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Analyses Saison 2020-2021

2ème partie du bilan collectif 2020-2021 : l’attaque

Nous entrons dans le vif du sujet de l’analyse de la saison parisienne via les stats avec la partie offensive. Si globalement les différents indicateurs de l’attaque parisienne restent corrects, ils mettent en évidence une vraie diminution de la performance offensive suite au changement de coach en cours d’exercice.

Le PSG a marqué 86 buts et termine donc meilleure attaque de Ligue 1 devant Lyon (81). Le champion de France Lille est loin derrière avec seulement 64 buts inscrits. Parmi les équipes des cinq principaux championnats européens, quatre formations seulement ont fait mieux que le PSG, dont le Bayern avec 99 buts en 34 matches.

Le PSG n’a donc pas à rougir de sa moyenne de buts marqués. Celle-ci est néanmoins en net retrait par rapport aux trois saisons précédentes où l’attaque était plus proche des 3 buts par match que des 2, avec une pointe à 2.84 lors de la deuxième saison d’Emery à la tête du club. 

Le changement de coach en cours de saison fut sans effet sur la moyenne de buts inscrits qui est similaire entre Tuchel (2.29) et Pochettino (2.24).

Trop de matches sans buts marqués

Le PSG est resté muet offensivement à six reprises cette saison (contre Lens, Marseille, Lyon, Monaco et Lille deux fois) pour cinq défaites à la clé. Lille, qui a pourtant inscrit 22 buts de moins que Paris n’a pas marqué lors de seulement quatre matches où, en outre, il n’a pas perdu (résultat nul 0-0 contre Paris, Brest, Monaco et St Etienne).

Jamais sous l’ère QSI, le PSG n’était resté sans marquer autant de matches. Il faut remonter à la saison 2010-2011 pour trouver un exercice avec plus de matches sans but parisien (9).

A l’inverse les Parisiens ont inscrit au moins 3 buts lors de 17 rencontres, pour autant de succès. Ce qui choque à la lecture du graphique ci-dessous, ce sont les résultats négatifs enregistrés malgré le fait d’avoir inscrit au moins un but : 3 nuls (Bordeaux, Rennes et St Etienne) et autant de défaites (Monaco, Lorient et Nantes).

Au contraire des Lillois, le PSG a été incapable de gérer son avance et de gagner ces matches où il menait au score : à 5 reprises cette saison le PSG a perdu des points alors qu’il menait au score. Les exemples les plus flagrants étant évidemment les défaites à Monaco (où le score passe de 2-0 en faveur de Paris à 2-3), Lorient (de 2-1 à 2-3) et Nantes (de 1-0 à 2-1). En outre, là où le LOSC a su se contenter d’un résultat nul et vierge (4 fois), le PSG a perdu cinq des six matches où il n’a pas marqué (l’exception étant le match contre… Lille) !

Comment Paris a marqué ses buts ?

Les données du site www.whoscored.com permettent d’analyser la manière de marquer du PSG en Ligue 1 :

Le graphique ci-dessus nous montre que :

  • Si Neymar avait transformé sa tentative lors du dernier match de la saison à Brest, le PSG aurait égalé son record de l’ère QSI de pénaltys inscrit sur une saison (13)
  • Paris a marqué 8 fois sur contre-attaque. C’est plutôt dans la moyenne haute de l’histoire récente du PSG (6) et c’est le meilleur total de Ligue 1 (à égalité avec Lorient).
  • Le nombre de buts inscrit dans le jeu (56) est en retrait par rapport à la moyenne de la période QSI (61).
  • Il faut remonter à la saison 2013-2014 pour trouver trace d’une saison avec moins de buts sur coups de pied arrêtés en Ligue 1. La saison dernière, avec seulement 27 matches, le PSG avait inscrit plus de buts (10) de cette manière que cette saison (8). En 2020-2021, seulement trois équipes de Ligue 1 ont marqué moins de buts que le PSG de cette manière.

Ce n’est pourtant pas faute de s’être créé des situations de buts sur phases arrêtées puisque Paris a 128 tirs de cette manière à son actif. Mais le taux de conversion de ces tirs en buts est l’un des plus faibles de Ligue 1 (6%). L’écart avec Monaco notamment est énorme : 19 buts sur CPA et 12 % de conversion.

On notera au passage que Marquinhos avec 6 buts (en intégrant la Champions League) a inscrit près de la moitié des buts parisiens sur phase arrêtée (13 sur l’ensemble des deux compétitions).  

Hormis sur pénaltys (14 à eux deux), le duo Mbappé-Neymar n’a donc pas marqué sur coup de pied arrêté cette saison, que ce soit en Ligue 1 ou en Champions League.

Pour conclure ce chapitre sur la manière dont Paris a inscrit ses buts en Ligue 1, on rajoutera que 10 l’ont été par des frappes d’en-dehors de la surface : c’est à la fois le 2ème total de Ligue 1 derrière Lille (1er avec 12) et la meilleure performance du club depuis 2017-18 (18). Les joueurs de la capitale ont aussi marqué 10 buts de la tête (7ème de Ligue 1).

Un niveau d’expected goals en baisse, notamment après le changement de coach

Quid des occasions créés ? Avec 2.21 expected goals (xG) par match, le PSG est dans la moyenne basse de ces dernières saisons, et très loin des 2.83 xG de la saison 2019-2020.

Ce qui frappe également, c’est l’écart entre Tuchel (en noir) et Pochettino (en blanc) : 2.39 xG/match contre 2.06. En début d’exercice 2020-2021, avec le récent vainqueur de la Champions League avec Chelsea aux manettes, le PSG avait un nombre de xG tout à fait décent : inférieur certes aux deux premières saisons de l’Allemand, mais supérieures à Blanc et Emery. En revanche, les occasions créées depuis la prise en main de Pochettino sont nettement en retrait et constituent même, à égalité avec la seconde saison de Blanc (2014-15), le plus mauvais score offensif de la période récente (le site understat.com ne débute ses données qu’en 2014-15).

Alors que la moyenne de buts inscrits selon le coach aux commandes est très proche (2.29 pour Tuchel, 2.24 pour Pochettino), les xG divergent fortement. Cela signifie que les attaquants parisiens ont montré beaucoup plus de réalisme lors de la deuxième partie de saison. On le voit parfaitement avec le graphique ci-dessous qui compare les Expected Goals en bleu et les buts marqués en rouge :

En début de saison, les Parisiens avaient moins marqué que ce que le modèle statistique prévoit (2.29 contre 2.39 par match). C’est l’inverse sous Pochettino (2.24 contre 2.06). Il y a fort à parier que si les Parisiens avaient été aussi efficaces devant le but en début d’exercice, Tuchel aurait sûrement sauvé sa peau et… Bref, lors de 12 des 17 matches dirigés par l’Allemand, le PSG a moins marqué que ce que le modèle anticipe. L’exemple le plus criant étant la défaite face à Marseille avec 0 but inscrit malgré 2.2 xG (et 1 but encaissé avec 0.5 xG pour Marseille).

Cela ne consolera pas les Parisiens de la perte du titre, mais en expected goals cumulés sur la saison, ils ont finalement coiffé sur le poteau Lyon avec 83.9 xG contre 82.4. Les deux derniers matches (4.7 xG contre Reims et 2 contre Brest) ont en effet permis de repasser devant l’OL.  

Ce qui marque surtout à la lecture du graphique c’est l’écart avec Lille. Avec seulement 48.1 xG, les Lillois ont marqué 64 buts (+15.9). Ils ne sont d’ailleurs que 10èmes de Ligue 1 en xG cumulés.

Les buts de Mbappé, la maladresse de Neymar

L’analyse par joueur indique quant à elle que si Mbappé et Kean ont fait le travail (écart de 4.1 buts avec les xG pour Mbappé et de 2.2 pour Kean), on ne peut pas en dire autant des autres attaquants : à eux quatre, Neymar, Icardi, Sarabia et Di Maria présentent un déficit de 7.5 buts par rapport au modèle.

Neymar présente un différentiel négatif de 4.2 buts, soit son plus mauvais ratio en carrière (depuis 2014-2015). On peut également pointer du doigt le manque d’efficacité devant le but de Rafinha et Verratti qui, à eux deux, auraient « dû » marquer 3 buts (contre aucun en réalité).

Toutes compétitions confondues, l’écart de buts entre Mbappé et ses coéquipiers est encore plus impressionnant. Il faut dire qu’avec 42 buts le Bondynois a mis la barre très haut. Kean et Neymar suivent avec 17 buts chacun, dont 7 sur pénalty pour le Brésilien. Icardi est quatrième avec 13 réalisations, mais aucune en Champions League. Marquinhos est le premier non-offensif de ce classement avec 6 buts, dont 3 en Champions League. A eux six, les milieux de terrain (Verratti, Rafinha, Gueye, Danilo, Herrera et Paredes) n’ont en revanche inscrit que six buts. A la lecture de ces stats, qui se répètent avec les années, le recrutement d’un milieu de terrain efficace face au but adverse apparaît comme une priorité.

Mbappé empoche au passage son troisième titre consécutif de meilleur buteur de Ligue 1 (27 buts) devant Depay et Ben Yedder (20 chacun). Il est le premier depuis Papin (qui l’a été 5 fois de suite) à réaliser cet exploit. C’est par ailleurs la douzième fois qu’un parisien est sacré goleador de première division.

Moins de buts issus d’une passe décisive avec Pochettino

52 des 86 buts inscrits en Ligue 1 l’ont été après une passe décisive. Ce ratio de 60 % est le plus faible des cinq dernières saisons. Là aussi, le changement de coach a entraîné une dégradation de cet indicateur puisqu’avec Tuchel en début de saison, le ratio passes décisives/but était de 67 % et qu’il est descendu à 55 % avec Pochettino.

Pour la 3ème saison consécutive, Di Maria est le meilleur passeur du PSG avec 13 « assists » (Ligue 1 et Champions League confondues).

Rafinha et Verratti, muets en termes de buts, ont néanmoins délivré neuf passes décisives à eux deux. Tous les joueurs (à plus de 400 minutes) en ont réussi au moins sauf Kehrer et Kimpembe.

Moins de tirs et dans des situations moins avantageuses avec Pochettino

On a mis précédemment en évidence que malgré une moyenne de buts proche, la capacité des Parisiens à se montrer dangereux offensivement était moins importante avec Pochettino qu’avec son prédécesseur. L’analyse des tirs va apporter un éclairage sur ce phénomène.

Avec 14.7 tirs par match sous Pochettino, le PSG affiche un de ses plus faibles niveaux de son histoire récente.

L’écart avec Tuchel est de quasiment un tir par match. La moyenne générale de la saison (15) reste bonne. Seul Lyon fait mieux en Ligue 1 (16.1). Mais la performance depuis janvier est la plus faible de ces six dernières saisons. Et encore, sans les 28 tirs face à Reims lors de la 37ème journée, la moyenne 2021 dépasserait tout juste les 14 tirs de moyenne.

En 2021, les Parisiens ont moins tenté leur chance, et, en outre, dans de moins bonnes positions. La combinaison de ces deux facteurs explique l’écart d’expected goals vu précédemment. Par de moins bonnes positions, on entend des situations où la probabilité de marquer, mesuré par le ratio xG/tir, est plus faible.

Avec un ratio de 14 %, l’équipe parisienne sous Pochettino présente le plus faible ratio de xG/tir de l’histoire récente du PSG (à égalité avec la saison 2016-2017). L’écart avec le début de saison de Tuchel (15.6 %) est important. Il traduit donc une plus grande difficulté pour les Parisiens à se créer des situations de tirs favorables.

Le détail des positions de tir des joueurs offensifs selon le coach montre très clairement une évolution négative avec le changement de coach.

C’est particulièrement flagrant pour Mbappé qui avait en moyenne 25 % de marquer sur chacune de ses frappes en début de saison et qui est tombé à 20 % avec le coach argentin. Tous les attaquants sauf Kean et Sarabia, sont concernés. Cette tendance, associée à la baisse de la part des passes décisives dans les buts inscrits, apparaît comme le signe d’une plus grande difficulté collective en 2021 à mettre en place les attaquants dans des situations de frappe avantageuses.

Ces moins bonnes positions pour tirer ont eu pour conséquence de faire baisser le niveau de précision des attaquants dont le pourcentage de tirs cadrés a atteint des niveaux jamais connus sous QSI (36 % seulement) :

Si le taux de tirs cadrés sur l’ensemble de la saison de Ligue 1 est bas (38 %, plus bas taux depuis 2012), c’est principalement en raison de la seconde moitié d’exercice où les Parisiens ont vraiment eu du mal à régler la mire (36.1 %). La très légère hausse du nombre de tirs de loin (4.7 contre 4.6) ne peut être tenue pour responsable de cet écart.

La baisse du pourcentage de tirs cadrés concerne tous les attaquants sauf Sarabia et Kean. Elle est nette chez Mbappé (de 57 % à 50%) et particulièrement flagrante pour Neymar qui partait pourtant d’un taux déjà bas en début de saison (10/28, soit 36 %) mais qui a réussi à faire pire lors de la seconde partie (11/42, soit 26 %).

Mais, dès lors, n’y a-t-il pas un paradoxe à avoir connu, sous Pochettino, à la fois un taux de tirs cadrés en baisse mais aussi un réalisme plus important devant le but (on a vu précédemment qu’en deuxième partie de saison, les Parisiens avaient plus marqué que ce que le modèle des expected goals prévoyait) ?

On trouve la réponse à cette apparente contradiction dans le ratio de tirs cadrés par but : celui-ci passe de 2.7 avec Tuchel à 2.4 ensuite. Cela signifie qu’il a fallu moins de tirs cadrés au PSG pour marquer avec Pochettino qu’avec Tuchel. Alors certes, en moyenne, les Parisiens ont moins cadré en deuxième partie de saison, mais les tirs cadrés ont plus souvent fait mouche. Ainsi, la moyenne de buts, malgré des moins bonnes situations de tir et un important déchet, reste quasi identique entre les deux périodes.

Le tableau ci-dessous reprend l’ensemble de ces données offensives en comparant la période Tuchel de celle Pochettino :

En synthèse :

  • Le changement de coach de cette saison fut sans effet sur la moyenne de buts inscrits qui est quasiment similaire entre Tuchel et Pochettino
  • Néanmoins, l’arrivée du coach argentin correspond à une dégradation du jeu offensif parisien : moins de tirs, des tirs avec une plus faible probabilité de marquer, moins de tirs pris issue d’une passe d’un coéquipier et moins de buts résultant d’une passe décisive
  • Pour maintenir la moyenne de buts marqués, les attaquants parisiens ont dû surperformer par rapport au modèle des expected goals
  • Sur la deuxième partie de saison, les attaquants ont compensé la baisse de leur pourcentage de tirs cadrés par une réussite maximale dès qu’ils cadraient une frappe

Article paru sur Culture PSG en juin 2021

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