagner des duels aériens et que Luis Enrique sache optimiser le talent d’Hakimi et Mendes.

Quatrième caractéristique du jeu parisien de la saison 2022-2023, après le fort taux de tirs cadrés, l’abus de dribbles de ses attaquants et la sous-exploitation des côté : le manque d’initiatives des milieux et des défenseurs.

Combien de fois a-t-on râlé dans son canapé devant la télé ou au stade après une nouvelle passe en retrait intempestive de Vitinha (au hasard) ou d’Hakimi ? Un manque cruel de jeu vers l’avant aussi agaçant qu’inefficace tant il fut simple pour les défenses adverses de se concentrer sur les seuls joueurs capables de déclencher quelque chose.

Quelles stats sont en mesure de calculer ce manque de courage balle au pied ?

On peut déjà s’intéresser à la direction des passes et constater que cette saison seulement 31.6 % de la distance parcourue par les passes des joueurs parisiens s’est faite en direction du but adverse. Il s’agit du plus bas taux du PSG depuis que la stat est disponible :

Sans surprise, parmi les milieux de terrain, les plus concernés par cet indicateur, il y a Verratti et les autres : L’Italien est à 29.8 % de distance vers l’avant, Vitinha à 22.1 %, Fabian à 25.3 %, Soler 23.2 %, Sanches 23.9 %.

La stat des « passes progressives » (c’est-à-dire les passes faisant progresser le ballon d’au moins 9 mètres) est elle aussi à son plus bas niveau depuis 2017 :

Le manque d’initiatives des joueurs parisiens se mesure également avec le jeu long. Et là aussi, cette année, le PSG bat des records !

Pourquoi en effet se risquer à faire une transversale qui pourrait surprendre le bloc adverse sagement concentré sur une partie de terrain quand on peut faire une passe à trois mètres à Messi, ou mieux, à son défenseur central ???

Le PSG réussit donc l’exploit d’être à la fois l’équipe d’Europe qui fait le plus de passes (toutes distances confondues) mais aussi celle qui tente le moins de passes longues !

Les passes longues ne représentent plus que 5 % des passes totales de l’équipe cette saison.

A titre de comparaison, le taux de City est de 7 %, le Bayern 8 %, ou 10 % à Liverpool.

Comme pour les centres, l’idée n’est pas de jouer long pour le plaisir d’allonger et de chercher un point d’appui de la tête. Mais cette stat incroyable nous semble être le reflet, outre du déséquilibre de l’effectif, du manque d’idées et d’initiatives des joueurs parisiens qui privilégient la sécurité avant tout.

Par manque de courage ? Par respect des consignes du coach ? Pour ne pas risquer la perte de balle et l’engueulade qui va avec ? Allez savoir. En tous les cas, cette prudence à outrance est un mal profond qui perdure, même en renouvelant l’effectif. D’ailleurs, l’arrivée d’un préparateur mental dans les bagages de Luis Enrique est une sacrée bonne nouvelle. Espérons que cela permettra de débloquer mentalement certains joueurs.

Au final, le PSG sous Galtier, loin de corriger ses défauts des années précédentes, les a au contraire accentués : encore moins de jeu sur les côtés et de jeu long, mais plus de dribbles et de responsabilités sur les stars de l’attaque.

Liens vers les autres articles bilan de la saison 2022-2023 :

Bilans collectifs :

Bilans individuels :

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