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Marseille-PSG (0-2) : Marquinhos-Kimpembe, la charnière qui (r)assure

Le retour de la charnière Marquinhos-Kimpembe face à l’OM dimanche dernier a aussi coïncidé avec une plus grande sérénité défensive et un gardien quasiment jamais sollicité. L’occasion de revenir sur le parcours de cette association et de comparer ses performances avec les autres défenses centrales majeures de ces dernières saisons au PSG.

A l’heure où le PSG voit son secteur offensif perdre un joueur majeur à chaque match, la défense peut au moins s’appuyer sur une paire fiable. Chacun dans leur style, Marquinhos et Kimpembe ont marqué de leur empreinte le 100e classique remporté dimanche dernier au Stade Vélodrome (2-0).

Le placement de Marquinhos, le punch de Kimpembe

Marquinhos, le capitaine, tout en sérénité, a apporté sa science du placement, son assurance et sa capacité à faire progresser le jeu de son équipe. En termes de statistiques, cela se traduit par 5 dégagements (record du match), autant de ballons récupérés, et surtout 470 mètres gagnés par la passe et la conduite, soit la meilleure performance du match pour un Parisien.

C’est notamment par la passe qu’il a su créer le danger dans le camp adverse (320 mètres gagnés). Il est crédité de 4 passes longues réussies sur 7, soient les plus hauts totaux pour un Parisien dans le champ lors de cette rencontre.

Défensivement, il a aussi été impeccable, réussissant même l’exploit de contrer de la tête une tentative aérienne de Germain.

Dans un tout autre registre, Kimpembe s’est également montré impérial. Le danger venant plus souvent de son côté, il a dû davantage s’employer pour compenser les décalages réalisés dans le dos de Kurzawa. Il a de son côté récupéré 6 ballons et réussi 3 interceptions. Plus agressif que son compère brésilien, il a fait parler la puissance à plusieurs reprises et remporté 75 % de ses duels. Il s’est aussi signalé par deux interventions décisives dans sa surface pour contrer in extremis des centres de Thauvin qui auraient pu être très dangereux pour Rico. 

Bref, comme par hasard, avec le retour de sa charnière titulaire, qui n’avait plus été alignée en Ligue 1 depuis début octobre (victoire 6-1 contre Angers), le PSG a retrouvé une assise défensive et son gardien a passé une soirée tranquille (0.43 expected goals against selon understat.com).

5 victoires en 5 matches pour la charnière Marquinhos-Kimpembe cette saison

D’ailleurs, cette saison, cette charnière est invaincue et n’a même connu que la victoire : quatre en Ligue 1 (contre Nice, Reims, Angers et donc Marseille) et une en Champions League (à Manchester).

Cela n’a pas toujours été le cas. Le tableau ci-dessous retrace, sur les quatre dernières saisons, les matches joués (en Ligue 1 et Champions League) et les principaux indicateurs défensifs de l’équipe quand la charnière Marquinhos-Kimpembe était alignée.

Charnière Marquinhos-Kimpembe2017-20182018-20192019-20202020-2021
Matches joués16325
Points/match2,061,671,503,00
Tirs subis/match12,11210,510,8
Buts encaissés/match11,3310,4
Expected Goals Against/match1,151,160,620,73

Outre le fait qu’ils n’ont quasiment pas joué ensemble en défense centrale les deux saisons précédant celle-ci (Thiago Silva a débuté 60 des 84 matches concernés et Marquinhos a beaucoup évolué au milieu), on constate que c’est cette saison qu’ils présentent globalement les meilleures statistiques (seulement 0.4 buts encaissés par match notamment). Certes, l’échantillon de matches est encore faible mais l’impression dégagée est vraiment excellente et le duo semble progresser match après match, saison après saison.

Née un 14 février 2017

Remontons un peu dans le temps pour mieux comprendre cette évolution des indicateurs. Cette charnière est née, aux yeux du grand public en tous cas, un soir de Saint Valentin. Le public du Parc, ce 14 février 2017, il y a quatre ans presque jour pour jour, n’avait qu’amour pour ce duo improbable en défense centrale, 22 ans de moyenne d’âge, pour affronter sans Thiago Silva l’immense MSN (Messi Neymar Suarez) en huitièmes de finale aller de Ligue des Champions (victoire 4-0 face au Barça).

En réalité, elle avait quelques matches de Ligue 1 derrière elle. Pas pléthore. Sept en fait. Quatre dès la saison 2015-2016, la première dans le grand bain pour Kimpembe. Lors de 80 % de ses titularisations de cette saison là il fut en effet associé à Marquinhos, d’un an son aîné. La saison suivante, avant d’affronter le Barça, ils avaient eu trois matches de répétition, dont une victoire 3-0 à Bordeaux quatre jours avant le choc européen, avec la même défense (Trapp-Meunier, Marquinhos-Kimpembe-Kurzawa) que pour affronter Messi et ses comparses.

Si la première grosse adversité rencontrée par le duo fut un véritable succès (vous avez sûrement en tête les images de Presko repoussant physiquement Messi), la saison suivante, qui devait être celle de la confirmation, fut plus difficile, à plusieurs niveaux : en Ligue 1, la charnière fut alignée lors de la première défaite de la saison à Strasbourg ; Kimpembe fut expulsé à deux reprises en étant associé à Marqui (à Rennes et St Etienne) et le duo, comme toute l’équipe, eut du mal à finir la saison (aucune victoire lors des trois derniers matches). En Champions League, surtout, la paire fut choisie par Emery à la surprise générale et au détriment du capitaine Thiago Silva pour aller défier le Real Madrid de Cristiano Ronaldo en huitièmes de finale au Bernabeu (défaite 3-1).

Après le choc, le temps des gros doutes

Bilan de cette saison 2017-2018 qui devait être celle de la confirmation : pas le niveau requis pour en faire la charnière d’avenir du PSG. A tel point qu’elle ne fut presque plus vue lors des deux saisons qui ont suivies. Tuchel privilégiant soit les expérimentations baroques (une pensée pour le trio Kehrer-Kimpembe-N’Soki aligné à Strasbourg en décembre 2018), soit la paire Thiago Silva-Kimpembe avec Marquinhos au milieu.

Il faut dire que les quelques tentatives de les remettre dans le bain ne furent guère concluantes, comme le match nul 2-2 face à Naples en poule de Champions League en octobre 2018 où ils sont tous les deux fautifs sur chacun des buts encaissés, ou la surprenante défaite (2-1) à Dijon en novembre 2019 où ils se font bouger par le duo d’anthologie Cadix-Tavares (si si). Tuchel ne les réalignera d’ailleurs plus ensemble en défense de la saison en Ligue 1 après cette défaite en terre bourguignonne.

Renaissance à huis clos

Pourtant, notre duo retrouvera les joies de la collaboration, quatre mois plus tard, un fameux soir de mars 2020, le 11 exactement, dans un Parc vide mais porté par ses supporters à l’extérieur du stade jusqu’à la victoire face au Dortmund d’un Haaland littéralement mangé par l’appétit de la défense parisienne.

Ce huitième de finale retour constitue ainsi une seconde naissance pour la paire Marquinhos- Kimpembe. Comme pour le match face au Barça quelques années plus tôt, on ne les attendait pas et ils ont su répondre présents en l’absence de Thiago Silva dans un gros rendez-vous. Il n’y eut pas immédiatement de suite puisque O Monstro reprit sa place en défense et Marqui au milieu lors du Final 8, mais il est fort probable que ce match servit de révélateur pour Leonardo. Le directeur sportif du PSG, probablement convaincu par la prestation de la doublette défensive le 11 mars, en choisissant ensuite de ne pas prolonger l’ancien Milanais et en recrutant une sentinelle (Danilo) plutôt que le central demandé par Tuchel, faisait clairement le choix d’une défense centrale Marquinhos-Kimpembe.

Que vaut vraiment cette charnière ?

La question est désormais de savoir s’il s’agit du bon choix. Cette charnière, au rôle crucial dans les différentes équipes récemment vainqueurs de la Champions League (Ramos, Van Dijk…) est-elle à-même de porter le PSG sur le toit de l’Europe ?

Pour le moment, elle n’a presque rien prouvé. Les statistiques ne sont clairement pas à son avantage. En comparant les buts encaissés, ainsi que les expected goals against, des trois principales charnières utilisées par le PSG depuis la saison 2017-2018 (en Ligue 1 et Champions League), le binôme Marquinhos-Kimpembe est même nettement en retrait :

Sur la période 2017-2021, c’est la charnière Silva-Kimpembe (41 matches) qui se montre la plus hermétique (0.71 buts encaissés) mais le duo 100 % brésilien (24 matches) était aussi très efficace (0.76 expected goals against). Quel que soit l’indicateur retenu, ceux du graphique, mais aussi les tirs subis ou le nombre de points par match, la charnière Marquinhos-Kimpembe (26 matches) est systématiquement dominée.

Pire même, les performances de cette charnière sont inférieures à la moyenne générale, toutes associations confondues, des défenses alignées par le PSG sur la période analysée.

Bien sûr, ces comparaisons sont à pondérer selon le contexte du match, l’adversaire rencontré et le milieu aligné notamment. Mais clairement, les stats ne sont pas à leur avantage. Pour le moment. Car on a vu que sur la période récente (la saison 2020-2021 en fait), le flambeau semblait être repris et que la nouvelle charnière titulaire alignait les bonnes prestations. Thiago Silva parti, Marquinhos a pris encore une autre envergure et s’impose comme le leader de l’équipe. Et Kimpembe paraît ne jamais être aussi fort que lorsqu’il est aligné à côté de lui.

D’ailleurs, les performances du champion du monde français semblent réellement diverger selon son partenaire de l’axe de la défense. Excellent récemment avec Marquinhos ou par le passé avec Thiago Silva, il a plus de mal avec Kehrer ou même Diallo. La charnière Kehrer-Kimpembe, une des 12 associations différentes de cette saison (en 30 matches), a d’ailleurs été alignée lors de trois des cinq défaites de Ligue 1 en 2020-2021 (contre Lens, Marseille et Lorient).

Ce secteur a besoin de stabilité. Les grands clubs jouent plusieurs saisons consécutives et la majorité des matches d’un exercice avec la même charnière. Le PSG, au contraire, a fait tout et n’importe quoi dans ce secteur ces trois dernières saisons, avec au moins 11 défenses centrales différentes par exercice.

Vues les performances douteuses récentes de Kehrer, et la nécessité de consolider le secteur défensif pour rattraper le retard en Ligue 1, Pochettino va peut-être moins faire tourner sur le dernier tiers du championnat et privilégier sa charnière titulaire, avec Diallo en rotation. L’occasion pour la paire Marquinhos-Kimpembe de s’affirmer comme la base arrière solide sur laquelle s’appuyer. C’est d’ailleurs le sens du pari du mercato estival de ne pas recruter sur ce poste.  

Avant cela, ils iront au Camp Nou défier Messi. Le 8 mars 2017, Kimpembe était resté sur le banc. Le 16 février 2021, il a l’occasion, avec son capitaine Marquinhos, d’écrire une nouvelle page de l’histoire du PSG.

Article publié sur Culture PSG en février 2021

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