Même si le PSG, en tant qu’équipe, n’a pas fait de « la bataille des duels » son leitmotiv, et qu’il lui arrive de gagner des matches sans remporter la majorité des duels, il nous a paru intéressant de se pencher sur les comportements individuels en la matière. Quels joueurs disputent, et surtout gagnent le plus de duels au sein de l’effectif de Thomas Tuchel ? Analyse en chiffres et en graphiques sur la base des rencontres de Ligue 1.
1er constat : c’est Neymar qui dispute, et gagne, le plus de duels
Le Brésilien, sur 90 minutes, dispute en moyenne 20.8 duels et en gagne 11.3. Il devance largement, en termes de duels joués, Gueye (14.1) et Kurzawa (13.5).
On n’est pas trop surpris de retrouver le numéro 10 Parisien en tête de ce classement puisqu’il passe son temps à provoquer, par le dribble, ses adversaires (10.1 toutes les 90 minutes, 1er de Ligue 1). La seconde place du Sénégalais est également assez attendue également puisque, dans un tout autre registre, défensif cette fois, il harcèle lui aussi ses adversaires (3.5 tacles réussis par match, 1er du PSG).
En revanche, la 3ème place de Layvin Kurzawa est pour le moins surprenante et peut peut-être s’expliquer, comme pour Bernat que l’on retrouve à la 5ème place avec 12.7 duels disputés, par la propension des équipes adverses à cibler le côté gauche parisien pour attaquer. D’une part parce que le latéral gauche est souvent abandonné par Neymar dans ce couloir, et d’autre part parce que la résistance aux duels défensifs n’est pas la qualité première de Kurzawa et de Bernat. Ce ciblage semble justifié puisque Kurzawa affiche l’un des plus mauvais taux de réussite dans les duels de l’effectif parisien (42.6 %).
Le graphique ci-dessous présente, en abscisse, le taux de réussite dans les duels, et en ordonnée, le nombre de duels joués toutes les 90 minutes. Les joueurs sont représentés d’une couleur différente selon le poste où ils évoluent (rouge pour les attaquants, bleu pour les milieux, jaune pour les latéraux et blanc pour les défenseurs centraux). Petite particularité pour Marquinhos : dans le graphique, ce sont ses stats globales qui sont présentées, la distinction entre ses duels en tant que milieu et défenseur sera faite plus bas dans l’article.
Pour en revenir à Neymar, il présente des stats atypiques par rapport aux autres joueurs à vocation offensive de l’équipe. Son nombre de duels, on l’a vu, est largement supérieur aux autres : il dispute presque deux fois plus de duels que n’importe quel autre « attaquant » de l’effectif. Mbappé et Di Maria sont en effet à 11 duels/90 minutes. Sarabia, qui joue pourtant plus ou moins au même poste que Neymar dispute 3 fois moins de duels (6.8 contre 20.8) !
Mais le taux de réussite du Brésilien est également bluffant. Avec près de 55 %, il est au-dessus de la moyenne de l’équipe et, surtout, au-dessus de tous ses coéquipiers de l’attaque du PSG. Choupo-Moting le talonne de près (53.7 %) mais Di Maria et consorts sont beaucoup plus loin, tous entre 34 % (Sarabia) et 47 % (Mbappé). Cela s’explique notamment par son incroyable réussite dans les dribbles (61 %) qui fait d’ailleurs du PSG l’équipe qui dribble le plus d’Europe et de l’histoire de la Ligue 1.
Malgré un état de forme pas toujours optimal, que ce soit en début de saison ou au contraire sur la « fin de saison », il ne s’est jamais caché. Sur les 15 matches de Ligue 1 joués, il n’y en a qu’un seul à moins de 10 duels disputés (à Lyon en septembre) ! Pour comprendre la portée de l’exploit, la moyenne par match du nombre de duels joués par Mbappé est de 9. A lui seul, il comptabilise plus de matches à au moins 20 duels disputés (7) que la totalité de l’effectif du PSG en Ligue 1 (1 chacun pour Bernat, Di Maria, Verratti et Gueye). Il est même allé jusqu’à 30 pour son dernier match face à Bordeaux (15 gagnés), record pour un joueur du PSG cette saison.
Et, on l’a vu, il ne se contente de beaucoup provoquer, il gagne la majorité de ses duels. La preuve, on recense pas moins de 9 matches de Ligue 1 (sur 15 joués) à plus de 10 duels gagnés. C’est presque autant que tout le reste de l’effectif parisien. Son record ? 19 duels gagnés face à Montpellier le 1er février (victoire 5-0) où il a pris un malin plaisir à humilier un adversaire qui avait fait l’erreur de le chauffer dans la presse avant la rencontre. Bref, non seulement Neymar provoque énormément de duels mais il le fait avec succès.
2ème constat : les avants-centres disputent et gagnent peu de duels
Icardi et Cavani, qui se sont relayés à la pointe de l’attaque parisienne cette saison, affichent les plus basses moyennes (sur 90 minutes) de duels disputés : 5.2 pour l’Argentin, 5.8 pour l’Uruguayen. Et ils font en outre partie de ceux qui en remportent, en proportion, le moins : 38.4 % pour Icardi et 46.1 % pour Cavani. Ce dernier a même réussi à jouer un match entier (contre Nîmes) sans disputer le moindre duel de la rencontre.
Cela correspond au style de jeu du PSG qui va soit prendre son temps pour élaborer son attaque et donc très peu mettre son avant-centre à contribution, soit réaliser une attaque rapide sur un côté par l’intermédiaire de ses flèches attitrées et où l’avant-centre aura donc pour mission d’être simplement à la conclusion. On peut quand même regretter que le jeu dos au but de l’ancien Milanais ne soit pas plus utilisé puisqu’il avait fait la démonstration en début de saison qu’il pouvait servir de point d’appui en remportant des duels dans des zones importantes (10 duels gagnés sur 21 lors des 4 premiers matches de Ligue des Champions notamment).
3ème constat : les défenseurs centraux remportent la majorité de leurs duels
C’est Kimpembe qui affiche le taux de duels remportés le plus important de tout l’effectif parisien en Ligue 1 : 68.9 %. Il n’y a pas un match cette saison où Presko a perdu plus de duels qu’il n’en a remporté ! Il est tout aussi intraitable en Ligue des Champions, compétition où il a réussi sa plus grosse perf de la saison en la matière : 17 duels remportés (sur 25) face à Galatasaray, à l’aller. On se souvient en effet de son combat acharné contre le Néerlandais Babel qui venait systématiquement, en pure perte, se frotter au champion du monde français.
Derrière Kimpembe, on retrouve un autre défenseur central en la personne de Thiago Silva (67.9 %). Le Brésilien, dans un autre style que Kimpembe, est tout aussi efficace. Il va beaucoup moins au duel (5.9 contre 9) mais il en ressort aussi très souvent vainqueur. Il a même réussi l’exploit de remporter 100 % des duels joués dans 8 matches sur les 27 (Ligue 1 et Ligue des Champions confondus) disputés (dont un magnifique 5/5 à St Etienne en décembre).
C’est le jeune Kouassi qui complète le podium des joueurs parisiens avec la meilleure réussite dans les duels cette saison en Ligue 1 (63.4 %). Il doit cette belle troisième place à deux facteurs : d’une part, son incroyable performance à Amiens où il a remporté 11 des 13 duels qu’il a eus à disputer. Rien que sur ce match, il concentre plus de 40 % des duels qu’il a gagnés cette saison en championnat. Mais c’est aussi par son jeu aérien que le jeune Tanguy se distingue : il est le joueur parisien qui gagne, en moyenne sur 90 minutes, le plus de duels aériens !
Avec 2.6 duels remportés toutes les 90 minutes, Kouassi devance Marquinhos (2.3), Kurzawa (1.8) et Thiago Silva (1.8). C’est même lui qui a la meilleure réussite dans cet exercice puisqu’il ressort vainqueur plus de trois fois sur quatre des duels aériens qu’il dispute, contre une fois sur deux par exemple pour Marquinhos. Le match contre Amiens, avec ses deux buts de la tête sur corner, symbolise là aussi, cette domination dans les airs de l’ancien pensionnaire du centre de formation parisien.
4ème constat : Choupo-Moting et Herrera se distinguent positivement
Parmi les attaquants, le seul à rivaliser avec Neymar en terme de pourcentage de duels gagnés est… Choupo-Moting ! Certes les volumes de duels disputés par le Camerounais (54) et le Brésilien (305) sont sans commune mesure mais la performance mérite d’être saluée. Avec 54 % de succès, l’ancien de Stoke distance nettement Mbappé (46.5 %) ou Di Maria (44 %).
C’est notamment à sa capacité d’élimination balle au pied que Choupo doit ce classement. Il affiche en effet un excellent 67 % de réussite aux dribbles qui le classe au-dessus de la quasi-totalité de ses coéquipiers de l’attaque. On retiendra aussi sa formidable performance à Nice (courant octobre) où, positionné comme ailier gauche, il avait martyrisé la défense des Aiglons et remporté 11 duels ce jour-là (record du match) en jouant tout juste une heure. Malgré un temps de jeu réduit (452 minutes en Ligue 1, 22ème de l’effectif), que l’analyse sur 90 minutes permet de compenser, Choupo-Moting présente donc des stats relatives aux duels de qualité.
Parmi les milieux de terrain, Gueye, Verratti, Marquinhos et Paredes affichent globalement des stats proches. Gueye est celui qui dispute le plus de duels (14.1), Verratti cumule taux de succès (56 %) et volume de dribbles conséquent (13.1), Paredes et Marquinhos se situant légèrement en retrait. La surprise vient des performances de Herrera. L’Espagnol dispute beaucoup moins de duels que ses coéquipiers du milieu de terrain, mais avec un bien meilleur taux de réussite : 7.9 à 60.4 %, soit le 4ème meilleur taux de toute l’équipe !
Ses statistiques sont notamment gonflées par les deux parties (contre Angers et à Amiens) où il a évolué comme arrière droit puisqu’à cette occasion il a eu beaucoup de duels à disputer (15/22 en cumulé sur ces deux rencontres). L’ancien Mancunien semble donc, à tort, rechigner à aller au duel alors qu’il présente des stats plus qu’honorables dans ce domaine.
5ème constat : Sarabia et Dagba ont du mal à exister dans les duels
Du côté des latéraux, on a vu précédemment que Kurzawa (13.5 duels/90 minutes) et Bernat (12.7) se démarquaient avec un nombre de duels important. A l’inverse, Dagba joue peu de duels (7.5) et surtout en gagne moins que ses coéquipiers : 40 % en moyenne c’est le plus bas niveau pour un latéral du PSG.
Encore trop léger physiquement, il peine à s’imposer dans les duels défensifs. Offensivement, il a des capacités mais il présente un des taux de réussite dans les dribbles les plus faibles de l’équipe (54 %, seul Kurzawa fait moins bien parmi les latéraux). Enfin, dans les luttes aériennes, même s’il est peu sollicité (8 duels disputés), il en ressort souvent battu (2 gagnés seulement).
Il y a cependant un joueur qui présente des statistiques de duels encore moins flatteuses que Dagba. Il s’agit de Sarabia. L’Espagnol a tout simplement le taux de réussite dans les duels le plus bas de tout l’effectif ! Il en perd en effet près de deux sur trois (58 sur 88). Il ne gagne que 2.3 duels toutes les 90 minutes, soit le pire ratio de l’équipe, juste devant Icardi. Son record de duels gagnés sur un match de Ligue 1 (5) correspond au plus faible sur une partie de Neymar !
L’ancien Sévillan manque de percussion balle au pied (0.4 dribble tenté par match seulement) et peine à exister défensivement également malgré ses efforts. Il n’a par exemple réussi que 12 des 33 tacles qu’il a exécutés, soit, là encore, le pire ratio de l’équipe juste devant Icardi. Il y a donc clairement à la fois un problème de confiance dans ses tentatives de dribble (il tournait à près de 2 dribbles par match l’an passé) et de capacité physique à résister à l’impact en Ligue 1 (où le niveau physique est supérieur à celui de la Liga) pour le frêle (70 kilos) Espagnol.
6ème constat : Marquinhos pas aussi haut qu’attendu
Les performances de Marquinhos sont contrastées. Il aime la bagarre, cela se voit. Que ce soit au milieu de terrain (11.6 duels/90 minutes) ou en défense centrale (8.8), il ne se cache pas et est très sollicité, notamment dans le jeu aérien. Il est le joueur qui a disputé et gagné le plus de duels aériens depuis le début de saison (37/74).
Mais il ne ressort pas vainqueur aussi souvent qu’attendu, notamment au milieu de terrain : même pas une fois sur deux. C’est moins bien que la totalité des milieux de terrain de l’effectif parisien. Le constat est globalement similaire en défense : son taux de réussite dans les duels (57.5 %) le situe presque tout en bas dans la hiérarchie des défenseurs centraux du PSG (juste devant Diallo).
Une partie de l’explication de ces taux assez moyens vient du nombre de batailles aériennes disputées : 74 des 167 duels joués sont des défis de la tête. Or, malgré sa formidable détente, Marquinhos n’est pas un extraordinaire joueur de tête. Il ne mesure d’ailleurs qu’1.83 m. Or, c’est souvent lui qui est au marquage des grands gabarits adverses, souvent plus grands et plus costauds que lui, que ce soit en défense (ou Thiago Silva préfère sagement rester en couverture) ou au milieu (où Gueye, Paredes et surtout Verratti ont du mal à exister dans le jeu aérien). C’est ce constat qui a d’ailleurs notamment permis à Kouassi de beaucoup jouer cet hiver et qui rend peut-être nécessaire le recrutement cet été d’un milieu de terrain au fort jeu de tête.
Ce tour d’horizon des duels disputés par les joueurs du PSG en Ligue 1 aura certes permis de conforter quelques impressions visuelles, comme les différences offensives faites par Neymar, l’impact physique de Kimpembe ou les difficultés de Sarabia dans l’exercice. Il aura cependant aussi permis de mettre en évidence quelques phénomènes plus surprenants comme la domination dans les airs de Kouassi, le bon comportement de Choupo-Moting ou les relatives difficultés de Marquinhos.
Article paru en 3 volets sur Culture PSG en avril 2020