PSG-Monaco (1-1) : Paris n’attaque toujours pas la profondeur
Face au Monaco de Philippe Clément, les Parisiens ont connu leur premier accroc de la saison en ne faisant que match nul au Parc des Princes dimanche soir. Un match marqué par l’ambitieux plan de jeu des Monégasques : un pressing très haut des attaquants pour gêner la relance, des milieux très agressifs et un marquage individuel des défenseurs. Cela aurait pu permettre aux hommes de Galtier d’exploiter la profondeur laissée derrière eux par leurs adversaires, mais, pour cela, il aurait fallu trouver un peu de jeu long, faiblesse récurrente du jeu parisien. Analyse.
L’arrivée de Christophe Galtier aux commandes du PSG a immédiatement permis de corriger l’un des gros maux du PSG ces dernières années, à savoir la faible utilisation des pistons. Le positionnement plus haut des latéraux, permis par la présence de trois centraux, est clairement créateur de danger et d’occasions depuis le début de saison.
En revanche, l’un des autres dysfonctionnements majeurs du jeu parisien depuis plusieurs saisons reste pour le moment bien présent : Paris ne sait toujours pas jouer long.
Depuis plusieurs saisons, le constat reste le même, à tel point que la saison dernière, le PSG était, des 98 formations engagées dans les cinq principaux championnats européens, celle qui effectuait le moins de passes longues (alors même que le PSG était une des équipes avec la plus forte possession du ballon).
Et cette année ? Bis repetita !
Après 4 journées, le PSG est de nouveau l’équipe européenne qui effectue le moins de passes longues : 26 par match en moyenne, devant la Real Sociedad qui en tente 39 ! L’écart est colossal.
Ci-dessous, le détail des équipes de Ligue 1 uniquement, qui donne aussi une bonne idée du différentiel entre le PSG et les autres écuries :
En moyenne, les autres équipes de Ligue 1 réalisent 52 passes longues par match soit exactement le double du PSG !
Le PSG réussit donc l’exploit d’être l’équipe qui fait le moins de passes longues, alors même qu’elle est, avec Lyon, l’équipe qui fait le plus de passes globalement.
Les passes longues ne représentent que 4 % des transmissions parisiennes, contre 12 % en moyenne chez les autres équipes.
Le propos n’est pas de dire qu’il faut absolument allonger et balancer de grands ballons devant. Mais d’une part, l’écart avec les autres équipes, y compris des formations au même style de jeu comme Manchester City (45 passes longues en moyenne) interpelle. Et d’autre part, surtout, l’arme du jeu long paraît parfaitement adaptée aux situations que rencontre le PSG en Ligue 1 et cela manque cruellement à son jeu.
Face aux blocs bas, il pourrait être judicieux de tenter des transversales pour renverser complètement le jeu et prendre à revers les blocs qui coulissent. Et pour contrer les équipes qui choisissent au contraire de jouer haut et laissent beaucoup d’espace dans leur dos, le jeu en profondeur, qui plus est avec la vitesse de Mbappé, est en théorie une arme létale.
On en vient donc enfin au match de dimanche contre Monaco où les joueurs de Clément ont fait le pari d’aller chercher haut les Parisiens et, en outre, de jouer l’individuelle derrière (Maripan sur Mbappé, Disasi sur Neymar et Badiashile sur Messi) sans réelle couverture.
Gênés dans la relance, les Parisiens se sont entêtés à essayer de ressortir court, quitte à faire redescendre Verratti entre ses centraux, voire Neymar et Messi dans l’entrejeu. Le résultat fut pour le moins mitigé puisque les Parisiens ne sont guère parvenus à inquiéter une équipe monégasque qui a au contraire, elle, profité de son pressing agressif pour marquer un but sur une récupération haute.
Il y avait pourtant la place de faire autrement tant le bloc rouge et blanc était positionné haut. Alors à qui la faute ? Aux attaquants qui ne font pas les appels dans la profondeur ou aux rampes de lancement qui ne servent pas les attaquants ? Sûrement un peu des deux : Messi ne fait pas ce genre d’appels, Neymar peu et Mbappé pas autant qu’il le devrait. Il manque clairement dans l’effectif parisien ce type de joueurs qui fait beaucoup d’appels (pour lui et pour les autres)…Un joueur qui aurait pu être Kalimuendo d’ailleurs
Quant aux défenseurs et aux milieux, à part Ramos, aucun n’a tenté plus de deux passes longues contre Monaco :
A une seule occasion, en toute fin de match, les joueurs de Galtier ont pourtant compris que c’était la solution : Mendes, dans ses 30 mètres, a lancé Mbappé parti à la limite du hors-jeu.
Ce dernier n’a cependant pas réussi à prendre suffisamment d’avance sur son édfenseur et n’a pu armer sa frappe dans une position idéale :
C’est une phase de jeu que l’on aurait aimé voir plus souvent, tant le système mis en place par Monaco et les caractéristiques de Mbappé s’y prêtaient.
Voilà en tous les cas un challenge intéressant à relever pour le staff de Galtier : inverser cette incroyable courbe du nombre de passes longues tentées, qui chute saison après saison :
Le PSG tentait 55 passes longues par match en 2013-2014 (1ère saison de Blanc). On est descendu à 36 la saison denrière et après 4 journées, on en est à 26.
Bien sûr, par le passé, un joueur comme Ibrahimovic permettait d’être une cible idéale pour les longs ballons. Mais le PSG n’a plus ce genre de joueur dans son équipe, ni même dans son effectif.
Il est également curieux et inquiétant de voir combien la courbe de l’évolution des passes longues de Verratti accompagne la dégringolade du PSG :
Le petit Italien tentait entre 7 et 10 passes longues par match au début de carrière et il est descendu sous les 4 cette saison…
Allez, Monsieur Galtier, vous avez apparemment du bon sens et savez exploiter les qualités de vos joueurs. Alors, redressez-nous cette courbe du jeu long (on aimerait tellement voir les latéraux être servis en mouvement dans la profondeur) pour que le PSG dispose d’une arme supplémentaire à son fantastique arsenal offensif.