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Matches Saison 2021-2022

PSG-Manchester City (2-0) : Le nouveau hold-up de Pochettino en Champions League

On ne va évidemment pas bouder notre plaisir. On se réjouit bien sûr de cette victoire parisienne (2-0), mardi soir, face au dernier finaliste de la Champions League. Cependant, en essayant d’être objectif, avec l’aide des stats en particulier, force est de constater que la victoire des hommes de Pochettino est quand même pour le moins heureuse. Et ce n’est pas une première pour le coach argentin dans la plus prestigieuse des compétitions.

Quitte à passer pour des rabat-joie, il nous paraît nécessaire de sortir quelques instants de la culture du résultat et de relativiser la victoire parisienne face à City. Le score est très flatteur pour le PSG. On va détailler cela avec quelques chiffres.

On débute classiquement avec les expected goals : selon le site fbref.com, ils sont de 1.9 à 0.8 en faveur des Citizens. Alors certes la double action de la 26ème minute avec la tête de Sterling puis l’incroyable loupé de Bernardo Silva, tous les deux sur la barre, compte pour une part importante du total.

Manchester a quand même tiré trois fois plus au but que le PSG. Et il s’agit majoritairement de tirs de près puisque 10 des 18 tirs des coéquipiers de De Bruyne ont eu lieu dans la surface de réparation (dont 2 dans les 6 mètres).

Le PSG n’a donc frappé que 6 fois au but. Il s’agit tout simplement du plus faible total de tirs sur un match du PSG lors des cinq dernières saisons. A l’occasion de cette journée de Champions League, il n’y a que trois équipes qui ont moins tenté leur chance que le PSG : Besiktas, le FC Sheriff et les Young Boys de Berne…Après deux journées, Paris affiche la 26ème (sur 32) moyenne de tirs par match de la compétition (7.5).

Mais au-delà des expected goals et des tirs, la domination des « skyblues » apparaît de manière flagrante avec d’autres indicateurs offensifs.

Le site fivethirtyeight.com mesure ce qu’il appelle des « non shot expected goals », que l’on pourrait traduire par toutes ces situations dangereuses non conclues par un tir. Pour la rencontre qui nous intéresse, ils sont de 2.4 pour City contre 0.9 pour Paris. Cela signifie que City a en fait rarement concrétisé les décalages créés par son animation.

Les stats des passes témoignent également de la mainmise de l’équipe de Guardiola sur le match :

City a donc réussi trois fois plus de passes vers le dernier tiers et quatre fois plus de passes dans la surface que le PSG. Dans ce secteur c’est Cancelo qui a fait le plus mal aux Parisiens avec 11 passes vers le dernier tiers et 6 dans la surface. Un seul joueur du PSG a réussi plus d’une passe dans la surface (Hakimi 2).

Alors que l’écart de possession du ballon n’est pas si important (54.1 % pour City, soit 724 ballons joués contre 682 pour le PSG), le différentiel de ballons touchés dans les zones dangereuses est quant à lui majeur :

Riyad Mahrez à lui seul a presque touché autant de ballons dans la surface adverse (17) que l’ensemble des joueurs parisiens (18) :

L’Algérien, de son couloir droit, a tenté pas moins de 7 centres. Au total, les « Citizens » en ont effectué 24, dont 5 ont trouvé preneur. Les hommes de Pochettino n’ont de leur côté réussi aucune de leurs maigres 4 tentatives.

Ces centres à répétition, en partie acceptés par le PSG qui avait plutôt choisi de renforcer son axe central, ont provoqué l’incroyable total de 37 dégagements de la défense rouge et bleue !

A titre de comparaison, la moyenne du PSG la saison dernière en Champions League était de 19.8, un total déjà atteint à la mi-temps mardi soir. Il n’y a que contre le Bayern que ce niveau avait été dépassé (45).

Marquinhos, avec 12, en a profité pour battre son record du nombre de dégagements sur un match :

Il faut remonter au match contre le Bayern de septembre 2017, qui présente beaucoup de similitudes avec pléthores de centres bavarois, pour trouver trace d’une performance individuelle plus forte en termes de dégagements (14 pour Thiago Silva).

Le graphique ci-dessous traduit d’ailleurs bien les différences de style de jeu des deux formations :

Manchester a obtenu beaucoup de corners et a énormément centré, obligeant les défenseurs parisiens a passé leur temps à dégager le ballon. Les Parisiens, au collectif moins abouti, ont quant à eux privilégié l’option individuelle avec 30 dribbles tentés (contre 19 pour City).

Le taux de réussite des Parisiens dans l’exercice est en outre plutôt moyen (50 %). Mbappé n’en a réussi sur 3 sur 10 (son record en Champions League est de 11 dribbles tentés).

Une dernière stat traduit la différence d’intensité entre les deux équipes : alors que les troupes de Guardiola ont eu le ballon 54 % du temps, ils font jeu presque jeu égal en terme de pressing tentés : 150 pressions tentées contre 152 au PSG.

Bref, vous l’aurez compris, les Parisiens ont fait preuve d’un incroyable réalisme face à City et, selon l’expression consacrée, ont su « être efficaces dans les deux surfaces ». Le foot se jouant « sur des détails », on se réjouira que malgré leur domination et leurs 18 tirs, aucune frappe anglaise n’a profité d’un mur qui s’effrite ou d’une déviation malheureuse pour terminer dans les filets de Donnarumma…Pourvu que ça dure !

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Mauricio Pochettino finit par remporter une affiche de Champions League après avoir été nettement dominé.

On a recensé au moins quatre rencontres majeures de Champions League où l’équipe du technicien argentin, battu en terme d’occasions et d’expected goals, parfois largement, l’a quand même emporté :

1/4 aller 2018-2019TOTTENHAMMANCHESTER CITY
Buts10
Expected Goals0.81.2
1/8 aller 2020-2021BARCELONEPSG
Buts14
Expected Goals22.3
1/8 retour 2020-2021PSGBARCELONE
Buts11
Expected Goals1.42.3
1/4 aller 2020-2021BAYERNPSG
Buts23
Expected Goals3.11.5

C’est évidemment lors de cette rencontre à Munich d’avril 2021, en quart de finale, que le paroxysme fut atteint avec des Parisiens ultra-réalistes et vainqueurs malgré une domination quasi totale des Bavarois.

Les expected goals ne veulent pas tout dire mais cela commence à faire suffisamment de cas pour considérer qu’il ne s’agit pas de simples hasards pour Pochettino.

Comment expliquer cette tendance ? Réussite maximale ? Capacité à être bons dans les zones décisives ? Parti-pris tactique ? Talents individuels hors-normes permettant de compenser les limites collectives ? Sûrement un peu de tout ça.

Quoi qu’il en soit, on prend bien volontiers les trois points de la victoire. En revanche, pour être rassurés sur l’expression collective et la capacité du PSG à faire jeu égal avec ce qui se fait mieux au monde, on repassera.

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