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Matches Saison 2021-2022

Bordeaux-PSG (2-3) : des changements qui ont (presque) tout changé

Le PSG l’a encore emporté en championnat samedi à Bordeaux, soit la 11ème victoire en 13 journées, mais il s’est sérieusement compliqué la tâche en fin de rencontre. En effet, alors qu’ils étaient menés 0-3, les Bordelais sont revenus à 2-3 et auraient même pu égaliser. Les remplacements effectués des deux côtés par les entraîneurs (offensifs à Bordeaux, défensifs au PSG) passée l’heure de jeu ne sont sans doute pas étrangers à cette remontée. Analyse.

Avant de rentrer dans le détail des changements effectués par les coaches et de leur impact sur la physionomie et le score du match, penchons nous sur les stats générales du match. Car ce match, en apparence assez similaire aux autres productions du PSG cette saison (c’est-à-dire un match très moyen mais néanmoins remporté), présente quelques spécificités majeures.

C’est en effet la première fois de la saison en Ligue 1 que le PSG est dominé en terme d’expected goals : 1.58 à 1.24 (source : understat.com).

S’il était déjà arrivé au PSG d’être dominé en nombre de tirs, les expected goals lui avaient toujours été favorables jusque-là (en raison de positions de frappes moins favorables pour les adversaires).

Il faut dire que l’écart de tirs de samedi soir est tel (18 à 9) que même avec des positions globalement moins favorables (9 % de chances à marquer à chaque tir contre 14 % pour Paris), les Girondins auraient pu au final l’emporter.

Le nombre de tirs constitue l’autre particularité du match : jamais cette saison en effet le PSG n’en avait concédé autant, et, dans le même temps, jamais il n’avait aussi peu frappé au but !

Alors que le gardien du PSG en subissait jusque-là 11 en moyenne cette saison, (9ème plus haut total de Ligue 1), Navas a vu 18 tirs arriver jusqu’à lui samedi soir ! Le record de la saison (15 contre Troyes et Marseille) est nettement battu. On notera au passage que 6 des 18 tirs bordelais sont l’œuvre de joueurs formés au PSG (3 chacun pour Pembélé et Adli)

Le constat est identique de l’autre côté du terrain : les 9 tirs tentés par le PSG face aux Girondins constituent leur plus pâle performance de la saison (moyenne de 13.5 et jamais moins de 10 jusque-là).

Au PSG, ils ne sont que trois joueurs à avoir tenté leur chance !

Mbappé avec ses 5 tirs est le joueur qui a le plus frappé au but et il égale au passage sa meilleure performance de la saison.

Mais cette répartition des tirs, et des expected goals, n’est pas répartie de manière homogène sur les 90 minutes, loin de là. Et ce sont les changements de joueurs effectués après le 3ème but parisien de la 63ème minute qui constituent l’élément modificateur.

Si le remplacement de Bernat par Mendes à la 64ème est du poste pour poste, avec les entrées de Niang et Oudin pour Mangas et Otavio à la 68ème, Bordeaux joue alors avec deux vrais attaquants et un seul milieu défensif. Un parti-pris résolument offensif dicté par le score (0-3) auquel répond Pochettino en faisant entrer des joueurs à caractère défensif : Gueye et Danilo à la place de Draxler et Dina-Ebimbé (75ème minute).

Les deux équipes ont donc joué les 15-20 dernières minutes en 4-4-2 mais avec des milieux aux profils très différents : très offensifs à Bordeaux (Oudin, Adli, Elis + Onana) et exclusivement défensifs au PSG (Gueye, Danilo, Herrera, Wijnaldum).

Le résultat est assez édifiant en terme d’occasions : le PSG n’a pas tiré une seule fois au but sur cette période; Bordeaux a au contraire frappé 8 fois lors des 20 dernières minutes, dont 5 par les entrants Niang et Oudin, pour deux buts inscrits par Elis (78ème) et Niang (91ème sur un service d’un autre remplaçant Briand).

La dynamique des expected goals ci-dessous traduit bien ce changement de physionomie :

On voit bien que passé le dernier quart d’heure, Bordeaux se crée de nombreuses opportunités et rattrape puis dépasse le PSG en terme d’expected goals.

La comparaison des stats avant et après cette 68ème minute est globalement assez édifiante :

La réduction du score bordelaise est tout à fait méritée puisqu’à partie de 68ème minute, ils ont tiré 8 fois au but, eu la possession, réussi plus de passes et mis la défense parisienne sous pression (12 dégagements).

Concernant spécifiquement les tirs, ils avaient donc fait jeu égal sur la majeure partie du match (10 à 9 pour Paris jusqu’aux changements) mais ont largement dominé les 20 dernières minutes (8 à 0) !

Les graphiques ci-dessous (source : wyscout) confirment cette inversion de tendance après les changements de Petkovic :

Dans le dernier quart d’heure, la possession est nettement bordelaise et, surtout, les Parisiens sont en grande difficulté technique. Avec un Mbappé et surtout un Neymar très hauts sur le terrain et déconnectés de leurs milieux, les hommes de Pochettino n’ont plus de relais pour sortir les ballons et subissent donc les vagues girondines. Neymar n’a ainsi touché que 11 ballons après la 68ème, contre 84 avant.

Ajoutez à cela les erreurs techniques de Mendes, Danilo et Gueye (11 ballons perdus à eux 3), et vous avez l’explication des difficultés parisiennes de la fin de match.

Mendes, en même pas 30 minutes, a perdu autant de ballons que Bernat en plus d’une heure (4). De son côté le duo Danilo-Gueye a rendu plus du quart des ballons joués alors que Ebimbé (10%), Herrera (13%) et Wijnaldum (17 %) avaient été beaucoup plus sûrs balle au pied.

Certes, on peut admettre que face à une période de « folie offensive » de l’adversaire, il soit plus compliqué de ressortir les ballons mais plusieurs choses interrogent néanmoins :

  • Fallait-il faire des changements aussi conservateurs ? Avec seulement deux joueurs offensifs, le PSG acceptait ainsi de subir fortement et avec personne pou presque pour faire la liaison avec l’attaque
  • Est-il normal de subir autant d’actions en si peu de temps malgré la pression mise par Bordeaux ?
  • Est-il normal de ne se procurer aucune occasion en 20 minutes alors que l’équipe adverse est complètement déséquilibrée ?

Bref, ce sont à la fois la pertinence des changements et l’incapacité des joueurs sur le terrain à contenir les attaques du 16ème du classement et à créer du jeu qui interpellent.

On voit avec le positionnement moyen des joueurs parisiens ci-dessous que le PSG a accepté de subir lors de la dernière demi-heure. Le parti-pris ne choque pas plus que ça compte tenu des choix offensifs faits par Bordeaux et du score, mais les joueurs utilisés et la manière dont ils ont géré la situation sont plus problématiques.

Certes Verratti n’était pas là et on connaît son importance dans ce type de situations pour faire mal à l’adversaire en annihilant ses attaques et en trouvant ses attaquants. Mais, même en son absence (et celle de Paredes qui a cette capacité à ressortir les ballons), il est surprenant qu’aucun milieu parisien, tous internationaux chevronnés (sauf Herrera), n’ait pu sortir la tête de l’eau lors des 20 minutes en question.

Et même en terme d’engagement et d’imapct physique, les milieux parisiens ont été dominé lors de cette fin de martie. On le voit notamment avec les stats de duels :

Le PSG a dominé en termes de duels entre la 16ème et la 45ème. Mais il est ultra-dominé en début de match et toute la seconde période, notamment après les changements de joueurs.

Les données de pressing traduisent également bien l’incapacité parisienne lors de la dernière demi-heure à gêner les attaques adverses :

Le pressing parisien fut quasi-inexistant passée l’heure de jeu. Au global, le PSG signe sa moins bonne performance en terme de pressing (selon l’indicateur des passes permises à l’adversaire du site understat) depuis la saison 2017-2018.

Au final, malgré ces 20-25 dernières minutes plus que pénibles, le PSG s’en est une nouvelle fois sorti et quitte la Gironde avec les 3 points. C’est bien le principal diront certains. Le miracle permanent continue !

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