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Analyses Saison 2019-2020

Le jeu du Borussia Dortmund décrypté par les stats

Le tirage au sort a donc désigné Dortmund comme adversaire du Paris SG en huitièmes de finale de la Ligue des Champions.  Même si l’effectif du Borussia a déjà évolué par rapport à la première partie de saison (départ de Weigl, arrivée de Haaland) et que le match aller a lieu dans plusieurs semaines, nous nous sommes penchés sur le jeu de l’équipe de Lucien Favre. Analyse en chiffres et en graphiques sur les productions offensives et défensives comparées de Dortmund et du PSG.

Cette comparaison se fera en trois temps. Tout d’abord l’attaque proprement dite (buts, tirs), puis le style de jeu (passes, dribbles) et enfin la défense. Les stats concernent principalement les championnats respectifs des deux équipes et sont le plus souvent issues des sites whoscored.com, understat.com et fbref.com.

L’attaque de Dortmund surperforme, en particulier Jadon Sancho

Malgré des expected goals nettement à l’avantage des Parisiens (2.6/match pour Paris contre 2 pour le Borussia), les deux équipes ont pratiquement la même moyenne de buts marqués en championnat (2.5/match pour Paris, 2.56 pour Dortmund). Un double effet explique ce phénomène : la relative faible efficacité des attaquants parisiens en ce début de saison et, au contraire, la surperformance des buteurs de Dortmund.

Alors que tous les attaquants du PSG (sauf Mbappé et Choupo-Moting) ont un ratio de buts marqués/buts attendus défavorable, c’est l’inverse pour ceux de Dortmund (source : understat.com). C’est notamment le cas le phénomène anglais Jadon Sancho (+4.05) et pour la nouvelle terreur venue du froid Erling Haaland (+1.81 après une seule rencontre).

C’est à la fois une bonne et une mauvais nouvelle : c’est positif dans le sens où, en principe, cette efficacité supérieure à la moyenne ne devrait pas durer ; mais c’est inquiétant dans la mesure où cela signifie quand même que ces joueurs-là sont en confiance et réalisent des prouesses devant le but adverse. Sans compter le nouveau facteur Haaland (19 ans) qui ajoute une nouvelle corde à un arc offensif déjà rempli de bien jolies et nombreuses flèches…

Au-delà des attaquants, il y a en tout 12 joueurs qui ont marqué au moins un but en championnat pour Dortmund (contre seulement 9 pour le PSG qui a pourtant marqué 9 buts de plus). Le PSG devra notamment se méfier des latéraux : Hakimi en est à 6 buts et 6 passes décisives toutes compétitions confondues, et Guerreiro a marqué deux fois en championnat. Les phases arrêtées constituent une autre arme du Borussia, notamment par l’intermédiaire du Belge Witsel, auteur de 2 des 5 buts sur coups francs du BVB.

Ce récapitulatif des buts et passes décisives en championnat et Champions League permet de mettre en exergue l’excellent début de saison de Sancho qui en est donc à 12 buts et 12 passes décisives. Cela fait de lui le 4ème meilleur buteur de Bundesliga (10 buts) et 2ème meilleur passeur (10 passes), derrière Thomas Muller (11).

Le graphique ci-dessus n’intègre pas les performances d’Haaland sous le maillot de Salzburg lors de la première partie de saison : 16 buts en 14 matches de championnat et surtout 8 buts en 6 matches (dont 4 comme titulaire) en Champions League.

Dortmund tire moins que le PSG, même de loin

Le PSG tire plus au but que le Borussia : 16.1 contre 13.9 par rencontre. Alors que la formation de Thomas Tuchel domine cette catégorie statistique en Ligue 1, Dortmund n’est que 6ème en Bundesliga (1er Bayern avec 18.7). Avec 13.9, les joueurs de la Ruhr seraient 5èmes en France, derrière Monaco. Il y a clairement un déficit dans ce secteur de jeu.

Tout comme son futur adversaire, Dortmund utilise d’ailleurs très peu les frappes lointaines : avec 4.1 tirs pris d’en-dehors de la surface par match en moyenne, les joueurs de Lucien Favre sont avant-derniers de ce classement outre-Rhin (Paris est 16ème en Ligue 1).

Les deux formations ont à peu près le même taux de tirs cadrés (entre 43 et 44 %). C’est excellent puisque personne ne fait mieux en France et en Allemagne. C’est notamment lié au faible nombre de frappes lointaines mais cela témoigne bien de la qualité des attaquants des deux formations.

Phénomène à ne pas négliger : près d’un quart des tirs de Dortmund sont pris par des défenseurs (59 sur 251 en Bundesliga) dont 16 par Hakimi et 13 par Hummels (dont 10 têtes). Au PSG, les 32 tirs effectués par les défenseurs (dont 7 par Marquinhos…) représentent seulement 10 % des frappes totales en Ligue 1.

Le jeu du Borussia Dortmund décrypté par les stats (2ème partie)

A quelques semaines du match aller, nous avons cherché à décrypter le jeu de Dortmund par l’intermédiaire des statistiques. Après mis en évidence dans une première partie la force de frappe offensive des joueurs de Lucien Favre, ce second volet s’attarde sur le style de jeu proprement dit du Borussia, par comparaison avec celui du Paris SG. 

Beaucoup de similitudes dans le jeu des deux équipes

Le style de jeu des deux équipes présente beaucoup de similitudes. Les deux s’appuient sur une forte possession, encore plus forte à Paris (61.3 % contre 58.5 %) qui domine évidemment le Ligue 1 tandis que Dortmund est 3ème dans cette catégorie en Bundesliga (derrière le Bayern et Leverkusen).

Cette forte possession s’accompagne logiquement d’une grande maîtrise technique : 90 % au PSG et 86.3 % à Dortmund ce qui fait des coéquipiers de Hummels les dauphins du Bayern (87.4 %) pour cet indicateur statistique. Witsel est par ailleurs le joueur le plus précis dans les passes de tout le championnat (93.5 %).

La comparaison du nombre de passes effectuées par titulaire de chaque poste ci-dessus met en évidence deux choses : la participation des latéraux est plus importante au BVB (117 à 102 dans notre exemple) et le rôle important joué par Sancho dans l’attaque (50 % de passes en plus que Reus ou Hazard).

Paradoxalement cette implication des latéraux dans le jeu ne se traduit par un nombre de centres élevé : 16.9 pour Dortmund contre 19.3 pour Paris, et avec une réussite à peine meilleure (22 % contre 21 %).

Beaucoup de jeu long par les défenseurs centraux

Sans surprise, tant le PSG utilise peu cette arme, les Allemands dominent en matière de jeu long : 56 tentatives par match en moyenne contre 39. Mais leur taux de réussite dans l’exercice est douteux (57 %).

Les joueurs de Favre sont quand même 3èmes du championnat allemand en terme de passes longues réussies par match (31.9) et le détail par joueur ci-dessous montre bien que c’est une pratique très répandue chez l’ensemble des joueurs, avec une prépondérance des défenseurs centraux.

Attention dribbleurs fous !

Autre caractéristique dont les Parisiens devront se méfier : les dribbles. Le champion d’Europe 1997 est en effet l’équipe de Bundesliga qui en tente le plus (23.4 en moyenne par match).

Le taux de réussite est par ailleurs correct (59 % contre 61 % au PSG). Ce sera donc un duel de dribbleurs puisque les Parisiens sont les leaders de ce classement en Ligue 1 (26.1 dribbles tentés par match).

Le joueur à surveiller : le jeune (19 ans) Sancho évidemment (5.6 par match) puisque c’est le joueur qui dribble le plus en Bundesliga.

Encore une fois les latéraux sont très présents dans cette catégorie statistique puisque, outre l’incontournable Hakimi (4.3), on retrouve Guerreiro (1.9 dribbles) et Schulz (1.8). A titre de comparaison, l’arrière latéral marocain à lui seul a réussi en 18 matches de championnat plus de dribbles (47) que les quatre latéraux du PSG (Bernat, Kurzawa, Meunier et Dagba) réunis en 20 journées de Ligue 1 (44).

Le graphique ci-dessus nous indique que deux des cinq dribbleurs les plus frénétiques de Bundesliga appartiennent au Borussia. Attention danger !

Le jeu du Borussia Dortmund décrypté par les stats (3ème partie)

A quelques semaines du match aller, nous avons cherché à décrypter le jeu de Dortmund par l’intermédiaire des statistiques. Après mis en évidence la force de frappe offensive et le style de jeu des joueurs de Lucien Favre, ce troisième et dernier volet se penche sur ce qui constitue probablement à ce jour le point faible du Borussia : sa défense.

Une défense très perméable

Si beaucoup de similitudes entre les deux équipes ont été constatées jusque-là, l’efficacité défensive constitue une sacrée différence entre le PSG et Dortmund, du moins sur la première partie de saison. Le BVB encaisse en effet plus de deux fois plus de buts que le PSG ! En ratio par match cela donne 1.43 buts encaissés pour les Allemands contre 0.7 pour les champions de France. Les « expected goals against » confirment cette perméabilité défensive et ne révèlent pas d’exploits ou de boulettes particulières du gardien Roman Bürki.

Quel que soit le schéma tactique, à 3 ou 4 défenseurs, le Borussia a pris beaucoup de buts cette saison. La nécessité d’intégrer Haaland dans le 11 de départ risque en outre de sacrifier un défenseur et de repasser à 4 défenseurs (comme lors de la 2ème mi-temps à Augburg). Quand on connaît le profil, très offensif, des latéraux (Hakimi et Guerreiro) et celui des milieux dits récupérateurs (Witsel et Brandt), cela ne risque pas de renforcer la solidité défensive de l’équipe. Dortmund a donc encaissé 27 buts en 18 matches de championnat, dont 5 sur corners, et trois par ses propres joueurs. Ce n’est que la 8ème défense de Bundesliga. La Champions League n’a fait que confirmer cette difficulté, même si leur groupe était compliqué (avec notamment Barcelone et l’Inter).

Les coéquipiers de Matts Hummels y ont encaissé 8 buts en 6 matches (soit 1.3 de moyenne), contre 2 en tout et pour tout pour le PSG.

Autre signe de la porosité de cette défense : le très faible pourcentage d’arrêts de son gardien : 51.8 %. C’est le dernier taux de toute la Bundesliga (source : fbref.com). A titre de comparaison, le Bayern est à 68.1 % et le PSG à 75.4 %. Cela signifie que les positions de tirs laissées aux attaquants adverses sont plutôt bonnes et que le travail défensif en amont n’a donc pas été réalisé correctement.

C’est encore confirmé par le graphique ci-dessous :

Le nombre de tirs cadrés subis par match est assez proche entre le PSG et Dortmund (2.8 contre 3.1) et pourtant les Allemands encaissent beaucoup plus de buts. C’est bien le signe que les positions de tirs des adversaires de Dortmund sont bien meilleures et que la défense a mal protégé son gardien, livré à lui-même.

En conclusion, cette étude, par le biais de l’analyse des statistiques du jeu de Dortmund, a permis de mettre en évidence un certain nombre de points forts et de points faibles.

Ce qu’il faut retenir du BVB en terme de points forts donc :

  • La force de frappe offensive et l’efficacité maximale des attaquants, notamment Jadon Sancho
  • L’influence très forte dans le jeu d’Achraf Hakimi : buts, passes décisives, tirs, volume de jeu
  • Un style de jeu basé sur la possession, associé à une belle habileté technique
  • L’utilisation du jeu long des défenseurs centraux
  • Beaucoup de provocations par le dribble (notamment Sancho), quitte à en abuser parfois

Et en terme de points faibles :

  • Peu de tirs, notamment de loin
  • Peu de centres malgré l’implication des latéraux
  • Une défense perméable qui protège peu son gardien

Compte tenu de son arrivée récente, cet article porte évidemment peu sur Erling Haaland. Celui-ci a néanmoins démontré dès son premier match qu’il allait encore renforcer le pouvoir offensif de cette équipe. Quitte à encore plus à la déséquilibrer en rendant sa défense encore plus friable. Cela nous promet un double affrontement tout feu tout flamme face au PSG les 18 février et 11 mars.

Article paru en 3 volets sur Culture PSG en janvier 2020

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