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Analyses Saison 2019-2020

La saison de Neymar vue par les stats

Après Di Maria, place à l’étude de la saison de Ligue 1 de Neymar. Comme pour les autres bilans individuels, nous avons, via les statistiques, mis en évidence les points positifs et négatifs de la saison du génial numéro 10 parisien. 

  1. On a aimé

Ses incroyables mois de décembre et janvier

Entre le 4 décembre (Nantes) et le 26 janvier (Lille), en ne comptant que les matches de Ligue 1 et Champions League, Neymar a disputé 8 matches. Les Parisiens en ont gagné 7 et fait un nul (face à Monaco) et le Brésilien a marqué lors de chacune de ces 8 parties.

Son bilan exact sur cette période est de 10 buts et 7 passes décisives. Il a donc inscrit 10 de ses 16 buts et réalisé 7 de ses 10 assists de la saison sur cette période d’à peine 2 mois. Soit 65 % de ses actions décisives de la saison concentrées en 8 semaines.

Lors de cinq de ces huit matches, il a à la fois marqué et fait marquer. A deux reprises il a même signé un doublé de passes décisives (contre Galatasaray et à Saint Etienne).

Sur la période, le site spécialisé Whoscored le crédite de l’évaluation moyenne folle de 9.24. Il finit d’ailleurs la saison avec 8.58, soit le meilleur « rating » de toute la Ligue 1.

Sa capacité à tirer beaucoup et juste

Avec 2.5 tirs cadrés/90 minutes, il n’est devancé en Ligue 1 que par son coéquipier Kylian Mbappé (2.9). Mais jamais dans sa carrière en championnat, il n’avait frappé et cadré autant.

Il cumule cette saison ses records en terme de tirs (4.8 toutes les 90 minutes) et de précision (52 % de tirs cadrés). Il n’avait jamais jusque-là dépassé les 50 % de tirs cadrés en championnat.

En Ligue 1, il n’y a qu’un seul match où il n’a pas tenté sa chance (face à Lille). Son record sur un match est de 9 tirs, à St Etienne mi-décembre, pour 6 cadrés et 1 but. Il avait déjà fait mieux en 2017-2018 : 11 tirs, dont 7 cadrés, face à Dijon (pour un quadruplé).

Son volume de jeu

97 ballons toutes les 90 minutes ! C’est l’incroyable moyenne de ballons joués par Neymar cette saison en Ligue 1.

Bien sûr, trois milieux de son équipe font encore mieux que lui. Mais compte tenu de sa position et de son rôle, c’est presque indécent de le voir toucher le ballon aussi souvent.

La moyenne des autres joueurs offensifs de l’équipe est de 53. Le second joueur à vocation offensive en touche seulement 77, soit 20 de moins que lui.

Est-ce que ce n’est d’ailleurs pas trop ? Le jeu parisien ne gagnerait-il pas en imprévisibilité si Di Maria, notamment, avait plus souvent le ballon ? Difficile à dire. D’un côté on ne peut que se satisfaire de voir le meilleur joueur de l’équipe monopoliser le cuir. De l’autre, compte tenu de son jeu à risque et des talents dont regorge l’équipe, on peut aussi considérer que le jeu de l’équipe serait d’autant plus difficile à lire si Neymar partageait un peu plus les responsabilités.

Autre indicateur illustrant sa « caisse » : son nombre de duels disputés. Parce qu’il faut du coffre, et pas mal d’ego, pour retourner sans cesse défier les défenseurs adverses. Il a tourné cette saison en Ligue 1 à l’hallucinante moyenne de 21 duels disputés toutes les 90 minutes. Et son taux de réussite est loin d’être ridicule (54 %).

Le graphique ci-dessous illustre l’écart de duels joués avec ses coéquipiers :

Di Maria et Sarabia qui jouent globalement au même poste que lui sont sur des moyennes largement en deçà : 11 pour l’Argentin, qu’on ne peut pourtant pas qualifier de timide balle au pied, et 7 pour l’Espagnol, qui lui doit faire mieux.

Mais le taux de réussite du Brésilien est également bluffant. Avec près de 55 % de duels remportés, il est au-dessus de la moyenne de l’équipe et, surtout, au-dessus de tous ses coéquipiers de l’attaque du PSG. Choupo-Moting le talonne de près (53.7 %) mais Di Maria et consorts sont beaucoup plus loin, tous entre 34 % (Sarabia) et 47 % (Mbappé). Cela s’explique notamment par son incroyable réussite dans les dribbles (61 %) qui fait d’ailleurs du PSG l’équipe qui dribble le plus d’Europe et de l’histoire de la Ligue 1.

Malgré un état de forme pas toujours optimal, que ce soit en début de saison ou au contraire sur la « fin de saison », il ne s’est jamais caché. Sur les 15 matches de Ligue 1 joués, il n’y en a qu’un seul à moins de 10 duels disputés (à Lyon en septembre) ! Pour comprendre la portée de l’exploit, la moyenne par match du nombre de duels joués par Mbappé est de 9. A lui seul, Neymar comptabilise plus de matches à au moins 20 duels disputés (7) que la totalité de l’effectif du PSG en Ligue 1 (1 chacun pour Bernat, Di Maria, Verratti et Gueye). Il est même allé jusqu’à 30 pour son dernier match face à Bordeaux (15 gagnés), record pour un joueur du PSG cette saison.

Et, on l’a vu, il ne se contente de beaucoup provoquer, il gagne la majorité de ses duels.

Son record en Ligue 1 ? 19 duels gagnés face à Montpellier le 1er février (victoire 5-0) où il a pris un malin plaisir à humilier un adversaire qui avait fait l’erreur de le chauffer dans la presse avant la rencontre. Il a fait encore mieux en Champions League tout récemment avec 24 duels gagnés contre Bergame (sur 33) ! Bref, non seulement Neymar provoque énormément de duels mais il en sort souvent vainqueur.

Ses tentatives de jouer long

Jamais dans sa carrière le fantasque brésilien n’avait autant joué long que cette saison : 69 passes longues, soit 4.7 toutes les 90 minutes. Son record en carrière européenne jusque-là ? 4.3, la saison précédente.

Plusieurs remarques à la lecture du graphique ci-dessus : on constate tout d’abord qu’il ne cesse, saison après saison, d’ajouter cette arme du jeu long à son arsenal technique. Alors qu’il n’utilisait pas cette action à ses débuts en Catalogne (17 seulement la première saison), son nombre de passes longues augmente tous les ans.

Malheureusement, son taux de réussite dans l’exercice n’a pas connu la même trajectoire : très haut à Barcelone (au-dessus des 70 % trois années sur quatre), il a chuté à ses débuts à Paris (53 %) avant de se stabiliser ces deux dernières saisons à 62 %. On relèvera une anecdote cocasse : il a tenté et réussi exactement le même nombre de passes longues lors des deux derniers exercices (43/69).

Cette progression du nombre de transversales tentées correspond en tous les cas à un besoin dans le jeu parisien qui a tendance à se complaire dans la répétition de passes courtes.

Avec ses 4.7 passes longues, Neymar se situe au 6ème rang de tout l’effectif parisien, et le premier parmi les joueurs offensifs. Il devance Di Maria (3.9) et Sarabia (1.8).

Il en a d’ailleurs tenté et réussi à tous les matches de Ligue 1, ce qui n’était pas le cas la saison précédente. Son record s’établit à 8 tentés et 6 réussis à Lille fin janvier.

2. On a moins aimé

Son maigre temps de jeu total

Moins blessé que lors de ses deux premières saisons dans la capitale où il avait manqué les échéances européennes importantes, il a pour autant disputé un nombre de matches encore plus faible que les exercices précédents.

Cinq raisons à cela :

  • Son transfert avorté : on ne connaîtra sans doute jamais les intentions réelles des dirigeants parisiens, ni celles des barcelonais d’ailleurs, mais le joueur lui voulait retourner jouer avec Messi. Et de peur qu’il ne se blesse durant cette période de mercato, compte tenu de ses antécédents en la matière, Leonardo a préféré qu’il soit exempté des premières journées de championnat qui se chevauchaient avec la fin du mercato. Résultat : il a manqué les quatre premières journées de Ligue 1.
  • Sa suspension en Ligue des Champions : pour avoir insulté sur les réseaux sociaux le corps arbitral suite au pénalty accordé à Manchester United en 1/8ème finale retour la saison passée, alors même qu’il ne jouait pas, il a écopé de trois matches de suspension (peine réduite à deux). Il manquera en fait les quatre premiers matches en raison d’une nouvelle blessure.
  • Une blessure aux ischios : à l’occasion d’un match amical avec sa sélection nationale contre le Nigéria le 13 octobre, l’attaquant brésilien se blesse dès le 12ème minute et sera absent un mois. A cause de cette blessure, il a raté la double confrontation contre Bruges en Champions League et quatre matches de championnat dont le Classico contre l’OM (4-0). Il fera son retour le 22 novembre contre Lille.
  • Sa mise au repos forcée avant Dortmund : là encore, on ne connaîtra peut-être jamais la vérité mais, inquiets de l’état de santé de leur star, les dirigeants parisiens ont été ultra prudents. La contusion dont il a souffert après Montpellier (1er février) a incité le PSG a laissé au repos Neymar jusqu’au match aller de Dortmund (18 février), ratant ainsi quatre matches. Résultat : un joueur hors de forme est titularisé au Signal Iduna Park, obligeant même Tuchel à modifier son schéma tactique pour ne pas trop l’exposer. 
  • L’interruption de la saison en raison de la crise sanitaire : bien sûr, il n’y est pour rien mais il est certain que cette fin de saison (en Ligue 1) est tombée au mauvais moment pour un Neymar qui semblait retrouver la forme.

L’abus de dribbles

Alors certes c’est joli. Certes toujours, on aime le voir slalomer dans les défenses adverses et imaginer la tête des coaches adverses (au hasard, Laurey) se demander comment l’arrêter. Certes encore, on préfèrera toujours les arabesques de Neymar au travail de l’ombre d’un Gueye. Mais, au final, l’impression qui prédomine c’est que c’était trop.

Difficile en effet avec plus de 10 dribbles toutes les 90 minutes de ne pas empiéter sur le jeu collectif. Ou alors, la stratégie c’est de trouver Neymar démarqué entre les lignes pour qu’il s’adonne à son passe-temps favori, c’est-à-dire dribbler ?

Personne, ni au PSG ni en Ligue 1, n’a tenté ni réussi plus de dribbles que lui la saison écoulée.

Au sein des quatre principaux championnats européens, on recense néanmoins deux maniaques qui ont fait mieux : Adama Traoré et Sofiane Boufal en ont réussi plus que lui !

Parmi les cinq plus gros « croqueurs » d’Europe, Neymar est d’ailleurs celui qui a le moins bon taux de réussite (60 %).

En lien notamment avec ces dribbles ratés, le Brésilien perd plus de 27 ballons toutes les 90 minutes. Il s’agit évidemment du record de l’effectif parisien, et probablement de Ligue 1.

Si l’écart avec Di Maria est somme toute réduit, celui avec le reste des attaquants est beaucoup plus conséquent : 10 pertes de balle d’écart avec Mbappé notamment.

Ces 27.7 pertes de balle représentent 28 % de ses ballons joués.

Cet abus de dribbles lui vaut aussi de recevoir beaucoup de coups et donc de risquer des blessures. Il a subi cette saison en championnat 4.2 fautes toutes les 90 minutes. Nul ne fait évidemment mieux en Ligue 1. Ces stats ne sont cependant pas si éloignées de celles qu’il avait en Catalogne.

Son manque d’investissement défensif

Bien sûr, ce n’est pas vraiment ce qu’on lui demande, surtout en Ligue 1. Bien sûr toujours, son manque de condition physique n’a pas aidé à ce qu’il multiplie les courses de repli défensif sur son côté gauche. Mais quand même, l’impression visuelle d’un laisser-aller défensif est confirmé par quelques chiffres, en Ligue 1 en tous les cas.

Son nombre de tacles réussis, en particulier, atteint le point bas de sa carrière européenne (0.8 par 90 minutes).

Le graphique ci-dessus nous montre qu’en outre ses tentatives de tacles en Espagne étaient beaucoup plus souvent couronnées de succès (69 % de réussite contre 41 % en France).

Autre indicateur témoignant du peu d’implication défensive du « Roi » Neymar : les interceptions. Il n’en a réalisé que 4 sur toute la saison de Ligue 1, contre 10 pour Sarabia (avec moins de temps de jeu) et 11 pour Di Maria (avec plus de minutes).

Il n’a par ailleurs contré aucune frappe ni réalisé un seul dégagement défensif.

Alors, quel bilan faire de la saison de Ligue 1 de Neymar ? Statistiquement parlant, il a dominé. D’ailleurs Whoscored le crédite de la meilleure évaluation individuelle (8.58). Pourtant, une fois encore, on reste sur notre faim. Les moments de grâce rendent d’autant plus frustrants les matches disputés avec quelques kilos de trop ou sans beaucoup d’envie. Après trois exercices de Ligue 1 tronqués, espérons que le quatrième soit le bon et que l’on puisse admirer un Neymar en pleine possession de ses moyens sur l’intégralité de la saison. Pour qu’enfin, on puisse dire que l’on a vu à l’œuvre « le meilleur joueur de l’histoire de la Ligue 1 »…

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