Qu’est-ce qui différencie le PSG 2019-2020, an 2 de Thomas Tuchel à la tête de la formation parisienne, de ses devanciers ? Une saison tronquée ? Des blessures en cascade ? Une direction sportive présente ? Oui, certes, mais sur le plan du jeu ? A la lecture des statistiques, c’est par le nombre de dribbles que ce PSG-là se distingue. Et ce quelle que ce soit la comparaison faite, que ce soit avec le PSG des années antérieures ou avec l’ensemble des autres équipes européennes de cet exercice 2019-2020.
Le PSG est en effet l’équipe d’Europe, parmi les cinq principaux championnats étudiés (France, Italie, Allemagne, Espagne, Angleterre), qui tente le plus de dribbles par rencontre : 24.9 (source : Whoscored). Il devance assez nettement le Bayern, second avec 23.7 et sa victime en 1/8ème de finale de Champions League, le Borussia Dortmund (23.2).
Parmi les 10 premières équipes de ce classement des équipes dribblant le plus, on retrouve quatre formations allemandes, deux françaises, deux anglaises, une italienne et une espagnole.
Personne ne dribble plus que Neymar en Europe
Peu de surprise à l’heure d’étudier quel sont les joueurs qui placent le PSG tout en haut de la hiérarchie européenne du dribble. Le trio Neymar-Mbappé-Di Maria concentre à lui seul plus de la moitié des dribbles de l’équipe (387/673) malgré les diverses absences des uns et des autres.
Si l’on s’attarde sur le cas Neymar, on constate deux choses : premièrement il est le joueur qui dribble le plus parmi l’ensemble des championnats européens. Deuxièmement, il dribble plus et mieux en Ligue 1 qu’antérieurement en Liga.
Parmi les cinq principaux championnat européens, Neymar, avec 9.9 dribbles tentés par match, devance le Niçois Youcef Atal (8.2) et l’Ivoirien de Crystal Palace Wilfried Zaha (7.6). On relèvera néanmoins que le taux de réussite du Parisien est l’un des plus faibles des 10 premiers du classement puisqu’avec 61 % seuls Atal (44 %) et Mbappé (52 %) font moins bien que lui. Messi est 4ème au nombre de dribbles tentés mais avec un excellent taux de réussite (73 %).
Le graphique ci-dessous retrace les différentes saisons « neymariennes » en Europe en terme de dribbles, de Barcelone (entre 2013 et 2017) à Paris (depuis 2017).
Ses stats parisiennes sont globalement supérieures à celles de Catalogne : il dribble plus (9.3 vs 7.2 par match) et mieux (63 % vs 55 % de réussite) à Paris. Il était venu en France notamment pour ça : avoir plus de responsabilités, sortir de l’ombre de Messi. Cela voulait aussi dire pouvoir avoir plus le ballon pour encore davantage laisser libre cours à sa créativité et à sa fantaisie. Cela se traduit assez significativement en terme de dribbles puisqu’il n’avait jamais autant dribblé, et ce sans que son déchet n’augmente. Les spectateurs du Parc des Princes ne vont pas s’en plaindre !
Di Maria se prend pour Neymar
Si Neymar ne bat pas cette année son record de dribbles (il l’avait réalisé lors de sa première saison à Paris avec 10.6), ce n’est pas le cas de Mbappé et Di Maria qui établissent leurs records personnels en carrière : 5.4 par match pour le Français et 5.1 pour Di Maria. Mbappé était monté jusqu’à 5 dribbles par rencontre en 2017-2018 et Di Maria s’était lui arrêté à 3.8 en 2010-2011 avec le Real (les stats ne permettent de remonter jusqu’à ses années portugaises). L’augmentation de l’Argentin par rapport à ses précédentes saisons est assez saisissante : sa moyenne lors de ses quatre précédents exercices parisiens est en effet de seulement 2.8 dribbles par match, soit une hausse de 80 % !
Derrière les trois solistes de l’attaque, plusieurs constats s’imposent à la lecture des statistiques individuelles des dribbles des joueurs parisiens :
- Le dribble ne fait pas vraiment partie du bagage des avants-centres du PSG : Icardi et Cavani sont respectivement les 18ème et 20ème joueurs de l’effectif en terme de dribbles/match avec chacun 0.6 tentative par rencontre
- Les latéraux côté gauche prennent plus d’initiatives que côté droit : 2.2 dribbles pour Bernat et 1.4 pour Kurzawa contre 1.3 pour Dagba et 1 pour Meunier, le tout avec un excellent ratio pour l’Espagnol (73 %) mais, à l’inverse, un taux catastrophique pour l’ancien Monégasque (43 %)
- Verratti est le joueur le plus sûr de l’équipe pour éliminer un adversaire avec un incroyable 87 % de réussite dans l’exercice (25/29 depuis le début de saison)
- Pour l’anecdote, trois joueurs parisiens sont à 100 % de réussite en Ligue 1 (avec un très faible volume) : Zagre (2/2 face à Toulouse avant son transfert), Bakker (1/1 à Amiens pour son unique apparition) et… le gardien Rico (1/1 à Brest) !
Dribbler fait-il gagner ?
Beaucoup de dribbles certes, mais pour quoi faire ? Pour « amuser la galerie » ou réellement faire progresser le ballon ? Les stats brutes ne permettent pas de le dire. Peut-on quand même faire un lien entre le nombre de dribbles de l’équipe et la performance de celle-ci, voire le résultat ? Pas vraiment car lors des trois défaites en championnat (à Rennes, face à Reims, à Dijon), les données relatives au dribble ne se démarquent pas des autres matches puisque l’équipe est exactement dans sa moyenne de 25 dribbles tentés à 59 % de réussite.
On pourra simplement signaler que parmi ses plus grosses sorties en terme de dribbles tentés (à plus de 30), on retrouve quelques rencontres où l’équipe n’était pas vraiment dans son assiette : 39, record de la saison, face à Nantes début décembre pour la dernière piteuse prestation du 4-3-3 avant le passage au 4-4-2 ; 38 face à Bordeaux lors d’une rencontre porte ouvertes peu après l’aller à Dortmund ; ou encore 32 face à Monaco pour un nul presque heureux. De là à dire que quand le PSG n’est pas dans les meilleures dispositions et qu’il ne trouve pas de solution collective, il cherche à passer en force via l’exploit individuel, il n’y a qu’un pas.
Article paru sur Culture PSG en avril 2020