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Rennes-PSG (2-0) : la faillite des attaquants parisiens

On ne va pas tourner autour du pot : la première défaite de la saison du PSG, à Rennes ce dimanche, est principalement due à la (contre) performance de ses attaquants. Pourtant Pochettino avait aligné la crème de la crème : Neymar-Mbappé-Messi-Di Maria. Retour en chiffres sur une faillite.

Rennes-PSGLa faillite des attaquants
MbappéA la recherche de l’efficacité perdue
Messi A la recherche de la réussite
NeymarA la recherche de sa justesse technique
Di MariaA la recherche de son pied gauche

Deux chiffres résument bien la « disasterclass » des attaquants parisiens à Rennes : tout d’abord, 0 comme le nombre de tirs cadrés. En remontant jusqu’à la saison 2016-2017, on ne trouve nulle part trace d’une telle contre-performance en Ligue 1.

Opta indique même que jamais depuis 2006 le PSG n’avait tiré autant sans cadrer une seule fois :

Les expected goals constituent la seconde data pointant les attaquants parisiens comme les « responsables » de la défaite en terre bretonne : selon le site understat.com, le PSG aurait dû marquer au moins une fois puisqu’il est crédité de 1.4 xG.

A eux quatre, les attaquants représentent 1.36 de ces 1.4 xG :

C’est Messi qui a le plus vendangé au final (0.47 xG), mais Mbappé (0.44) et Neymar (0.41) sont juste derrière.

Rentrons maintenant dans le détail de ce qui péché dimanche chez chacun des « 4 Fantastiques » :

Mbappé à la recherche de l’efficacité perdue

Le cas le plus simple à analyser est celui de Kylian Mbappé, tant la stat le concernant est parlante : il vient d’enchaîner son sixième match consécutif sans marquer. Il égale ainsi sa plus mauvaise passe (Ligue 1 + Champions League) depuis son arrivée au PSG. Sa précédente (et seule autre) période de « pain sec » remonte au printemps 2018 où il avait aligné six matches (de Ligue 1) sans marquer. Il s’agissait d’ailleurs des six derniers matches de sa première saison sous les couleurs parisiennes. Lors de ces 6 matches, il avait frappé 15 fois au but pour un total de 1.4 xG. Il avait ensuite démarré la saison 2018-2019 par un doublé à Guingamp.

Jamais depuis il n’avait connu de période de sécheresse de plus de 4 matches (la fin de saison 2019-2020 avec les 4 matches de Champions League, de Dortmund au Bayern) si l’on exclut les matches de coupe.

Cette saison, après avoir marqué 4 fois lors des 5 premiers matches, il vient donc d’enchaîner six matches sans scorer. Il reste le meilleur buteur du club mais est « challengé » par le surprenant Gueye (4 buts également).

Si l’on regarde en détail les six matches en question, on constate que les occasions n’ont pas manqué puisqu’il est crédité de 2.1 xG.

Lors des cinq premiers matches de l’exercice, c’est-à-dire avant le début de la campagne européenne, il avait converti 4 de ses 3.7 xG. Il avait tiré en moyenne 4.2 fois au but par match.

Depuis le match contre Bruges (15 septembre), il n’a donc pas marqué malgré 2.1 xG et 15 tentatives. Sa moyenne de tirs est descendu à 2.5 par rencontre. Il a même terminé un match sans frappe tentée (contre Manchester City), ce qui ne lui est arrivé que trois fois la saison dernière (déjà face à City ainsi que contre Lille et Monaco).

Si l’on ajoute ses trois dernières frappes du match face à Clermont (le dernier où il a marqué), il en est donc à 18 tirs consécutifs sans marquer. A titre de comparaison, sa moyenne depuis qu’il joue à Paris est d’un but tous les cinq tirs !

Plus que les parades des gardiens, le souci est qu’il est beaucoup moins précis : il n’a cadré que trois de ses 15 derniers tirs (20 %) alors qu’il tournait à 48 % en début de saison.

Pour info, il tournait la saison passée à 53 % et, hormis sa première saison, il n’est jamais descendu sous les 50 % de tirs cadrés :

Au-delà de son manque de précision, le fait qu’il tente plus sa chance de loin (29 % de ses tirs contre 15 % la saison dernière) explique aussi en partie la baisse de son taux de tirs cadrés.

Face à l’équipe de Genesio, sur ses 4 tirs, c’est bien évidemment celui de la 25ème minute, où il se déchire complètement malgré une position favorable, qui laisse le plus de regrets :

Nul doute que la trêve internationale va lui remettre les idées en place et qu’il retrouvera son esprit « clinic » dès la rencontre face à Angers le 15 octobre.

Messi à la recherche de la réussite

Le cas de Lionel Messi est forcément différent de celui du « génie français ». Il n’a disputé que 4 matches sous les couleurs parisiennes (1 but face à City) et, surtout, face à Rennes, malgré un total d’expected goals de 0.5, il est difficile de lui reprocher son manque de réalisme.

Le constat avec Messi c’est plutôt que la réussite le fuit. En 5 matches avec le PSG, il a tenté sa chance 13 fois et a touché les montants à 3 reprises ! La série avait commencé à Bruges avec une magnifique frappe enroulée sur la barre. Elle s’était poursuivie face à City avec une frappe sans contrôle encore sur la barre.

La malchance a donc encore frappé ce dimanche à Rennes avec un coup-franc somptueux sur la barre alors que le gardien était battu.

Sa seconde tentative sur coup-franc passera elle à quelques centimètres du but.

En Ligue 1, il partage la première place des tirs sur les montants avec 6 autres joueurs :

Comme pour Mbappé précédemment, nul doute que la roue va tourner et que la réussite fera son retour et viendra couronner des rencontres qu’il illumine (partiellement) de toute sa classe. En marchant certes, mais avec classe.

Il a par exemple terminé le match au Roazhon Park avec la première place du PSG en termes de tirs (5), passes clés (3), actions amenant un tir (5), passes réussies dans le camp adverse (58) et passes progressives (12).

Ne reste plus qu’à viser 5 centimètres plus bas sur tes frappes Leo !

Neymar à la recherche de son niveau technique

L’analyse de ce qui a fait défaut dans le match de Neymar à Rennes nous oriente assez naturellement vers ses maladresses techniques. Alors, oui, on est d’accord, son niveau physique est forcément en partie la cause de ses erreurs techniques. Mais les datas à notre disposition mettent clairement en évidence un déficit technique inédit chez le Brésilien.

Son nombre de ballons perdus, sans atteindre certains sommets de précédentes rencontres (plus de 30 contre Metz et Montpellier), le positionne comme le principal pourvoyeur de cartouches rendues à l’adversaire (22) :

Les attaquants ont perdu à eux quatre 70 ballons, soit 61 % des turnovers de l’équipe.

Depuis le début de saison, il a perdu 32 % des ballons qu’il a joués en Ligue 1. Il s’agit de son plus haut taux depuis son arrivée au PSG :

Son nombre de ballons perdus reste constant saison après saison (autour de 28), mais compte tenu de son moindre volume de jeu en 2021-2022 (87 ballons joués contre 96 la saison dernière), son taux de ballons perdus est lui en hausse.

Le pire, c’est que c’est souvent en ratant des choses simples que Neymar a rendu le ballon aux Rennais. Il a notamment manqué 15 passes, son plus haut total de ses vingt derniers matches. Parmi les 22 titulaires de la partie, seul l’arrière droit rennais Traoré affiche un moins bon taux de réussite aux passes (72 % contre 75 % à Neymar).

Ce phénomène ne date pas du match de dimanche et il présente ainsi son moins bon taux de passes réussies depuis son arrivée dans la capitale française :

Lors des trois premiers matches de Ligue 1, il avait réussi 82 % de ses passes. Lors des trois derniers, son taux est tombé à 76 % avec un total de 41 passes ratées (sur 170).

Enfin, son déchet technique transparait également dans sa maladresse face au but. On a déjà eu l’occasion de revenir longuement dessus après le match de Montpellier. A Rennes, il a poursuivi sa série de matches sans but dans le jeu (11 désormais), malgré une énorme opportunité à la 23ème minute suite à un coup de billard dans la surface :

Comme on le voit sur l’image arrêtée ci-dessus, sa frappe est partie dans les nuages alors qu’il est au niveau du point de pénalty. Le cauchemar continue.

Les indicateurs à notre disposition témoignent donc d’un Neymar en délicatesse avec sa technique. Il est cependant évident que sa forme physique, a priori précaire, joue sur ses erreurs.

Reverra-t-on un jour un Neymar fit qui, dès lors, retrouverait son adresse devant le but ? On y croit.

Di Maria, à la recherche de son pied gauche

Di Maria, lui, a marqué cette saison dans le jeu (à Brest pour son premier match). Plus rien néanmoins malgré huit tentatives. Fera-t-il mieux que ses maigres 4 buts de la saison dernière en Ligue 1 (son plus faible total au PSG) ? Rien n’est moins sûr.

Mais ce qui inquiète surtout c’est son déchet dans les centres. On ne va pas revenir sur la réputation et le passé de Di Maria dans cet exercice. S’il se voit confier la responsabilité des corners et coup-francs excentrés, c’est bien que le plus souvent il a une main à la place du pied gauche. Le problème c’est qu’on dirait que c’est sa main droite, celle dont il ne se sert que pour faire des cœurs avec les doigts, qui fait office de pied gauche depuis le début de saison.

Contre Rennes, il a raté les 7 centres qu’il a exécutés :

Il est donc le principal contributeur de l’incroyable déchet parisien en matière de centres dimanche : 4 réussis sur 17. Le PSG n’avait pas tenté autant de centres dans un match cette saison.

Le problème de l’Argentin c’est que depuis le début de saison, il collectionne les centres ratés :

El Fideo n’a réussi qu’un seul centre sur vingt depuis le début de saison. Un taux de réussite de 5 % indigne de son talent, et en gros décalage par rapport à ses saisons précédentes :

Ce qui inquiète également, c’est le manque de complémentarité avec Hakimi sur le côté droit. Les deux joueurs, qui parlent pourtant en théorie le même football, combinent peu pour le moment. Ou en tous les cas, pas encore de manière réellement tranchante.

Puisque l’on a décidé de verser dans l’optimisme dans cet article, on espère que là aussi le temps fera son oeuvre et que les combinaisons côté droit fleuriront sans tarder.

Le PSG a donc été lâché par ses stars dimanche en terre bretonne. Avec à la clé la première défaite de la saison. Pour chacun des quatre attaquants, les explications et les marges de progression sont bien identifiées. On a hâte de voir les progrès à l’œuvre ces prochaines semaines tant cette attaque de feu est prometteuse sur le papier.

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