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Lille-PSG (0-0) : Paris méritait-il de gagner ? Ce que nous disent les stats

Après un match nul, il y a toujours deux camps : les déçus de ne pas s’imposer, surtout chez un concurrent direct ; et les optimistes qui voient dans la prestation offerte des raisons d’espérer. Mais que nous disent les stats de cette rencontre à Lille ? Paris méritait-il de s’imposer ou aurait-il dû revenir du Nord avec une défaite ? Analyse.

Après un match nul, il y a toujours deux camps : les déçus de ne pas s’imposer, surtout chez un concurrent direct ; et les optimistes qui voient dans la prestation offerte des raisons d’espérer. Mais que nous disent les stats de cette rencontre à Lille ? Paris méritait-il de s’imposer ou aurait-il dû revenir du Nord avec une défaite ? Analyse.

Disons le d’emblée, la plupart des statistiques disponibles, issues des sites Whoscored.com et Fbref.com, traduisent une nette domination parisienne.

Avec un taux de possession de 69.4 % (son 5ème plus haut ratio de l’année), Paris a non seulement eu le contrôle du ballon, mais il a su porter le danger dans le camp adverse. C’est du moins ce que nous disent deux indicateurs qui viennent compléter le taux de possession : avec 23 ballons joués dans la surface adverse à 14, le PSG a eu plus d’opportunités de marquer que le LOSC. Et, comme le montre le graphique ci-dessous, le jeu s’est plus souvent situé dans le dernier tiers du terrain lillois que parisien :

Cette tendance est confirmée par les statistiques relatives à la passe :

Les Parisiens, en plus d’être bien plus précis dans leurs passes (88 % de réussite à 76 %) ont porté le danger vers le but adverse bien plus fréquemment. Ces circuits de passes pouvaient d’ailleurs prendre plusieurs voies : le plus souvent par la gauche puisque Kurzawa est l’auteur de 4 des 10 passes du PSG arrivant dans la surface lilloise, mais également en provenance de l’arrière puisque Marquinhos a réalisé 8 passes vers le dernier tiers adverse (record du match).

Plus que les chiffres parisiens, qui ne sont pas particulièrement élevés, c’est la faiblesse des stats lilloises qui interpelle. Cette incapacité des Dogues à faire progresser le ballon est d’ailleurs confirmée par les mètres parcourus par le ballon :  

En cumulant passes et conduite de balle, les Lillois n’ont fait progresser le ballon que de 2 671 mètres, soit la 3ème plus mauvaise performance pour un adversaire du PSG cette saison. Ils sont surtout très loin de leurs standards habituels puisque leur moyenne avant ce match de mètres gagnés par la conduite était de 1 351 et qu’ils ont fait la moitié environ (691) face à Paris. Même constat pour les mètres gagnés par la passe : 1 980 dimanche soir contre 2 887 en moyenne jusque-là. Le plan de Tuchel pour empêcher les Lillois de développer leur jeu de contres a donc fonctionné (même si ça s’est joué à un sacrifice de Kimpembe près…).

Pour annihiler les contres lillois et les empêcher de gagner ces fameux mètres, les Parisiens ont notamment pu s’appuyer sur un contre-pressing efficace. Là aussi, les datas viennent confirmer l’impression visuelle : le taux d’actions de pressing réussis, 29 % pour le PSG contre 23 % pour Lille, est meilleur côté parisien, de même que le PPDA (pour « Passes allowed Per Defensive Action », c’est-à-dire le nombre de passes réussies par l’adversaire avant une intervention défensive) qui est de 17.5 côté lillois contre 6.5 côté parisien. On remarquera au passage que le trio du milieu de terrain, Gueye-Verratti-Rafinha est responsable à eux trois de près de la moitié des actions de pressing du PSG (56 sur 124).

Il y a certes beaucoup de déchet dans le pressing parisien, mais les coéquipiers de Di Maria n’ont pas ménagé leurs efforts. Ils ont en effet tenté autant de pressings que leurs adversaires (124 à 126) alors que ceux-ci ont eu bien moins souvent le ballon !

Cette débauche d’énergie physique est d’ailleurs confirmée par la statistique des duels : le PSG a été ultra dominateur dans ce domaine au stade Pierre Mauroy avec 61 duels victorieux contre 47 aux Lillois. Très rarement dans la saison, les Parisiens n’avaient dominé autant dans ce secteur. Ils ont largement remporté ce défi physique, y compris dans les airs (12 sur 21 dont 8 sur 10 pour le duo Kehrer-Marquinhos).

Comme on peut le voir sur le graphique ci-dessus, tous les joueurs ou presque ont contribué à cette réussite dans les duels. Et ils ne sont que trois à avoir perdu plus de duels qu’ils n’en ont gagnés.

Bien plus souvent mise à contribution, la défense lilloise a souvent paré au plus pressé : Whoscored comptabilise d’ailleurs 16 dégagements, contre seulement 5 pour le PSG. Cela témoigne bien, encore une fois, d’une domination parisienne.

Bon d’accord, mais cette domination dans les duels ou cette réussite aux passes, ce n’est pas ça qui marque des buts. Quid des tirs et des occasions ?

Globalement, le nombre de tirs des deux équipes est identique : 8 partout. Pourtant, là aussi, les stats parisiennes sont plus favorables que les lilloises. En effet, si l’on analyse la localisation des tirs, les occasions du PSG semblent plus nettes :

Les Lillois ont pris la moitié de leurs tirs en-dehors des 18 mètres contre seulement 1 sur 8 pour le PSG qui a en outre eu deux occasions de marquer dans les 6 mètres même de Maignan (par Rafinha et Kean). On constatera qu’une nouvelle fois la performance lilloise fut bien éloignée de sa moyenne puisque les joueurs de Galtier frappent habituellement 14 fois au but.

Certes, mais le vrai révélateur de la domination d’une équipe, au-delà des stats des duels, des passes ou de la possession, cela reste les expected goals. Alors que nous disent, les expected goals ? Et bien que le PSG a certes dominé (0.55 contre 0.39) mais que l’écart est quand même minime.

Si l’on veut positiver, on peut mettre en avant la faiblesse des xG lillois. 0.39, c’est le 3ème plus bas niveau pour un adversaire du PSG cette saison (juste devant Nîmes et Reims). C’est aussi et surtout très loin de la moyenne du LOSC jusque-là (1.5). Cela vient confirmer la pertinence du dispositif défensif parisien.

Mais, la réalité des chiffres offensifs du PSG n’est guère plus flatteuse. Ces 0.55 xG constituent également une des plus mauvaises performances offensives de la saison (la 3ème plus faible exactement après le 0.31 face à Lyon et le 0.34 à Lens). On est très loin de la moyenne parisienne jusque-là (2.46).

Paris a certes su annihiler le jeu lillois mais au prix de sa propre prise d’initiatives. Pour ne pas donner de cartouches offensives (ou contre-offensives) aux Dogues, il fallait limiter la prise de risques et jouer la sécurité. Plusieurs datas le confirment (outre la composition d’équipe avec seulement deux, voire trois joueurs offensifs en incluant Rafinha).

40 % des passes parisiennes mercredi soir ont été dirigées vers l’arrière. Quel supporter parisien n’a pas râlé au moins une fois devant son écran devant les nombreuses passes en retrait (321 sur les 800) des joueurs du PSG alors que parfois, une solution offensive semblait possible. Cette frilosité est confirmée par le ratio des mètres gagnés rapportés à la distance totale parcourue par le ballon lors des passes : 29 %. Cela signifie, en clair, que sur les 11 615 mètres parcourus par le ballon lors d’une passe parisienne, seulement 3 395 l’ont été en direction du but de Maignan ! Cela traduit bien une extrême prudence qui devait forcément faire partie des consignes d’avant-match. Tuchel redoutait tellement les contres adverses que sa priorité a été de ne pas les alimenter, quitte à jouer avec le frein à main. D’autant qu’en l’absence de Neymar et Mbappé, deux de ses plus grands gaspilleurs de ballons, ce plan de jeu trouvait une certaine cohérence.

Le revers de la médaille étant, évidemment, le manque de poids offensif. Sans Neymar et Mbappé, et avec une prise de risque minimaliste, il ne faut pas s’étonner de compter les occasions sur les doigts d’une seule main. Les 8 tirs enregistrés sont inférieurs de moitié à la moyenne avant ce match (15.7). En outre, les positions de tirs ont-elles-mêmes été assez bancales puisqu’en moyenne chaque frappe n’avait que 7 % de chances de générer un but, contre 16 % en moyenne cette saison.

C’est quand même la 5ème fois de la saison que le PSG n’atteint pas la barre des 10 tirs sur un match alors que cela ne lui était arrivé qu’une seule fois la saison passée. Pire encore, c’est déjà le 3ème match de l’année avec un seul tir cadré maximum : c’est autant en 16 matches cette saison que lors des 9 saisons précédentes…

Alors, que conclure ? Que Tuchel a peut-être obtenu le nul qu’il était venu chercher pour conserver son poste, ou, dit plus diplomatiquement, que Paris a plus cherché à contrecarrer le jeu lillois qu’à imposer le sien. Il ne reste plus qu’à préserver cet état d’esprit solidaire et ses efforts défensifs et espérer que les stars offensives fassent leur retour (Neymar) et retrouvent leur mojo (Mbappé).

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