Après avoir vu dans un premier article les secteurs où le PSG s’était montré particulièrement performant lors de la première phase de Ligue des Champions, nous allons analyser dans ce second volet, toujours par l’intermédiaire des statistiques, les domaines qui constituent des axes de progression possibles pour le champion de France en titre.
Peu de frappes, notamment de loin
Lors des matches de poule, le PSG a frappé deux fois moins au but que le Bayern Munich (75 tirs contre 150). Bon, d’accord, les Allemands font office de référence en la matière. Mais le PSG, avec 12.5 tirs par match, n’est que la 22ème équipe (sur 32) en terme de frappes à l’issue de ce 1er tour de Champions League.
Toutes les comparaisons possibles sont défavorables aux joueurs de Thomas Tuchel : l’an passé, en poule, le PSG avait fait mieux (15.8 tirs par match, avec notamment 34 frappes contre Belgrade) ; en Ligue 1, le PSG tente plus sa chance (15.4) ; même Lille, pourtant éliminé avec 1 point, tire plus au but (14.2) lors de cette campagne européenne !
Pas d’orgie de tirs cette année puisque le maximum fut atteint à Galatasaray avec 16 tirs. Le minimum fut lui de 9 à l’aller contre le Real.
Deux indicateurs viennent préciser ce mal parisien : les tirs de loin et le jeu aérien.
Avec 3.7 tirs pris en dehors de la surface, le PSG affiche l’un des plus bas niveaux de toutes les équipes engagées (29ème). La moyenne des 32 équipes est de 5.2. Le Bayern tente plus de 10 frappes de loin par match (soit presque autant que le nombre total de tirs du PSG…). Coutinho, à lui seul, en a pris presque autant (17) que toute l’équipe du PSG (22).
C’est un problème récurrent du PSG, que l’on retrouve également en Ligue 1 (4.3 tirs de loin, 16ème/20), mais qui ne s’arrange pas avec le temps et qui semble même s’amplifier. L’an passé, lors de la phase de poule, le PSG avait en effet tenté 4.5 tirs de loin par match en moyenne. L’absence de Neymar pour la majorité des matches explique en partie la baisse (1.7 tirs par match de loin pour le Brésilien l’an passé). Quant au problème de fond, il vient d’une part du profil des joueurs qui ne sont pas des frappeurs, que ce soit au milieu (Verratti, Marquinhos) ou en attaque (Mbappé, Icardi), et du style de jeu qui ne favorise pas spécialement ce type d’initiatives. Seul Di Maria tente sa chance plus d’une fois par match de loin (1.4 en moyenne).
Corollaire de ce peu de tirs de loin, le PSG présente, après Tottenham, le meilleur pourcentage de frappes cadrés (46 %).
Le jeu aérien offensif constitue un autre point faible. En effet, avec 1 tir de la tête par match en moyenne, le PSG se classe 30ème sur les 32 équipes. Alors, certes, il y a peu de centres pour alimenter les attaquants (17 réussis en 6 matches, sur 66), mais le jeu aérien n’est pas non plus le point fort de nos attaquants actuels (Mbappé, Sarabia, Di Maria, Neymar, à un degré moindre Icardi).
Chelsea, à l’inverse, domine les airs et se donne les moyens de ses ambitions avec 39 centres réussis (sur 98) et surtout 4 tirs de la tête en moyenne par rencontre. Abraham à lui seul a réalisé plus de têtes vers le but (10) que toute l’équipe du PSG (6) lors de ce 1er tour !
Paris est l’équipe qui tente le moins de passes longues de toute la Champions League
Le jeu long, ou plutôt l’absence de jeu long, constitue une autre faiblesse récurrente du jeu parisien. Cette lacune est une nouvelle fois confirmée par cette campagne européenne puisque le PSG, avec 43 passes longues tentées par match, est la plus mauvaise équipe de la compétition.
Le taux de réussite dans l’exercice n’est pas extraordinaire non plus puisque les Parisiens ne touchent leur cible que dans 45 % des cas alors que la moyenne des équipes est de 51 %. Le graphique ci-dessous récapitule ces deux données : le PSG est tout à droite puisque c’est la formation qui exécute le moins de passes longues (43 par match). Le Zenit St Petersburg, tout à gauche, en réalise 74 et Liverpool 72. La courbe rouge décrit le taux de réussite dans ces passes. C’est le Bayern qui se distingue avec 69 % de réussite. La moyenne des équipes de ce premier tour est de 29 réussies et de 56 tentées (52 %). Paris en réussit 19.5 sur 43.
On l’a dit, il ne s’agit pas d’un épiphénomène pour le PSG, qui figurait déjà parmi les mauvais élèves l’an passé en Champions League (avant-dernier en termes de passes longues tentées de la 1ère phase juste devant Man City). Et ce n’est guère mieux en Ligue 1 où avec 39.6 passes longues tentées le PSG est la dernière du championnat, mais avec un bien meilleur pourcentage de réussite (68 %).
Pour en revenir à cette phase de groupes de Champions League, c’est l’écart abyssal avec Liverpool qui nous a sauté aux yeux et que nous avons voulu mettre en évidence. Les Reds réussissent en moyenne 45 passes longues par match sur 72 (soit 62 % de succès). Cela signifie que les coéquipiers de Van Dijk réussissent plus de passes longues que les Parisiens n’en tentent…
Pour illustrer la différence entre Paris et Liverpool, nous avons retracé avec le graphique ci-dessous les passes longues tentées par match des titulaires des deux équipes poste par poste.
A part Navas et Di Maria, chaque joueur de Liverpool tente plus de passes longues que son homologue du PSG. Les écarts les plus forts concernent les latéraux : Alexander-Arnold est à 12.4 contre 4.6 à Meunier et Robertson à 6 contre 1.5 à Bernat. L’apport de Van Dijk est également considérable (15).
Au PSG, comme un symbole, c’est le gardien Navas qui réussit le plus de passes longues (4.2 par match). A la moyenne par match, le joueur de champ qui en réussit le plus est Leandro Paredes (4).
Beaucoup moins de dribbles qu’habituellement
Plus inhabituelle est le classement du PSG en termes de dribbles. Alors que l’équipe de la capitale française avait dominé la première phase de la compétition l’an passé, elle n’est que 22ème cette année au nombre de dribbles réussis. Celui-ci est passé de 81 à 57, soit 13.5 à 9.5 par match en moyenne. L’écart est encore plus impressionnant par rapport aux données de Ligue 1 où les Parisiens « s’amusent » davantage : 15.6 dribbles réussis en moyenne par rencontre, sur 25.6 tentés.
La différence avec la Champions League de l’an passé s’explique par l’absence de Neymar sur 4.5 des 6 matches. Depuis son retour, le Brésilien a fait remonter les stats parisiennes puisqu’il est le 4ème joueur de la compétition au nombre de dribbles tentés par match (8) et le 2ème au nombre de dribbles réussis (5.5).
Autre raison de cette diminution, la baisse des initiatives individuelles de Mbappé qui est passé de 4.3 dribbles tentés par match à 3 et de 2.5 réussis à 1.2.
Le graphique ci-dessous, enfin, met en évidence, la baisse de dribbles entre le championnat et la compétition phare. Ne sont recensés que les principaux dribbleurs, mais tous, sauf Bernat, dribblent moins en Champions League qu’en Ligue 1, parfois dans des proportions très importantes (Di Maria par exemple est à 6 dribbles tentés en Ligue 1 contre 3.2 en Champions League).
Ce second volet de notre bilan de la première phase de la Ligue des Champions a permis de confirmer, une nouvelle fois, deux lacunes récurrentes du jeu parisien : les frappes de loin et le jeu long. La baisse du nombre de dribbles, quant à elle, est sûrement beaucoup plus conjoncturelle.
L’étude dans sa globalité a mis en évidence les points forts et points faibles du PSG lors des débuts de cette campagne européenne. Pas de révolution à signaler dans le jeu parisien mais une nouveauté néanmoins avec l’arrivée d’un gardien de top niveau mondial. De quoi permettre aux supporters du PSG de rêver à nouveau ?
Article paru sur Culture PSG en janvier 2020