Nous commençons notre bilan individuel des joueurs du PSG saison 2018-209 par les gardiens, poste ô combien particulier. Les stats disponibles ne sont pas pléthoriques mais à partir de celles à notre disposition, nous allons essayer d’évaluer la saison de Gianluigi Buffon et d’Alphonse Areola qui se sont partagés le poste cette saison.
Alors, Buffon ou Areola ? Lequel des deux a fait la meilleure saison ? Ou la moins mauvaise diront les mauvaises langues ? C’est la question à laquelle nous allons essayer de répondre à l’aide des statistiques (issues du site Whoscored) de la saison 2018-2019 en Ligue 1 et en Ligue des Champions.
Avant d’entrer dans le détail des performances individuelles des deux protagonistes, quelques remarques générales sur leur utilisation et la confiance accordée par le staff parisien.
24 matches pour Areola, 22 pour Buffon
Le graphique ci-dessous met tout d’abord en évidence une participation très proche en termes de nombre de matches disputés : 24 pour Areola (dont 3 de Ligue des Champions) contre 22 pour Buffon (dont 5 de Ligue des Champions)
Aucune hiérarchie n’a donc été clairement affichée et d’ailleurs, tout au long de l’année, l’alternance dans les cages parisiennes a prévalu sans qu’aucune règle précise ne soit réellement appliquée. Chaque mois donc, les matches ont été également répartis entre les deux protagonistes, sauf le fameux mois de mars où Buffon n’aura au final disputé qu’une seule et unique rencontre (de triste mémoire…).
Si quantitativement, Areola a quand même un petit avantage, qualitativement, Buffon a été mieux loti : il a disputé les 1/8èmes de finale de Champions League et les matches de poule dès qu’il n’a plus été suspendu. Le Français peut quant à lui mettre en avant qu’il a disputé la majorité des affiches de Ligue 1 (les deux « Classiques » contre Marseille, ainsi que les matches retour à Lille et Lyon). La confirmation en quelque sorte qu’il n’y avait pas un numéro 1 et un numéro 2 mais plutôt un numéro 1 et un numéro 1bis.
Quelle contribution aux résultats du PSG ?
Essayons désormais d’apprécier l’impact des deux joueurs sur les résultats de leur équipe. Première méthode simple : combien de buts ont-ils encaissé et quel a été le score final en leur présence ?
Le tableau ci-dessous décrit pour chacun des deux joueurs et des deux compétitions analysées le nombre de buts encaissés moyen et le nombre moyen de points pris (une victoire valant 3 points et un nul 1) par match.
A ce petit jeu, difficile de les départager puisque Areola affiche de meilleurs résultats en Ligue 1, mais Buffon a de meilleures stats dans l’épreuve reine, la Ligue des Champions.
Dans le détail, cela donne 16 victoires, 3 nuls et 2 défaites (à Lille et Lyon) pour Areola en Ligue 1, contre 13 victoires, 1 nul et 3 défaites pour son homologue transalpin. A la décharge de ce dernier, ses 3 défaites en championnat sont intervenues en avril et mai, dans la période « détente » des joueurs parisiens.
En Ligue des Champions, à l’inverse, Buffon avait activement participé à la qualification pour les 1/8èmes avant de s’y montrer catastrophique au retour. Areola, lui, gardait les cages parisiennes lors de la seule défaite en poules, à Liverpool.
Le constat est le même pour les buts encaissés : Areola a certes une meilleure moyenne en Ligue 1 que Buffon, mais la moyenne de ce dernier est « plombée » par les quatre derniers matches (elle était de 0.6 avant et il a pris 10 buts lors de ces 4 rencontres). Sur la scène européenne, l’ancien de la Juve a encaissé au retour face à Manchester autant de buts (3) que lors de ces quatre autres rencontres dans la compétition. En trois matches de Champions League, Areola lui n’aura jamais réussi à garder sa cage inviolée (3 buts à Liverpool, 1 face à Belgrade et 2 face à Naples).
Compliqué dans ces conditions de retenir un gardien plutôt qu’un autre quand la vérité d’une épreuve ne se confirme pas dans une autre, ou, pire, quand elle se trouve remise en cause par l’importance relative des matches analysés. Pour résumer : ses stats en Ligue des Champions plaident en faveur de l’Italien mais la méga-boulette du 6 mars le décrédibilise complètement ; à l’inverse, en Ligue 1 ce sont globalement les stats du Français qui sont les meilleures, mais ceci est en partie dû à la fin de saison en roue libre du PSG (Buffon a joué les 4 derniers matches à l’extérieur pour 3 défaites). Alors…
Qui est le plus efficace dans ses interventions ?
Puisque les résultats de l’équipe et le nombre de buts encaissés ne permettent pas réellement de les départager, allons plus loin dans l’analyse et comparons le contenu même de leur match, à commencer par les arrêts effectués.
Le tableau et le graphique ci-dessus sont riches d’enseignements. Ils nous indiquent tout d’abord qu’en Ligue des Champions, le portier français a subi deux fois plus de tirs cadrés par match que l’Italien (dont 7 pour l’ouverture à Anfield). En début de compétition, en effet, la défense et le milieu parisiens protégeaient moins bien leur dernier rempart qu’à partir de novembre… En Ligue 1, en revanche, c’est Buffon qui est un peu plus sollicité (3.9 tirs cadrés contre 3.2).
Et comment s’en sortent-ils ? Et bien, une nouvelle fois, c’est variable… En Ligue des Champions, Areola affiche un taux d’arrêts supérieur à celui de Buffon mais à des niveaux plutôt suspects (60 % pour l’un et 54 % pour l’autre). Sur nos pelouses françaises, c’est la quasi-parfaite égalité : 74.6 % d’arrêts pour Areola et 74.4 % pour Buffon.
Pour l’anecdote, signalons que c’est contre Lyon et Montpellier que les gardiens du PSG ont réalisé le plus d’arrêts : 8 pour Areola sur les 10 tirs cadrés lyonnais le 3 février dans ce qui sera quand même la 1ère défaite parisienne de la saison en Ligue 1 (avec un Areola fautif sur le but de Dembélé) ; quant à Buffon, il avait signé un impeccable 6/6 face à Lyon à l’aller au Parc, mais c’est Montpellier qui lui donnera le plus de travail : en cumulé, 11 sauvetages sur les 15 tirs cadrés des joueurs de Der Zakarian (avec une victoire et une défaite à la clé).
Ceci étant dit, nous voilà guère plus avancé sur le choix du meilleur gardien après ces nouvelles stats, si ce n’est qu’Areola a un très léger meilleur pourcentage d’arrêts que son aîné.
Le jeu au pied pour les départager ?
Faute de mieux, mais aussi et surtout parce qu’avec le jeu de possession du PSG et la volonté de relancer proprement de derrière, il est impératif d’avoir un gardien habile de ses pieds, finissons cette étude par l’analyse des stats relatives aux passes des gardiens, en espérant qu’elle permette enfin de définir une hiérarchie claire entre les deux concernés.
Damned, encore raté ! Une nouvelle fois, la vérité dans une compétition ne se confirme pas dans l’autre. Alors qu’il affiche un excellent 95 % de passes réussies en Champions League, Areola n’est qu’à 83 % en Ligue 1 où Buffon le domine avec un joli 91 % (qui constitue d’ailleurs pour lui un record en carrière).
Le jeu long nous dit exactement la même chose : l’ancien de Villareal s’est montré plus précis en Ligue des Champions mais Buffon a inversé la tendance dans les joutes franco-françaises.
A entendre Tuchel dire clairement avant même la fin de la saison qu’il ne reproduira pas le même schéma l’an prochain avec deux gardiens quasiment sur la même ligne sans hiérarchie claire, on comprend mieux le casse-tête qu’a dû être pour lui cette saison dans le choix du dernier rempart pour chaque match. Les performances des deux joueurs, dont les stats que l’on vient de voir sont le reflet, ne l’ont d’ailleurs pas aidé à trancher puisqu’elles ont été très proches. A un niveau globalement correct.
Et faute de mieux c’est l’évaluation de Whoscored qui nous aidera à trancher notre question de départ sur leur meilleur gardien parisien de la saison.
Et si Gigi Buffon, considéré par Whoscored comme le 3ème meilleur gardien de Ligue 1 (derrière le Dijonnais Allain et le Niçois Benitez) avec une « note » moyenne de 6.88, devance Areola en championnat, au global des deux compétitions, c’est le Français qui s’impose (6.65 en Champions League et 6.80 en Ligue 1). Le pauvre Buffon étant plombé par sa bourde mancunienne (une évaluation de 4.76 ce soir-là qui lui plombe sa moyenne). Une boulette à laquelle il risque d’être associé longtemps, au moins dans l’esprit des supporters parisiens…
Article paru sur Culture PSG en juin 2019