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Analyses Saison 2020-2021

Marquinhos, l’homme des grands rendez-vous

Nous entamons les bilans individuels 2020-2021 des joueurs parisiens avec les défenseurs centraux. Compte tenu du temps de jeu des uns et des autres, ils seront quatre à faire l’objet d’une étude détaillée, à l’aide des statistiques disponibles : Marquinhos, Abdou Diallo, Thilo Kehrer et Presnel Kimpembe. Timothée Pembélé n’a pas assez de minutes pour être réellement évalué, et Danilo Pereira a davantage joué au milieu de terrain. L’analyse se fera systématiquement en deux temps : les points positifs de leur saison, puis les aspects négatifs, et sera principalement centrée sur les données de Ligue 1. A tout seigneur tout honneur, c’est avec le capitaine exemplaire Marquinhos que nous commençons ces bilans.

 

On a aimé

Ses buts décisifs

Marquinhos est non seulement le sixième meilleur buteur parisien de la saison (toutes compétitions confondues), mais ses buts ont en outre été inscrits lors de matches cruciaux :

On pense évidemment surtout à son but à Old Trafford (5ème journée de Champions League) pour prendre l’avantage à 2-1 alors que le match, et la saison tout entière du PSG, étaient sur la bascule. Son but à Munich (1/4 de finale aller) est aussi dans toutes les mémoires puisqu’inscrit pour prendre un avantage de deux buts chez le champion d’Europe en titre, dans des conditions climatiques dantesques, et alors qu’il était blessé et s’apprêtait à quitter le terrain ! 

Son dernier but en Champions League, de la tête face à City en demi-finale, aura aussi permis aux Parisiens de croire que l’exploit d’une seconde qualification en finale consécutive était possible, mais s’avèrera finalement inutile. Il aura cependant permis de confirmer que Marquinhos, déjà double buteur lors du Final 8 la saison précédente, était bien un homme des grands rendez-vous.

Ses trois buts en Champions League en font même le défenseur central avec le plus de buts inscrits dans la compétition devant Ramos (Real) et Scholz (Midtjylland).

Un regard sur ses buts en carrière avec le PSG permet de constater qu’il a battu son record de buts cette saison, mais qu’en outre il semble progresser année après année (mise à part sa toute première saison dans la capitale).

Il sauve un peu l’honneur des défenseurs centraux puisqu’il est le seul (avec Pembélé) à avoir marqué cette saison. A lui seul il est même l’auteur de la moitié des tirs des quatre défenseurs centraux de notre étude (15/31) et de 89 % des tirs cadrés (8/9) puisque, à part lui, il n’y a que Kimpembe qui a cadré un tir cette saison.

Le Brésilien s’est donc montré particulièrement adroit en cadrant 8 de ses 15 tirs (53 %). Mis à part Bakker et Fadiga avec un volume bien plus faible que le sien, il affiche même le plus haut ratio de tirs cadrés parmi l’ensemble des Parisiens cette saison en Ligue 1.

Son jeu de tête

Quatre des six buts inscrits par Marquinhos l’ont été de la tête (ceux à Munich et Manchester l’ont été du pied droit). En Ligue 1, il a mis à lui seul 30 % des buts de la tête de son équipe (3/10) et a battu ainsi son record de buts de la tête (qui était de 2). Depuis qu’il a signé au PSG, sur les 25 buts qu’il a inscrits (en Ligue 1 et Champions League), 15 l’ont été de la tête.

S’il a autant marqué de cette manière cette saison, c’est aussi le signe qu’il s’est procuré plus d’occasions que jamais grâce à son jeu de tête :

Sur les 15 tirs qu’il a effectués cette saison en Ligue 1, 14 l’ont été de la tête. Avec 15 tirs pris, il a d’ailleurs égalé son record en carrière en championnat (même total qu’en 2016-2017).

Les 14 tirs de la tête réalisés cette saison constituent assez nettement son record en carrière. D’ailleurs quelques minutes avant de marquer du pied à Old Trafford, il avait trouvé la barre transversale sur une tête lobée qui avait trompé De Gea.

Et personne n’a fait mieux que lui cette saison au PSG :

Mais la domination dans les airs de Marquinhos ne se limite pas aux tirs pris. Il est globalement une valeur sûre dans le domaine aérien. Au PSG en Ligue 1 cette saison, il est le joueur qui a gagné le plus de duels aériens (49), devant Kimpembe (37) et Kurzawa (31). En pourcentage de duels remportés par rapport à ceux disputés, Kurzawa le devance légèrement. Mais il est fort probable que les joueurs affrontés par Kurzawa sur son côté gauche ont été d’un autre gabarit que ceux que le Brésilien doit se coltiner chaque week-end en défense centrale.

Dans les matches marquants en termes de duels aériens, on retiendra notamment un exceptionnel 8/8 réalisé face à Rennes (avec les 187 cms de Guirassy en pointe) en fin de saison.

On a aussi en mémoire son duel offensif remporté face à Denayer lors du Lyon-PSG de mars, lui permettant de servir, de la tête donc, Danilo pour le deuxième but parisien de la soirée.

Le détail de ses stats en carrière révèle qu’il a toujours été au-dessus des 50 % de duels aériens gagnés en championnat :

Les 63.7 % de cette saison se situent plutôt dans sa moyenne haute en carrière.

Qu’il soit stabilisé au poste de défenseur central

Avec l’intégration de Danilo Pereira dans l’effectif en début de saison, on a cru qu’on allait encore vivre une saison faite d’allers-retours incessants du pauvre Marquinhos entre les postes de milieu de terrain et de défenseur central. A la surprise générale en effet, Tuchel, que l’on disait contrarié par la décision de Leonardo de ne pas avoir recruté de défenseur central pour compenser le départ de Thiago Silva, avait choisi de positionner le Portugais en défense et de refaire monter au milieu Marquinhos.

Malgré la polémique qui s’en est suivi, le coach allemand, droit dans ses bottes, avait poursuivi l’expérience durant quatre matches (Dijon, Basaksehir, Nantes et Leipzig). Est-ce la défaite à Leipzig, où Danilo a montré ses limites à ce poste quand le niveau s’est élevé (il couvre Forsberg sur l’action amenant le pénalty), qui a fait changer d’avis Tuchel ? En tous les cas, jusqu’à son limogeage fin décembre, il repositionnera le Brésilien en défense.

L’arrivé de Pochettino en janvier 2021 ne remettra pas en cause ce positionnement et le capitaine parisien va finir la saison en défense centrale. Au final, Marquinhos aura donc joué, toutes compétitions confondues, 36 matches sur 40 en défense centrale.

S’il reconnaît lui-même que ses passages au milieu de terrain lui auront été bénéfiques, il est certainement plus à l’aise à son poste de prédilection, qu’il occupe d’ailleurs aussi en sélection.  

Sa capacité à faire avancer le ballon

En Ligue 1, c’est certes Paredes qui tente le plus de passes longues (ramenées à 90 minutes). Mais c’est chez le Brésilien que le jeu long représente la plus importante proportion des passes tentées (9 %).

En outre, en Champions League, Marquinhos devance tous ses coéquipiers en passes longues tentées.

Avec 68 %, il affiche un très bon taux de réussite dans cet exercice.

A sept reprises cette saison en Ligue 1, il en a tenté au moins 10. Contre Monaco et à Nice, il en a réussi 9 sur les 10 tentés ! Autre match référence pour lui dans ce secteur, et quel match, la rencontre au Camp Nou (1/8ème de finale aller) : il a réussi 7 des 9 transversales effectuées, dont celle transmise à Kurzawa qui aboutira au premier but de Mbappé.

L’écart par rapport aux autres centraux, et en particulier Kimpembe, est important : ce dernier en tente en moyenne 3 par match, soit à peine 4 % de ses passes totales.

Avec 6.6 passes longues à 68 % de réussite, Marquinhos est dans ses standards de carrière habituels.

Mais ce qui est surtout remarquable avec le jeu long de Marquinhos, c’est son impact sur les offensives parisiennes. Ce ne sont pas des transversales simplement latérales pour passer d’un côté à l’autre. Le plus souvent, il s’agit réellement d’ouvertures dans la profondeur, permettant de contourner et de prendre de vitesse le bloc adverse.

Plusieurs indicateurs témoignent de ce jeu long « offensif » du capitaine parisien :

Avec 6.3 passes réussies (/90 minutes) entrant dans le dernier tiers du terrain, il est non seulement largement au-dessus des autres habitués de son poste, mais figure même au 6ème rang de tout l’effectif parisien. Il devance tous les défenseurs et pas mal de milieux, dont Neymar (6.2). Il a d’ailleurs fini la saison en beauté avec 14 passes de ce type à Brest.

Dans les matches à enjeux, la prise de risque ne lui fait pas peur puisque quatre de ses cinq matches avec le plus de passes progressives (7 ou 8) sont des rencontres de Ligue des Champions et le match de championnat disputé à Lille.

On fait d’ailleurs le même constat pour les mètres gagnés : « seulement » 3ème du PSG en Ligue 1 en mètres gagnés (par la passe et la conduite), il devance tous ses coéquipiers en Champions League :

C’est évidemment majoritairement par la passe (et donc en particulier par son jeu long) qu’il fait progresser le jeu du PSG : 450 des 636 mètres en Ligue 1 et 400 des 520 en Champions League.

Les matches où il a le plus fait avancer le ballon par la passe sont une nouvelle fois plutôt des « gros matches » : 726 mètres contre Monaco, 633 à Lille, 572 face à City pour trois de ses quatre meilleures performances. Contre Monaco, il a d’ailleurs frôlé la barre des 1 000 mètres gagnés (984).

Cette saison, il n’y a que Verratti (deux fois), Paredes et Herrera (une fois) qui ont franchi les 1 000 mètres sur un match. Mais la meilleure performance d’un Parisien en Champions League est l’œuvre de Marquinhos avec 725 mètres à Barcelone. C’est même lui qui détient les trois meilleurs scores en la matière dans la compétition reine (691 mètres contre City et 672 contre Basaksehir).

On a moins aimé

Une présence défensive moins tranchante

Le Brésilien était forcément attendu au tournant cette saison. Le départ de Thiago Silva le plaçait d’office comme capitaine et taulier de la défense. Et si le bilan reste globalement positif, certains signes tendent à prouver que ce fut loin d’être parfait défensivement parlant.

Il affiche même son plus faible volume d’interventions défensives depuis son arrivée dans la capitale (en 2013). Son total ci-dessous de tacles réussis, dégagements, interceptions et tirs contrés, ramené à 90 minutes, est de 5.7. Il n’avait jamais fait moins que 6.2 avec Paris en Ligue 1 et sa moyenne jusque-là était de 7.5.

Certes, moins d’interventions défensives ne signifie pas que le joueur a été moins bon. Mais force est de constater que dans une saison où Paris a moins maitrisé son sujet que d’habitude (plus faible taux de possession depuis 2012-2013), il avait au contraire plus de raisons de faire gonfler ses stats défensives que de les voir, une saison supplémentaire, poursuivre leur baisse.

Plusieurs éléments invitent à considérer que cette diminution du volume d’interventions défensives s’accompagne d’une baisse qualitative : tout d’abord son nombre de dégagements. C’est le seul domaine en hausse par rapport aux deux saisons précédentes. Or, le dégagement, surtout au PSG, n’est pas vraiment le signe d’une intervention sereine, mais plutôt d’un recours au plus pressé.

Ensuite, son nombre de tacles réussis est non seulement en baisse, mais il s’accompagne en outre d’une baisse du taux de réussite.

Ses 71.1 % de tacles réussis en Ligue 1 correspondent à son plus bas niveau depuis son arrivée dans notre championnat. Plus inquiétant, ce taux est en baisse constante depuis 2015-2016.

Pour pondérer ce constat, on mettra en évidence qu’à l’inverse, il a présenté cette saison en Champions League un incroyable taux de 86 %, son record en carrière dans cette compétition.

Au moins deux matches viennent à l’esprit au moment d’illustrer les difficultés défensives du capitaine parisien. Tout d’abord, son match face à Nice en février, considéré comme « son plus mauvais match de la saison » dans l’article retraçant, sur Culture PSG, les performances individuelles. La description de son match est catégorique : « Ce n’est pas seulement son énorme erreur de relance sur l’égalisation qui a rendu son match douteux mais bien l’intégralité de sa prestation, déjà avant cette erreur. Pas à l’aise avec Gouiri et Maolida qui traînaient dans la même zone, il va bien réussir quelques bonnes interventions grâce à ses qualités de lecture mais est régulièrement aussi en difficulté ».

Si la médiocre prestation de Marquinhos fut sans incidence sur le résultat face à Nice (victoire 2-1), on ne peut pas en dire autant de sa performance face à Nantes un mois plus tard. Dans ce match au scénario improbable qui a coûté cher au final pour le titre, le PSG a été abandonné par ses cadres avec un Mbappé qui, d’une passe en retrait mal assurée, envoie au but Kolo Muani, et un Marqui complètement dépassé. Sur le premier but, il se fait trop facilement éliminer par le crochet du jeune nantais, et sur le second, il ne parvient pas à compenser son erreur de placement initial sur le long dégagement plein axe de Lafont, et se fait battre à la course par Simon, bien servi devant le but par Kolo Muani.

Bilan : 8/10

Le départ de Thiago Silva lui mettait une double pression sur les épaules : (r)assurer en défense centrale et porter le brassard de capitaine. Même si on peut trouver à redire sur un ou deux matches, il aura été convaincant, notamment dans son apport offensif.

En revanche, la question du brassard peut, comme pour Kimpembe mais pour d’autres raisons, se poser : bon camarade, Marquinhos a-t-il les épaules et le caractère pour recadrer ses coéquipiers, notamment offensifs, quand ceux-ci s’écartent des chemins du collectif ? Dans ce football où les joueurs stars sont rois, les recadrages, face au manque d’investissement défensif de certains par exemple, ne devraient-ils pas venir d’un des leurs, c’est-à-dire un joueur ? Et ce joueur peut-il être le « gentil » Marquinhos ?

Ce petit bémol « managérial » n’enlève rien aux performances XXL de Marquinhos cette saison, en particulier en Champions League. Et nul doute qu’il apprendra beaucoup aux côtés du nouveau « Monstre » défensif que le PSG recrute, Sergio Ramos, en terme de leadership. Quitte à perdre son brassard ?

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