Catégories
Matches Saison 2021-2022

PSG-Nice (0-0) : Les attaquants ont (encore) vendangé

Pour la première fois de la saison au Parc des Princes, le PSG n’a pas marqué face à Nice mercredi soir. La faute à qui ? Principalement aux attaquants qui n’ont converti aucune des nombreuses opportunités qu’ils se sont créées. L’occasion de revenir en détail sur le manque global de réalisme des stars du PSG qui commence à devenir inquiétant.

Le constat pour commencer : face aux Aiglons, le PSG a survolé les débats (70 % de possession, 22 tirs à 4) et, malgré un petit rythme et un jeu collectif toujours aussi limité, s’est procuré plusieurs occasions nettes.

Le total de 22 tirs est même purement et simplement le plus haut de la saison.

15 de ces 22 tirs sont l’œuvre de 3 hommes : Messi 6, Mbappé 5 et Di Maria 4.
Les trois stars de l’attaque parisienne, sans être très bons dans le jeu, ont néanmoins eu de nombreuses situations de frappe. Mais, à quelques exceptions près, les positions n’étaient pas des plus favorables, et, en outre, ils ont été extrêmement maladroits puisqu’ils n’ont cadré que 3 de ces 15 tirs :

Avec seulement 5 tirs cadrés sur 22 (soit 23 %), le PSG s’est montré encore plus maladroit qu’il ne l’est en moyenne cette saison (35 %), alors même que ce taux de tirs cadrés est lui-même le plus faible de l’ère qatarie :

Deux éléments d’explication à ce faible taux de tirs cadrés cette saison : la hausse des tirs de loin et le manque de réalisme.

On voit sur le graphique ci-dessous l’évolution des tirs de loin, et leur poids dans les tirs totaux, saison après saison :

Paris tente en 2021-2022 5.1 tirs de loin par match. Sur la période 2011-2021, c’est la 2ème moyenne, juste derrière 2017-2018. Et ces tirs de loin représentent 36 % des tirs totaux : c’est le taux le plus élevé des dix derniers exercices.

Si l’on peut se réjouir de voir enfin le PSG utiliser un peu plus cette arme des tirs longue distance (à laquelle Messi n’est pas étranger puisqu’avec 18 tirs il est celui qui a le plus tiré hors surface), on peut regretter que cela se fasse au détriment des autres positions de frappe. On peut donc plutôt l’interpréter comme un des signes des difficultés collectives du PSG version Pochettino.

Pour en revenir au match face à Nice, avec ses 22 tirs, le PSG n’a généré que 1.6 expected goals. Cela signifie que la moyenne des xG par tir est très faible. En effet chaque tir avait en moyenne 7 % de finir en but. C’est le plus faible taux de la saison (moyenne 15 %).

Pourtant, Paris s’est créé des grosses occasions : le raté de Mbappé de la 64ème est à 0.4 xG, celui de Di Maria de la 50ème à 0.3 (voir les positions de frappe ci-dessous).

Cela veut dire qu’à côté de ces grosses occases, il y a eu une multitude de tirs à très faible chance de but. Ce sont tous les petits ronds bleus ci-dessous :

D’ailleurs 11 des 22 tirs ont été pris d’en dehors de la surface.

Quoi qu’il en soit, avec 22 tirs et 1.6 xG (1.9 même selon le site fbref.com), le PSG a manqué de réalisme et aurait dû marquer au moins une fois.

On a la confirmation avec les expected goals par joueur que beaucoup de tirs n’avaient qu’une très faible probabilité de faire mouche :

Les 7 tirs cumulés de Gueye, Hakimi, Danilo, Dina-Ebimbé et Mendes n’ont généré que 0.28 xG (soit 4 % de chance de marquer par tir).

En fait, le manque de réalisme concerne surtout les trois attaquants qui représentent en cumulé 1.35 xG (soit 83 % des xG de l’équipe). Est-ce nouveau ? Malheureusement non.

Le PSG n’est en effet plus à un paradoxe près. Ce club est, rappelons le, capable de produire le jeu le moins abouti alors qu’il dispose probablement du plus bel effectif de son histoire. Ou de célébrer le 7ème ballon d’or d’un joueur incapable de passer en un contre un les fameux défenseurs de la « Farmers League »…

Nouvelle pépite parisienne cette saison : voir trois des meilleurs attaquants de la planète enchaîner les loupés improbables devant le but adverse. On exagère ? Regardez ce que disent les stats :

  • Mbappé en est à 7 buts en Ligue 1 pour 10.2 expected goals, soit un différentiel négatif de 3.2
  • Neymar a marqué 3 buts pour 3.7 xG soit un différentiel négatif de 0.7
  • Messi n’a scoré qu’une fois malgré 3.5 xG soit un différentiel négatif de 2.5

Si le PSG, au global, surperforme par rapport au modèle des expected goals (35 buts inscrits contre 32 attendus), il ne le doit pas à ses attaquants vedettes mais à ses soutiers :

Les joueurs parisiens qui marquent plus qu’attendu par le modèle sont en effet plutôt à rechercher au milieu (Gueye +2.5, Herrera +2.1) ou en défense (Hakimi +2, Marquinhos +1.3) qu’en attaque (ou seuls Di Maria et Draxler marquent plus qu’attendu).

Alors que l’on s’attendait légitimement à ce que des buteurs du calibre de Mbappé, Neymar et Messi fassent même mieux que le modèle (qui rappelons-le est basé sur la moyenne des tirs des attaquants de l’histoire récente du foot), non seulement ils ne « surperforment » pas , mais, en outre, ils sont loin de cette moyenne (-6.4 buts à eux 3).

Pour Mbappé, on voit que cela fait suite à trois saisons où il avait assez nettement plus marqué qu’attendu (+8.7 en cumulé) :

Concernant Neymar, le problème d’efficacité devant le but date maintenant de plus de deux saisons (même si ses stats catalanes ne sont pas folichonnes non plus) :

Quant à Messi, que dire ? Depuis l’existence du modèle chez understat.com (saison 2014-2015), il a été positif six saisons sur sept pour un différentiel positif de 39 buts !!!

L’analyse comparative de leur cumul de buts et d’expected goals la saison avançant est d’ailleurs très révélatrice :

On voit clairement que les courbes de buts et d’expected goals s’écartent à partir de la 7ème journée (face à Metz). Jusque-là ils marquaient autant que le modèle (enfin surtout Mbappé, auteur de 4 des 5 buts concernés).

Mais à partir de fin septembre, c’est-à-dire globalement le moment où les trois stars ont commencé à être alignés ensemble, les buts se sont faits (encore) plus rares que les expected goals.

Et donc, après 16 journées, ils ont inscrit 11 buts à eux trois pour 17.4 expected goals.

On essaiera de revenir en profondeur, au moment des fêtes de fin d’année, sur ces stats des attaquants. Mais on peut d’ores-et-déjà constater que le problème est double : le trio Messi-Neymar-Mbappé est non seulement moins réaliste que par le passé (on vient de le voir), mais, en outre, il se procure moins d’occasions que les saisons précédentes :

Ils plafonnent en cumulé à 1.6 xG/90 minutes cette saison alors qu’ils étaient à 2.5 la saison dernière et même à 2.8 en 2018-2019.

Messi a presque divisé par deux sa production offensive depuis son arrivée au PSG (0.5 xG contre 0.8 en moyenne les 7 saisons précédentes).

Neymar connaît aussi son plus faible apport depuis que le modèle existe et la production de Mbappé est quant à elle décroissante pour la 3ème année consécutive…

Si les trois divas de l’attaque enfilaient les buts comme les perles, on pourrait par ailleurs (presque) leur pardonner leur investissement défensif minimaliste, mais là… D’ailleurs, il y a fort à parier que s’ils défendaient plus, ils récupèreraient plus de ballons et auraient donc plus d’occasions de but ! On l’a vu face à St Etienne où un pressing gagnant de Messi très haut s' »tait conclu par un but de Neymar (refusé pour léger hors-jeu).

Les loupés face au but contre Nice ne sont malheureusement pas un épiphénomène. Il y a bien une tendance de fond. Mais ils ont tellement de talent dans leurs pieds qu’on les sait capables de renverser les choses très rapidement. Et pourquoi pas dès demain à Bollaert ?

Liens utiles :

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Top Stats 2022-2023

Articles les plus lus

Top Stats 2021-2022

Top Stats 2020-2021

Calendrier

mars 2024
L M M J V S D
 123
45678910
11121314151617
18192021222324
25262728293031

Archives