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Analyses Saison 2018-2019

Les performances de Juan Bernat vues par les stats : technique et défense (Partie 2)

Après avoir analysé dans un premier volet les difficultés rencontrées par Juan Bernat pour ses débuts en Ligue 1 et mis en évidence à cette occasion ses lacunes dans le domaine offensif, place maintenant à ses points forts, toujours à l’aide de stats comparées de son début de saison avec ses moyennes en carrière, celles des anciens arrières gauches du PSG et, enfin, celles des spécialistes actuels du poste en Europe.

L’analyse des statistiques des matches de Ligue 1 de Juan Bernat permet de dégager deux points forts du jeu de l’ancien Bavarois sur ce début de saison : une grande maitrise technique et une grosse activité défensive.

Très propre techniquement

C’est devenu une condition indispensable pour pouvoir intégrer l’effectif du PSG : il faut être très fort techniquement. Même si, au même poste que Bernat, Yuri Berchiche a pu l’an passé faire illusion en compensant ses lacunes techniques par une énorme combativité, il jurait quand même sérieusement dans le paysage.

Le PSG n’a pas renouvelé l’expérience cet été en recrutant un Juan Bernat qui a tout au long de sa carrière toujours faire preuve d’une grande technicité, comme en attestent ses excellents pourcentages de réussite dans les passes ci-dessous.

Aucun problème d’adaptation de ce côté-là pour l’Espagnol qui s’est tout de suite mis au niveau de ses partenaires. Avec 90.3 % de réussite aux passes, il est en effet dans sa moyenne des années antérieures et a rapidement montré qu’il n’était pas embêté balle au pied, même sous pression. Les données du site « Du Stade aux Stats » indiquent même qu’il reste à un niveau très élevé de réussite (89 %) pour les passes effectuées dans le camp adverse.

Au petit jeu des comparaisons avec d’autres latéraux, dans lequel il était très souvent perdant dans de nombreux domaines dans la première partie de l’article, il est cette fois le grand gagnant : Meunier n’est qu’à 84.5 % de réussite, aucun ancien arrière gauche parisien ne fait mieux (pas même Maxwell qui était à 88.5 % de moyenne lors de sa carrière parisienne), et, surtout, aucun des dix spécialistes du poste étudiés dans notre analyse (pour mémoire : Marcelo, F. Mendy, Alba, Alonso, Robertson, Alaba, Hakimi, Tagliafico, Sandro et Kolarov) ne s’approche du taux de réussite actuel de Bernat. Kolarov (AS Roma) est le moins bon avec 81.5 % et Hakimi (Borussia Dortmund) le plus performant avec 87 %.

Adepte du dribble

Sûr techniquement et sûr de lui, le petit Espagnol (1.70 m) n’hésite pas à faire étalage de sa capacité à éliminer ses adversaires. Dans ce domaine, là aussi, la concurrence au sein même de l’effectif parisien est de taille, mais Bernat n’a pas froid aux yeux et utilise régulièrement le dribble pour se dégager de situations difficiles. Il est même, après les spécialistes Neymar et Mbappé, le Parisien qui réalise le plus de dribbles en moyenne par match. Il en a d’ailleurs réussi au moins un lors de chacun des cinq derniers matches de championnat.

Cet appétit pour la prise de risque individuelle ne lui est pas venu subitement au PSG à force de fréquenter ce qui se fait de mieux au monde dans le domaine. Ses stats allemandes en espagnoles témoignaient déjà de son goût pour le dribble.

A la lecture du graphique ci-dessus, deux constats s’imposent : d’une part, Bernat aime provoquer balle au pied et a même eu tendance à calmer ses ardeurs à son arrivée à Paris (sa moyenne entre 2013 et 2018 était de 3 dribbles par match) ; d’autre part, son taux de réussite dans cet exercice (47.4 % au PSG, 50.6 % en carrière jusque-là) ne justifie pas une telle prise de risque. En effet, et la comparaison avec notre Top 10 des arrières gauches du moment le confirme (leur nombre moyen de dribbles tentés n’est que de 1.6 et 9 des 10 joueurs étudiés ont une réussite supérieure à celle du Parisien) : son taux de réussite dans ses tentatives de dribble est relativement moyen et pose question quant au risque de balles perdues dans des zones potentiellement dangereuses.

Meilleur défenseur que prévu

Alors que des doutes existaient sur sa capacité à assurer défensivement que ses débuts hésitants (pénalty provoqué à Liverpool notamment) n’ont pas démentis, Juan Bernat est au contraire en train de démontrer qu’il peut être au niveau défensif d’une grosse cylindrée européenne.

Même si la défense du PSG, en Ligue 1, n’est que rarement mise à contribution, il présente des statistiques défensives nettement supérieures à ses saisons précédentes. Il effectue par exemple 3.3 tacles par rencontre alors que sa moyenne était jusque-là de 2.4.

Cette agressivité défensive qu’on ne lui connaissait pas est toutefois la bienvenue et apporte une grinta supplémentaire à une défense parisienne qui dispose désormais, avec les arrivées successives d’Alves et de Kehrer, de défenseurs en mode « guerriers ».

Bernat réussit même la performance de dominer l’ensemble des joueurs parisiens dans cette catégorie statistique du tacle (Antoine Bernède, avec seulement deux matches disputés a été retiré du classement). Aucun de ses prédécesseurs récents (pour Colleter, on aimerait quand même bien avoir accès aux statistiques…) au poste d’arrière gauche n’en effectuait autant (Kurzawa était à 2.9, Maxwell à 1.9). Et, encore plus révélateur, il domine assez nettement la quasi-totalité des spécialistes européens du poste dans cette catégorie où la moyenne de notre panel est de 2.3 tacles par match et où seul Tagliafico (Ajax Amsterdam) affiche un niveau supérieur (3.4).

Le constat est similaire pour les dégagements (2.1 par match) où il affiche sa plus haute moyenne en carrière (1.2 par match jusque-là), se situe au 3ème rang du PSG derrière Thiago Silva (4.1) et Marquinhos (2.9), et domine la moyenne de notre panel d’experts (1.6 dégagements par match).

Le meilleur latéral gauche d’Europe dans les missions défensives ?

Si l’on additionne les quatre principales interventions défensives répertoriées dans les statistiques (tacles, dégagements, interceptions, tirs contrés), il se situe même au sommet de la hiérarchie des arrières gauches de notre sélection européenne.

Les supporters parisiens, fortement agacés par le recrutement estival de ce latéral placardisé au Bayern et au profil résolument offensif alors que le rugueux et complet Filipe Luis (Atletico Madrid) semblait la recrue adéquate, ne doivent pas en croire leurs yeux à la vue de ces statistiques : Juan Bernat domine, à la mi-saison, le gratin des arrières gauches en termes d’interventions défensives !

Au global, que penser de cette première partie de saison de Juan Bernat ? Le bilan semble globalement moyen. Défensivement, il rend des copies solides et se montre très rassurant. Offensivement, on l’a vu, c’est pour le moment insuffisant mais il semble sur la pente ascendante et ses dernières prestations sont plus prometteuses. Son évaluation moyenne selon le site Whoscored, qui était de 6.5 après trois matches, est d’ailleurs monté à 7.4 sur les six suivants.

On a également pu constater dans cette analyse à quel point ses statistiques parisiennes pouvaient souvent différer de ses moyennes en carrière. Il paraît évident que sa fréquente association cette saison avec Neymar côté gauche influence très fortement son jeu et donc ses statistiques. Compte tenu du poids de Neymar dans le jeu offensif parisien, et de son peu d’appétit à défendre (en Ligue 1), il n’est pas illogique que les caractéristiques de jeu de Bernat s’en trouvent très directement impactées : peu utilisé dans la moitié de terrain adverse, ses stats offensives fléchissent ; mais peu soutenu défensivement par le Brésilien, il est très sollicité défensivement et ses stats défensives s’en ressentent aussi. Au-delà des aptitudes propres d’un joueur, le style de jeu de son équipe, et les joueurs avec lesquels il est associé, ont un gros impact sur ses performances et donc sur ses statistiques.

Au final, c’est un double paradoxe qui caractérise ce début de saison 2018-2019 de Juan Bernat : plutôt recruté pour ses supposées qualités offensives, il brille défensivement, tout en ayant inscrit en Champions League deux buts qui valent de l’or pour le PSG.  

Article paru sur Culture PSG en janvier 2019

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