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Analyses Saison 2018-2019

Jamais les joueurs formés au PSG n’ont autant joué qu’en 2018/2019

En octobre dernier, après une petite dizaine de rencontres, on avait déjà dressé un bilan, forcément intermédiaire, de la forte participation des jeunes parisiens au bon début de saison de l’équipe. Même si la tendance s’est légèrement amoindrie au fur et à mesure que la saison avançait et que les titulaires revenaient, au final, les joueurs formés au club auront largement contribué au 8ème titre de champion de France de l’histoire du PSG. Dans des proportions inédites. Retour en détail, et en chiffres, sur cette participation de Diaby et consorts à la saison 2018-2019.

Douze, ils sont pas moins de douze joueurs formés au PSG à avoir disputé au moins une minute en Ligue 1 en 2018-2019, pour un total de 9283 minutes. De quoi composer plus d’une équipe entière donc : 1 gardien (Areola), 5 défenseurs (Kimpembe, Dagba, N’Soki, Rimane et Mbe Soh), 3 milieux de terrain (Rabiot, Nkunku et Bernede) et 2 attaquants (Weah et Guclu).

C’est le feu-follet Diaby (20 ans) qui a disputé le plus de rencontres mais le plus souvent en tant que joker (10 titularisations seulement sur les 25 matches disputés). En nombre de minutes, c’est donc Kimpembe (2006 minutes) qui a été le plus présent sur les terrains de Ligue 1, devant Areola (1890 minutes).

Les deux autres anciens pensionnaires du centre de formation à avoir disputé au moins 1000 minutes en championnat sont Christopher Nkunku (21 ans) qui avec 1155 minutes a presque doublé son temps de jeu par rapport à la saison précédente (621) et Adrien Rabiot (24 ans) dont la saison s’est pourtant arrêtée le 5 décembre contre Strasbourg.

Avec une quinzaine d’apparitions environ, on retrouve ensuite deux défenseurs : à droite, Colin Dagba (20 ans) qui, par son sens du devoir et ses qualités d’explosivité, a su convaincre Thomas Tuchel de lui donner du temps de jeu, et, à gauche, Stanley N’Soki, entraperçu la saison précédente (25 minutes en 2017-2018) et qui a montré le bout de son nez mais dont on attendait un peu plus néanmoins (8 titularisations).

Enfin, cinq joueurs cumulent 424 minutes à eux cinq, et ont eu droit à de courtes apparitions soit en début de saison en attendant le retour des titulaires (Weah, Bernede, Rimane) soit en fin de championnat au gré des blessures et des suspensions des uns et des autres (Guclu, Mbe Soh).

Diaby en révélation offensive, Dagba côté défensif

Comment nos « jeunes » ont-ils mis à profit ce temps de jeu relativement conséquent ? Avec 6 passes décisives et 2 buts, c’est Moussa Diaby qui, offensivement, s’est le plus mis en évidence. C’est la révélation offensive de la saison du PSG. Il est même le joueur de tout l’effectif ayant délivré le plus de passes décisives rapporté au nombre de minutes jouées : avec 0.48 assist toutes les 90 minutes, il devance Neymar (0.44) et Di Maria (0.42) ! Par contre, il va falloir bosser les centres (3 réussis sur 30) …

Christopher Nkunku est le joueur issu du club qui aura inscrit le plus de buts cette saison en Ligue 1 (3). Avec plus de temps de jeu, c’est néanmoins moins que la saison précédente (4). Mais il a cette saison délivré ses premières passes décisives (2) avec notamment un match contre Nîmes (victoire 3-0) avec un but et une passe décisive lors de la même rencontre.

Adrien Rabiot, en 14 matches, aura juste eu le temps de marquer deux fois et d’offrir une passe décisive. C’est également lui qui présente le pourcentage de réussite aux passes longues le plus haut de tout l’effectif parisien (82.5 % avec 47 succès sur 57 tentatives). Sa dernière saison au PSG, tronquée par un conflit contractuel avec le club, est évidemment un immense gâchis compte tenu de ses capacités et des besoins parisiens dans son secteur de jeu.

Ce fut en revanche la saison des premières en carrière pour Presnel Kimpembe : 1er but (en Champions League, en 1/8ème de finale aller), et 1ère passe décisive (une magnifique ouverture pour Mbappé à Nîmes en début de saison).

Colin Dabga est quant à lui la révélation défensive de la saison du PSG. Pour sa première saison à ce niveau, il est notamment l’auteur de deux passes décisives (à Nantes et contre Strasbourg) et a su trouver du temps de jeu à un poste où la concurrence ne manquait pourtant pas (Meunier, Alves, Kehrer).

Metehan Guclu (20 ans) et Timothy Weah (19 ans) ont de leur côté su profiter des maigres minutes mis à leur disposition (respectivement 16 et 53) pour inscrire chacun un but, leur premier en professionnel. Dans le même ordre d’idées, on regrettera qu’Antoine Bernede (20 ans) n’ait eu que si peu d’occasions de se montrer sous les couleurs Rouge et bleu car les deux prestations estivales (à Guingamp et contre Caen) avaient été convaincantes, notamment dans l’intensité défensive (17 tacles en deux matches !), une qualité qui a beaucoup fait défaut le reste de la saison…

Alphonse Areola (26 ans) aura quant à lui fait jeu égal avec Gigi Buffon tout au long de la saison, que ce soit en terme de nombre de matches disputés (24 à 22, Ligue 1 et Ligue des Champions confondues) ou de performance puisqu’aucun des deux gardiens n’est parvenu à clairement afficher une supériorité sur l’autre. Libre à chacun de trouver cela rassurant ou inquiétant.  

Enfin, en défense on a pu (un peu) apprécier les costauds et déjà malins Stanley N’Soki (20 ans) et Loïc Mbe Soh (18 ans). Ramenées à 90 minutes, leurs stats les classent d’ailleurs tout en haut de la hiérarchie des intercepteurs de l’équipe (2.3 pour N’Soki, 1.5 pour Mbe Soh).

Un niveau de confiance historique placée dans les jeunes du club

Cela a été dit en introduction, ces 9283 minutes constituent un record dans l’histoire du club. Jamais le PSG n’avait autant fait confiance aux joueurs qu’il avait lui-même formés. Alors même que son budget n’a jamais été aussi élevé et que la politique de recrutement de stars est clairement assumée (Mbappé, Neymar…), cette saison prouve que faire cohabiter talents confirmés à gros salaires et jeunes joueurs issus du cru n’est pas incompatible. Avec bonheur d’ailleurs puisque le titre de champion est au rendez-vous.

Alors, certes, c’est plus facile de lancer des jeunes quand le championnat est rapidement gagné, mais l’histoire de l’exercice 2018-2019 montre que Thomas Tuchel a, très tôt dans la saison, fait confiance aux jeunes pousses parisiennes. D’ailleurs, le poids des joueurs formés au club dans le total du temps jeu parisien était supérieur après un tiers du championnat (31 %) qu’il ne l’est à la fin de celui-ci (25 %).

Au final, c’est donc un quart des minutes totales qui ont été distribuées aux joueurs formés au PSG. C’est plus que la saison précédente sous Unai Emery (23 %) qui constituait pourtant déjà un record dans l’histoire du club.

Pour une analyse des différentes périodes depuis 2007, nous vous invitons à vous reporter à l’article publié en octobre 2018.

Le record de minutes est donc battu mais il est évident qu’il aurait pu être encore plus haut pour au moins deux raisons : la mise au placard d’Adrien Rabiot, en conflit avec la direction du club, et qui n’a donc plus disputé la moindre minute depuis début décembre. Avec un temps de jeu « normal » sur la seconde partie de saison pour « Le Duc », le taux aurait été encore plus important. D’autre part, les départs, en cours de saison, de deux promesses du centre de formation, Timothy Weah prêté en janvier 2019 au Celtic Glasgow et Antoine Bernede transféré quelques semaines plus tard au Red Bull Salzburg. Tous deux auraient pourtant eu du temps de jeu sur la deuxième partie de saison…

Paris est la 3ème équipe de Ligue 1 qui fait le plus jouer les joueurs formés au club

A l’échelle de la Ligue 1, ce taux de 25 % de minutes jouées par des jeunes du cru place le PSG au troisième rang du classement de toute la division. Régulièrement critiqué pour son budget bien supérieur à ses adversaires qui « fausserait le championnat », le PSG montre ainsi la voie que pourraient emprunter ses détracteurs qui se focalisent sur les questions de portefeuilles.

En Ligue 1 donc, seuls Nantes et Nîmes, ont osé mettre sur le terrain plus souvent les jeunes formés localement que le PSG. Et avec un certain succès puisque le promu gardois a terminé dans la première parte du tableau (9ème) tandis que les Nantais, en faisant d’ailleurs de plus en plus confiance aux jeunes à mesure que la saison avançait, ont fini 12ème.

Quelques constats en lien avec le graphique ci-dessus : tout d’abord, le temps de jeu moyen consacré par les clubs de Ligue 1 en 2018-2019 aux joueurs formés dans leur propre club est de 16 % seulement ; ensuite, Lyon, dont la réputation du centre de formation n’est plus à faire, est derrière le PSG en 2018-2019 en terme de temps de jeu consacré aux joueurs du club (23 % vs 25 %), notamment en raison de leur incapacité à conserver leurs meilleurs éléments (encore confirmée récemment avec le départ de Nabil Fékir) ; enfin, sans faire de généralité, constatons néanmoins que les équipes du bas de classement en Ligue 1 (Guingamp, Caen, Dijon, Monaco, Amiens) affichent tous des taux inférieurs à la moyenne, voire sensiblement inférieur pour Dijon.

Seul l’Atletico Madrid fait mieux que Paris parmi les ténors européens

Pour conclure cette étude sur les joueurs formés au club, nous nous sommes demandé comment se comportaient les « gros » clubs européens. Là encore, le PSG n’a pas à rougir de sa politique de formation et se situe presque au sommet de la hiérarchie. En effet, parmi notre panel d’équipes étudiées, à savoir les deux premiers des cinq grands championnats européens, seul l’Atletico Madrid a fait (légèrement) mieux que le PSG en 2018-2019.

Avec 12 joueurs utilisés et 9454 minutes, les « Colchoneros » devancent de peu les Parisiens. Il faut dire que quelques piliers de l’effectif de Diego Simeone sont issus du centre formation madrilène : Saul Niguez, Koke, Lucas Hernandez, Thomas Partey. Et, en outre, l’entraîneur argentin n’a pas hésité à lancer quelques jeunes talents espagnols (Montero, Moya, Isaac…).

Le PSG fait en revanche (un peu) mieux que le FC Barcelone, pourtant réputé pour son centre de formation, la fameuse Masia. Derrière les vieillissants Messi et Busquets, la relève commence tout juste à éclore, et si beaucoup de jeunes talents ont été utilisés (11 en tout), ce fut souvent avec parcimonie (Moussa Wague, 20 ans, 225 minutes ; Riqui Puig, 19 ans, 157 minutes, Alex Collado, 20 ans, 84 minutes…).

De manière générale, la Liga semble plus faire confiance à ses joueurs formés localement. A l’inverse, les clubs anglais, qui ne savent que faire de leurs millions issus des droits télés, ne mettent pas sur le pré les joueurs de leur centre de formation. Et c’est bien dommage quand on voit les talents que des équipes comme Manchester City (Phil Foden, 19 ans, 330 minutes), Liverpool (Trent Alexander-Arnold, 20 ans, 2467 minutes) ou même Chelsea hors du cadre de cette étude (Ruben Loftus-Cheek, 23 ans, 985 minutes et Callum Hudson-Odoi, 18 ans, 391 minutes) sont capables de produire.    

Bilan très mitigé également pour les ténors du championnat italien puisque la Juventus a essayé au compte-gouttes les joueurs de son centre. Le talentueux attaquant Moise Keane (19 ans) n’a eu droit qu’à 536 minutes (c’est moins que N’Soki au PSG pour donner un ordre d’idées) en 13 matches (dont 5 titularisations). Le temp de marquer 6 buts quand même ! Côté napolitain, Lorenzo Insigne (28 ans, 2080 minutes) est un peu l’arbre qui cache la forêt, même si le jeune défenseur Sebastiano Luperto (22 ans) a disputé 12 rencontres.

Côté allemand, c’est le Bayern qui montre l’exemple avec ses trois historiques : Thomas Muller (29 ans), Mats Hummels (30 ans) et David Alaba (27 ans) qui génèrent à eux trois la quasi-totalité du temps de jeu des joueurs formés au club. Mais la relève n’est pas encore prête. A Dortmund, ils sont trois également, mais souvent plus jeunes : Jacob Bruun Larsen (20 ans), Christian Pulisic (20 ans), en plus du vétéran Marcel Schmelzer (31 ans).

Une politique rentable sportivement et financièrement

Même si la saison parisienne fut sportivement contrastée, elle a néanmoins encore permis à plusieurs jeunes de se mettre en évidence et de contribuer au nouveau titre de champion de France du PSG. La plupart des joueurs cités sont trop justes pour pouvoir à terme jouer un rôle majeur dans une équipe visant la Ligue des Champions, mais le PSG joue son rôle de club formateur en leur permettant de côtoyer de grandes stars et en leur donnant une exposition sur le terrain.

Bien sûr, le club s’y retrouve aussi, avec une image de club formateur mise en avant, et en revendant, à plus ou moins bon prix, ces jeunes talents aux quatre coins de l’Europe, comme le récent mercato l’a encore prouvé (Nkunku à Leipzig et Diaby à Leverkusen, succédant notamment aux ventes d’Augustin à Leipzig, Ikoné à Lille, ou Edouard à Glasgow). Au club de trouver maintenant le bon équilibre et d’attendre le bon moment pour vendre afin d’éviter de voir des joueurs formés au PSG devenir des internationaux dans d’autres clubs…

L’étude ci-dessus montre néanmoins que ce que réalise le PSG en mariant avec succès (sur le plan national) recrutement de stars et formation de jeunes talents n’est pas banal et mérite d’être souligné, même si le contexte du championnat de France (gagné facilement) et du fair-play financier (qui nécessite d’exposer pour vendre) est aussi un facteur expliquant ce phénomène.

Article paru sur Culture PSG en août 2019

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