Nous concluons notre tour d’horizon des performances individuelles de la saison passée par le prisme des statistiques avec les défenseurs centraux. Un poste qui a beaucoup fait parler l’an passé par les mouvements incessants qu’il a subis et le nombre important de buts qu’a encaissé l’équipe. Retour, chiffres à l’appui, sur la saison de Thilo Kehrer, Marquinhos, Thiago Silva et Presnel Kimpembe.
Cette analyse de la saison des défenseurs centraux comportera trois volets. Dans le premier, nous détaillerons les différents schémas défensifs utilisés l’an passé par Thomas Tuchel en Ligue 1 et Ligue des Champions. Dans la seconde partie, nous reviendrons en détail, via les données fournies par le site Whoscored, sur les performances des quatre centraux utilisés par le coach allemand. Enfin, dans un dernier volet, nous comparerons les statistiques des joueurs du PSG à celles d’un panel de défenseurs centraux issus des meilleurs clubs européens de la saison passée.
17 compositions différentes en défense centrale
Avec le recrutement de Thilo Kehrer, Thomas Tuchel avait quatre défenseurs centraux de métier à disposition. De quoi innover, après plusieurs années de défense à quatre immuable, entrecoupée un soir d’avril 2016, par un essai lunaire en 3-5-2.
Et de l’innovation, il y en eut. On est même passés d’un extrême à l’autre. Après plusieurs saisons à simplement se demander qui de David Luiz, Marquinhos ou Kimpembe allait accompagner Thiago Silva dans l’axe d’une défense à quatre, on est passés à une rotation extrême des joueurs mais aussi des systèmes, parfois si complexe à déchiffrer que les observateurs n’étaient pas d’accords entre eux sur l’organisation mise en place. Et même quand vous pensiez avoir compris le schéma tactique, il n’était pas rare, qu’en cours de match, Thomas Tuchel modifie son dispositif tactique.
En se basant sur les schémas décrits par les sites Whoscored et Transfermarkt, nous avons recensé 17 combinaisons de joueurs différents composant la défense centrale en 2018-2019 (Ligue 1 et Ligue des Champions confondues, soit 46 matches). C’est tout simplement énorme. Et source d’instabilité. Si vous ajoutez à cela l’alternance mise en place sur le poste de gardien (24 matches pour Areola, 22 pour Buffon) et l’incroyable turnover sur celui de latéral droit où pas moins de cinq joueurs se sont succédé (dans le désordre, Meunier, Alves, Dagba, Nkunku et Kehrer), on peut en conclure que la défense fut un chantier permanent pour Thomas Tuchel. Et comprendre un peu mieux pourquoi elle a encaissé près d’un but par match en Ligue 1 (contre 0.75 en moyenne pour le PSG version QSI).
11 titularisations pour la charnière de référence Thiago Silva – Kimpembe
La charnière centrale la plus souvent utilisée (Thiago Silva-Kimpembe), l’a été seulement 11 fois. C’est dans cette configuration, avec Kehrer arrière droit et Marquinhos au milieu de terrain, comme lors des trois avant-derniers succès en Ligue des Champions, que la défense, et l’équipe en général, a d’ailleurs donné les meilleurs gages de solidité (2 tirs cadrés subis en cumulé contre Liverpool et MU, contre une moyenne à 3.5 par match).
Deuxième combinaison la plus souvent utilisée : Thiago Silva-Marquinhos. Six fois, en championnat uniquement, pour six succès (contre des adversaires de second rang néanmoins). Ensuite, on retrouve le trident Kehrer-Silva-Kimpembe, aligné à cinq reprises, pour trois victoires (dont le 4-0 à Monaco) mais deux défaites : 2-1 à Lyon, et surtout, 3-1 à domicile contre United. Enfin, la paire Marquinhos-Kimpembe a été aligné quatre fois pour deux victoires et deux nuls (dont celui contre Naples à l’aller).
Derrière ces quatre principales associations de défense centrale, le PSG a connu, en 2018-2019, 13 autres défenses centrales différentes, le plus souvent pour du one-shot plus ou moins exotique (Kehrer-Kimpembe, Marquinhos-Mbe Soh, Kehrer-Mbe Soh, Kehrer-Marquinhos-N’Soki, Kehrer-Silva-N’Soki, Kehrer-Kimpembe-N’Soki, Marquinhos-Silva-Bernat, Dagba-Silva-Kimpembe, Dagba-Marquinhos-Kimpembe), ou à deux ou trois reprises (Marquinhos-Kehrer, Kehrer-Silva-Marquinhos, Marquinhos-Silva-Kimpembe, Kehrer-Marquinhos-Kimpembe). Soit, en tout, 7 combinaisons différentes avec 2 centraux, et 10 avec 3.
La défense à 4 plus performante
Au final, la défense à deux centraux a été plus souvent utilisée (27 matches contre 19) et la plus efficace.
Le bilan (Ligue 1 et Ligue des Champions confondues) de la défense à 4 est de 21 victoires, 3 nuls et 3 défaites (Liverpool, Nantes et Reims), soit 2.4 points de moyenne et 0.9 but encaissés par match en moyenne ; alors que la défense à 5, en 19 rencontres, enregistre 12 victoires, 3 nuls et 4 défaites (Lyon, MU, Lille et Montpellier), soit 2.1 points de moyenne et 1.1 buts encaissés de moyenne par match.
Bien sûr, le nombre de défenseurs utilisé n’est pas le seul déterminant du résultat ni même du nombre de buts encaissés. Le soutien apporté par les milieux et le repli des attaquants jouent évidemment aussi dans la performance défensive. Mais les statistiques de la saison passée plaident néanmoins assez significativement pour la défense à quatre.
Pourquoi cette instabilité ?
Cette incroyable instabilité, qui a forcément porté préjudice à l’équipe et eu un impact sur les résultats, nous semble avoir plusieurs causes. D’abord voulue, elle a fini par être totalement subie et donc négative.
Au départ, le turnover imposé par Tuchel, parfois même en cours de match, partait d’une bonne intention, après plusieurs années de système rigide. Savoir jouer dans plusieurs systèmes, y compris défensifs, y compris lorsqu’on s’appelle Thiago Silva, est indispensable pour voyager loin. Cela a permis de sortir les joueurs de leur zone de confort et de les renforcer, en même temps que l’équipe, tactiquement. Les changements de système, décidés par le coach, étaient alors planifiés et relevaient du bon sens, d’autant que les joueurs à disposition montraient des capacités à jouer à plusieurs postes (au moins concernant Kehrer et Marquinhos pour ce qui concerne la défense centrale).
Les blessures et les suspensions ont déréglé ce schéma idéal et transformé, notamment sur la deuxième partie de saison, le turnover planifié en grand chamboule-tout subi où Bernat et Dagba se sont retrouvés à jouer les pompiers en défense centrale (voire même Paredes en cours de match à Montpellier). Pour terminer la saison, en avril et mai, Tuchel s’est transformé en Monsieur Bricolage pour construire sa défense centrale, devant composer avec les blessures de Marquinhos (3 matches manqués), de Kehrer (4), de Thiago Silva (absent à partir du 15 avril) et finalement de Kimpembe pour le dernier match de l’année. Au global, les quatre défenseurs centraux analysés dans cette étude auront manqué 19 matches pour blessures, et 6 pour suspensions (signe au passage de leur grande propreté défensive), soit 25 rencontres en tout.
Quels joueurs s’en sortent le mieux selon les systèmes utilisés ?
Quels enseignements tirer du tableau ci-dessus ?
Tout d’abord, que c’est Marquinhos qui présente, en défense centrale, la meilleure moyenne de points (2.5) et la plus faible moyenne de buts encaissés (0.8). Titulaire à 25 reprises en défense centrale, il n’a connu que deux défaites sans conséquence dans cette position (à Montpellier et à Reims). C’est dans un système à trois centraux impliquant Marqui (où il a pourtant connu 6 associations différentes en 11 matches) que la défense parisienne s’est révélée la moins perméable cette saison (0.6 but encaissé).
Thiago Silva, lui, présente des statistiques un peu plus contrastées : extrêmement positives dans une défense à quatre mais moyennes à cinq. En effet, aligné 17 fois en binôme de défense centrale, il n’a été vaincu qu’une seule fois (à Liverpool, dans les arrêts de jeu) et enregistre la meilleure moyenne de points tout joueur et système confondu (2.7 points par match), avec un très faible ratio de buts encaissés (0.7). C’est moins bon dans le système à trois centraux avec plus d’un but encaissé par rencontre (NDLR : constat à relativiser cependant car il intègre la déroute 5-1 à Lille lors de laquelle il est sorti blessé alors que le score était de 1-1. En intégrant ce score de 1-1 à la place du 5-1 dans l’analyse, sa moyenne à 3 centraux serait de 0.9 buts encaissés et pas de 1.1).
C’est l’inverse pour son jeune partenaire Thilo Kehrer : il affiche de bien meilleures stats dans un système à trois centraux qu’à deux. Au global, la moyenne de points marqués (2) et de buts encaissés (1.1) reste cependant moins performante pour l’international allemand que pour le duo brésilien.
Et c’est encore moins bon pour Presnel Kimpembe. Quel que soit le système (et c’est encore pire dans une défense à 5), le champion du monde 2018 affiche les moins bonnes stats des quatre centraux avec notamment 6 défaites en 29 matches et 1.2 buts encaissés en moyenne par match. Le pauvre Presko était en défense centrale lors de toutes les déroutes défensives de la saison et cinq des six fois où le PSG a encaissé au moins trois buts (Liverpool, Lille, Manchester, Montpellier, Nantes).
Nous allons justement revenir en détail dans un second article sur les performances individuelles des défenseurs centraux.
Article paru sur Culture PSG en août 2019