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Analyses Saison 2019-2020

La saison de Gana Gueye vue par les stats

Nous reprenons la revue d’effectifs des joueurs parisiens en Ligue 1 analysés par le prisme des statistiques avec les milieux de terrain. Puisque Marquinhos et Kouassi ont été classés avec les défenseurs et qu’Herrera a trop peu de minutes jouées en Ligue 1 (547 dont une partie en tant qu’arrière droit), nous étudierons les performances de trois joueurs : Gana Gueye, Leandro Paredes et Marco Verratti. Ce premier article concerne Gueye et sera, comme pour les défenseurs, divisé en deux parties : les côtés positifs de sa saison d’une part et négatifs d’autre part.

  1. On a aimé

Son temps de jeu

Avec 1 655 minutes en Ligue 1, il est deuxième joueur de champ en terme de temps de jeu derrière Di Maria.

En Ligue 1, à partir de son intégration dans le onze (après la défaite à Rennes), Tuchel l’a aligné d’entrée chaque fois qu’il a été disponible (sauf face à Bordeaux cinq jours après l’aller à Dortmund où il est entré après 17 minutes de jeu suite à la blessure de Thiago Silva). C’est donc un des piliers de l’équipe et Tuchel s’est beaucoup appuyé sur lui.

Sur les 20 matches qu’il a débutés en championnat, il n’a été remplacé qu’à trois reprises. Il a donc joué en moyenne 83 minutes par match, ce qui constitue la deuxième plus haute moyenne de l’effectif derrière Neymar (88 minutes).

Il a toutefois, comme la plupart des joueurs parisiens, connu son lot de blessures. Le Sénégalais n’avait pourtant subi, lors des quatre saisons passées en Angleterre, qu’une seule blessure qui ne l’avait tenu éloigné des terrains que trois semaines. Revenu en France, il a connu trois blessures qui lui ont fait manquer 42 jours de compétition et 5 matches de Ligue 1, puis peut-être sa place pour les ½ finales et finales de Champions League

Son niveau général

Son « rating » de 7.33 selon le site spécialisé Whoscored constitue la 4ème meilleure performance de tout l’effectif, derrière les trois intouchables de l’attaque (Neymar, Mbappé, Di Maria).

Il s’agit de sa meilleure évaluation sur une saison de championnat depuis sa dernière saison lilloise (7.41 en 2014-2015).

Ce qui frappe lors de l’analyse de ses performances, c’est sa grosse régularité : on compte seulement trois matches où Whoscored le crédite d’une évaluation inférieure à 7 (les deux contre Monaco et à domicile contre Bordeaux), parmi les parties où il a joué plus de 45 minutes.

Quelques matches en Ligue 1 lui ont permis de briller particulièrement d’un point de vue statistique :

  • Contre Angers : 1 but, 143 ballons joués, 118 passes réussies sur 123, 3 passes clés, 4 dribbles réussis, 100 % de réussite aux tacles
  • Contre Lille : 1 passe décisive, 2 tirs, 8 ballons récupérés, 10 duels gagnés, 6 tacles réussis
  • A Metz : 2 tirs, 112 ballons touchés, 3 passes longues réussies sur 3, 10 duels gagnés (dont 5 aériens), 3 interceptions

Sa Masterclass face au Real

C’est en Ligue des Champions qu’il a cependant disputé son meilleur match. Pour les débuts européens du PSG cette année face au Real Madrid, il a conquis tous les observateurs.

Voici son évaluation sur Culture PSG le soir même qui résume parfaitement les choses : « La claque du soir, avec une prestation qui le fait changer de monde aux yeux du grand public. Déjà très convaincant en L1 depuis son arrivée, le Sénégalais a sorti une prestation d’élite en Ligue des Champions, digne des meilleurs milieux du monde. Aligné comme milieu relayeur droit au coup d’envoi, il se montre vite présent aussi bien pour harceler très haut que défendre très bas, avec un impact énorme dans les duels, secouant les Madrilènes à chaque contact. Toni Kroos aura été dévoré par Gueye durant toute la soirée, l’ancien d’Everton ne lui laissant pas la moindre seconde de liberté. »

En stats, cela donne le récapitulatif suivant :

Statistiques de Gueye face au Real Madrid (18/09/2020)
Passe décisive1
Ballons Joués91
Passes clés3
Passes longues3/5
Dribbles3/3
Duels gagnés9
Interceptions3
Rating Whoscored8,28

Même si elles restent excellentes, les stats ne rendent même pas complètement hommage au match époustouflant réalisé par Gueye. Cela reste une des meilleures performances individuelles de la saison. 

Son volume défensif

Il est clairement, de tout l’effectif parisien, celui qui présente les stats défensives les plus impressionnantes. Il est notamment premier aux tacles réussis (3.5) et troisième aux interceptions (1.8)

A cinq reprises cette saison en Ligue 1, il a réussi au moins cinq tacles dans un match. Son record : 8 face à Nantes (le 04/12) avec à la clé une performance historique puisqu’il a réussi ses 8 tentatives. Le plus fou c’est qu’il a réédité exactement la même performance face à Dortmund lors du match retour !

De tous les milieux de terrain c’est lui qui a aussi le plus haut pourcentage de réussite dans ses tentatives de tacles : 72 %, contre seulement 60 % pour Verratti par exemple.

En terme de volume défensif global, il fait là aussi mieux que Verratti (et Paredes).

On retiendra notamment ses 5 interceptions à Lille ou ses 10 tacles tentés face au même adversaire mais au Parc des Princes.

Ses indicateurs défensifs sont cependant assez nettement en retrait par rapport à ce qu’il produisait en Angleterre (6.2 tacles tentés en 2016-2017 avec Everton par exemple), ou même à Lille. La comparaison est néanmoins difficile puisque le PSG ayant le ballon plus de 60 % du temps, les actions défensives sont nécessairement moins fréquentes.

Sa relation avec le corps arbitral

Est-ce en raison de son petit air de ne pas y toucher ? Ou de sa capacité à faire des fautes non violentes ? Ou carrément de sa bonne réputation, née de ses débuts lillois, auprès des arbitres ? En tous les cas, il en faut beaucoup pour que Gueye soit sanctionné d’un carton jaune. 18 fautes exactement.

Avec cette moyenne d’1 carton toutes les 18 fautes, le Sénégalais est avec Marquinhos le joueur parisien qui bénéficie le plus de la clémence des arbitres.

Il a en effet commis 37 fautes en Ligue 1 et n’a été sanctionné que de 2 cartons jaunes (à Lille et contre Bordeaux). Si Verratti, au hasard, avait le même ratio, il n’aurait eu que 2 cartons jaunes, et non pas 6.

La comparaison avec l’Italien est d’ailleurs très parlante : Gueye a commis 37 fautes, soit 2 toutes les 90 minutes, contre 26 pour Verratti soit 1.6 toutes les 90 minutes. Et pourtant l’ancien Toffee a reçu trois fois moins de cartons jaunes !

Car Gueye commet, l’air de rien, beaucoup de fautes. C’est même lui qui en a commis le plus de toute l’équipe sur l’ensemble de la saison en Ligue 1.

A deux reprises dans la saison, il a même commis 4 fautes au cours d’un match (les deux fois contre Nantes). Sans, bien sûr, recevoir le moindre avertissement !

2. On a moins aimé

Son approche « verrattienne » de la frappe au but

Ses stats de tir sont en effet minces : 11 en 20 matches de Ligue 1, soit 0.6 tir/match. Il s’agit de 14ème moyenne de tirs de l’équipe.

Même s’il n’a jamais été un grand frappeur, c’est sa plus basse moyenne en carrière en championnat. Il tournait à 0.8 en Angleterre et à plus de 1 avec Lille.

On constate par ailleurs que 8 de ses 11 tirs ont été pris lors des 9 premières journées. Il avait donc plutôt bien débuté la saison avant de se montrer plus timide avec seulement 3 tirs ensuite (dont 2 à Monaco) lors des 11 parties suivantes, dont 9 sans aucun tir.

Le ralentissement de son rythme s’explique peut-être par le manque de réussite qu’il a connu dans ses premières tentatives. On enregistre en effet seulement 3 tirs cadrés, soit 27 %, un des taux les plus faibles de l’équipe (la moyenne de la formation parisienne est à 43 %).

Le déchet technique

Alors certes, c’est un peu sévère de parler de déchet technique pour un joueur qui a réussi 92.7 % de ses passes en Ligue 1 (record personnel). Mais d’autres indicateurs témoignent d’un retard dans ce secteur, attendu certes, par rapport aux autres joueurs de l’effectif. Il faut dire qu’au Paris SG le niveau technique requis est très élevé.

Pour pondérer son excellent taux de réussite aux passes, on signalera que seulement 25 % de ses passes sont faites vers l’avant (plus bas taux des milieux parisiens) et 14 % vers l’arrière (plus haut taux des milieux).

Autre indicateur, plus significatif, des limites techniques du Sénégalais : son taux de réussite dans les dribbles. Avec 53.8 % de succès, il se situe clairement parmi les « mauvais élèves », c’est-à-dire entre Meunier (56 %) et Dagba (54 %).

C’est surtout la comparaison avec les autres milieux qui lui est clairement défavorable puisque Verratti tourne à 86 % et Paredes à 80 %. L’écart est plus que conséquent. Ce qui est encore plus ennuyeux c’est qu’il n’est pas franchement timide dans cet exercice-là : il a tenté exactement le même nombre de dribbles sur la saison que Verratti et Paredes cumulés (39) !

C’est d’autant plus étonnant qu’à Everton il ne tentait que rarement sa chance individuellement (1 dribble tenté en moyenne).

Fin septembre-début octobre, il a notamment connu une série de trois rencontres (Lyon-Bordeaux-Angers) où il a cumulé un vilain 7/16 dans ses tentatives de dribbles. A partir de ce moment-là, il a un peu calmé ses envies puisqu’il n’en a osé que 21 lors des 14 matches suivants de championnat.

L’absence de jeu long

Ce qui est clair c’est que ce n’est pas d’Idrissa Gueye que viendra le salut du PSG en terme de jeu long. Avec seulement 2.9 passes longues tentées toutes les 90 minutes, il ne risque pas de révolutionner le jeu parisien ni de combler cette lacune récurrente.

Il n’est en effet que le 11ème joueur de tout l’effectif en terme de volume de passes longues, et très loin de ses collègues du milieu de terrain (Paredes en tente 9 en moyenne, Verratti 5.6).

Le plus surprenant c’est qu’il en tente beaucoup moins qu’en Angleterre (5.4 lors de sa dernière saison) alors même qu’il a beaucoup plus souvent le ballon et qu’il effectue 30 passes de plus par match.

En outre, son taux de réussite dans cet exercice (77 %) est l’un des meilleurs de l’équipe donc il a vraiment les aptitudes pour réaliser ces renversements de jeu qui font tant défaut à l’équipe de Thomas Tuchel.

A l’heure du bilan, au moins pour la Ligue 1, la saison de Gana est une réussite, incontestablement. Il a su apporter cette culture défensive, son goût de l’effort pour les autres, cette agressivité qui manquait à l’équipe parisienne. Bien sûr, son jeu comporte des lacunes et son association avec Verratti est loin d’être parfaite, mais il bonifie déjà énormément le jeu parisien avec ses qualités propres.   

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