Damien Comolli, le stratège : extraits de son interview à So Foot
On profite de la célébration du titre de champion de Ligue 1 du Toulouse FC, pour mettre en avant l’interview donnée au magazine So Foot en mars par son président (et ex de St Etienne, d’Arsenal et de Tottenham notamment), Damien Comolli, qui ne cache pas beaucoup s’appuyer sur les datas pour recruter. Quelques extraits
« Ne me demandez pas comment fonctionnent les algorithmes, je n’y comprends absolument rien. Ce que j’aime, c’est ce qu’ils offrent en rationalité dans la prise de décision, la manière dont ils aident à être le plus froid possible pour trancher ».
« Je cherche à recruter des joueurs qui amènent des points. Le foot est un sport de connexions. L’interconnexion mentale d’une équipe de foot est trop complexe pour simplement se contenter d’acheter des points. Notre rôle est donc d’optimiser les connexions entre les joueurs, de les comprendre, et ça, ça passe par la data, mais aussi un temps d’échange avec le footballeur ciblé. »
« Arsène m’a donné un jour un conseil pour la vie : le jeu passe toujours par ton meilleur joueur. ça la data le montre. Aujourd’hui à Toulouse, notre jeu passe par Branco van den Boomen. A Arsenal, c’était par Robert Pires. Luka Modric, quand on l’a vu jouer au Dinamo Zagreb, il voulait tout le temps le ballon, et l’avait tout le temps d’ailleurs. Quand on l’a pris à Tottenham, on nous a pourtant dit qu’il était trop petit, qu’il ne faisait pas de passes décisives… J’étais sûr de moi parce que dans les stats avancées il était exceptionnel. «
« Pour recruter Van den Boomen, on a rentré des indicateurs de performance dans notre algorithme par rapport au type précis de milieu de terrain qu’on souhaitait incorporer, avec une limite d’âge et un montant maximal de transfert. Une liste de joueurs est sortie dans laquelle figurait Branco. «
« Avec les chiffres, il y a deux aspects très difficiles à aborder. Quand vous voyez un joueur, il est dans une culture, une identité de jeu. Votre rôle est de projeter ce joueur dans votre environnement. C’est très difficile. L’autre chose difficile à mesurer est la performance d’un joueur dans un championnat et la translation : comment s’assurer qu’un joueur qui joue en 2ème division hollandaise va réussir en ligue 2 ? Pour le moment, Toulouse a été très performant parce que nos algorithmes sont très développés, très fins. »
« Je pense qu’on n’est pas si nombreux que ça à utiliser la data. Tout le monde prétend le faire, mais la réalité est différente…A Toulouse, on a investi beaucoup d’argent pour aller encore plus loin et récupérer de la data brute. On a 8 analystes aux Etats-Unis qui travaillent à tempes complet sur le foot et le TFC. Aujourd’hui peu de clubs investissent autant que nous sur la data, mais je crois aussi énormément en une chose : la discipline. On croit à 200 % en notre process. On ne s’interroge pas sur les réactions des supporters, de la presse, des sponsors…Ce rapport discipliné à la data fait notre succès à l’heure actuelle ».