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Analyses Saison 2023-2024

Comment juger le début de saison de Kylian Mbappé ?

Malgré les 7 buts inscrits et un statut de meilleur buteur de Ligue 1, l’impression générale du début de saison de Mbappé laisse une partie des observateurs sur leur faim. Pourtant, au moment de l’analyse de l’ensemble des stats des sept matches de Ligue 1 disputés, le bilan provisoire de Mbappé est largement positif, et les temps de passage sont excellents. Démonstration.

Les stats du début de saison de Mbappé confirment évidemment qu’il est un dynamiteur offensif hors paire. Mais elles montrent aussi qu’il s’essaye plus que par le passé dans un rôle de créateur-organisateur que les départs de Verratti et Neymar, les habituels fournisseurs de bons ballons, lui demandent de remplir.

Commençons par son habituel talent de canonnier, confirmé par ses stats offensives. Sa moyenne de buts (1 par match et 1.2 par 90 minutes) n’a même quasiment jamais été aussi haute. Il n’y a en effet qu’en 2018-2019 (saison qu’il finit à 33 buts en Ligue 1) qu’il a fait mieux :

Il reste certes sur trois matches de championnat sans marquer mais ses trois doublés lors des trois rencontres précédentes compensent ce petit coup de mou et en font toujours le meilleur buteur de Ligue 1.

L’analyse des expected goals nous indique que ce nombre de buts important est la résultante à la fois d’un nombre d’occasions important mais aussi d’un gros réalisme face au but.

Ses expected goals (ramenés à 90 minutes) sont en effet quasiment au niveau de 2018-2019 ce qui constitue un sommet dans sa carrière en termes d’occasions de buts :

Et si l’on compare, saison par saison, ses buts inscrits et ses expected goals, on constate qu’il est pour le moment sur les bases d’une saison avec un gros réalisme, seulement battu en 2020-2021 :

Si l’enfant de Bondy marque autant cette saison, c’est aussi parce qu’il n’a jamais autant tenté sa chance. Il tourne en effet à la moyenne de 5.9 tirs par 90 minutes. Dit autrement, cela signifie qu’il déclenche une frappe en moyenne toutes les 15 minutes !

Par rapport à la saison dernière, il tire une fois de plus par match. On remarque aussi que depuis 2020, il ne cesse d’augmenter sa moyenne de tirs.

Parmi les 5 principaux championnats européens, il n’y a que Victor Boniface (Leverkusen) qui tire plus souvent que lui :

Sa moyenne est d’un but tous les 5 tirs environ. Il reste cependant sur 14 tirs consécutifs sans marquer : 1 contre Marseille, 5 contre Clermont et 8 contre Rennes (son record de tirs de la saison).

Dernier indicateur du poids offensif de Mbappé : son nombre de ballons touchés dans la surface. Avec 11.2, il est le joueur le plus présent dans la surface adverse des cinq principaux championnats européens.

Même par rapport à ses propres standards, c’est un ratio très élevé comme le montre la comparaison avec les exercices précédents :

Sa moyenne avant cette saison était de 9.1 ballons touchés dans la surface adverse. Il est donc très nettement au-dessus cette saison, comme un symbole de sa volonté de prendre les choses en main offensivement suite aux départs de Neymar et Messi.

Mais il n’y a pas que dans la surface adverse que le champion du monde 2018 est omniprésent. Au contraire. On a bien constaté visuellement son penchant, déjà présent les saisons précédentes, mais encore plus marqué lors de ce début d’exercice, à redescendre plus bas sur le terrain pour toucher le ballon et organiser le jeu.

Orphelin de ses passeurs habituels, Verratti, Neymar et Messi, le Français se mue parfois en organisateur du jeu parisien. Il est vrai que la créativité n’est pas forcément le point fort du trio Ugarte-Zaïre Emery-Vitinha aligné le plus souvent par Luis Enrique.

Pour compenser ce déficit de créativité, Mbappé se transforme paer séquences en numéro 10 et vient tenter d’organiser le jeu parisien. Et plutôt avec succès à en croire certaines stats.

Le site fbref.com comptabilise les « actions amenant un tir ». Il s’agit des deux actions précédant un tir, que ce soit une faute provoquée, un dribble, une passe, une récupération, etc…

Mbappé est ainsi crédité de 5.5 actions amenant un tir (par 90 minutes). Il s’agit de sa meilleure moyenne de ses quatre dernières saisons et de sa 2ème moyenne all-time :

Contre Lens, il est ainsi à l’origine de 9 actions se terminant par un tir, son record de la saison. Il n’avait fait mieux qu’une seule fois la saison dernière (10 contre Marseille).

Dans le même ordre d’idées, son niveau d’xG Chain, data qui mesure la contribution d’un joueur aux actions de son équipe se terminant par un tir, n’a jamais été aussi élevé selon le site understat.com :

Cette propension de Mbappé à s’inscrire au départ (ou au milieu) des actions et pas seulement à la finition est donc confirmée par plusieurs stats avancées.

Son rôle de créateur se double d’une fonction d’organisateur. Régulièrement positionné plus bas sur le terrain, surtout dans la configuration avec quatre attaquants expérimenté à plusieurs reprises par Luis Enrique, il fait parler son sens de la passe.

Il n’a ainsi jamais réussi autant de passes vers le dernier tiers du terrain, ni de passes progressives (passe faisant avancer le ballon d’au moins 9 mètres) que cette saison :

Il a même battu, contre Lens, son record all-time de passes progressives lors d’un match de Ligue 1 (10). Et il tourne à 88 % de passes longues réussies, autre record en carrière.

Ses stats de passes vers le dernier tiers et de passes progressives sont nettement supérieures à ce qu’il produisait ces dernières saisons. Difficile de ne pas y voir une volonté du Français (et du staff ?) de participer davantage au jeu et de compenser le déficit de créativité de ses jeunes coéquipiers du milieu de terrain.

On peut aussi y voir, peut-être, une volonté de Mbappé de commencer à se réinventer et d’anticiper une deuxième partie de carrière (il a 25 ans) où il pourrait potentiellement faire moins de différences individuelles grâce à ses qualités physiques.

En tous les cas, à l’heure actuelle, le PSG bénéficie tout à la fois d’un Mbappé toujours aussi bon finisseur, tout en étant ajoutant les flèches « créateur » et « organisateur » à son arc.

La bonne nouvelle de cette transformation en marche c’est que cela ne se traduit pas une flambée de pertes de balles et de passes rendues à l’adversaire. Sûr de sa technique, Mbappé ne gaspille pas les munitions à sa disposition.

Jamais en carrière au PSG il n’avait perdu aussi peu de ballons. Et ce que l’on raisonne en volume brut de ballons perdus (12 par 90 minutes) ou en taux de ballons perdus rapporté à son nombre de ballons joués (20 %) :

Mbappé réussit donc la performance de davantage participer au jeu sans pour autant augmenter son déchet technique.

Seul bémol de cette transformation en cours du jeu du numéro 7 parisien : il n’a pas encore donné de passe décisive. Un comble alors qu’il tente justement de davantage s’inscrire dans le jeu collectif de son équipe.

Ce n’est probablement qu’une question de temps puisqu’il est déjà crédité de 1.5 expected assist. Cela signifie que ses coéquipiers ont pas mal gâché et qu’il devait déjà être à au moins une passe décisive en Ligue 1.

Ce bémol n’est néanmoins pas le seul qui ressort de l’analyse des stats du début de saison de Mbappé. Pas de quoi ternir son bilan très positif, mais qui mérite néanmoins que l’on s’y attarde.

Un des points négatifs qui ressort des stats de « Kyky de Bondy » a trait à sa sélection de tirs. Son ratio d’expected goal par tir (18.1 %) est en effet nettement en-dessous de sa moyenne en carrière (20 %) :

Cela signifie qu’en moyenne chacun de ses tirs avait 18 % de générer un but.

On peut relier cette data à un autre indicateur un peu préoccupant : avec 44 % de tirs cadrés, Mbappé est sur une de ses plus mauvaises saisons en la matière. Là aussi, ce taux est très éloigné de sa moyenne an carrière (51 %) :

Il n’y a d’ailleurs que contre Lens que le Français a cadré la majorité de ses frappes :

On a vu pourtant vu précédemment que le capitaine des Bleus faisait preuve d’un grand réalisme lors de ce début de saison. Cela signifie donc qu’il cadre moins souvent mais que lorsqu’il cadre, il fait très souvent mouche.

Autre point faible, plus habituel celui-là, du début de saison de Mbappé : les efforts défensifs. Il n’a jamais été très friand des replis défensifs et des courses de contre-pressing, mais c’est de pire en pire saison après saison.

Les données de pressing ou de kilomètres parcourus ne sont pas disponibles pour la Ligue 1 mais sa stat des ballons récupérés est, elle, à son plus bas niveau depuis qu’il joue au PSG :

Le nombre de dégagements défensifs (0) témoigne aussi du manque d’investissement défensif du Français.

Dernier domaine où l’on attend plus et mieux de la part de Mbappé : les duels. Il ne gagne que 4.3 duels par 90 minutes, soit son taux le plus faible en carrière après celui de la saison dernière.

Sont en cause à la fois son déficit d’agressivité défensive, mais aussi son manque de réussite dans les dribbles.

En effet, ses 48 % de dribbles réussis constituent certes une progression par rapport à la catastrophique saison dernière (37 %), mais il reste encore sous la barre des 50 %, ce qui ne lui était jamais arrivé lors de ses cinq premières saisons dans la capitale :

On notera aussi qu’il n’a pas disputé le moindre duel aérien de la saison en Ligue 1.

Malgré le peu de matches disputés (7 en Ligue 1), les stats de Mbappé de ce début de saison sont quand même très parlantes : au sommet de son art ou presque face au but, il n’hésite pas à se muer en organisateur pour pallier aux lacunes du milieu parisien, et plutôt avec bonheur.

Néanmoins, tout n’est pas parfait et les marges de progression sont connues : implication défensive et capacité à se faire mal. Luis Enrique saura-t-il convaincre le Français ? A suivre…

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