Une Coupe du Monde difficile à digérer pour le PSG
Ce que craignaient certains observateurs après le très bon début de saison du PSG est en train de se confirmer : passée la Coupe du Monde, les résultats sont en chute libre. Des deux côtés du terrain, les performances de l’équipe de Galtier n’ont plus rien à voir en 2023 par rapport à 2022. Démonstration
On a comparé pour cet article les stats du PSG lors des seize premières journées de Ligue 1 (jusqu’au Strasbourg-PSG du 28 novembre) à celles des journées 17 à 24.
Conséquence d’un jeu beaucoup plus approximatif, les résultats ne sont plus au rendez-vous.
Ligue 1 | Victoires | Nuls | Défaites | Points/match |
---|---|---|---|---|
J1 à J16 | 14 | 2 | 0 | 2.8 |
J17 à J24 | 4 | 1 | 3 | 1.6 |
Invaincu lors des 16 premières journées, le PSG a connu 3 défaites en 8 matches en 2023 (Lens, Rennes et Monaco).
Sa moyenne de points, exceptionnelle en première partie de saison (2.8/match) a par conséquent chuté à 1.6 depuis la coupe du monde.
Que ce soit en attaque ou en défense, la différence de performance est notable.
Les Parisiens marquent en moyenne un but de moins par match en 2023 par rapport à 2022 (comprendre lors de la partie de la saison 2022-2023 disputée en 2022) :
Le PSG est passé de 2.8 inscrits par match, soit sur les bases d’une saison record, à 1.8 entre 2022 et 2023. Et encore, avant les 4 buts marqués face à Lille le week-end dernier, la moyenne 2023 était de 1.4 buts/match :
Lors d’un match sur deux depuis la reprise, le PSG marque un but maximum par match, alors que cela ne lui était arrivé que 5 fois en 16 rencontres pour démarrer la saison.
Cette baisse d’efficacité offensive a trois origines :
- le PSG se crée moins d’occasions
- les occasions que se crée le PSG sont de moins bonne qualité
- les attaquants du PSG sont moins réalistes face au but adverse
Commençons par la baisse du nombre d’occasions. Le nombre de tirs par match est passé de 15.6 à 13.1 (baisse de 16 %) et celui des expected goals de 2.7 à 1.9 (baisse de 29 %) :
C’est surtout la baisse des expected goals (et donc des occasions créées) qui est spectaculaire. Pourtant, à y regarder de plus près, la rupture ne date pas vraiment de la trêve internationale :
Lors des 6 premiers matches de l’exercice, la moyenne d’expected goals était de 3.7 xG/match. Un niveau incroyablement haut quand l’on sait que le record du PSG sur une saison est de 2.8 xG/match (en 2019-2020 sous Tuchel).
Passée l’euphorie du début, la moyenne est de 2 xG/match depuis la 7ème journée. Le graphique ci-dessus met notamment en évidence une période allant du match face à Marseille (3 xG) à celui de Rennes (0.6 xG) où, pendant 9 matches consécutifs, le PSG a produit moins d’expected goals match après match ! Et la coupure de la coupe du monde a été sans incidence sur cette chute vertigineuse.
Deuxième source de la baisse d’efficacité du PSG en 2023 : la qualité des occasions est moins bonne.
On mesure cette qualité avec la ratio d’expected goal par tir qui indique la probabilité moyenne de chaque tir de faire mouche. Ce ratio est passé de 17 % en première partie de saison à 14 % après la trêve.
Cette baisse de qualité des positions de tir est surtout valable pour Mbappé puisque celles de Messi et de Neymar restent stables (à des taux incroyablement élevés pour le Brésilien) :
Cette baisse de la qualité des situations de tir est confirmée par la localisation des tirs. Alors que le nombre de tirs de loin n’a pas varié sur les deux périodes, celui des tirs pris de l’intérieur de la surface est passé de 11.3/match à 8.9 :
Enfin, la baisse du réalisme offensif est la 3ème cause de la diminution du nombre de buts.
Avant la Coupe du monde, le PSG avait marqué 45 buts avec 42.6 xG, soit un delta positif de 2.4. Depuis janvier, le PSG a inscrit 14 buts avec 15.1 xG soit un delta négatif de 1.1.
En moyenne par match, cela donne le graphique ci-dessous :
La MNM n’est pas spécialement la cause de ce gâchis face au but, mais ce sont plutôt les autres joueurs qui ont tenance à manquer de précision en 2023 : Ramos est par exemple à 0.9 xG sans but inscrit, Sarabia à 0.7 (contre Lens), Vitinha à 0.4…
Ce manque de précision face aux cages est confirmé par le taux de tirs cadrés qui passe de 48 % avant la coupure à 41 % après, soit un passage de 7.4 tirs cadrés par match à seulement 5.3.
Les difficultés offensives du PSG depuis la reprise peuvent être illustrées par d’autres datas, comme celle des ballons touchés dans la surface adverse. Avant la coupure : 34 de moyenne par match, pas un match sous les 20 ; depuis la reprise : 24 de moyenne avec 3 matches (sur 8) sous les 20 ballons :
On voit sur le graphique ci-dessus que la chute dans ce domaine avait démarré avant la coupe du monde mais qu’elle s’est aggravée à la reprise.
Passons maintenant aux aspects défensifs où là aussi, l’écart entre avant et après la coupe du monde est important.
Alors que la défense parisienne n’encaissait en moyenne que 0.6 buts par match avant la World Cup, ce taux passe à 1.6 après. Comme en attaque, l’écart est d’un but entre les deux périodes.
Le détail par match ci-dessous est sans équivoque :
Auteurs de 9 clean sheets en 16 matches pour démarrer la saison, les Parisiens n’en ont réalisé qu’un seul en 8 matches depuis le début de l’année 2023.
D’ailleurs le PSG a encaissé lors de ses huit derniers matches plus de buts (13) que lors des 16 premiers (10) !
On notera au passage que le PSG a déjà à son actif, après 24 journées, 4 matches avec au moins 3 buts encaissés (Troyes, Lens, Monaco et Lille). Il égale donc sa plus mauvaise saison sous QSI en la matière (2018-2019). Lors de 3 saisons (2 avec Blanc, 1 avec Emery), le PSG n’avait jamais encaissé 3 buts au cours d’un match de Ligue 1 :
Ces buts encaissés ne sont pas le fruit du hasard mais bien la conséquence d’un nombre d’occasions concédées plus important. Les expected goals adverses par match sont en effet passés de 0.9 en 2022 à 1.6 en 2023 :
Le taux de 0.9 était dans les standards des défenses parisiennes sous QSI mais cette moyenne de 1.6 expected goals concédés en dit beaucoup sur les difficultés sans ballon du PSG.
Cette hausse est d’autant plus inquiétante qu’elle n’est pas la résultant d’un choix offensif assumé puisqu’on a vu plus haut qu’au contraire l’attaque parisienne avait perdu de sa superbe lors de cette seconde partie de saison.
Le détail par match ci-dessous indique que c’est surtout lors des deux derniers matches que le PSG a concédé beaucoup d’occasions :
Les 3.8 expected goals concédés à Monaco constituent même un record pour un adversaire du PSG en Ligue 1 depuis que la stat est disponible (2014-2015, source : understat.com).
Depuis 2014 d’ailleurs, le PSG n’avait concédé plus de 3 expected goals au cours d’une rencontre de Ligue 1 qu’à deux reprises seulement (contre Lyon en 2019 et déjà Monaco en 2020). Lors de ses deux derniers matches (3.8 xG à Monaco et 3.2 contre Lille), le PSG a donc réussi « l’exploit » de faire « aussi bien » qu’en 8 saisons…
Si le PSG encaisse plus de buts, c’est aussi que les adversaires sont plus réalistes : de seulement 10 buts concédés malgré 13.8 xG en première partie de saison, le PSG est passé à 13 buts encaissés pour 13 xG en deuxième partie.
D’ailleurs, si le nombre de tirs est globalement identique (11.1 vs 11.8), celui des tirs pris de l’intérieur de la surface par les adversaires est lui en forte hausse (de 6.2 à 7.9). Cela en dit long sur la facilité des adversaires à s’approcher de la cage de Donnarumma.
Les mauvais résultats du PSG depuis le début de l’année 2023 ne sont pas le fruit du hasard mais bien la conséquence logique d’un niveau de jeu en baisse. Le plus inquiétant est que ce constat concerne aussi bien les aspects offensifs que défensifs.
On a vu également que cette tendance trouvait son origine, et c’est encore plus inquiétant, avant même la coupure internationale.
Défensivement, le PSG semble avoir touché le fond lors deux derniers matches de championnat, joués en apnée. Il faudrait maintenant donner un coup de pied au fond de la piscine pour remonter à la surface ? Il est encore temps, il reste encore un peu d’air. Mais plus beaucoup.