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Matches Saison 2021-2022

PSG-Leipzig (3-2) : Paris étouffé, Paris empêché mais Paris vainqueur !

Etouffé par le pressing allemand, dominé au milieu de terrain, sans solution collective, le PSG a néanmoins une nouvelle fois pu compter sur ses individualités pour venir à bout d’une belle équipe de Leipzig. Analyse en chiffres.

L’intensité du pressing de Leipzig constitue l’un des principaux faits marquants du match . Alors que quelques semaines plus tôt, les Parisiens, Verratti en tête, avaient su déjouer le pressing de Manchester City, il en fut tout autrement mardi soir face à l’équipe de Jesse Marsch.

A de nombreuses reprises, les Allemands ont mis une pression folle sur le porteur de balle du PSG, y compris dans le camp parisien. Organisé en 3-5-2, Leipzig a profité de sa supériorité numérique au milieu de terrain pour harceler le porteur et gratter quantité de ballons.

En plus de son dispositif tactique densifiant le milieu de terrain, Leipzig a pu s’appuyer sur l’énergie folle mise dans ce travail de pression par ces infatigables travailleurs de l’entrejeu.

La comparaison en chiffres fait froid dans le dos :

Les coéquipiers de Laimer ont donc réussi plus d’actions de pressing (87) que n’en ont tenté les Parisiens (83)…

Leipzig a effectué 311 actions de pressing. En remontant jusqu’en 2018-2019, jamais on ne trouve trace d’une telle performance face au PSG au Champions League :

Et ce n’est pas mieux en Ligue 1 : la moyenne des adversaires du PSG la saison dernière était de 158 pressions par match. Même si c’est légèrement plus cette saison (183), on est très loin des 311 actions de pressing allemandes de mardi.

Et ce n’est pas le taux de possession qui est en cause puisque les Parisiens ont le même taux de possession en Ligue 1 que face à Leipzig (64 %).

Ce harcèlement s’est surtout exercé au milieu de terrain. Il n’était pas rare de retrouver Verratti, voire Gueye ou Herrera, entouré de quatre voire cinq adversaires, entraînant de nombreuses pertes de balle débouchant sur des actions allemandes.

Ci-dessous, dès la 3ème minute, Verratti, probablement ciblé, est enfermé au milieu et entouré de 6 adversaires ! Sur cette action, l’Italien perdra la balle et les Allemands auront une première grosse occasion de marquer (Nkunku décale un peu tard Laimer sur sa droite qui bute sur Navas) :

D’ailleurs 173 des 311 pressions de Leipzig ont eu lieu dans cette zone du terrain. La position moyenne des joueurs de Leipzig ci-dessous (en bleu) rend bien compte de la stratégie audacieuse de Marsch d’aller chercher très haut les Parisiens :

Les pistons Mukiele (22) et Angelino (3) sont positionnés aussi haut sur le terrain que les attaquants Silva (33) et Nkunku (18).

Résultat : le PSG n’a pas réussi à construire et avait toutes les peines du monde à franchir le milieu de terrain. Les Parisiens ont certes eu 64 % de possession, mais 35 % du temps, le ballon s’est trouvé dans leur propre tiers de terrain (contre 20 % pour Leipzig).

Cette incapacité du PSG à faire progresser le ballon se voit aussi dans la carte de chaleur. On a mis ci-dessous en parallèle une heatmap habituelle du PSG (à droite celle face à Angers) avec celle face à Leipzig :

La différence entre les deux est assez nette et traduit bien la difficulté du PSG à aller occuper la moitié de terrain allemande.

Cette densification du milieu a permis aux Allemands de rendre impuissant un joueur aussi habile techniquement que Verratti, une sorte de « Messi de la sortie de balle ». Il faut dire qu’il avait fort à faire avec le « Messi du pressing » (© Julien Momont) en face de lui, l’Autrichien Konrad Laimer (24 ans).

Le numéro 27 de Leipzig a explosé les compteurs en terme de pressing avec 60 pressions tentées. A titre de comparaison, le record d’un Parisien la saison dernière était détenu par Gueye avec 45.

Laimer a beau être un spécialiste de l’exercice, jamais dans sa carrière il n’avait atteint un tel total. Il est logiquement le joueur qui a tenté le plus de pressings depuis le début de la compétition (102).

Mais il n’y a pas que Laimer qui a rendu fou les milieux Parisiens. C’était une œuvre collective impliquant tous les joueurs.

D’ailleurs le titulaire de Leipzig ayant tenté le moins de pressings (Orban, 13) a le même total que le Parisien en ayant tenté le plus (Verratti) !

Laimer termine quand même le match avec des stats folles, surtout si on les compare à Gueye et Herrera :

L’Autrichien totalise 50 interventions défensives, contre 13 en cumulé pour le duo de relayeurs Gueye-Herrera (122 minutes à eux deux).

Gueye n’a d’ailleurs récupéré aucun ballon pour la première fois depuis qu’il joue au PSG (matches avec au moins 20 minutes jouées).

Et Verratti alors ? L’Italien fut comme toujours au four et au moulin. Il a touché 138 ballons (record pour un Parisien cette saison) et réussi 4 dribbles sur 6. Défensivement, il s’est encore plus démené que d’habitude : 5 dégagements et trois tirs contrés, soient ses plus hauts totaux depuis la saison 2015-2016.

Mais il reste humain et il a lui aussi subi les foudres de la machine à presser allemande. Il a notamment perdu 20 ballons (record du match) mais cela ne représente que 14 % des ballons joués, un ratio légèrement plus mauvais que celui de sa saison dernière (11 %).

Tant qu’on est dans les stats, on signalera que ce fort pressing allemand s’est traduit en terme de fautes commises (19 à 7), d’interceptions (16 à 7) mais aussi et surtout en nombre de ballons touchés dans la surface : alors qu’ils n’ont joué que 528 ballons, contre 849 au PSG, les joueurs du RBL ont été plus souvent que les Parisiens en possession du cuir dans la surface adverse (37 à 28) !

Bon, d’accord, mais comment le PSG a réagi face à ce pressing dingue ? Quelles solutions a-t-il trouvé pour l’emporter ?

On peut déjà dire que ce n’est pas par le jeu long que les Parisiens ont essayé de se défaire du pressing allemand. Compte tenu de la hauteur du bloc de Leipzig, des espaces laissées dans le dos des défenseurs et de la vitesse de pointe de Mbappé, voire Hakimi ou Mendes, cela constituait pourtant une solution assez évidente.

Paradoxalement, c’est même le match de la saison où le PSG a (en proportion du nombre de passes) utilisé le moins le jeu long… En effet, seulement 4 % des passes parisiennes sont des passes longues (25/626). Tout en ayant beaucoup moins le ballon, Leipzig a tenté 29 passes longues (9 % des passes tentées).

Marquinhos est le seul Parisien à avoir réussi plus de 3 passes longues lors de la rencontre :

Une autre stat illustre bien la difficulté des Parisiens à jouer vers l’avant : le rapport entre les mètres gagnés par la passe et la distance totale des passes. Ce taux est de 29 % pour le PSG face à Leipzig. Cela signifie que sur l’ensemble des mètres parcourus par les passes du PSG (10 703 m), seulement 29 % l’ont été en direction du but adverse (3 061 m). A titre de comparaison, le taux de Leipzig est de 41 % !

Seule 22 % de la distance parcourue par les passes d’Hakimi par exemple l’a été vers l’avant. C’est dire les difficultés du PSG à construire sur les côtés malgré le positionnement excentré de Messi et de Draxler.

Auto-privé de l’option passes longue distance, quelle arme ont utilisé les Parisiens pour essayer de contourner le pressing allemand ? Faute de pouvoir s’appuyer sur un jeu collectif bien huilé et des circuits de sortie de balle travaillés, les Parisiens ont abusé de l’option individuelle.

Les hommes de Pochettino ont en effet tenté 39 dribbles face à Leipzig, record de la saison sur un match pour le PSG. La moyenne en Ligue 1 est de 25.

Le PSG n’a dépassé ce total qu’une fois la saison dernière (40 face à Angers). Et depuis la saison 2016-2017, jamais le PSG n’avait atteint un tel total sur un match de Champions League.

Le PSG est par conséquent l’équipe de Champions League qui dribble le plus, devant Liverpool et le Milan AC. Avec 29 dribbles par match, le PSG est même sur les bases d’une saison record en la matière.

Pour la troisième saison consécutive, les joueurs de la capitale augmentent leur moyenne de dribbles tentés dans la compétition européenne. Le PSG tente pour le moment près de 10 dribbles de plus par match qu’en 2018-2019. Le taux de réussite est en outre l’un des plus bas des dernières saisons (56.2 %).

Face à Leipzig, ils sont huit à avoir essayé de passer leur adversaire en un-contre-un :

On ne va pas se plaindre d’avoir dans l’effectif des joueurs capables d’éliminer balle au pied leur adversaire. On trouve d’ailleurs trois Parisiens dans le Top 10 individuel des dribbles/match en Champions League (Mbappé 3ème avec 7.3, Verratti 5ème avec 6 et Messi 10ème avec 5.7).

Mais l’impression qui prédomine c’est plutôt que, faute de solution collective, le PSG cherche à faire des différences individuellement. Et si encore, il s’agissait de phases collectives travaillées permettant d’isoler un attaquant et de le mettre en situation de un contre un, pourquoi pas. Mais, ces derniers mois, et particulièrement mardi face à Leipzig, l’utilisation du dribble est apparue plutôt comme une solution par défaut, et les dribbleurs parisiens devaient souvent faire face à plusieurs joueurs. Pas vraiment la situation idéale. Et malgré un taux de réussite très correct (62%), les dribbles ratés ont constitué autant de cartouches de contre dont se sont régalés les Allemands.

Comme un symbole de la différence de style et du degré de maturité différent du jeu collectif des deux formations, les joueurs de Marsch n’ont tenté que 10 dribbles (6 réussis).

Autre stat illustrant la différence de qualité de jeu : presque tous les tirs (89 %) de Leipzig sont issues d’une passe d’un partenaire (16/18), alors qu’au PSG le taux sur ce match n’est que de 58 % (7/12).

D’ailleurs, ce ratio passes clés/tir, n’a jamais été aussi bas que cette saison au PSG :

Face à Leipzig, à eux deux, Messi et Mbappé ont réussi une seule passe clé (celle ci-dessous sur le but de Messi).

Ah oui, car, au final, le PSG a quand même marqué trois buts, soit un de plus que son adversaire, ce qui reste le principal (ou pas) ! Mais, en jouant de cette manière, combien de temps encore les hommes de Pochettino vont-ils pouvoir continuer d’enchaîner les victoires, parfois très heureuses ?

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