Après Abdou Diallo, nous poursuivons notre revue d’effectifs des défenseurs parisiens avec Presnel Kimpembe. Après une saison post-Coupe du Monde un peu délicate, et un début d’exercice 2019-2020 tronqué par une blessure, le joueur formé au club a su rebondir et reprendre une place de titulaire au sein de la charnière centrale. Retour en chiffres sur la solide saison du Maestro en Ligue 1.
- On a aimé
Solide comme un roc
C’est l’homme des duels de cette équipe : personne, en proportion, ne gagne plus de duels que lui au PSG : avec 68.9 % de duels gagnés, il devance en effet Thiago Silva (67.9 %) et Kouassi (63.4 %).
Sur les 9 duels qu’il dispute en moyenne toutes les 90 minutes, il en remporte 6.2.
Fait significatif : il n’y a pas un match cette saison en Ligue 1 où Presko a perdu plus de duels qu’il n’en a remporté ! Il est tout aussi intraitable en Ligue des Champions, compétition où il a réussi sa plus grosse perf de la saison en la matière : 17 duels remportés (sur 25) face à Galatasaray, à l’aller. On se souvient en effet de son combat acharné contre le Néerlandais Babel qui venait systématiquement, en pure perte, se frotter au champion du monde français.
En Ligue 1, c’est paradoxalement lors de la défaite face à Reims qu’il a livré son plus gros combat : 10 duels gagnés sur 14, dont une grosse partie face au Grec Donis qui ne « donnait pas sa part au chien » dans cette lutte.
Conséquence de cette capacité à gagner les duels, Kimpembe est le joueur qui récupère le plus de ballons de tout l’effectif parisien : 8.5 toutes les 90 minutes.
Il devance dans cette catégorie statistique révélatrice de son appétit pour « la viande », Paredes et Marquinhos.
Sur un match, il est même monté jusqu’à 14 ballons récupérés : c’était face à Angers début octobre dans un match où il avait pourtant connu des hauts et des bas. Au PSG, seul Gueye a récupéré plus de ballons que lui (15) sur une rencontre de Ligue 1 cette saison (à Brest).
Des tacles maîtrisés
Avec 85 % de réussite, il présente le deuxième meilleur ratio de l’équipe en matière de tacles derrière l’intouchable Thiago Silva (90 %).
Son volume de tacles est en outre bien supérieur à celui du Brésilien (2.9 par 90 minutes contre 1.8).
On retiendra aussi que ce taux de succès est en nette progression par rapport à la saison passée (77%).
Ce faible taux l’an passé était bien le révélateur de ses difficultés tant le tacle fait habituellement figure de point fort pour le physique Presko. Cette saison, il a un peu réduit le nombre de tentatives mais a surtout élevé le nombre de tacles gagnants.
Dommage que la saison se soit interrompue : il était sur une série de six matches de Ligue 1 avec au moins un tacle tenté sans aucun échec (13/13 depuis le match à Lille). Dans la période, il a notamment signé un parfait 5/5 face à Bordeaux.
Les fautes provoquées
Il est le 5ème joueur de tout l’effectif en terme de fautes provoquées (ramenées à 90 minutes), juste devant Kylian Mbappé !
Certes Kouassi le devance avec un ratio de 1.6 fautes/90 minutes, mais Kimpembe sur l’ensemble de la saison a provoqué plus de fautes : 18 contre 8.
On retrouve là le goût du combat de Presko et sa capacité à gagner des duels. En Ligue 1, il n’y a que 5 matches où il a commis plus de fautes qu’il n’en a provoquées.
2. On a moins aimé
L’absence de jeu long
Il est le défenseur central qui utilise et réussit le moins les passes longues qui ne représentent que 4 % de ses passes totales.
Les stats du jeu long ne plaident vraiment pas en sa faveur : avec 3.1 passes longues tentées toutes les 90 minutes, il est très en retrait par rapport à ses collègues de la défense centrale qui en tentent tous (sauf Kouassi) entre 5 et 6. Surtout, son taux de réussite dans cet exercice est insuffisant : il n’en réussit en moyenne de deux sur trois alors que la paire brésilienne tourne par exemple à plus de trois sur quatre. Kouassi en tente certes moins mais avec un excellent pourcentage (11 réussies sur 12 en Ligue 1).
Alors que saison après saison, il était plutôt sur une courbe ascendante en terme de taux de réussite, la saison écoulée marque donc une rupture dans cette progression. En terme de passes longues tentées en revanche, Presko a plutôt tendance à réduire ses tentatives d’un exercice sur l’autre.
Il est pourtant capable de séries : la preuve contre Bordeaux fin février avec un magnifique 6/6. On le croyait enfin débloqué sur ce geste. Pas du tout : six jours plus tard face à Dijon, il en tentait une seule, ratée…
Seulement 3 tirs contrés
Alors que globalement, il n’a pas à rougir de ses stats défensives par rapport à Marquinhos ou même Thiago Silva, il est clairement en retrait en terme de tirs contrés. Ce n’est certes pas l’indicateur défensif le plus important, mais il évoque forcément un mauvais souvenir : tentative de frappe contrée + Kimpembe + VAR = pénalty dans l’esprit des supporters parisiens…
Il n’y a évidemment aucun lien de cause à effet avec le match de Manchester United, mais le champion du monde français a des stats de frappes contrées plus faibles que l’ensemble des défenseurs centraux de l’équipe : 0.2 toutes les 90 minutes, contre 0.5 en moyenne pour ses coéquipiers.
Il n’a contré que 3 tirs cette saison (à Dijon, Monaco et Nantes) contre 15 pour Thiago Silva par exemple. Il tournait ces deux dernières saisons à 0.4/90 minutes et a donc divisé par deux sa production dans ce domaine. Pas de traumatisme mancunien, vraiment ?
Des fautes flagrantes
Au contraire des deux derniers exercices, il n’a pas été expulsé cette saison en Ligue 1. Mais avec 6 cartons jaunes en 16 matches, il est sur sa moyenne la plus élevée de sa carrière. Il est en outre le joueur le plus averti du PSG, à égalité avec Verratti.
La courbe ci-dessus témoigne aussi d’un mauvais ratio en terme de cartons jaunes reçus comparativement au nombre de fautes commises. En effet, il reçoit un avertissement toutes les 2.7 fautes (contre toutes les 6.7 fautes en moyenne pour l’équipe).
Pourquoi ce ratio ? Excès d’engagement ? Fautes trop voyantes ? Victime de sa réputation ? Peut-être un peu de tout ça. Il n’y a que contre Montpellier qu’il a reçu un carton jaune avec un nombre de fautes important (4). Il va falloir apprendre de Marquinhos, passé maître dans l’art de faire des fautes sans prendre de cartons : le Brésilien a commis trois fautes de plus que le Français mais n’a reçu qu’un seul carton jaune (contre 6 pour Presko) !
L’absence de poids offensif
Sans compter les 14 minutes de sa toute première saison, Presnel vient de disputer sa 5ème saison de Ligue 1 et il n’y a toujours pas inscrit le moindre but… Son seul but sous les couleurs parisiennes reste donc celui d’Old Trafford l’an passé. Ce n’est guère mieux en terme de passes décisives puisqu’on ne trouve trace d’une seule, la saison passée, pour Mbappé à Nîmes.
Et ce ne sont pas ses performances offensives de la saison écoulée qui risquaient de changer la donne tant sa présence devant la cage adverse a été famélique : avec deux tirs cadrés et une passe clé en Ligue 1, il était compliqué de faire gonfler les stats.
Seul Thiago Silva fait moins bien que lui en terme de passes clés. Il en avait déliré quatre lors de chacun des deux dernières saisons.
Le modèle des expected goals ne vient malheureusement pas à son secours et confirme plutôt que le champion du monde 2018 ne crée pas grand-chose offensivement. Il est même le moins productif des défenseurs centraux (après Thiago Silva) que ce soit en terme d’expected assists (0.04) ou d’expected goals (0.35).
Au final, la saison de Kimpembe est clairement satisfaisante, en tous les cas, bien meilleure que la précédente. Les marges de progression sont parfaitement identifiées (présence offensive, jeu long, concentration) mais il semblerait que l’arrivée de Diallo l’ait poussé à élever son niveau de jeu.
Article paru sur Culture PSG en juillet 2020