Les éléments négatifs du début de saison : le secteur défensif et une possession stérile
Après les éléments positifs, passons désormais aux points négatifs du tout début de saison du PSG. Malgré un bilan comptable sans accroc (12 points sur 12), tout ne fut pas parfait dans le jeu parisien lors des quatre premières rencontres de Ligue 1, loin de là. On a résumé ces difficultés en trois points : les aspects défensifs, la possession stérile et le manque de discipline.
Les éléments négatifs du début de saison : |
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Le secteur défensif |
Une possession stérile |
Le manque de discipline |
Le secteur défensif
Quelques rappels chiffrés pour commencer :
- Le PSG a encaissé 5 buts en 4 matches
- Il n’a réussi qu’un seul clean sheet
- Après 4 matches, la moyenne de buts pris est donc de 1.25 buts /match, contre 0.74 la saison dernière
Essayons maintenant d’expliquer ces mauvais chiffres défensifs :
On peut tout d’abord mettre en relation ces cinq buts encaissés (5ème de Ligue 1) avec les 3.26 expected goals against (6ème de Ligue 1, source : understat.com).
Si l’on ajoute le fait que les Post Shot Expected Goals (PSxG) des quatre matches est de quatre (c’est-à-dire qu’avec un gardien lambda, le PSG aurait encaissé 4 buts), on peut tirer les conclusions suivantes : le PSG a encaissé 1.74 buts de plus qu’attendu dont 1 de laresponsabilité de Navas et 0.74 en raison d’attaquants ayant « surperformé ».
Donc Navas, dans la lignée de sa seconde partie de saison dernière, n’est pas irréprochable et le PSG a affronté des attaquants hyper adroits. Un but concentre ces deux phénomènes, celui d’Ajorque au Parc (cliquez sur « Regarder sur YouTube ») :
Avec 0,02 xG, ce but du Strasbourgeois avait a priori peu de chances d’avoir lieu, compte tenu de sa position de tir. C’est aussi le cas des buts du Troyen Ej Hajjam (0.04 xG) et de celui de Gameiro (0.06 xG). En revanche, les buts brestois sont plus logiques (0.28 xG pour Mounié et 0.33 xG pour Honorat).
Cette adresse des attaquants adverses se voit également dans le taux de tirs cadrés : les adversaires du PSG ont pour le moment cadré 36 % de leurs tirs. Le maximum sur une saison entière lors des 5 derniers exercices est de 35 %. En lien, on constate qu’avec seulement 40 % de tirs pris de loin, les adversaires du PSG se rapprochent pour le moment plus du but pour tirer que les saisons précédentes.
Pour en revenir aux performances de Navas, le graphique ci-dessous nous révèle que lors de deux matches sur quatre, il a pris plus de buts qu’attendu compte tenu de la qualité des frappes adverses (PSxG) :
Son taux de tirs arrêtés confirme ce petit coup de moins bien du Costaricien. Il n’est qu’à 69 % cette saison, contre plus de 80 % la saison dernière. Et ce alors même que la qualité moyenne des positions de frappe adverse (le rapport Expected Goal/tir) n’est pas meilleure (7 % contre 10 %) :
Mais au-delà de Navas ou de la qualité des frappes adverses, c’est l’ensemble du secteur défensif qui n’est pas à la hauteur en ce début de saison. En effet, le nombre de tirs subis par le PSG est pour le moment bien plus important que la moyenne des dernières saisons :
Après quatre journées, le PSG subit en moyenne 11.3 tirs subis par match, soit seulement le 8ème plus bas niveau de Ligue 1. L’équipe de la capitale reste sur 3 matches sur 4 à plus de 10 tirs subis (75 %), alors que la saison dernière, ce total n’avait été dépassé que 16 fois sur 38 (33 %).
Ces approches plus systématiques du but de Navas sont la conséquence d’un investissement défensif insuffisant. Tous les indicateurs défensifs en témoignent.
On constate tout d’abord que par rapport à ses moyennes des dernières saisons, le PSG n’a jamais aussi peu taclé :
Certes, l’équipe parisienne a eu plus la balle (65 % de possession contre 60 % la saison dernière par exemple), mais cela n’explique pas l’intégralité de l’écart. On recense déjà deux matches à moins de 15 tacles tentés, contre un seul sur toute la saison dernière.
C’est Gueye, avec seulement deux matches joués, qui a tenté le plus de tacles (14) de tout l’effectif. Kimpembe n’est par exemple qu’à 1.3 tacle tenté contre 2.2 la saison dernière.
Les interceptions sont aussi au plus bas :
Alors que le PSG n’était jamais descendu sous les 3 interceptions au cours d’un match depuis 2016, il n’en a réalisé que 2 à Brest.
Et le pressing cher à Pochettino ? Toujours pas…
Les 25 % de pressing gagnants constituent même le plus bas taux de réussite lorsqu’on le compare aux six dernières saisons. Au-delà du taux de réussite, le volume de pressings tenté est vraiment très faible (126 contre 167 en 2018-2019 par exemple). D’ailleurs, personne ne fait pire en Ligue 1 :
Ce manque d’intensité mise sur le porteur adverse est confirmé par le plus haut PPDA (passes permises à l’adversaire avant une intervention défensive) de ces dernières saisons :
Et ça c’était avant que Messi et Neymar ne s’installent dans l’équipe…
Bref, au niveau défensif, tous les indicateurs sont à l’orange. Il n’y a que quatre matches d’analysés donc pas de panique mais à surveiller. Allons voir maintenant du côté de l’utilisation du ballon.
Une possession stérile
Avec 65.9 % de possession après quatre journées, le PSG est nettement au-dessus de ses standards habituels qui sont pourtant eux-mêmes très élevés :
C’est à Brest que cette ultra possession a atteint son paroxysme : 74.1 % et 1001 ballons joués. La saison dernière, cette barre des 1000 ballons sur un match n’avait été franchie qu’une seule fois, à Lens lors de la journée inaugurale.
Au rayon individuel, parmi les joueurs ayant joué au moins 90 minutes, c’est Verratti qui explose les compteurs avec 143 ballons (sa moyenne 2020-2021 était de 128). Ils sont quatre en tout à avoir une moyenne sur 90 minutes supérieure à 100 ballons : Gueye 122, Herrera 107 et Kimpembe 103. Pas vraiment la fine fleur de la créativité.
Les choses vont se réguler avec les prises de pouvoir de Messi et Neymar mais il y a pour le moment un écart entre le nombre de ballons joués et le danger créé.
En effet, malgré un nombre de possibilités record compte tenu de cette forte possession, le nombre de ballons touchés dans la surface est lui au contraire au plus bas !
L’écart avec les saisons antérieures est même considérable : baisse de 11 % des touches dans la surface par rapport à 2020-2021 malgré un nombre de ballons joués en hausse de 7 %.
Le PSG n’est même pour le moment que 5ème de Ligue 1 en nombre de ballons dans la surface adverse :
Pourtant, le PSG est bien l’équipe de Ligue 1 qui a le plus le ballon en zone offensive : 233/90 minutes selon le site www.fbref.com, assez nettement devant Monaco (210). Mais l’ultime étape, c’est-à-dire passer des 30 mètres adverses à la surface de réparation, est la plus délicate. Et c’est là que l’absence de Neymar, ou Messi, se fait sentir, tant ses joueurs particuliers ont cette capacité à faire la différence dans les ultimes mètres.
En cause peut-être aussi, encore et toujours, l’incapacité du PSG à jouer long. Cette arme qui permettrait de déstabiliser les blocs en les contournant plus rapidement n’est toujours pas plus utilisée cette saison, en tous les cas jusqu’à présent. Les absences de Marquinhos et Paredes n’ont certes pas aidé.
Avec 5.2 % de passes considérées comme longues sur le total de passes, le PSG semble poursuivre inexorablement sa descente, saison après saison.
Il y a eu du mieux lors de la seconde journée face à Strasbourg avec 34 passes longues réussies sur 46. Ce total de 34 n’avait d’ailleurs été dépassé qu’une seule fois par le PSG en Ligue 1 la saison dernière. Mais, lors de deux matches suivants, le PSG a retrouvé ses moyennes habituelles (21 réussies sur 33).
Cette difficulté à créer du danger malgré une domination totale du match se voit enfin dans les stats de tirs : alors qu’il a la meilleure attaque, le PSG n’est à ce jour que 7ème de Ligue 1 en nombre de tirs par match !
Extrapolés sur l’ensemble de la saison, les 12.8 tirs par match actuels de l’équipe de Pochettino constitueraient une des plus basses moyennes du PSG sous QSI :
Le constat est identique pour les tirs cadrés : les 4.8 provisoires de la saison 2021-2022 sont la plus mauvaise moyenne de l’histoire récente du club et positionnent le PSG au 6ème rang seulement du championnat de France.
Petite consolation : le nombre de tirs de loin augmente enfin. Ils représentent même 41 % des tirs totaux (21 sur 51).
Ce taux, ainsi que la moyenne par match de tirs de loin (5.3) sont les plus élevés de l’ère qatarie.
Mbappé, avec 5 tirs de loin sur ses 16 frappes, a montré l’exemple : il est passé de 15 % de ses frappes de loin à 31 %.
L’indiscipline
Dernier élément négatif notable de ce tout début de saison, les avertissements reçus. Paris en est déjà à 10 cartons jaunes reçus en 4 matches, soit 2.5 par match. Il s’agit du plus haut taux des onze dernières saisons. La moyenne sur la période est de 1.7 carton jaune par match.
Paris est la 4ème équipe de Ligue 1 avec le plus de cartons jaunes après 4 matches :
Pourtant, le nombre de fautes, lui, n’est pas important. C’est même le plus bas de l’époque QSI !
En Ligue 1, il n’y a que trois équipes qui font moins de fautes (Brest, Clermont et Marseille). Les fautes parisiennes sont donc a priori plus grossières.
Ils sont déjà neuf Parisiens à avoir écopé d’un avertissement :
Verratti en a deux en ayant commis trois fautes en tout…Paredes en a reçu une sur son unique (grosse) faute.
Au moins, aucun Parisien n’a encore pris de carton rouge alors qu’après trois matches la saison écoulée, le PSG avait déjà eu 4 joueurs exclus (3 contre Marseille, 1 contre Metz).
Au palmarès des fautes commises, les latéraux l’emportent avec 5 fautes chacun. Ils devancent les deux avant-centres, Mbappé et Icardi avec 4 fautes chacun. Drôle de quatuor !
Les équipes adverses auraient-elles ciblé le jeu sur le côté pour attaquer le PSG ? Il est vrai qu’avec des milieux pas encore tous au point et des latéraux soit très orienté vers l’offensive (Hakimi) soit non spécialiste du poste (Diallo), il y a de quoi prendre la profondeur sur les côtés du PSG. A surveiller.
Encore une fois, on a bien conscience que les analyses faites après seulement quatre matches seront probablement à mettre à la poubelle après cinq ou six. Néanmoins, les tendances décrites nous paraissent suffisamment fortes pour être mises en avant. On ne manquera évidemment pas de revenir dessus dès que du mieux sera constaté (ou pas).
Lien utile : les éléments positifs du début de saison (réalisme offensif et côté droit optimisé)