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PSG-Clermont (4-0) : La victoire des soutiers

Soutier, définition (au figuré) : « Personne qui occupe une fonction ingrate, généralement indispensable, et est peu considérée ». Ça ne vous rappelle pas quelqu’un ? Ou plutôt quelques-uns des acteurs de samedi (victoire 4-0 contre Clermont) ? En l’absence de beaucoup de titulaires, ce sont les joueurs de l’ombre, Danilo, Gueye, Herrera et Rafinha qui ont porté le PSG. Retour en chiffres et en graphiques sur les exploits des soutiers du PSG.

La victoire des soutiers
Danilo Pereira, le ramasse-miettes
L’indispensable Gana Gueye
Ander Herrera, où il faut quand il faut
Rafinha, je t’aime moi non plus

« Indésirables », « trop payés », « empêcheurs de recruter en rond », « à se débarrasser dès que possible pour faire venir Pogba ou Camavinga », etc… Que n’a-t-on pas entendu ces dernières semaines sur certains joueurs du PSG, particulièrement au milieu de terrain. Les joueurs concernés ? Notamment (mais pas que) Danilo Pereira, Ander Herrera, Rafinha et Gana Gueye. Des internationaux ou tout au moins des joueurs référencés qui ont rendu, ces dernières années, de précieux services au PSG.

On ne va pas revenir ici sur les états de service de chacun d’entre eux. Rien que sur la saison passée, on vous invite à vous (re)plonger dans les bilans individuels réalisés pour chacun d’entre eux. Et vous verrez qu’on a à faire à des joueurs de qualité. Des cracks mondiaux à leur poste ? Non. Mais une équipe de foot ne peut pas être constituée uniquement d’individualités hors pair. Ni d’un mélange fantasmé par certains supporters de « Titis et de Galactiques ».   

Il faut des joueurs d’équipe. Des joueur de l’ombre qui mettant du liant entre toutes les composantes. Des joueurs prêts à mouiller le maillot contre Clermont et Troyes, à disputer des matches de Coupe de France dans des coins perdus, à entrer en jeu à la 89ème pour casser le rythme adverse, à couvrir les montées des pistons ou les non replis des stars de l’attaque et à accepter de rester longtemps sur le banc pendant que les projecteurs sont braqués sur les faiseurs de magie.

En gros, pour le dire vite, il faut des N’Golo Kante. On n’ira pas jusqu’à dire que le PSG en possède plusieurs tant le joueur de Chelsea est devenu la référence à son poste. Mais Paris a dans son effectif des joueurs de devoir, prêts à se sacrifier sans broncher pour les stars. Et samedi face à Clermont, c’était leur heure de gloire. Peut-être la seule de la saison, qui sait ?

On revient donc dans cet article sur les performances de chacun de ces soutiers, Danilo, Gueye, Herrera et Rafinha. Ils ont tous les quatre « une fonction ingrate, indispensable et peu considérée ».

Danilo Pereira, le ramasse miettes

Face à Clermont, Danilo Pereira a joué au ramasse-miettes. Pourquoi ce qualificatif ? Parce que l’air de rien, sans y toucher, il a récupéré un nombre incalculable de ballons (enfin si, Opta l’a calculé, il y en a eu 8, record du match) en se positionnant dans une position reculée pour profiter du premier travail de harcèlement des autre « soutiers ».

On remarquera au passage que nos « 4 Fantastiques » du soir occupent les quatre premières place de ce classement des ballons récupérés et représentent plus de la moitié (53 %) du total des ballons repris aux Clermontois.

C’est d’ailleurs sur une de ses récupérations que Draxler se créera une grosse occasion à la 40ème minute avec sa frappe du gauche repoussée devant sa ligne par un défenseur :

Cette capacité du Portugais à anticiper les erreurs adverses et à leur voler le ballon a été particulièrement évidente sur ce match qu’il termine avec 3 interceptions (plus haut total du match), 3 tacles réussis sur 4, 4 duels gagnés sur 6 et 1 dégagement. Il a « noirci » la feuille de stats défensive !

Mais il ne s’est pas contenté de défendre. Il aurait même pu, comme ses copains Gueye et Herrera, marquer : à la 24ème, dans le camp auvergnat, il trouve Mbappé qui décale Hakimi lancé dans son couloir. Le Portugais reprend le centre du Marocain mais, là encore, la frappe est contrée par un Clermontois qui se jette bien.

Globalement, il n’a pas été maladroit balle au pied (à une relance ratée près) et a même réussi deux passes longues sur deux.

De sa position de sentinelle, il avait le temps d’apprécier les situations et d’intervenir à bon escient. Son physique et sa science du placement faisant le reste. En phase de construction, il revenait aussi s’intercaler entre les centraux avec une ligne de 4 (Hakimi-Herrera-Gueye-Diallo) puis une ligne de 3 (Rafinha-Mbappé-Draxler) devant lui. Bref, un match dans un fauteuil pour le sénateur Danilo.

L’indispensable Gana Gueye

Déjà auteur d’une bonne saison passée, Gueye est reparti sur des bases très élevées en 2021-2022. Il avait déjà marqué un but, somptueux, à Brest, d’une frappe de 30 mètres. Il a remis ça samedi avec cette fois un but plus simple, dans sa conclusion en tous les cas.

A la 65ème minute, sur une action qui implique une nouvelle fois trois de nos quatre héros du jour, il bénéficie d’une récupération (encore une !) de Danilo et d’un relais d’Herrera puis de Draxler pour servir Mbappé en profondeur. Le Français choisit l’option individuelle mai sa frappe, déviée par le gardien, revient sur la tête de Gana qui a bien suivi et n’a plus qu’à pousser le ballon dans le but.

La cerise sur le gâteau pour le Sénégalais auteur d’un match extrêmement abouti. Plus que son abattage défensif habituel, ce sont ses projections qui ont illuminé son match. Il est l’auteur de 4 passes progressives et de 8 transmissions vers le dernier tiers, record du match :

Que ce soit balle au pied ou par la passe, il fut l’instigateur de nombreuses actions parisiennes. Positionné en relayeur côté gauche, il savait pouvoir compter sur la présence de « la digue » Danilo derrière lui et s’est donc permis quelques libertés offensives. Grand bien lui en a pris comme l’ont montré ses prises d’initiatives sur l’intégralité de l’action conduisant au premier but du match.

En plus de son but, il est l’auteur d’un autre tir, de deux dribbles réussis sur deux (il ne porte pas le numéro 27 par hasard) et de 3 passes clés. Ces dernières constituent le plus haut total du match pour un Parisien :

Il n’a fait mieux en termes de passes clés qu’une fois avec le PSG (4 à Lyon en septembre 2019). Ces 3 key passes ont généré 0.72 expected assist, plus haut total du match là encore.

Bien en jambes, il était probablement parti pour encore faire souffrir les Clermontois en fin de match mais Pochettino préféra le préserver en le sortant à la 72ème minute (les mauvaises langues diront qu’il ne savait pas qu’il était suspendu face à Bruges).

Ander Herrera, où il faut quand il faut

Jusqu’à il y a peu, on aimait se gausser du basque Herrera. Trop de sourires, trop de communication et pas assez d’efficacité sur le terrain. Mais ça, c’était avant. Auteur d’une bonne saison dernière dans un rôle de rotation, il est parti sur de bases très élevées en 2021-2022 : 3 buts et 2 passes décisives, qui dit mieux ? Personne, sauf le phénomène Mbappé (un but de plus).

Il est même tout simplement 3ème meilleur buteur de Ligue 1 et 4ème passeur.

Contre les hommes de Gastien, il s’est offert son premier doublé sous les couleurs Rouge et Bleu :

Sur le second ci-dessous, remarquez au passage la course à vide « indispensable et peu considérée » du « soutier Rafinha ».

Le point commun de ces deux buts : Herrara est où il faut quand il faut. Comme en témoigne cette stat : seulement deux ballons touchés dans la surface sur tout le match pour deux tirs et deux buts de renard, d’opportuniste.

On pourrait d’ailleurs étendre cette maxime à l’ensemble de la situation d’Herrera : « où il faut quand il faut ». Le coach a besoin de moi pour d’obscurs matches de coupe ou contre des promus ? « Soutier Herrera » présent ! Il faut mettre le bleu de chauffe pour tenir un score dans les matches couperet de Champions League (cf. son entrée en fin de match face au Bayern) ? Présent ! Il faut répondre à la presse, sourire aux supporters, accueillir gaiement les nouveaux qui risquent de vous prendre votre place ? Encore et toujours présent Ander le soutier joyeux !

OK, mais on les connaît les improbables buteurs-héros du mois d’août. Qui marquent quand les stars ne sont pas arrivées et qui retournent sagement sur le banc ensuite quand les choses sérieuses commencent. Choupo-Moting est l’archétype de ce profil au PSG. Herrera, avec ses 3 buts en 5 matches en août-septembre, marche-t-il sur les traces de Choupo (un autre soutier tiens) ? Pas vraiment.

On ne veut pas dire par là qu’il va finir la saison à 10 buts et 10 passes dé (il en est à 3 buts avec 0.7 expected goal donc la tendance devrait s’inverser à un moment ou un autre), mais l’Espagnol aura du temps de jeu cette saison tant il a su montrer qu’il était utile à cette équipe. Par ses buts donc, par sa relation dans le jeu long avec Mbappé notamment, mais aussi par son activité défensive. Face à Clermont, il n’a cessé de courir pour harceler, gêner, intercepter, dégager. Cela se traduit en chiffres de la manière suivante :

Il est l’auteur de 8 interventions défensives, plus haut total du match après Marquinhos (9). Il a aussi réussi 5 pressings sur 23 (seul Rafinha en a tenté plus).

Bizarrement, les moqueries et les demandes de « mise au placard » ou de « départ à Bilbao » se font plus rares ces derniers temps…

Rafinha, je t’aime moi non plus

On termine le debrief des individualités marquantes de ce PSG-Clermont par celui qui est sûrement le plus clivant des milieux parisiens. Le plus clivant surtout parmi les fans parisiens qui avaient été bien « hypés » par ses bons débuts la saison dernière et qui le voient désormais comme celui qui vole du temps de jeu à Michut ou Simons.

Mais même le staff ne semble pas trop savoir sur quel pied danser avec le frère de Thiago Alcantara. Pour preuve, la gestion de son temps de jeu récent :  il est en effet passé de « pas dans le groupe » à Reims, à titulaire 90 minutes contre Clermont. On rappellera qu’il n’avait jusque-là quitté le banc de touche que pour jouer deux minutes en toute fin de match contre Strasbourg, et qu’il n’a pas été intégré au roster chargé de disputer la première phase de Champions League…

Ce manque de considération du staff à son égard déteint-il sur les joueurs ? On peut se poser la question quand on voit cet « oubli » proche du scandaleux de Mbappé à son égard à la 64ème minute (avec encore au passage une récupération et une percussion de Gana).

Cela aurait été une manière de récompenser un joueur qui ne jure que par le collectif. Il a d’ailleurs fini le match perclus de crampes (c’était seulement le 3ème match qu’il disputait en intégralité avec le PSG).

Samedi, en théorie aligné comme élément offensif droit du 4-3-3 (ou 4-1-4-1) de Pochettino, il était en réalité présent aux quatre coins du terrain. Il a touché 76 ballons, second total du match :

Il est l’élément offensif qui a touché le plus de ballons et le différentiel avec Draxler de l’autre côté (55) est important et témoigne de la différence d’intensité mise par les deux joueurs.

Il n’a certes touché aucun ballon dans la surface adverse ni frappé au but. Ses limites dans le derniers tiers sont connues. Pas vraiment de la part de Pochettino qui après l’avoir fait (un peu) jouer en numéro 10 en fin de saison dernière, persiste donc à le positionner haut sur le terrain où il fait moins de différences qu’en tant que relayeur. C’est donc lui qui a perdu le plus de ballons (19) mais son taux de 25 % de ballons perdus n’a rien d’infâmant.   

A ces deux exceptions près, sa copie de samedi frôle la perfection, des deux côtés du terrain : offensivement, il est l’auteur de 2 passes clés et, plus globalement de 5 actions amenant un tir. Il s’agit du second total derrière les 7 de Mbappé.

En jambes malgré le manque de compétition, il a beaucoup éliminé : avec 4 dribbles réussis sur 5, il égale son record avec le PSG. Cela lui a permis de gagner 155 mètres par la conduite (3ème du match, 1er non défenseur) et de provoquer 3 fautes adverses (plus haut total du match).

Mais là où Rafinha est un joueur atypique dans cet effectif, c’est par sa capacité à produire à la fois offensivement et défensivement. Et alors qu’il n’avait plus été titularisé depuis quatre mois, ses stats défensives sont de haute volée. Il a notamment réussi 6 tacles sur 7. Il s’agit ni plus ni moins que du record de tacles réussis pour un joueur du PSG cette saison.

Il avait fait mieux une fois la saison dernière (7/9 à Montpellier).

Son activité défensive se voit également dans ses stats de pressing :

Il a donc réussi 8 des 27 pressions exercées. Il s’agit des plus hauts totaux du match. Là aussi, la comparaison avec son pendant côté gauche, Julian Draxler, n’est pas très flatteuse pour l’Allemand (6 pressings réalisés seulement). Sur un match cette saison, il n’y a qu’Icardi à Troyes qui a effectué plus de pressings (37).

Cette activité aux quatre coins du terrain se voit également dans ses stats de duels : il en a remporté 13 sur 19. Et là aussi il s’agit non seulement du record du match mais aussi du plus haut total pour un Parisien cette saison (que ce soit en duels gagnés ou disputés !)

Il n’y a en fait dans l’effectif que Verratti et Neymar qui ont fait plus sur un match que ses 13 duels gagnés de samedi après-midi. Pas mal pour un joueur qui n’avait plus disputé un match entier depuis mars 2021 à Bordeaux !

On vous invite d’ailleurs à aller jeter un œil à la rubrique Top Stats du site (pour 2020-21 et 2021-22). Vous y constaterez que Rafinha y est présent dans de nombreuses catégories statistiques. Sa polyvalence lui permet en effet d’être à la fois bon dribbleur mais aussi de ne pas craindre les efforts défensifs et de récupérer beaucoup de ballons.

On s’est d’ailleurs amusé à classer les joueurs du PSG de la saison dernière en additionnant leur moyenne de dribbles et de tacles :

Rafinha est donc troisième de ce classement derrière Verratti et Neymar. Les stats ne disent pas tout mais elles permettent quand même de mettre en évidence combien le Brésilien est un joueur à part dans cet effectif. Un simple soutier ?

Voilà pour le tour d’horizon de ces quatre joueurs « mal aimés » qui ont brillé et fait briller Mbappé face à Clermont. Ce match constitue aussi une victoire pour Pochettino qui a fait confiance à ces joueurs, aux profils moins flamboyants, mais certainement plus adaptés pour affronter une équipe de Clermont joueuse et tournée vers l’offensive.

Rendez-vous désormais mercredi pour les débuts de la Champions League. Va-t-on alors passer d’un carré d’as de soutiers face à Clermont (Gueye-Danilo-Herrera-Rafinha) à un autre légèrement plus glamour (Di Maria-Neymar-Messi-Mbappé) ? Cela en dit long au passage sur le manque d’identité de jeu du PSG. Mais ça c’est une autre histoire.

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